mardi 9 août 2011

Résultat du tag : 7 - Hypathie est....

Anne de Bretagne

Mon héroïne de la Renaissance



Taguée par Euterpe, voici mon héroïne de la Renaissance ; elle n'est pas totalement inconnue, mais elle n'est pas non plus au firmament des pop stars historiques, exemple Marie-Antoinette, surtout depuis la transposition de sa vie au cinéma par Sofia Coppola avec bande son pop-rock !

Anne de Bretagne (1477 - 1514) : duchesse de Bretagne et reine de France, mariée (livrée ?) très jeune à un premier puis un second roi de France -Charles VIII et Louis XII- pour des raisons de basse propriété et d'extension de possessions territoriales, sommée de produire de l'héritier mâle, la loi salique sévit en France, mère de 9 enfants pour en garder 2, dont Claude de France, elle meurt jeune à 37 ans. Petite, boiteuse et fine politique, retorse diront certaiNS empressés de diffamer car ça les arrange, elle se bat pour garder ses prérogatives ducales contre le royaume de France.

Le sulpicien XIXème siècle qui a popularisé les images pieuses à coincer dans les pages des livres de messe lui a taillé un pittoresque costume de paysanne catholique en sabots, ce qu'elle n'était pas. Elle est une aristocrate éduquée et lettrée, fine connaisseuse des arts. "Aujourd'hui, c'est le destin de la femme, duchesse à 11 ans, reine à 14 ans, et décédée à 37 ans après avoir vu mourir 7 de ses 9 enfants, qui retient l'attention " écrit un historien. C'est sous sa direction et ses choix d'architectes que sera construite la façade renaissance du château de Nantes, sa ville capitale. Elle est enterrée dans la sépulture des rois de France à Saint-Denis, mais elle a légué son cœur à la ville de Nantes. On peut y voir son reliquaire au Musée Dobrée.

Ma "chanson putride" de l'été, outre que j'ai déjà évoqué La vie par procuration de JJ Goldman dans le billet "J'aime pas l'amour" ICI est curieusement dans la thématique de ce billet, puisqu'il s'agit de Colonel Reyel et sa chanson Aurélie -je renvoie le lien vers la blogueuse Madmoizelle, tellement ça m'embête de faire mes lectrices/teurs cliquer sur cette chanson- en passe de devenir l'hymne des anti-choix !
Depuis le 15ème - 16ème siècle, la mentalité des hommes natalistes n'a pas changé : valoriser les filles et les femmes par le mariage, la maternité et le nombre d'enfants reste un must. Notez que cela les arrange : la maternité détourne les filles de l'idée de "leur faire concurrence", puisque c'est désormais prouvé que c'est comme cela qu'ils pensent, et qu'ils craignent notre concurrence partout et tout le temps.
très intéressant parallèle entre les anti-choix et les maternités à répétition d'Anne de Bretagne. En effet, les princesses étaient considérées commes des machines à procréer des fils comme c'est encore le cas dans certaines parties du monde. Le fait qu'elles n'avaient pas le droit d'allaiter, probablement pour ne pas être protéger d'autres grossesses pendant le temps de l'allaitement, faisait que les nourrissons mouraient beaucoup ne pouvant bénéficier du colostrum à valeur immunitaire que produise les femmes venant d'accoucher.
Quel gâchis ! Quelles souffrances inutiles !
Et les anti-choix aujourd'hui sont les mêmes brutes qui ne se préoccupent ni de la mère ni de l'enfant. Ils/elles veulent que l'on produise de la chair à...quoi exactement ? C'est pour moi un mystère puisque nous ne sommes plus au XVIe siècle !

