lundi 8 août 2011

Résultat du tag : 6 - Héloïse est....

"Wilhelmine" Shakespeare


Pour enfin honorer le tag auquel j'ai été conviée par Euterpe, je réponds à la question posée: "Si j'avais été une femme de la Renaissance":

Et bien, j'aurais été William Shakespeare ! La thèse de sa femellité n'a pas encore été validée mais plusieurs noms sont évoqués: Amelia Bassano Lanier, Marie Pembroke ... Et des chercheur.e.s étudient sérieusement la question.

Incarner l'idée que le génie féminin a existé me réjouit même dans l'hypothétique. L'entrave à l'expression, la privation d'éducation, l'infériorisation intellectuelle destinées à plomber ce fameux génie féminin que l'on prétend partout inexistant (mais que l'on a pris soin d'empêcher de germer, au cas où ...) sont comme une chape de béton que certaines ont su ajourer. Et ce n'est pas la femme qui se cache derrière Shakespeare, car seule une femme a pu affirmer cela, qui me contredira:

Fermez les portes sur l'esprit de la femme et il s'échappera par la fenêtre ; fermez la fenêtre et il s'échappera par le trou de la serrure ; bouchez la serrure et il s'envolera avec la fumée par la cheminée.

Publié par Héloïse le 5.8.2011 copié/collé par Euterpe

Mon commentaire : je ne connaissais pas cette phrase de Shakespeare mais c'est tellement frappant Comment un homme aurait-il pu avoir écrit cela ?

Ou plutôt (modif du 10.8) : je me demande personnellement et d'après la mentalité de l'époque si un homme aurait été en mesure d'écrire cela ?

12 commentaires:

  1. Hum, je ne voudrais pas jouer les trouble-fête, mais ne serait-ce pas de l'ironie ?
    Ce billet me rappelle un spectacle de Dominique Serron (L'Infini théâtre, dans les années 90), qu'elle avait intitulé "Lady Will".

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  2. L'idée de Shakespeare en femme est stimulante même si, à mon sens, peu crédible... ça sent un peu le coup éditorial destiné à vendre des bouquins, un peu comme la dame qui a décrété que Louise Labé n'existait pas...


    Je trouve la citation superbe, mais pourquoi décréter que "seule une femme aurait pu l'écrire" ? c'est très injuste, voire sexiste, je trouve. Je dirais plutôt que seule une âme de poète aurait pu l'écrire : ce n'est pas un hasard si les poètes ont écrit, les premiers, sur le rôle des femmes : je pense en particulier à Victor Hugo... mais il n'est bien évidemment pas le seul. Et pourtant, c'était un homme.

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  3. Je suis un peu partagé ( normal je suis un homme) entre l'argument de Tania et celui d'Artémise . D'un côté ça voudrait peut-être dire que "l'esprit de la femme" est très volatile donc inconsistant ou de l'autre si c'est pour le flatter (l'esprit) j'aurais sans doute pu l'écrire aussi ...en moins bien évidemment !

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  4. Finalement je rectifie et je pense que Shakespeare ( homme ou femme) a décrit toute la "subtilité" de l'esprit féminin , insaisissable , trop raffiné pour que les hommes le comprennent ou l'enferment , trop fin trop délicat , impalpable , ce que subtil à l'époque voulait dire !

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  5. bon, ben je vois que d'autres que moi expriment quelques doutes sur cette citation. j'ai commenté chez Héloïse en ce sens que cette citation peut très bien être due à un homme particulièrement impressionné, positivement ou négativement, par la liberté d'imagination de certaines femmes, qui peuvent donc soit le fasciner soit au contraire le frustrer en lui échappant constamment.
    ça m'apparait surtout comme une idéalisation de "la femme".
    Or des femmes il y en a dans tous les genres, des plus fines comme des plus vulgaires, des plus innovantes comme des plus conservatrices. voire, en une même personne peuvent se rencontrer des facettes paradoxalement très avant-gardistes comme très traditionalistes.
    bref, cette citation ne m'apparait pas comme très probante concernant cette hypothèse de l'identité de genre de shakespeare.

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  6. C'est vrai que "LA" femme ça ne veut rien dire , Paul a raison !

