Moderata Fonte
Une femme de la Renaissance...
Un tag initié par Euterpe et dont le sujet est le suivant :
Parmi les personnes féminines du XVIe siècle, lequel vous correspond ?
Quelle femme de la Renaissance êtes vous ?
(Prière de ne pas tous choisir la Joconde, merci).
Danielle de Venetiamicio me passe un relais...que j'accepte bien volontiers.
Après réflexionS et rechercheS, j'ai choisi de mettre à l'honneur cette femme dont je n'ai guère trouvé de portrait qui lui rende justice.Aussi célèbre qu'elle ait été, aucun peintre digne de ce nom ne l'a trouvée digne de ses pinceaux.Elle n'était sans doute pas LA beauté du siècle mais, en parcourant les nombreuses pages qui lui sont consacrées, je me suis dit que j'aurais bien aimé la suivre, faire partie de ses interlocutrices, et j'aurais aimé participer à cette longue conversation essentiellement féminine...qui continue de susciter l'intérêt des chercheurs.
Moderata FONTE
(1555-1592)
(1555-1592)
est un pseudonyme qui révèle par un jeu de miroir la véritable identité de l’auteur Moderata POZZO de ZORZI, femme de lettres célèbre parmi ses contemporains surtout grâce à un poème épique inspiré du Roland furieux intitulé Tredici canti del Floridoro et publié à Venise en 1581
Moderata Fonte
appartient à la riche bourgeoisie vénitienne au sein de laquelle elle reçoit une bonne éducation en compagnie de son frère. Mais les obligations familiales vont progressivement l’éloigner de l’écriture. Ses ouvrages sont presque tous publiés avant 1583 – date de son mariage – excepté une Resurretione di Giesù Christo et surtout son œuvre maîtresse, Il Merito delle donne.
Moderata FONTE
s’insère dans le phénomène littéraire propre au XVIe siècle qui se caractérise par l’affirmation, sur la scène culturelle italienne de nombreuses femmes de lettres, parmi lesquelles les historiens de la littérature ont traditionnellement mis en valeur les noms de Véronica FRANCO, Gaspara STAMPA, Vittoria COLONNA et Tullia d’ARAGONA. Elle appartient à la génération qui suit celle de ces poétesses et son oeuvre s’épanouit entre 1581 et 1591, à Venise qui, malgré une décadence déjà amorcée, est encore à cette époque une ville « opulente, la plus riche et la plus luxueuse du monde ».
Gentile Bellini |
Cette richesse matérielles contribue à faire de la cité des Doges un des principaux centres culturels de la Renaissance italienne : une intense vie littéraire et artistique s’organise dans les cénacles, les académies et les maisons patriciennes,
Jacopo de BARBARI (b. ca. 1445, Venezia, d. 1516, Bruxelles) |
pendant que l’imprimerie particulièrement dynamique favorise l’élargissement de la société littéraire, au sein de laquelle les femmes occupent une place notable, soit en tant que lectrices, soit en tant qu’auteurs.
Moderata FONTE
respire cette atmosphère de vivacité intellectuelle et contribue à son enrichissement surtout grâce à son œuvre maîtresse, intitulée IL merito delle donne.Ce texte s’inscrit dans la vaste production littéraire concernant la femme, qui se développe tout au long du XVIe siècle. Publié posthume( Moderata est morte en couches ) en 1600 par l’éditeur D.Imberti en réponse au pamphlet misogyne de Giuseppe PASSI , I donneschi difetti.
Le Mérite des femmes
montre , en deux journées, « combien elles sont dignes, et plus parfaites que les hommes » L’auteur y présente une discussion entre sept femmes de l’aristocratie vénitienne (Leonora, Cornelia, Elena, Adriana, Corinna, Virginia,et Lucrezia), différenciées par leur âge et leur statut (mariées, veuves, célibataires) ; cette compagnie féminine (qui évoque celle du Décaméron dont auraient été ôtés les trois narrateurs masculins) se donne une reine provisoire( Adriana) qui, prenant acte des plaintes élevées contre les hommes, propose qu’un procès se déroule et désigne une accusation et une défense.
