(Alfred Stevens Maria Magdalena, 1887)
Montaigne à propos des femmes :
"La doctrine qui ne leur a pu arriver en l'âme, leur est demeurée en la langue"
Si les femmes veulent s'instruire, Montaigne leur abandonne la poésie, «art folastre et subtil, desguisé, parlier, tout en plaisir, tout en montre, comme elles.»
"A l'adventure est ce la cause que et nous et la théologie ne requérons pas beaucoup de science aux femmes, et que François, duc de Bretaigne, fils de Jean V, comme on luy parla de son mariage avec Isabeau, fille d'Escosse, et qu'on luy adjousta qu'elle avoit esté nourrie simplement et sans aulcune instruction de lettres, respondit, «qu'il l'en aymoit mieulx, et qu'une femme estoit assez sçavante quand elle sçavoit mettre différence entre la chemise et le pourpoinct de son mary"
On dirait du Polanski !
Marie Stuart était très instruite :
prononçant en plein Louvre, devant la cour assemblée, cette harangue latine qu'elle avait composée elle-même; «soubtenant et deffendant, contre l'opinion commune, dit Brantôme, qu'il estoit bien séant aux femmes de sçavoir les lettres et arts libéraux"
Le comte Joseph de Maistre était un parangon de sexisme :
«Si une belle dame m'avait demandé, il y a vingt ans: «Ne croyez-vous pas, monsieur, qu'une dame pourrait être un grand général comme un homme?» je n'aurais pas manqué de lui répondre: «Sans doute, madame. Si vous commandiez une armée, l'ennemi se jetterait à vos genoux comme j'y suis moi-même; personne n'oserait tirer, et vous entreriez dans la capitale ennemie avec des violons et des tambourins... Voilà comment on parle aux femmes, en vers et même en prose. Mais celle qui prend cela pour argent comptant est bien sotte".
Jean Bouchet avait le féminisme sélectif :
alors qu'il défend Gabrielle de Bourbon, femme de Louis de la Tremouille, contre ceux qui reprochent à la noble dame d'avoir écrit. «Aucuns trouvoyent estrange que ceste dame emploiast son esprit à composer livres, disant que ce n'estoit l'estat d'une femme, mais ce legier jugement procède d'ignorance, car en parlant de telles matières on doit distinguer des femmes, et sçavoir de quelles maisons sont venues, si elles sont riches ou pauvres. Je suis bien d'opinion que les femmes de bas estat, et qui sont chargées et contrainctes vacquer aux choses familières et domesticques, pour l'entretiennement de leur famille, ne doyvent vacquer aux lectres, parce que c'est chose repugnant à rusticité; mais les roynes; princesses et aultres dames qui ne se doyvent, pour la reverence de leurs estatz, applicquer à mesnager comme les mecaniques, et qui ont serviteurs et servantes pour le faire, doyvent trop mieulx appliquer leurs espritz et emploier le temps à vacquer aux bonnes et honnestes lectres concernans choses moralles ou historialles, qui induisent à vertuz et bonnes meurs, que à oysiveté mère de tous vices, ou à dances, conviz, banquetz, et aultres passe-temps scandaleux et lascivieux; mais se doivent garder d'appliquer leurs espritz aux curieuses questions de théologie, concernans les choses secretes de la Divinité, dont le sçavoir appartient seulement aux prelatz, recteurs et docteurs".
Fénelon est pour que l'on instruise correctement les filles mais seulement de manière à ce qu'elles aient l'air de savoir lire couramment :
«Apprenez-leur qu'il doit y avoir, pour leur sexe, une pudeur sur la science presque aussi délicate que celle qui inspire l'horreur du vice". (Dans : "De l'éducation des filles").
«Apprenez à une fille à lire et à écrire correctement. Il est honteux, mais ordinaire, de voir des femmes qui ont de l'esprit et de la politesse ne savoir pas bien prononcer ce qu'elles lisent... Elles manquent encore plus grossièrement pour l'orthographe, ou pour la manière de former ou de lier les lettres en écrivant: au moins accoutumez-les à faire leurs lignes droites, à rendre leurs caractères nets et lisibles".
Thomas témoigne :
«Les femmes sous Louis XIV furent presque réduites à se
cacher pour s'instruire, et à rougir de leurs connaissances, comme dans
des siècles grossiers, elles eussent rougi d'une intrigue.
Quelques-unes cependant osèrent se dérober à l'ignorance dont on leur
faisait un devoir; mais la plupart cachèrent cette hardiesse sous le
secret: ou si on les soupçonna, elles prirent si bien leurs mesures,
qu'on ne put les convaincre; elles n'avaient que l'amitié pour
confidente ou pour complice...»
