à la recherche des femmes perdues dans l'espace-temps et autres aventures...
mardi 24 décembre 2013
Joyeuse nouvelle Helle !
Joyeuse nouvelle clarté (en all. Helle) à tou.te.s, avec un morceau de la compositrice Maude Valerie White (1855-1937) "Scherzetto".
dimanche 15 décembre 2013
La torture rend libre
Je suis actuellement dans l'expectative concernant la décision de la nouvelle coalition allemande sur la réforme de la loi réglementariste sur la prostitution édictée en 2002. J'avoue avoir un peu du mal à me concentrer sur autre chose en ce moment.
Je copie/colle doncc ici le billet d'Emelire en soutien (merci à elle) à la lutte contre l'exploitation sexuelle intensive des femmes qui peut prendre des formes impensables en Allemagne (lire ici) quand des maquerelles proposent carrément des chambres de torture à leurs clients !
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Bordels en Allemagne : Les violences aux femmes, "un détail de l'histoire" ? Pétition urgente en solidarité
Pour attirer (ou ré-attirer) votre attention sur la situation intolérable des femmes dans les bordels allemands (légaux!),
et le mouvement actuel en Allemagne pour que le massacre s'arrête ! Le
journal Spiegel avait notamment publié un état des lieux horrible sur
ces bordels, cet article avait été traduit en plusieurs langues (le
relire en français lien ICI).
Je vous invite à lire le texte publié par Euterpe sur son blog ICI et
qui parle à la fois de ce crime contre l'humanité que constituent ces
bordels, du trafic des jeunes filles juives des années 1900 et des camps
de la honte.
Euterpe interpelle notamment "ses visitrices et visiteurs de VITE signer l'appel contre la prostitution en Allemagne, appel notamment à l'initiative d'Alice Schwarzer fondatrice du journal féministe allemand Emma, pétition en version française ICI !
* * *
Pour la signature, traduction de quelques termes :Comme pour toutes les pétitions : seules les mentions avec une astérisque (*) sont obligatoires :
- Vorname = Prénom
- Name = Nom
- E-mail = ...
- Wohnort = lieu de résidence (ville / pays)
Puis vous pouvez cliquer sur "Absenden" (= envoyer)
les autres mentions ne sont pas pas obligatoires :
- Land = (c'est pour les allemand-es)
- Alter = âge
- Beruf = métier
- Warum ich... = Raisons de votre signature
Un message de confirmation vous sera envoyé, il suffit de cliquer sur le lien pour confirmer votre signature. merci !
vendredi 6 décembre 2013
Et les camps de concentration en Allemagne ?
La loi pour l'abolition de la prostitution a été votée en France. J'en suis extrêmement heureuse. C'est une véritable chute du mur du sexisme que nous vivons là, un grand moment pour la majorité des féministes, je pense, et des hommes pro-féministes. J'aurais beaucoup de choses à raconter sur la traite des femmes à travers l'histoire mais, étant donné les événements actuels, je me concentrerais uniquement sur l'Allemagne. D'abord parce que j'y vis et ensuite parce que si, en France, il y a eu des avancées remarquables dans la lutte contre la prostitution : maisons closes fermées à l'initiative de Marthe Richard et, maintenant, pénalisation des clients de la prostitution grâce à Navat Vallaut-Belkacem (love), autant en Allemagne, depuis le trafic de jeunes filles juives en provenance d'Europe de l'Est dans les années 1900 et le même trafic de jeunes filles d'Europe de l'Est sans distinction de confession aujourd'hui, en passant par les bordels aménagés pour les soldats de la Wehrmacht et autres horreurs dans les camps de concentration, il n'y a AUCUNE amélioration de la situation, bien au contraire.
Entre les bordels qui offrent la bière, la saucisse grillée et la femme en un paquet pour 69 €, les filles déguisées en écolières pour les amateurs, les filles déguisées en princesses, les gangbang qui sont des tournantes ou mises en scène de viols en groupe offert aux clients sous la mention "satisfait ou remboursé", le nombre invraisemblable de sortes de bordels : éros-center, maisons de passe, bordels de rue, maisons de rendez-vous, appartements, salons de massage, studios de domina, nightclubs, clubs dits de "nudistes", ciné sexe, le "client" ne sait plus où donner du phallus.
JAMAIS dans l'histoire allemande, n'ont été fermées de "maisons closes", c'est-à-dire de bordels. Bien au contraire. Depuis la loi réglementariste de 2002, on en ouvre en MASSE. À croire que l'économie allemande doit sa bonne santé à cette "industrie", nommée d'ailleurs : "industrie du sexe". Ce moi-ci, à Sarrebruck, ville de 180.000 habitants où se trouvent déjà pas moins de 100 bordels, il va en ouvrir un 101ème de 6000 m² avec 5 étages. Il faut savoir qu'aucune autorisation n'est requise pour ce faire alors qu'ouvrir une baraque à frites nécessite beaucoup de démarches.
Sous la pression de quelques élu.e.s et, entre autres, de la féministe Alice Schwarzer qui a démarré une campagne contre la prostitution à laquelle se sont jointes 90 célébrités, la coalition SPD/CDU qui vient de se former, veut apporter quelques modifications à la loi réglementariste de 2002, dit-elle. Mais quand on regarde de près de quoi il s'agit, on s'aperçoit que ces modifications ne modifieront rien ou si peu que cela ne vaut même pas la peine d'en parler. Il s'agit juste de faire taire la contestation.
Entre les bordels qui offrent la bière, la saucisse grillée et la femme en un paquet pour 69 €, les filles déguisées en écolières pour les amateurs, les filles déguisées en princesses, les gangbang qui sont des tournantes ou mises en scène de viols en groupe offert aux clients sous la mention "satisfait ou remboursé", le nombre invraisemblable de sortes de bordels : éros-center, maisons de passe, bordels de rue, maisons de rendez-vous, appartements, salons de massage, studios de domina, nightclubs, clubs dits de "nudistes", ciné sexe, le "client" ne sait plus où donner du phallus.
JAMAIS dans l'histoire allemande, n'ont été fermées de "maisons closes", c'est-à-dire de bordels. Bien au contraire. Depuis la loi réglementariste de 2002, on en ouvre en MASSE. À croire que l'économie allemande doit sa bonne santé à cette "industrie", nommée d'ailleurs : "industrie du sexe". Ce moi-ci, à Sarrebruck, ville de 180.000 habitants où se trouvent déjà pas moins de 100 bordels, il va en ouvrir un 101ème de 6000 m² avec 5 étages. Il faut savoir qu'aucune autorisation n'est requise pour ce faire alors qu'ouvrir une baraque à frites nécessite beaucoup de démarches.
Sous la pression de quelques élu.e.s et, entre autres, de la féministe Alice Schwarzer qui a démarré une campagne contre la prostitution à laquelle se sont jointes 90 célébrités, la coalition SPD/CDU qui vient de se former, veut apporter quelques modifications à la loi réglementariste de 2002, dit-elle. Mais quand on regarde de près de quoi il s'agit, on s'aperçoit que ces modifications ne modifieront rien ou si peu que cela ne vaut même pas la peine d'en parler. Il s'agit juste de faire taire la contestation.
Interdire les forfaits, instaurer une demande d'autorisation spéciale pour l'ouverture d'un bordel, relever l'âge des filles de 18 à 21 ans, pénaliser le client s'il est prouvé qu'il avait conscience que la fille était forcée (d'après l'interprétation qui en est faite par les légistes, cela veut dire : si pendant l'acte quelqu'un tient les mains de la fille !).
Non. Tout cela est indigne et carrément insupportable!
L'abolitionniste Denise Pouillon taxait déjà en 1984 les eros-center allemands de "camps de concentration du sexe".
Trente ans plus tard, il y a de quoi hurler.
Alors, merci à mes visitrices et visiteurs de VITE signer l'appel contre la prostitution en Allemagne ici ! Parfois je me demande ce qui se passerait si, un jour, on ouvrait tous ces bordels dans lesquels sont enfermées ces jeunes filles qui ne parlent pas allemands, bien entendu amenées par des réseaux, et qui doivent s'y tenir NUES toute la journée. Combien de temps y restent t-elles ? Dans quel état en sortent-elles ? En sortent-elles seulement ? Ou ne disparaissent-elles pas mystérieusement ? Qui le sait ? Personne. La police n'a aucune possibilité d'enquêter puisque la prostitution est parfaitement légale.