Elles se partagent en deux groupes, l’un défendant et l’autre attaquant le sexe masculin, sous le contrôle de la reine de l’assemblée. Le dialogue est axé sur l’opposition entre « Il merito delle donne » et « l’invidia degli uomini » et vise à mettre l’accent sur les impossibilités des hommes à égaler les qualités des femmes. Autour de ce fil conducteur s’enchaînent les interventions des interlocutrices qui, dans une atmosphère ludique et joyeuse, abordent de nombreux thèmes.
Le foisonnement de questions et de réponses, souvent contradictoires, que ceux-ci suscitent est toujours destiné à donner la paroles aux femmes et à les mettre en valeur auprès du lecteur.
Mais ces femmes ne se contentent pas d'analyser et de commenter le comportement masculin.
Elles s'intéressent aussi au monde, à la nature, aux sciences humaines ...à la diététique, à la santé, à l'éducation.Ces femmes ont accès à une certaine culture et exploitent leurs connaissances avec brio.( voir ICI )
Bref après avoir cherché et trouvé..
je ne peux que remercier l'initiatrice de ce tag ainsi que Danielle pour tout ce qu'elles m'ont permis de découvrir...
Je vous invite à mener quelques recherches sur le net, vous en apprendrez davantage sur cette Vénitienne d'exception dont les écrits sont encore et toujours publiés, accessibles sur des sites qui lui sont consacrés et en librairie.
A lire..(clic) parce qu'il y a tant de chose à découvrir sur
cette femme au nom de fontaine...
et dont l'écriture coule de source
Publié par Danielle le 17.8.2011 copié/collé par Euterpe
Merci mille fois pour ce billet si bien documenté et rédigé avec amour, je dirais.
Je suis enchantée de faire la connaissance de cette grande femme dont j'ignorais l'existence.
Par contre je connaissais les autres poétesses citées. Toute la difficulté reste de trouver leurs oeuvres en francais. On en attend toujours les traductions !
Merci mille fois pour ce billet si bien documenté et rédigé avec amour, je dirais.
Je suis enchantée de faire la connaissance de cette grande femme dont j'ignorais l'existence.
Par contre je connaissais les autres poétesses citées. Toute la difficulté reste de trouver leurs oeuvres en francais. On en attend toujours les traductions !
Fraîche, cette femme qui écrit un livre sur les mérites des femmes ! C'est pas de nos jours qu'on verrait ça : soit on s'épuise sur le "cerveau rose et le cerveau bleu" en parlant d'hormones (Europe 1 ce matin -pénible !), soit les féministes donnent des gages aux mecs en disant que non, non et non, on n'est pas meilleures ni plus compétentes qu'eux ! Dans les deux cas, on oublie les mérites / méfaits de l'éducation formatante et normée. Bravo pour cette découverte.
RépondreSupprimerOh, quel portrait/billet intéressant Danielle! Merci!
RépondreSupprimerEuterpe, quelle belle idée tu as eue, c'est passionnant!
Je ne sais si ma Luisa t'intéresse, si oui, je te la prête volontiers, suffit d'enlever l'espagnol!
Belle journée.
Quel succès ce tag et rien que de belles rencontres et des découvertes passionnantes
RépondreSupprimerOn en redemanderait
Vraiment Euterpe, ce fut une excellente initiative
Danielle
A Hypathie : oui quelle découverte ! Passionnant !
RépondreSupprimerA colo : tant de nouvelles figures féminines sorties de l'oubli à l'occasion de ce tag ! Merci beaucoup mais je garde l'espagnol, cela fait trop partie de ton style ! Et puis c'est une si belle langue !
A Album Vénitien : moi aussi je suis heureuse du succès de ce jeu pour les découvertes et les rencontres et surtout, puisque c'est l'objectif de ce blog : pour les femmes de la Renaissance laissées pour compte le reste du temps des livres, des revues, des expos, des publications en tout genre. Je ne pensais pas du tout voir tant de personnes participer de si bon coeur !
Quel bonheur !