7 commentaires:

  1. Merci ! J'espère ne pas avoir écrit de contresens parce que l'histoire, ce n'est pas trop mon truc. Intéressante ta remarque sur l'interdiction d'allaiter qui leur était faite (je me demandais si cela n'était pas plus tardif et si aux 15ème et 16ème siècles, les mères (dont cette pauvre Anne de Bretagne) avaient la même obligation d'avoir des nourrices ?) pour les faire redevenir enceintes plus vite ! C'est carrément de la maltraitance à mère et enfant, cette disposition, si l'hypothèse est bonne. Mais cela paraît plausible, tant elles étaient enchaînées à la maternité. On vient vraiment de loin, nous, les femmes !

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  2. A Hypathie : non, non ce n'était pas plus tardif. Il y avait longtemps que ça se pratiquait. Sa fille (la reine Claude) est morte à 25 ans de toutes ses grossesses rapprochées. Preuve que la stérilité pendant l'allaitement a bien été créé par la nature pour laisser le temps à la mère de se remettre de sa grossesse et de regagner des forces avant de recommencer.
    On vient de loin....ou pas. Car cela ne concernait que la caste des nobles. Une caste minuscule, finalement.

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  3. A l'époque la transmission de l'héritage se faisait par les mâles ( ça n'a pas beaucoup changé !) .
    Les femmes , même nobles étaient donc chargées de mettre au monde des enfants mâles , en bonne santé de préférence , ce qui explique les nombreuses grossesses des femmes de l'époque , jusqu'à l'épuisement . Et plus il y avait de mâles , plus la descendance était assurée , plus le nom avait de chances de survivre longtemps à la postérité et plus le mari était respecté !
    Malheureusement à l'époque les gens mourraient jeunes , les hommes au combat , les femmes en couches . Les maladies étaient courantes (Anne de Bretagne est morte à 37 ans de la gravelle :calculs rénaux) .Alors on mettait les bouchées doubles et les grossesses se succédaient à un rythme d'enfer .

    La plus connue de ses filles ( Claude de France) s'est mariée à François 1er et a eu à son tour de nombreuses grossesses elle aussi.

    La législation française évolue si doucement que les femmes mariées aujourd'hui portent encore le plus souvent le nom de leur mari , preuve s'il en fallait encore de la domination des hommes sur les femmes .

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  4. A coup de grisou : en fait, le problème c'est la France. En Bretagne, elle n'aurait pas du obligatoirement avoir un enfant mâle. Mais elle s'est retrouvée mariée successivement à deux rois de France. C'est en France que l'on s'est acharné le plus à empêcher les femmes de régner. Sinon les garçons servaient aussi à faire des guerriers et même si les filles apprenaient parfois à manier l'épée, on les tenait à l'écart des champs de bataille.

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  5. C'est vrai que cette succession de grossesses est effrayante... cela dit j'ai connu des amies qui sont retombées enceintes pendant qu'elles allaitaient alors il y a parfois des surprises ;)

    Plus sérieusement, il reste à se demander si le fait de ne pas faire allaiter les femmes de la haute société, était vraiment sciemment pour les faire retomber enceintes plus vite. Je crois qu'au XVIe siècle en tous cas, on ne maîtrisait vraiment pas bien les rythmes de fécondité... et qu'en outre le non-allaitement était une question de standing : pas question pour une princesse, duchesse, comtesse, d'avoir à sortir ses seins pour nourrir un mioche affamé ! La diffusion de la mise en nourrice au XVIIIe siècle, moment qui s'accompagne aussi de la mise en place du contrôle des naissances, montre d'ailleurs à mon sens que c'était aussi une question de "classe" avant que d'être une technique de reproduction et qu'il n'y a pas forcément de corrélation entre non-allaitement et reproduction accélérée.

    Cela n'enlève rien au drame de ces femmes qui mouraient en couches ou d'épuisement.

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  6. Et merci à Hypathie d'avoir choisi Anne de BRetagne, je l'aime beaucoup moi aussi !

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  7. A Artémise : oui, il y avait aussi le fait que toutes les actions étaient déléguées et le nombre de suivantes avec une fonction d'auxiliaire, pléthorique. S'habiller, se coiffer, même se lever et se coucher étaient secondés par une ou plusieurs personnes, alors allaiter !

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