Parfois, je me demande si l'on ne va y pas trouver des charniers comme après la seconde guerre mondiale...
J'exagère ? Peut-être. Peut-être pas.
Manifestation de Femens devant un eros-center au printemps 2013
samedi 23 novembre 2013
Femmes oubliées de l'HIStoire, en Suisse aussi
Les femmes, éternelles "oubliées" de l'his-toire
La RTS a eu la bonne idée de créer une série de quatre films autour de six personnalités qui ont marqué l’Histoire suisse, et seront diffusés en prime time sur RTS I du 6 au 30 novembre 2013 : Werner Stauffacher, Nicolas de Flüe, Hans Waldmann, Guillaume-Henri Dufour, Stefano Franscini et Alfred Escher. Les femmes représentent 50% de la population, mais aucune n’a été considérée comme digne d’avoir marqué les 400 ans d’histoire retenus: de la naissance de la Confédération (XIVe-XVe siècles) à l’avènement de la Suisse moderne au XIXe siècle.
Les têtes pensantes qui ont imaginé cette série se situent dans la droite ligne de ce qui se passe depuis que l’écriture existe: les textes fondateurs (les mythologies, la Bible, le Coran, les lois, etc.) ont été écrits par les hommes pour les hommes, les femmes n’y ont aucune place, sinon celle de procréatrice et de servante.
Malgré tout, un certain nombre de femmes se sont illustrées au cours des siècles. Je n’en citerai qu’une: Hildegard von Bingen (Allemagne, XIIe siècle), génie d’esprit universel en théologie, musique (elle fut la première au monde à composer), littérature, linguistique, médecine, fondatrice des sciences naturelles, qu’on pourrait comparer à Léonard de Vinci, mais dont je n’ai entendu parler que bien après mes études.
Venons-en à la Suisse, sujet de cet article. Marie Dentière, théologienne, dialoguait avec Calvin. Michée Chauderon fut la dernière sorcière brûlée à Genève (en 1652). Anna Göldin fut accusée de sorcellerie et décapitée à Glaris en 1782, elle figure parmi les dernières qui furent exécutées en Europe. Marguerite Champendal, médecin, créa l’Ecole d’infirmières du Bon Secours. La brillante Germaine de Staël, Jeanne-Henriette Rath, fondatrice du musée qui porte son nom, cette liste n’étant de loin pas exhaustive.
Dans la période retenue pour la série télévisée (avant le cinéma), citons une femme parmi les nombreuses qui ont œuvré pour la paix: Valérie de Gasparin (1813-1894). Elle fut de tous les combats: pour aider les pauvres, contre l’esclavage, contre la traite des jeunes filles. En 1854, durant la guerre de Crimée, elle déclencha un vaste mouvement de solidarité. En 1859, appelée par Henri Dunant, elle s’associa à la première mission internationale de secours aux victimes de combats. La même année, elle fonda la première école d’infirmières du monde, qui deviendra «La Source».
Braquons enfin le projecteur sur la féministe Marie Goegg-Pouchoulin (1824-1899), qui a précédé dans l’Histoire Marga Bührig et Emilie Gourd. C’est elle qui fonda, en 1868 à Genève, la première société féministe en terre romande, et l’Association internationale des femmes, dont le but était de soutenir les efforts tendant vers la paix et les droits des femmes. Elle fonda le Journal des Femmes, premier journal féministe suisse. On lui doit par ailleurs l’admission des femmes à l’université de Genève.
L’Histoire n’est pas un monolithe. Chaque époque revisite son passé par rapport à ses nouvelles connaissances et valeurs. Il est évident que si l’on ne s’intéresse qu’aux chefs de guerre (trois sur six dans la série en question) ou aux pionniers de l’industrie, on ne trouvera que des hommes. En revanche, si l’on s’intéresse au peuple, on trouvera autant de femmes que d’hommes. Or, ce sont les peuples qui sont la chair de l’Histoire.
Les travaux scientifiques actuels tendent à montrer que les éléments civilisateurs ont toujours été le fait des femmes: la conservation du feu, la poterie, le tissage, l’agriculture, etc. Il semble même que les fameuses peintures des grottes furent réalisées par des femmes, les études s’étant penchées sur les dimensions des mains.
Après leur règne, on a martelé les pierres et cartouches qui portaient le nom de la reine Hatchepsout et de la reine Zénobie de Palmyre; on a systématiquement écarté les œuvres de Sappho en ne les recopiant pas; on décapita Olympe de Gouges, qui avait réclamé que les Droits de l’Homme fussent aussi ceux de la Femme. On criait «A poil!» contre les suffragettes qui montaient à la tribune; tout récemment, à l’Assemblée nationale française, un Néandertalien s’est permis de pousser des gloussements de poule pendant qu’une députée parlait...
En 2013, il semble qu’on en soit encore là: les femmes n’existent pas ou on les nie. Renseignement pris, le choix des six personnalités a été élaboré par une commission de quatre journalistes et historien-ne-s de la Suisse allemande, du Tessin et de la Romandie, comprenant deux hommes et deux femmes.
Parler de Michée Chauderon ou d’Anna Göldin, c’est soulever un sombre pan de l’Histoire, qui a tenu pendant des siècles comme déviant tout comportement qui s’écartait de la doctrine rigide imposée par l’Eglise catholique, les femmes ayant payé le plus lourd tribut (dix mille femmes accusées de sorcellerie pour mille hommes en Europe). Parler de Valérie de Gasparin, c’est mettre en lumière le combat des femmes pour la paix, de Lysistrata à nos jours, et montrer les conséquences des guerres dans le quotidien, ce qui aurait été un pendant éclairant aux actions de trois chefs de guerre. Parler de Marie Goegg-Pouchoulin, c’est aborder la question fondamentale des droits, notamment ceux des femmes (la moitié de la population), qui ont acquis, en 1971 seulement en Suisse, celui d’être considérées comme des personnes et des citoyennes à part entière.
Près de cinquante ans après Mai 68, que faut-il faire pour que nos têtes pensantes le comprennent?
Sur lecourrier.ch
mercredi 13 novembre 2013
Non, ce sont les femmes qu'il faut BEAUCOUP aimer (pour changer). Quant aux hommes, il est temps de leur mettre des limites, non ?
Prix Goncourt 2013 :
Au revoir là-haut (complicité virile entre deux Poilus de la 1re G.M. Ah ! Les hommes et la guerre (même si c'est pour la dénoncer) !).
Grand prix du roman de l'Académie francaise 2013 :
Plonger (histoire d'un homme qui aime une femme qui meurt (les femmes meurent toujours dans les romans d'amour d'homme). En plus, il doit aller chercher le corps. Quelle corvée !).
Prix des deux Magots 2013 :
Immortel, enfin (comment Paul Morand est enfin parvenu à entrer à l'Académie francaise. C'était important d'en faire un roman et de donner un prix à ce roman d'une
Prix Renaudot 2013 :
Naissance (l'enfance forcément malheureuse de l'auteur et pourquoi il est devenu (un "grand") écrivain. Parce que, justement, on se le demandait vu que c'est une professsion si rare chez les hommes !).
Séraphin, c'est la fin (ou comment tuer un ange (un enfant) en abusant sexuellement de lui) c-a-d quand la littérature consacre la pédophilie. Pour être un grand homme il est indispensable d'être pédophile aujourd'hui. Polanski et Woody Allen l'ont déjà compris il y a longtemps. D'ailleurs Matzneff et Polanski seront bientôt au Panthéon.
Moi, je suggère même de les momifier comme Lénine. Ils sont le symbole de toute une civilisation, quand même ! Notre chère civilisation patriarcale pédophile ! Glorifions-la en grand !
Prix Médicis 2013 :
Il faut beaucoup aimer les hommes (compris, les féministes ? C'est une femme qui le dit, alors !)
Franchement, un titre pareil, fallait le faire ! On est cernées par les Elisabeth Lévy !