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  7. A Tania : j'ai cherché l'oeuvre de Dominique Serron qui est une femme à ce que j'ai pu voir mais je n'ai rien trouvé sur cette parodie dont vous parlez. Je ne donc pas répondre là dessus à moins que vous ayez des précisions à me donner ?

    A Artémise : ce qui est sexiste c'est d'avoir obligé les femmes à se tenir en delors de toute production culturelle et, sinon, dans la clandestinité avec un pseudo.
    Le truc c'est qu'il y a longtemps que l'on pense très fortement que Shakespeare était une femme. Mais il va falloir encore un bon moment pour asseoir cette découverte. Parce que cela en vexe plus d'un.

    A coup de grisou, Artémise et paul : il faut se placer dans le contexte. Beaucoup de pro-féministes de l'époque parlent de l'"égalité" ou de la "supériorité" de la femme mais touours en comparant avec l'homme. Et ceux qui reconnaissent quelques qualités intellectuelles à une femme disent qu'elle a une tête d'homme. Sans s'en rendre compte, ni les uns ni les autres ne sortent de la comparaison avec l'homme. L'homme est toujours la réfeŕence. Ce qui frappe ici c'est que l'homme n'est pas mentionné et qu'il y est question de l'"esprit de la femme" et non d'une femme qui a un esprit d'homme comme cela se disait généralement.

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  8. "Lady Will" : si ma mémoire est bonne, la metteuse en scène Dominique Serron avait monté cet intéressant spectacle autour des personnages féminins de Shakespeare. Sans prétendre qu'il était elle, elle laissait voir à quel point l'oeuvre shakespearienne montre la personnalité féminine dans ses multiples facettes. Théâtre, art de l'éphémère... Peu de traces sur la Toile, en effet.

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  9. Euterpe,

    Tout à fait d'accord ! seulement, je crois qu'il faut mesurer les propos que l'on tient, toujours... afin de ne pas tomber dans le travers inverse à celui qu'on reproche aux hommes !

    Sur "lady william", personnellement, je suis assez sceptique... non parce que l'idée me fait grincer "en soi" (je m'en ficherais pas mal) mais je trouve que pour le moment les recherches à ce sujet sont très légères et tapent plus dans le sensationnel que dans l'historique.
    MAIS ce qui est intéressant dans cette théorie, c'est qu'elle expliquerait la sensualité des poèmes de Shakespeare quand ils décrivent l'amour éprouvé pour un homme. L'explication selon laquelle shakespeare serait une femme est dans ce cas bien plus crédible que celle qui consiste à en faire un homosexuel. Car autant la poésie d'une femme "déguisée" en homme peut passer à l'époque, autant la poésie clairement homosexuelle n'aurait jamais, il me semble, pu être publiée.

    donc... pour le moment, j'attends que les choses avancent, mais je ne suis pas franchement convaincue. Wait and see, comme dit l'autre !

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  10. A Tania : alléchant comme programme ! J'aurais bien aimé voir ce spectacle ! Cette abondance de facettes, c'est entre autres la raison pour laquelle les chercheurs/euses anglo-saxon.e.s croient assez fortement à son identité féminine mais on n'en parle pas en France (à part moi).

    A Artémise : oui tu as raison pour le bémol à mon exclamation. Je vais la modifier dans le billet. Par contre je suis assez convaincue de la théorie, moi, surtout depuis qu'Eliane Viennot a sorti un livre avec une quantité incroyable de pièces de théâtre écrites par des femmes au 17e siècle ! Bien sûr dans le Wiki francais pas la moindre mention car personne n'y a entré les dernières théories mais n'importe qui peut le faire.

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  11. Oui Eliane Viennot a fait un travail formidable dans ce domaine !! As-tu lu son bouquin sur Marguerite de Valois ? elle a édité ses mémoires et écrit une remarquable biographie qui dépasse tout ce qui a pu être fait avant (par des hommes ou par des femmes : je pense à l'indigente biographie de MArguerite qu'a commise Janine Garrisson).

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  12. A Artémise : non, mais j'ai lu les mémoires de Marguerite de Valois préfacées par elle. Oui, il faut absolument que je le lise. C'est à mon programme !

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