samedi 13 août 2011

Résultat du tag : 20 - George est....

Marie de Gournay

Tag : quelle femme de la Renaissance suis-je ?

Voilà bien une question que je ne m’étais jamais posée, toujours plus tournée vers le XIXe, je l’avoue. Il me fallait donc le tag relayé par Lili Galipette pour que j’y réponde ! J’ai donc fait quelques recherches et j’avoue que j’aurais bien aimé avoir le destin de Marie de Gournay, « fille d’alliance » de Montaigne (oui rien que ça…).

Elle naquit le 6 octobre 1565 et mourut à Paris le 13 Juillet 1645. Vivre 80 ans ça me plairait bien aussi !

Ce qui me plait chez cette femme c’est, comme le précise le site Wikipedia : « Elle vit et pense en féministe. » Voilà, ça me suffit !

Mais ce n’est pas tout, puisque recevoir les compliments suivants d’un homme comme Montaigne est la preuve que ce devait être une femme extraordinaire : Peut-être ont-ils eu une relation amoureuse car il écrit « l’aimer beaucoup plus que paternellement », « Je ne regarde plus qu’elle au monde », parle de son affection « plus que surabondante », de la « véhémente façon dont elle m’aima et me désira longtemps » et vante ses prouesses intellectuelles. Il lui délivre au chapitre XVII du livre II des « Essais » le titre de « fille d’alliance ». (même source).

Et puis en fouillant un peu plus je suis tombée sur une page du site arléa, sur laquelle Séverine Auffret fait une étude édifiante de la dame, même si elle attaque, bien injustement il va de soi, ma chère George : Marie choisit, dès l’âge de onze ans, de quitter la voie tracée pour « le Sexe » : celle de « la quenouille » – cet objet qui désigne alors sous la forme d’un trope, et pour des siècles encore (on le retrouve dans l’Indiana de George Sand ! [le fait de trouver le terme quenouille dans un roman de Sand ne justifie pas que Sand n'était pas féministe et c'est bien la méconnaître... mais c'est une autre histoire]), les astreintes de la condition féminine, au point de remplacer le mot même de « femme ». Voir cette expression que Gournay emploiera, s’adressant au roi pour oser comparer sa propre traduction de Virgile à celle de Bertaut, évêque de Sées : « Quelle témérité, Sire, une quenouille attaque une crosse, et la crosse illustre d’un Bertaut ? ».

Comment résister alors à cette femme que décrit et nous aide à comprendre cette Séverine Auffret qui semble bien connaître, à défaut de George Sand, cette fameuse Marie : Marie de Gournay restera fidèle à Michel de Montaigne, mort quatre ans après cette mémorable rencontre, non seulement en veillant, comme il le lui avait demandé, aux éditions suivantes des Essais, défendant pied à pied les idées de Montaigne et souvent ses mots, que d’aucuns souhaiteraient polir et affadir, mais encore et surtout en se construisant elle-même comme femme indépendante, créatrice et pensante. »

Enfin, et parce que cela est tellement fréquent quand on parle des femmes écrivains, il est à noter que cette pauvre Marie, tout comme George Sand le sera par ses congénères, et notamment l’illustre Baudelaire, cette pauvre Marie, donc, sera elle aussi la proie de médisances bien basses de la part de la gente masculine : « Le Grief des Dames, publié quatre ans plus tard, développe une idée nouvelle, fondée sur l’expérience d’une écrivaine de soixante et un ans attaquée par des auteurs à la mode dans des termes fielleux, voire scélérats, sur son physique et son état de demoiselle [...] Ce petit texte franchement polémique, excellemment pamphlétaire, doit faire date, puisqu’il n’inscrit pas moins que l’état de femme de lettres, définitivement soustraite à la capture de « la quenouille ». » Sacrée nana donc que cette femme de la Renaissance, que je ne connaissais pas (oui j’avoue mes lacunes abyssales) et que je suis bien heureuse d’avoir rencontrée ne serait-ce que l’espace de ce tag !

Voilà ma Lili, contente ?

Publié par George le 12.8.2011 copié/collé par Euterpe

Mon commentaire : merci George pour cette esquisse bien enlevée sur Marie de Gournay ! La quenouille a apparemment symbolisé la condition féminine pendant plusieurs siècles depuis (probablement) son invention jusqu'à la fin de la première moitié du XXe siècle en Europe. Encore aujourd'hui, dans certains coins du monde, fabriquer du fil à l'aide d'un rouet et d'une quenouille fait partie des tâches dévolues aux femmes. Ce n'est donc pas étonnant de retrouver cette objet dans la littérature du XIXe siècle. Quant à Marie de Gournay, elle connaissait l'expression plus vieille qu'elle : "tomber en quenouille" qui voulait dire tomber dans les mains d'une femme, et, du point de vue de l'âge, elle aurait pu être la petit-fille de Louise Labé qui exhortait les femmes à élever un peu leur esprit au-dessus de leur quenouille, alors, en effet, Marie de Gournay l'emploie aussi dans le sens de "femme" synonyme de "machine domestique à fabriquer du fil", finalement. Ici l'un de ses plaidoyers en faveur des femmes publié par moi en juin.

(Même si j'étudie le XVIe siècle cela ne m'empêche pas moi aussi d'être fan de George Sand ainsi me voilà particulièrement ravie de la participation d'une pseudo de George !).

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