Parmi tous les autres prix littéraires de cette année, si vous en avez trouvé un qui aurait récompensé une oeuvre ayant un quelconque intérêt pour une féministe, faites-moi signe.
lundi 11 novembre 2013
samedi 9 novembre 2013
"Hum moi je trouvais qu’elles avaient l’air d’avoir fait la guerre…"
Esclaves sexuelles québecoises de 1940
Piochés sur le site où j'ai trouvé ces photos, les commentaires qui m'ont paru les plus humains :
D'un homme, je crois :
Ça a toujours été de pauvres femmes en difficulté… par en dedans elles sont pareilles celles d’aujourd’hui et celles-ci. Peu importe leur face. Aujourd’hui, les moeurs ont changé, on veut faire croire que c’est glamour, que c’est leur choix Et que c’est bin normal qu’un homme aille aux danseuses, et qu’il couche avec une prostituée, au moins une fois dans sa vie. Alors le chemin est plus facile. Je sais, je sais, y’en aura toujours quelques une pour clamer que c’est un choix, qu’elles sont heureuses dans leur situation.
Et d'un autre homme :
Imaginez les clients maintenant.
Et d'une femme :
C’est plate qu’on ait pas les photos de ces beaux mâles édentés à l’hygiène douteuse de ces belles années.
Et d'une autre femme :
Hum moi je trouvais qu’elles avaient l’air d’avoir fait la guerre…
lundi 4 novembre 2013
L'homme seul, c'est fini
"L'essentiel du bagage culturel de la race humaine, reconnu comme valide par notre civilisation, a été attribué à des hommes (et non à des femmes, des enfants, des animaux, des plantes, des minéraux, des objets...).
L'historiographie culturelle ne retient que les productions masculines. Quand on ne sait pas trop quel est l'"auteur" du chef-d'oeuvre - qui a peint les grottes paléolithiques ? - la gloire est attribuée par défaut à un homme. Quand un magazine quelconque parle de l'"évolution", l'illustration représente un homme passant du singe au costume-cravate. Et si (king-)Kong était une fille ? L'idée est suggérée par Virginie Despentes dans King Kong theorie, à propos du film réalisé en 2003 par Peter Jackson. Observation fort judicieuse : ce sont les imbéciles d'Américains qui, dans le film appellent l'animal "King" ; les gens du pays l'appellent "Kong" !
2. Qui dit homme dit en général un seul homme.
Même s'il y derrière n'importe quel acte un deuxième homme, une compagne ou plusieurs compagnons, ce qui a de la valeur doit être le fait d'un homme et d'un seul. On parle du "premier homme sur la Lune" alors qu'ils étaient trois. Une découverte due à une équipe de scientifiques recoit le nom du chef de labo, de même qu'on donne le nom du chef d'atelier aux tableaux réalisés par le groupe. En patriarquie, le critère "homme seul", jamais énoncé explicitement, est essentiel.
3.L'usurpation du nom des femmes est une pratique commune, consacrée par le mariage mais largement répandue en dehors de cette institution.
Mary Leakey, paléontologue, a découvert un crâne préhumain, mais c'est son mari qui publie l'histoire de la trouvaille sous son nom à lui, dans Nature, sans citer sa femme. La découverte de la brucellose, ou fièvre de Malte, est attribuée au mari de la chimiste qui l'a en réalité identifiée. Si c'est une femme qui signe la découverte ou l'oeuvre, et si on ne peut passer le fait sous silence, on aura tendance à minorer la scientifique ou l'artiste, à juger son travail "moins bon", moins valable, par une sorte de réflexe conditionné. L'écrivaine Ségur ? Pour les enfants. La pictoresse Anna Merian ? De petites choses naturalistes, pas vraiment de la peinture. Il existe au moins vingt pictoresses préraphaélites, comme le montre le catalogue de l'exposition Pre-raphaelite women artists ? Tant pis ! Les préraphaélites, ce sont Millais, Hunt, Rossetti....
C'est là une tendance systématique : quoi qu'il arrive, le travail, l'invention et la participation des femmes sont toujours sous-estimées. Ce n'est pas un "détail" mais bien le symptôme parmi d'autres d'un mouvement général de civilisation. Un couvercle patriarcal coiffe encore notre espace de culture et de pensée ; au moins, commencons-nous à la soulever et à l'ôter, alors qu'il fut un temps où l'avoir au-dessus de notre tête allait de soi".
Extrait de Dis Papa, c'était quoi le patriarcat ?, Anne Larue, éditions iXe)
Oui, les temps changent. Il y en a assez de "l'homme seul" et dans tous les domaines. La rebellion, c'est tous les jours, et c'est aussi le titre de ce trailer qui donne la pêche !
L'historiographie culturelle ne retient que les productions masculines. Quand on ne sait pas trop quel est l'"auteur" du chef-d'oeuvre - qui a peint les grottes paléolithiques ? - la gloire est attribuée par défaut à un homme. Quand un magazine quelconque parle de l'"évolution", l'illustration représente un homme passant du singe au costume-cravate. Et si (king-)Kong était une fille ? L'idée est suggérée par Virginie Despentes dans King Kong theorie, à propos du film réalisé en 2003 par Peter Jackson. Observation fort judicieuse : ce sont les imbéciles d'Américains qui, dans le film appellent l'animal "King" ; les gens du pays l'appellent "Kong" !
2. Qui dit homme dit en général un seul homme.
Même s'il y derrière n'importe quel acte un deuxième homme, une compagne ou plusieurs compagnons, ce qui a de la valeur doit être le fait d'un homme et d'un seul. On parle du "premier homme sur la Lune" alors qu'ils étaient trois. Une découverte due à une équipe de scientifiques recoit le nom du chef de labo, de même qu'on donne le nom du chef d'atelier aux tableaux réalisés par le groupe. En patriarquie, le critère "homme seul", jamais énoncé explicitement, est essentiel.
3.L'usurpation du nom des femmes est une pratique commune, consacrée par le mariage mais largement répandue en dehors de cette institution.
Mary Leakey, paléontologue, a découvert un crâne préhumain, mais c'est son mari qui publie l'histoire de la trouvaille sous son nom à lui, dans Nature, sans citer sa femme. La découverte de la brucellose, ou fièvre de Malte, est attribuée au mari de la chimiste qui l'a en réalité identifiée. Si c'est une femme qui signe la découverte ou l'oeuvre, et si on ne peut passer le fait sous silence, on aura tendance à minorer la scientifique ou l'artiste, à juger son travail "moins bon", moins valable, par une sorte de réflexe conditionné. L'écrivaine Ségur ? Pour les enfants. La pictoresse Anna Merian ? De petites choses naturalistes, pas vraiment de la peinture. Il existe au moins vingt pictoresses préraphaélites, comme le montre le catalogue de l'exposition Pre-raphaelite women artists ? Tant pis ! Les préraphaélites, ce sont Millais, Hunt, Rossetti....
C'est là une tendance systématique : quoi qu'il arrive, le travail, l'invention et la participation des femmes sont toujours sous-estimées. Ce n'est pas un "détail" mais bien le symptôme parmi d'autres d'un mouvement général de civilisation. Un couvercle patriarcal coiffe encore notre espace de culture et de pensée ; au moins, commencons-nous à la soulever et à l'ôter, alors qu'il fut un temps où l'avoir au-dessus de notre tête allait de soi".
Extrait de Dis Papa, c'était quoi le patriarcat ?, Anne Larue, éditions iXe)
Oui, les temps changent. Il y en a assez de "l'homme seul" et dans tous les domaines. La rebellion, c'est tous les jours, et c'est aussi le titre de ce trailer qui donne la pêche !
EVERYDAY REBELLION
lundi 28 octobre 2013
La misogynie est la base même de l'expression artistique
La femme à la Sorbonne à la fin du XXe siècle
Imaginons une étudiante lambda qui s'intéresse aux "femmes" et qui fait ses études de lettres dites "modernes" à la Sorbonne (Paris, France) au début des années 1980. Sous la direction d'un mâle professeur, elle rédige son mémoire de maîtrise sur la "représentation de la femme". Parler des femmes, si on y tient vraiment, c'est donc parler de leur représentation par et dans la littérature ipso facto masculine. Notre étudiante traite dès lors de la "femme de la Décadence", entendons : la fin du XIXe siècle, période également nommée, entre pairs, "tournant du siècle". Elle étudie, mettons, la "femme bretteuse". Bretteuse, cela veut dire que cette femme manie l'épée pour impressionner l'écrivain, qui la désire d'autant plus que c'est elle qui tient l'épée : ciel, quelle transgression !