[Note 29: Thomas, Essai sur le caractère, les moeurs, l'esprit
des femmes. 1772.Pour La Bruyère, les femmes sont les artisanes de leur propre esclavage :
«Pourquoi s'en prendre aux hommes de ce que les femmes ne sont pas savantes? Par quelles lois, par quels édits, par quels rescrits, leur a-t-on défendu d'ouvrir les yeux et de lire, de retenir ce qu'elles ont lu, et d'en rendre compte ou dans leur conversation, ou par leurs ouvrages? Ne se sont-elles pas au contraire établies elles-mêmes dans cet usage de ne rien savoir, ou par la faiblesse de leur complexion, ou par la paresse de leur esprit, ou par le soin de leur beauté, ou par une certaine légèreté qui les empêche de suivre une longue étude, ou par le talent et le génie qu'elles ont seulement pour les ouvrages de la main, ou par les distractions que donnent les détails d'un domestique, ou par un éloignement naturel des choses pénibles et sérieuses, ou par une curiosité toute différente de celle qui contente l'esprit, ou par un tout autre goût que celui d'exercer leur mémoire? Mais, à quelque cause que les hommes puissent devoir cette ignorance des femmes, ils sont heureux que les femmes, qui les dominent d'ailleurs par tant d'endroits, aient sur eux cet avantage de moins".
Pour La Bruyère, les femmes savantes sont de beaux objets :
«On regarde une femme savante comme on fait une belle arme: elle est
ciselée artistement, d'une polissure admirable, et d'un travail fort
recherché; c'est une pièce de cabinet que l'on montre aux curieux, qui
n'est pas d'usage, qui ne sert ni à la guerre ni à la chasse, non plus
qu'un cheval de manège, quoique le mieux instruit du monde".
Pour La Bruyère, les femmes "sages" ont plus de mérite que les hommes car elles ont surmonté certains défauts (propres aux femmes, apparemment) :
Pour La Bruyère, les femmes "sages" ont plus de mérite que les hommes car elles ont surmonté certains défauts (propres aux femmes, apparemment) :
«Si la science et la sagesse se trouvent unies en un même sujet, je
ne m'informe plus du sexe, j'admire; et, si vous me dites qu'une femme
sage ne songe guère à être savante, ou qu'une femme savante n'est guère
sage, vous avez déjà oublié ce que vous venez de dire, que les femmes
ne sont détournées des sciences que par certains défauts: concluez donc
vous-mêmes que moins elles auraient de ces défauts, plus elles seraient
sages; et qu'ainsi une femme sage n'en serait que plus propre à devenir
savante, ou qu'une femme savante, n'étant telle que parce qu'elle
aurait pu vaincre beaucoup de défauts, n'en est que plus sage.»
[Note 30: La Bruyère, Caractères, ch. III, Des Femmes.]
«Sérieusement,... y
a-t-il rien de plus bizarre que de voir comment on agit pour
l'ordinaire en l'éducation des femmes? On ne veut pas qu'elles soient
coquettes ni galantes, et on leur permet pourtant d'apprendre
soigneusement tout ce qui est propre à la galanterie, sans leur
permettre de savoir rien qui puisse fortifier leur vertu ni occuper
leur esprit. En effet, toutes ces grandes réprimandes qu'on leur fait
dans leur première jeunesse... de ne s'habiller point d'assez bon air,
et de n'étudier pas assez les leçons que leurs maîtres à danser et à
chanter leur donnent, ne prouvent-elles pas ce que je dis? Et ce qu'il
y a de rare est qu'une femme qui ne peut danser avec bienséance que
cinq ou six ans de sa vie, en emploie dix ou douze à apprendre
continuellement ce qu'elle ne doit faire que cinq ou six; et à cette
même personne qui est obligée d'avoir du jugement jusque à la mort et
de parler jusques à son dernier soupir, on ne lui apprend rien du tout
qui puisse ni la faire parler plus agréablement, ni la faire agir avec
plus de conduite; et vu la manière dont il y a des dames qui passent
leur vie, on diroit qu'on leur a défendu d'avoir de la raison et du bon
sens, et qu'elles ne sont au monde que pour dormir, pour être grasses,
pour être belles, pour ne rien faire, et pour ne dire que des sottises;
et je suis assurée qu'il n'y a personne dans la compagnie qui n'en
connoisse quelqu'une à qui ce que je dis convient. En mon
particulier,... j'en sais une qui dort plus de douze heures tous les
jours, qui en emploie trois ou quatre à s'habiller, ou pour, mieux dire
à ne s'habiller point, car plus de la moitié de ce temps-là se passe à
ne rien faire ou à défaire ce qui avoit déjà été fait. Ensuite elle en
emploie encore bien deux ou trois à faire divers repas, et tout le
reste à recevoir des gens à qui elle ne sait que dire, ou à aller chez
d'autres qui ne savent de quoi l'entretenir; jugez après cela si la vie
de cette personne n'est pas bien employée!..."
(Le Grand Cyrus)Abbé Fleury, abbé mais, apparemment, antisexiste :
"De la pédanterie de quelques femmes, on a conclu, comme d'une expérience assurée, que les femmes n'étaient point capables d'étudier, comme si leurs âmes étaient d'une autre espèce que celles des hommes, comme si elles n'avaient pas, aussi bien que nous, une raison à conduire, une volonté à régler, des passions à combattre, une santé à conserver, des biens à gouverner ou s'il leur était plus facile qu'à nous de satisfaire à tous ces devoirs sans rien apprendre".
Jeanne du Laurens à propos de son éducation genrée :
«Quant à nous autres filles qui estions jeunes, ma mère nous menoit tous-jours devant elle, soit à l'église, soit ailleurs, prenant garde à nos actions. Que si nous regardions çà et là, comme font ordinairement les enfans, elle nous souffletoit devant tous pour nous faire plus de honte...»