L'étudiante assimile rapidement tout ce jargon spécifique (décadence, tournant du siècle, bretteuse) et s'approprie, avec la bénédiction de la Sorbonne, un point de vue réputé universel, en réalité essentiellement masculin. Personne n'y trouve à redire, elle pas plus que les autres. Son rôle, en tant que "critique", est en effet de mettre en relief le "point de vue de l'auteur". Le "corpus" c'est-à-dire l'ensemble des oeuvres étudiées et vénérées (encore un mot de jargon vite appris) est majoritairement masculin. Tout roule.
Défilent alors, dans la mémoire de l'étudiante, Salomé la coupeuse de tête, Hélène sur les remparts de Troie, Clara du Jardin des supplices, Raoule de Vénérande, qui dans le roman de Rachilde, La marquise de Sade, exige très fermement d'être vénérée. Autant de figures de la femme fatale, qui danse avec l'homme masochiste un éternel pas de deux sur son tempo à lui. Voilà pour la représentation de la femme : sadique, désirable, méchante, dominée sous ses airs de dominatrice, tout un programme pour les honnêtes citoyennes. Des armées de filles, sous la direction de mâle professeur, tiennent elles-mêmes la plume qui les stigmatise. Mais déjà quelques-unes osent glisser dans leurs textes que tous ces fantasmes fin-de-siècle ne sauraient masquer l'existence réelle de Louise Michel, Flora Tristan ou Lou Andrea-Salomé, pour ne citer que quelques-unes des plus célèbres. "Jamais la misogynie n'est apparue aussi nettement comme la base même de l'expression artistique" écrit Mireille Dottin-Orsini, une ancienne de l'écurie, dans Cette femme qu'ils disent fatale, Textes et images de la misogynie fin-de-siècle (p.23).
Louise Michel n'aura sans doute jamais lu une ligne d'un roman "décadent". A la fin du XXe siècle, on ne lit pas davantage les Mémoires de Louise Michel à la Sorbonne car "ce n'est pas de la littérature". Et pourtant, l'autobiographie est désormais un genre reconnu. Saint-Augustin ou Rousseau, d'accord ! Mais pas Louise Michel, qui écrit dans ses Mémoires :
Peut-être aussi dans ce beau pays de France, la mode d'attribuer à un cas pathologique tout caractère de femme un peu viril est-elle complètement établie ; il serait à souhaiter que ces cas pathologiques se manifestassent en grand nombre chez les petits crevés et autres catégories du sexe fort (1976 : 192).
De quoi balayer la "représentation de la femme". De quoi ruiner le fonds de commerce masculiniste de l'Université....
(extrait de Dis Papa, c'était quoi le patriarcat ?, Anne Larue, éditions iXe)
Oui, la misogynie est le socle sur lequel repose notre culture dans son intégralité et "l'existence réelle des femmes" est une notion qui n'intéresse que les féministes.
Télérama, par exemple, ne connaît pas d'écrivaines. Pour la culture masculiniste (pléonasme) il n'y a d'écrivains que masculin (ne suivez donc pas d'écrivaines sur twitter car ce ne sont pas des écrivains "RÉELS").
Encore à propos de littérature et pour en revenir à nos suffragettes, la dramaturge britannique Cicely Hamilton fonda la Woman Writer's Suffrage Society réunissant des femmes et des hommes de plume favorables au vote des femmes pour faire campagne par l'écriture. Elle rédigea elle-même plusieurs oeuvres dont des pièces de théâtre ayant pour thème le suffrage féminin. Apparemment des livres plein d'humour et de grâce mais malheureusement ne bénéficiant d'aucune pub et absolument pas traduit en français.
Imaginons une étudiante lambda qui s'intéresse aux "femmes" et qui fait ses études de lettres dites "modernes" à la Sorbonne (Paris, France) au début des années 1980. Sous la direction d'un mâle professeur, elle rédige son mémoire de maîtrise sur la "représentation de la femme". Parler des femmes, si on y tient vraiment, c'est donc parler de leur représentation par et dans la littérature ipso facto masculine. Notre étudiante traite dès lors de la "femme de la Décadence", entendons : la fin du XIXe siècle, période également nommée, entre pairs, "tournant du siècle". Elle étudie, mettons, la "femme bretteuse". Bretteuse, cela veut dire que cette femme manie l'épée pour impressionner l'écrivain, qui la désire d'autant plus que c'est elle qui tient l'épée : ciel, quelle transgression !
L'étudiante assimile rapidement tout ce jargon spécifique (décadence, tournant du siècle, bretteuse) et s'approprie, avec la bénédiction de la Sorbonne, un point de vue réputé universel, en réalité essentiellement masculin. Personne n'y trouve à redire, elle pas plus que les autres. Son rôle, en tant que "critique", est en effet de mettre en relief le "point de vue de l'auteur". Le "corpus" c'est-à-dire l'ensemble des oeuvres étudiées et vénérées (encore un mot de jargon vite appris) est majoritairement masculin. Tout roule.
Défilent alors, dans la mémoire de l'étudiante, Salomé la coupeuse de tête, Hélène sur les remparts de Troie, Clara du Jardin des supplices, Raoule de Vénérande, qui dans le roman de Rachilde, La marquise de Sade, exige très fermement d'être vénérée. Autant de figures de la femme fatale, qui danse avec l'homme masochiste un éternel pas de deux sur son tempo à lui. Voilà pour la représentation de la femme : sadique, désirable, méchante, dominée sous ses airs de dominatrice, tout un programme pour les honnêtes citoyennes. Des armées de filles, sous la direction de mâle professeur, tiennent elles-mêmes la plume qui les stigmatise. Mais déjà quelques-unes osent glisser dans leurs textes que tous ces fantasmes fin-de-siècle ne sauraient masquer l'existence réelle de Louise Michel, Flora Tristan ou Lou Andrea-Salomé, pour ne citer que quelques-unes des plus célèbres. "Jamais la misogynie n'est apparue aussi nettement comme la base même de l'expression artistique" écrit Mireille Dottin-Orsini, une ancienne de l'écurie, dans Cette femme qu'ils disent fatale, Textes et images de la misogynie fin-de-siècle (p.23).
Louise Michel n'aura sans doute jamais lu une ligne d'un roman "décadent". A la fin du XXe siècle, on ne lit pas davantage les Mémoires de Louise Michel à la Sorbonne car "ce n'est pas de la littérature". Et pourtant, l'autobiographie est désormais un genre reconnu. Saint-Augustin ou Rousseau, d'accord ! Mais pas Louise Michel, qui écrit dans ses Mémoires :
Peut-être aussi dans ce beau pays de France, la mode d'attribuer à un cas pathologique tout caractère de femme un peu viril est-elle complètement établie ; il serait à souhaiter que ces cas pathologiques se manifestassent en grand nombre chez les petits crevés et autres catégories du sexe fort (1976 : 192).
De quoi balayer la "représentation de la femme". De quoi ruiner le fonds de commerce masculiniste de l'Université....
(extrait de Dis Papa, c'était quoi le patriarcat ?, Anne Larue, éditions iXe)
Oui, la misogynie est le socle sur lequel repose notre culture dans son intégralité et "l'existence réelle des femmes" est une notion qui n'intéresse que les féministes.
Télérama, par exemple, ne connaît pas d'écrivaines. Pour la culture masculiniste (pléonasme) il n'y a d'écrivains que masculin (ne suivez donc pas d'écrivaines sur twitter car ce ne sont pas des écrivains "RÉELS").
Encore à propos de littérature et pour en revenir à nos suffragettes, la dramaturge britannique Cicely Hamilton fonda la Woman Writer's Suffrage Society réunissant des femmes et des hommes de plume favorables au vote des femmes pour faire campagne par l'écriture. Elle rédigea elle-même plusieurs oeuvres dont des pièces de théâtre ayant pour thème le suffrage féminin. Apparemment des livres plein d'humour et de grâce mais malheureusement ne bénéficiant d'aucune pub et absolument pas traduit en français.
vendredi 25 octobre 2013
Poules, oies, dindes, grues, pintades, volailles et le droit de mêler sa voix de non-mâle au concert politique
Rien de nouveau sur le front du sexisme. Quand dans le domaine politique les femmes ne sont pas assimilées à des poules, comme nous l'a rapellé un certain Le Ray, député UMP à l'assemblée, il y a peu,
elles le sont à des oies. D'ailleurs voilà comment on caricaturait les suffragettes du WSPU d'Emmeline Pankhurst, il y a cent ans :
(Grande manifestation pour le suffrage - madame Hystérique tient un discours à la réunion de l'union politique et sociale des oies :
(Bon, je me laisse un peu aller, certes, il est tard, c'est l'automne, et je partirais bien en Afrique avec les oies sauvages, moi, car ce sont autrement de belles créatures que ces répugnants imbéciles de l'assemblée nationale et la supériorité de l'espèce aviaire face à ces saucisses encravatées à dents jaunes est évidente).
(Ah oui ! Et puis merci de bien vouloir ajouter sa signature à la pétition contre la ProstG allemande pour contribuer à mettre fin à la violence sexuelle contre la "volaille" jeune et pauvre dans toute l'Europe et à travers le monde).
elles le sont à des oies. D'ailleurs voilà comment on caricaturait les suffragettes du WSPU d'Emmeline Pankhurst, il y a cent ans :
(Grande manifestation pour le suffrage - madame Hystérique tient un discours à la réunion de l'union politique et sociale des oies :
Est-ce une question de jars - je veux dire de genre - entre nous et le vote ?)
Normale comme comparaison ! Les femmes, c'est bien juste de la volaille bonne à plumer et à rôtir, non ?
Sauf qu'attention, les oies, cela vole haut et loin, messieurs les bouffis. Tandis que vous écrasez de vos postérieurs ramollis par un régime trop riche vos fauteuils trop moelleux (foie gras et duvet que vous nous avez pris), tandis que vous vous êtes assurés d'y rester vissés à vie sans lever le petit doigt, nous autres, les rebelles qui savons manger peu et nous servir de nos ailes, remplirons le ciel assez pour que vous ne voyiez plus le soleil. Alors vous nous supplierez de vous rendre la lumière mais nous vous ignorerons comme vous nous avez ignorez des siècles et des siècles. D'ailleurs nous ne vous entendrons pas.Normale comme comparaison ! Les femmes, c'est bien juste de la volaille bonne à plumer et à rôtir, non ?
(Bon, je me laisse un peu aller, certes, il est tard, c'est l'automne, et je partirais bien en Afrique avec les oies sauvages, moi, car ce sont autrement de belles créatures que ces répugnants imbéciles de l'assemblée nationale et la supériorité de l'espèce aviaire face à ces saucisses encravatées à dents jaunes est évidente).
(Ah oui ! Et puis merci de bien vouloir ajouter sa signature à la pétition contre la ProstG allemande pour contribuer à mettre fin à la violence sexuelle contre la "volaille" jeune et pauvre dans toute l'Europe et à travers le monde).
dimanche 20 octobre 2013
“You have to make more noise... (Emmeline Pankhurst)
“You have to make more noise than anybody else, you have to make
yourself more obtrusive than anybody else, you have to fill all the
papers more than anybody else. In fact, you have to be there all the
time and see that they do not snow you under, if you are really going
to get your reform realised."
Emmeline Pankhurst
Tu dois faire plus de bruit que quiconque, tu dois être plus intrusive que quiconque, tu dois remplir les journaux plus que quiconque. en fait, tu dois être là tout le temps et faire en sorte qu'ils ne t'écrasent pas si tu veux vraiment qu'une réforme se produise".
Emmeline Pankhurst
Tu dois faire plus de bruit que quiconque, tu dois être plus intrusive que quiconque, tu dois remplir les journaux plus que quiconque. en fait, tu dois être là tout le temps et faire en sorte qu'ils ne t'écrasent pas si tu veux vraiment qu'une réforme se produise".
samedi 12 octobre 2013
Expérience sur les animaux....enfin.....sur la moitié de l'humanité, en fait (mais il paraît que c'est la même chose)
sexisme et spécisme relèvent décidement de la même mentalité phallothéiste : j'en ai pour preuvre ce qu'écrivait le Figaro en 1913 à propos des suffragettes :
La suffragette, «élément de désordre social»
IL Y A CENT ANS DANS LE FIGARO - Tous les week-ends, Le Figaro
explore ses archives de l'année 1913. Le 28 janvier, le journal propose
aux Britanniques de donner aux femmes le droit de vote… à titre
expérimental.
Retrouvez chaque week-end sur lefigaro.fr un
fragment de l'actualité d'il y a un siècle, tel que publié à l'époque
dans nos colonnes. Une plongée dans les archives du journal pour revivre
les événements historiques, culturels ou sportifs… comme si vous y
étiez. Article paru dans le Figaro du 28 janvier 1913.
Cela devient un grand souci pour tous les gouvernements que de savoir ce que, tôt ou tard, il faudra répondre aux femmes que hante l'ambition d'être électrices. En 1913, le féminisme ne sévit pas chez nous d'une façon assez pressante, assez aiguë pour qu'il soit nécessaire de prendre là-dessus un parti; nous avons même la chance d'être un des pays où la question n'est pas encore sérieusement posée. Mais elle l'est à côté de nous. Elle l'est en Angleterre d'une façon plus menaçante que jamais. La suffragette, chez nos voisins, est devenue un élément de désordre social. On ne la tient plus, et il va bien falloir, qu'à brève échéance, on prenne à son sujet des mesures propres, sinon à la satisfaire, du moins à la calmer.
Et l'on se demande alors pourquoi une méthode à laquelle les Anglais eux-mêmes ont parfois recouru avec succès dans leurs colonies ne serait pas appliquée ici: nous voulons parler de la méthode expérimentale.
Elle consiste, comme on sait, à décider que telle réforme qu'on n'ose réaliser encore, mais sur les résultats de laquelle on est curieux d'être renseigné, sera expérimentée pour un temps et sur un territoire déterminé. Cette décision, ce vote n'engagent point l'avenir; ils rendent simplement possible l'organisation d'une expérience loyale sur un sujet qui préoccupe les esprits.
Supposons que la question du suffrage des femmes se posât en France aussi pressante que chez nos voisins d'outre-Manche. Rien n'empêcherait nos législateurs de désigner cinq ou six départements où il serait entendu que les femmes, à titre d'essai, seront électrices pendant la durée d'une ou de deux législatures, et cesseront de l'être si, la réforme une fois essayée, il semble déraisonnable de l'étendre au reste du pays.
En attendant que s'accomplisse chez nous cette opération de politique expérimentale, les Anglais ne seront-ils point tentés de l'entreprendre?
Une telle expérience passionnerait le monde entier!
mercredi 9 octobre 2013
Edith Margaret Garrud, la suffragette bodyguard qui faisait du jiu-jitsu
Edith Margaret Garrud (1872-1971), née Williams, a été la première formatrice d’autodéfense féministe en Europe, et probablement dans le monde.
Après son enfance à Bath puis en Pays de Galles, Edith Garrud suit une formation de professeure d’éducation physique pour filles. À 21 ans, elle se marie avec William Garrud, un autre prof de sport avec qui elle emménage à Londres. En 1899, les Garrud découvrent le Bartitsu, un mélange de divers arts martiaux asiatiques – qui étaient à ce moment-là peu connus en Europe – créé par Edward William Barton Wright. Sherlock Holmes le pratiquera dans les livres de Sir Arthur Conan Doyle.
La formation par Barton Wright est complétée par des leçons chez Sadakazu Uyenishi. En 1907, Edith Garrud jouera le rôle principal dans le film Ju-jutsu Downs the Footpads. Quand Uyenishi retourne au Japon un an plus tard, les Garrud reprennent son école d’arts martiaux, et Edith prend en charge les classes pour femmes et pour enfants. Elle organise également des cours d’autodéfense pour les suffragettes de la Women’s Social and Political Union (W.S.P.U.) et de la Women’s Freedom League. Pour rendre l’autodéfense pour les femmes plus connue, elle crée en 1911 la pièce de théâtre What Every Woman Ought to Know (« Ce que chaque femme devrait savoir » ; la pièce comique met en scène le moyen de se défendre contre la violence conjugale) et publie des articles dans des journaux :
Quand les suffragettes anglaises, entrent vers 1910 dans la confrontation avec les forces de l’ordre (bris des vitres, incendies, bombes...) en veillant toujours à ce que personne ne soit blessé et que des ouvriers/ères ne perdent pas leur travail. S'en suivent les arrestations brutales et l’alimentation forcée par tubes des prisonnières en grève de la faim. A partir de 1913, la loi « du chat et de la souris » donne à la police le droit de relâcher une suffragette emprisonnée si elle est trop affaiblie par la grève de la faim pour qu’elle ne meure pas en prison, et au cas où elle s’en remet, de la ré-emprisonner aussitôt. Des meneuses comme les trois Pankhurst risquaient non seulement des conséquences graves pour leur santé, mais n’avaient plus le droit de militer.
Mais la police n’avait pas compté avec Edith Garrud. La W.S.P.U. monte le Bodyguard, un groupe de 39 femmes formées par Edith Garrud et menées par Gertrude Harding. Leur mission : protéger les leaders des suffragettes de l’arrestation, si nécessaire par la force physique. Dans des lieux secrets, elles apprennent le jiu-jitsu, mais aussi la défense avec des massues de gymnastique, techniques qu’elles mettent en pratique dans de nombreux combats corps-à-corps avec la police. Une des bodyguards découvre par exemple qu’on peut faire tomber un policier à cheval si on frappe l’arrière du genou de l’animal avec une massue. Cette technique ne fait pas mal au cheval, mais le force à « s’asseoir », au grand dam du cavalier surpris. Une autre technique de combat préférée est de tirer sur les bretelles élastiques d’un policer pour arracher les boutons de son pantalon – les mains occupées à tenir son pantalon en place, il peut difficilement courir après les suffragettes... Les médias, déjà très critiques envers les suffragettes en général, essaient de les ridiculiser par des caricatures.
La confrontation physique n’est pas la seule à porter ses fruits : la ruse est également utilisée avec succès. Le Bodyguard sécurise les bâtiments où vont avoir lieu des manifestations suffragistes pour planifier des routes de fuite. Elles forment souvent des barrières humaines pour empêcher les policiers d’arriver jusqu’à la suffragette qu’ils veulent arrêter. A plusieurs reprises, les stratégies inventives du Bodyguard surprennent la police. Par exemple le 10 février 1914, Emmeline Pankhurst doit s’adresser à la foule sur Campden Hill Square. A l’heure prévue, la place est remplie de gens – et de policiers. E. Pankhurst apparaît sur le balcon d’une maison privée, hors de portée des policiers ! Evidemment, quand elle sort de la maison, la police se jette sur elle, le Bodyguard la protégea au mieux et dans la mêlée, les policiers ne se rendent compte qu’à la prison qu’ils ont attrapé une autre femme, vêtue et voilée tout comme Madame Pankhurst. La vraie Emmeline Pankhurst a eu le temps de disparaître.
Cette ruse fut employée plusieurs fois dans les semaines qui suivirent, et quand la police eut finalement compris le truc, elle eut droit à une nouvelle surprise. Une suffragette connue s’étant réfugiée dans une maison privée, toutes les sorties étaient bloquées. La police s’apprêta alors à arrêter la femme dès qu’elle sortirait – mais quand la porte s’ouvrit, une douzaine de femmes en vêtements identiques couraient dans tous les sens et la police ne sut pas qui poursuivre. Emmeline Pankhurst écrivit en remerciement à ses gardiennes : « En ce qui concerne nos femmes combattantes, elles sont en pleine forme et très fières de leurs exploits, comme vous pouvez vous imaginer. La fille avec la déchirure à la tête n’a pas voulu de sutures car elle voulait garder une cicatrice la plus grande possible. Le vrai esprit de guerrière ! »
Edith Garrud n’était évidemment pas non plus à l’abri du harcèlement policier. Pourtant, en tant que formatrice des Bodyguards, elle ne pouvait pas prendre trop de risques, car elles avaient besoin d’elle en liberté, pas en prison. Pour soutenir la cause, elle escalada plusieurs fois le mur de la prison de Holloway où de nombreuses suffragettes étaient enfermées. Sur le mur, elle chanta des chansons et agita le drapeau mauve-blanc-vert des suffragettes. Dans une des nombreuses manifestations, elle plaque un policier par terre qui veut l’arrêter, avant de disparaître dans la foule. Et dans son dojo, elle aménage des cachettes sous les tatamis pour faire disparaître des objets incriminants lors de fouilles. Tant qu’il y avait des élèves qui faisaient leur entraînement sur les tatamis, la police n’y voyait que du feu...
Au début de la Première Guerre mondiale, la W.S.P.U. dissolva le Bodyguard, car les suffragettes voulaient soutenir les efforts de guerre pour montrer qu’elles méritaient le droit de vote. Mais Edith Garrud continua à enseigner l’autodéfense et le jiu jitsu jusqu’en 1925, quand elle et son mari vendirent l’école d’arts martiaux et se retirèrent de la vie publique. Nous revoyons Edith Garrud en 1965, quand un magazine féminin national l’interviewe à l’occasion de son 94e anniversaire. C’est une gentille petite dame qui répond aux questions un peu infantilisantes du journaliste – pour après le prendre dans une clé dont il se souviendra un bon moment...
(Aveu : prise d'une grosse crise de fainéantise, j'ai presque tout copié/collé de ce blog).
vendredi 4 octobre 2013
Victoria Woodhull, militante pour l'amour libre et 1re femme à se présenter à une élection présidentielle
Plus fort que les suffragistes et antérieur à leur mouvement, l'américaine Victoria Woodhull qui était non seulement pour le vote des femmes et la représentation des femmes au gouvernement, se présenta elle-même à l'élection présidentielle de 1872.
Cette candidature fut éminemment symbolique : Victoria Woodhull n'était alors âgée que de 34 ans, alors que l'âge minimum pour être élu président(e), et donc pour être candidat(e), était fixé à 35 ans. Lors de la campagne, elle dénonça l'hypocrisie régnant au sujet de la prostitution et fut pour cela condamnée à la prison pour propos obscènes. Elle était encore emprisonnée le jour de l'élection. Lors du dépouillement, les bulletins de vote la désignant ne furent pas décomptés ; on ignore donc le score exact qu'elle obtint.
Bien entendu, elle était contre la prostitution RAISON POUR LAQUELLE elle était traitée de prostituée !
Elle militait aussi pour l'amour libre : "Je suis une amoureuse libre. J'ai un droit inaliénable et naturel d'aimer qui je veux, aussi longtemps ou fugacement que je peux ; de changer cet amour tous les jours si cela me plaît".
Dans un (des nombreux) livre(s) consacré(s) à elle et mentionné ici on trouve celle-ci qui m'est particulièrement sympathique :
"Il y a un bonheur supérieur à celui de commander au monde, c'est de n'obéir à personne."
Ajout du 5.10 : j'avais préparé ce billet avant de partir et voulais le poster à mon retour mais, maintenant que c'est fait, je me rends compte que je n'ai pas écrit un mot de mes impressions de voyage alors que j'étais en France et en ai rapporté tout plein (d'impressions).
D'abord, c'est l'été là-bas, alors que chez moi c'est depuis longtemps l'hiver et que les journaux populaires consacrent déjà un maximum de pages au chauffage (=> comment se chauffer sans se ruiner).
Ensuite, j'ai fait la connaissance "en vrai" de femmes géniales comme notre blogueuse dessinatrice féministe satirique bien connue Emelire (coucou Emelire ! ;)) ainsi que de la docteure Muriel Salmona, à mon avis la personnalité la plus importante du 21e siècle, pas moins.
Mais sinon les nouvelles du front étaient atroces avec l'abominable affaire de la petite Fiona et la jubilatoire promotion généralisée de l'infâme Cantat par une presse éternellement dégoulinante d'amour baveux pour les brutes fémicides triplées des très mauvaises nouvelles concernant l'incarcération de la Pussy Riot Nadejda Tolokonnikova.
A part cela, j'ai eu droit à des propositions sexuelles dans la rue, ce qui ne m'arrive quasiment qu'en pays latin, et, par ailleurs, un homme âgée m'a appelée "Mademoiselle" ! Ce qui ne risque pas non plus de m'arriver dans le nord.
Paraît-il que cela aurait un rapport avec mon habillement (je vous rassure, je ne porte pas de mini jupe et ne me maquille même pas !).
A ce propos, en me baladant dans le quartier de la goutte d'or à Paris, j'ai trouvé que le nombre de magasins vendant des robes féminines suremperlées et surclinquantes étaient inversement proportionnel à la présence (nulle) de femmes dans l'espace public. Bon, si, par moment, on croise une femme ou une petite fille voilée tenue par la main par son papa.
Cette candidature fut éminemment symbolique : Victoria Woodhull n'était alors âgée que de 34 ans, alors que l'âge minimum pour être élu président(e), et donc pour être candidat(e), était fixé à 35 ans. Lors de la campagne, elle dénonça l'hypocrisie régnant au sujet de la prostitution et fut pour cela condamnée à la prison pour propos obscènes. Elle était encore emprisonnée le jour de l'élection. Lors du dépouillement, les bulletins de vote la désignant ne furent pas décomptés ; on ignore donc le score exact qu'elle obtint.
Bien entendu, elle était contre la prostitution RAISON POUR LAQUELLE elle était traitée de prostituée !
Elle militait aussi pour l'amour libre : "Je suis une amoureuse libre. J'ai un droit inaliénable et naturel d'aimer qui je veux, aussi longtemps ou fugacement que je peux ; de changer cet amour tous les jours si cela me plaît".
Ici, plus de citations de Victoria Woodhull.
Dans un (des nombreux) livre(s) consacré(s) à elle et mentionné ici on trouve celle-ci qui m'est particulièrement sympathique :
"Il y a un bonheur supérieur à celui de commander au monde, c'est de n'obéir à personne."
Ajout du 5.10 : j'avais préparé ce billet avant de partir et voulais le poster à mon retour mais, maintenant que c'est fait, je me rends compte que je n'ai pas écrit un mot de mes impressions de voyage alors que j'étais en France et en ai rapporté tout plein (d'impressions).
D'abord, c'est l'été là-bas, alors que chez moi c'est depuis longtemps l'hiver et que les journaux populaires consacrent déjà un maximum de pages au chauffage (=> comment se chauffer sans se ruiner).
Ensuite, j'ai fait la connaissance "en vrai" de femmes géniales comme notre blogueuse dessinatrice féministe satirique bien connue Emelire (coucou Emelire ! ;)) ainsi que de la docteure Muriel Salmona, à mon avis la personnalité la plus importante du 21e siècle, pas moins.
Mais sinon les nouvelles du front étaient atroces avec l'abominable affaire de la petite Fiona et la jubilatoire promotion généralisée de l'infâme Cantat par une presse éternellement dégoulinante d'amour baveux pour les brutes fémicides triplées des très mauvaises nouvelles concernant l'incarcération de la Pussy Riot Nadejda Tolokonnikova.
A part cela, j'ai eu droit à des propositions sexuelles dans la rue, ce qui ne m'arrive quasiment qu'en pays latin, et, par ailleurs, un homme âgée m'a appelée "Mademoiselle" ! Ce qui ne risque pas non plus de m'arriver dans le nord.
Paraît-il que cela aurait un rapport avec mon habillement (je vous rassure, je ne porte pas de mini jupe et ne me maquille même pas !).
A ce propos, en me baladant dans le quartier de la goutte d'or à Paris, j'ai trouvé que le nombre de magasins vendant des robes féminines suremperlées et surclinquantes étaient inversement proportionnel à la présence (nulle) de femmes dans l'espace public. Bon, si, par moment, on croise une femme ou une petite fille voilée tenue par la main par son papa.
vendredi 20 septembre 2013
ÉCRIT SUR LA POITRINE
Je vais m'absenter pour quelques jours et poursuivrai donc cette série ultérieurement. Il y a eu tellement de suffragettes ! Et , parmi elles, tant et tant de femmes remarquables ! J'en ai encore bien d'autres à présenter ici.
En attendant mon retour au début du mois d'octobre, je vous laisse avec ce film qui aborde le sujet du traitement des suffragettes par le cinéma muet. Il est toujours intéressant de voir ce que la culture patriarcale fait de nos luttes et à quelle sauce elle les cuisine puis les ressert, ridiculisées et vidées de leur substance.En général, cela ne se passe pas après mais pendant (ces films muets sont contemporains du mouvement).
Néanmoins, il faut lire entre les lignes et regarder les images sans le son (ou l'inverse ; c'est une exercice auquel j'ai commencé à me prêter quand j'avais vingt ans et qui est très efficace pour repérer les méthodes manipulatives).
Je recommande donc de ne pas se préoccuper des commentaires en anglais (mais là pour d'autres raisons (sans rapport avec une histoire de manipulation)) et de ne se concentrer que sur les images (en se rappelant que les suffragettes réelles n'avaient rien à voir avec ces singeries du cinéma expressionniste). À partir de la 1.59 mn, on voit, dans un extrait de film muet d'époque, une suffragette se mêler à la bonne société, avec sa bannière "vote for women" en bandoulière sur sa poitrine, comme la portait les suffragistes militantes de son temps. Mais là, elle est cachée sous un boa placé également en bandoulière sur son buste.
A plusieurs moments du film, elle soulève brusquement son boa et là : GROS PLAN SUR SA POITRINE : "vote for women", choc psychologique, drame, etc.
(la militante, cette folle irresponsable qui s'introduit dans les familles et en détruit l'harmonie rien qu'en montrant sa poitrine (cela ne vous rappelle rien ?)). Qu'ont donc retenu les hommes du message politique PENDANT qu'il était formulé ? La poitrine !
Là non plus le message prononcé avec la bouche n'est pas entendu, il faut le porter en lettres majuscules sur le corps à la hauteur de la poitrine.
Voilà qui nous ramène à une histoire très contemporaine! Intéressant de voir que nos activistes de rue arrivent pile cent ans plus tard ! Réincarnation ? (Je plaisante !).
Ajout 21.9 à 17.44 : Contre les opposants à l'avortement (Les Pro-Vie avaient organisé une marche) : Femen Berlin, cet aprèm devant la chancellerie manifestait son opposition aux porteurs de croix :
Slogans : ABORT THE POPE, KEEP YOUR CROSS OUT OF MY CUNT, ICH HABE JESUS NICHT GEWOLLT (entre autres)
En attendant mon retour au début du mois d'octobre, je vous laisse avec ce film qui aborde le sujet du traitement des suffragettes par le cinéma muet. Il est toujours intéressant de voir ce que la culture patriarcale fait de nos luttes et à quelle sauce elle les cuisine puis les ressert, ridiculisées et vidées de leur substance.En général, cela ne se passe pas après mais pendant (ces films muets sont contemporains du mouvement).
Néanmoins, il faut lire entre les lignes et regarder les images sans le son (ou l'inverse ; c'est une exercice auquel j'ai commencé à me prêter quand j'avais vingt ans et qui est très efficace pour repérer les méthodes manipulatives).
Je recommande donc de ne pas se préoccuper des commentaires en anglais (mais là pour d'autres raisons (sans rapport avec une histoire de manipulation)) et de ne se concentrer que sur les images (en se rappelant que les suffragettes réelles n'avaient rien à voir avec ces singeries du cinéma expressionniste). À partir de la 1.59 mn, on voit, dans un extrait de film muet d'époque, une suffragette se mêler à la bonne société, avec sa bannière "vote for women" en bandoulière sur sa poitrine, comme la portait les suffragistes militantes de son temps. Mais là, elle est cachée sous un boa placé également en bandoulière sur son buste.
A plusieurs moments du film, elle soulève brusquement son boa et là : GROS PLAN SUR SA POITRINE : "vote for women", choc psychologique, drame, etc.
(la militante, cette folle irresponsable qui s'introduit dans les familles et en détruit l'harmonie rien qu'en montrant sa poitrine (cela ne vous rappelle rien ?)). Qu'ont donc retenu les hommes du message politique PENDANT qu'il était formulé ? La poitrine !
Là non plus le message prononcé avec la bouche n'est pas entendu, il faut le porter en lettres majuscules sur le corps à la hauteur de la poitrine.
Voilà qui nous ramène à une histoire très contemporaine! Intéressant de voir que nos activistes de rue arrivent pile cent ans plus tard ! Réincarnation ? (Je plaisante !).
Ajout 21.9 à 17.44 : Contre les opposants à l'avortement (Les Pro-Vie avaient organisé une marche) : Femen Berlin, cet aprèm devant la chancellerie manifestait son opposition aux porteurs de croix :
jeudi 19 septembre 2013
Kiity Marion, la médaillée des grévistes de la faim
Allemande aux cheveux roux, Katherina Schaffer (1971-1944) est née en Westphalie. Elle perdit sa mère à l'âge de deux ans et alla vivre chez une tante en Angleterre à partir de ses quinze ans. Elle y exerça le métier d'actrice de music-hall à Glasglow et Liverpool sous le nom de Kitty Marion avant de devenir (en 1908) une membre active du WSPU, section du Sussex. Elle connut aussi la prison de Holloway après avoir été reconnue coupable de jet de pierres dans les fenêtres d'un bureau de poste à Newcastle puis plus tard, avoir participé à la campagne d'incendies orchestrée par Christabel Pankhurst contre des gares, des installations sportives, la Levetleigh House, la tribune d’un champ de course et à plusieurs
maisons à Liverpool et Manchester..
Elle subira à elle seule 200 séances de nourrissage forcé ! Elle finira par mettre le feu à sa cellule pour protester contre ce traitement.
Le WSPU lui décerna la médaille de la grève de la faim.
Avec d'autres suffragettes comme Emmeline Pethick-Lawrence, entre autres, elle envoya une lettre au Time destinée à se faire entendre du gouvernement : "Nous voulons vous faire savoir que nous continuerons la lutte dans nos cellules. En faisant la grève de la faim nous allons forcer le gouvernement à choisir entre quatre alternatives : soit nous relâcher ; soit nous infliger des violences corporelles ; soit faire des mortes parmi les championnes de notre cause en nous laissant mourir ; ou, et ce serait de loin la meilleure solution ainsi que l'alternative la plus sage : accorder le droit de vote aux femmes".
Lorsque la 1re GM éclate, du fait de ses origines allemandes, elle est emprisonnée dans un camp. Après la guerre, elle émigre aux États-Unis où elle crée un journal prônant la contraception dite "contrôle des naissances" (en quelque sorte l'ancêtre de "Choisir", de Gisèle Halimi).
Elle vendait sa revue dans la rue à la criée, endurant des insultes, des agressions physiques, des menaces de mort et le harcèlement quotidien de la police qui considérait son journal comme de la "littérature obscène".
Elle sera arrêtée 9 fois pour avoir milité pour le contrôle des naissances.
Avec son amie, Margaret Sanger, elle ouvrira la première clinique de contrôle des naissances (à Brooklyn) qui sera très vite fermée par la police.
Son autobiographie est conservée dans un musée de Londres.
Pour les anglophones, elle est mentionnée dans ce dossier "contester le pouvoir" et ici une bio lui est consacrée.
Elle subira à elle seule 200 séances de nourrissage forcé ! Elle finira par mettre le feu à sa cellule pour protester contre ce traitement.
Le WSPU lui décerna la médaille de la grève de la faim.
Avec d'autres suffragettes comme Emmeline Pethick-Lawrence, entre autres, elle envoya une lettre au Time destinée à se faire entendre du gouvernement : "Nous voulons vous faire savoir que nous continuerons la lutte dans nos cellules. En faisant la grève de la faim nous allons forcer le gouvernement à choisir entre quatre alternatives : soit nous relâcher ; soit nous infliger des violences corporelles ; soit faire des mortes parmi les championnes de notre cause en nous laissant mourir ; ou, et ce serait de loin la meilleure solution ainsi que l'alternative la plus sage : accorder le droit de vote aux femmes".
Lorsque la 1re GM éclate, du fait de ses origines allemandes, elle est emprisonnée dans un camp. Après la guerre, elle émigre aux États-Unis où elle crée un journal prônant la contraception dite "contrôle des naissances" (en quelque sorte l'ancêtre de "Choisir", de Gisèle Halimi).
Elle vendait sa revue dans la rue à la criée, endurant des insultes, des agressions physiques, des menaces de mort et le harcèlement quotidien de la police qui considérait son journal comme de la "littérature obscène".
Elle sera arrêtée 9 fois pour avoir milité pour le contrôle des naissances.
Avec son amie, Margaret Sanger, elle ouvrira la première clinique de contrôle des naissances (à Brooklyn) qui sera très vite fermée par la police.
Son autobiographie est conservée dans un musée de Londres.
Pour les anglophones, elle est mentionnée dans ce dossier "contester le pouvoir" et ici une bio lui est consacrée.
lundi 16 septembre 2013
Lilian Lenton, une suffragiste dansante et brûlante, aimant les animaux
Lors d'une séance de nourrissage forcé dans la prison de Holloway, Lilian Lenton (1891-1972) faillit mourir d'une pleurésie après que de la substance alimentaire ingérée de force fut entrée dans ses poumons au lieu de son estomac.
Cette danseuse professionnelle avait abandonné son art pour rejoindre en 1912 les Suffragettes du WSPU et se fit alors particulièrement remarquer dans la lutte pour les droits civiques par sa pyromanie (c'était elle et Olive Wharry qui incendièrent le pavillon de thé du jardin botanique royal ci-dessous).
À part cela, Lilian Lenton était végétarienne et militait également pour les droits des animaux.
Elle fit des rencontres de hasard dans des circonstances particulières.
Un jour où elle était en fuite dans le désert montagneux anglais du Lake District pour échapper à la police, elle rencontra l'auteur de "L'amant de lady Chatterley", D.H.Lawrence. Elle dira de lui : "il n'y a qu'un sujet qui l'intéresse, le sexe".
Après la révolution russe, elle voyagea en Russie. Là elle croisa par hasard la suffragiste Nina Boyle, première britannique nominée pour figurer sur la liste des élections à la chambre des Communes (d'Angleterre) tout de suite après les luttes des suffragettes.
Pendant la 1re guerre mondiale, Lilian s'occupera, entre autres, de la sauvegarde des enfants ce qui lui vaudra d'être décorée de l'ordre de la Croix rouge française pour dévouements multiples. Après la guerre, elle travailla à l'ambassade britannique de Stockholm comme porte-parole de la fondation pour la défense des droits des enfants. Plus tard, elle choisira de s'installer en Écosse pour apporter son aide à une organisation de protection des animaux.
Lilian Lenton resta célibataire jusqu'à sa mort.
samedi 14 septembre 2013
Sylvia Pankhurst, la mère du communisme britannique
Au sein du WSPU, elle organisait la partie "visuelle" des marches et des manifestations, en dessinait les drapeaux, les pancartes, les bannières et les objets à vendre. Jusqu'à ce que sa soeur Christabel appelât le mouvement à la violence. À la suite de quoi, elle quitta le parti et en fondit un autre : la Fédération des Suffragettes de l'Est Londonien (ELFS), parti mixte et surtout regroupant les citoyens les plus pauvres, car Sylvia se montra plus intéressée à la cause proprement prolétarienne, puis internationale prolétarienne, qu'à la cause purement féministe. Cependant elle ne cautionna pas longtemps le mouvement bolchevik de Russie et critiqua ouvertement Lénine. Depuis, on considère qu'elle joua un rôle de premier plan dans la création d'un parti communiste en Grande-Bretagne.
Après 1924, elle créa des comités pour secourir les victimes du fascisme et de l'antisémitisme, et leur assurer du travail. Elle se réengagea dans des activités féministes, mais loin de la cause ouvrière. Devenue la trésorière du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme, fondé à Paris en 1934, elle soutint l'empereur Hailé Sélassié à l'occasion de la guerre italo-éthiopienne, au nom de l'antifascisme et de la lutte des peuples de couleur. Elle lança en 1936 un hebdomadaire, New Times and Ethiopia News pour la défense du panafricanisme.
Dans l'après-guerre elle se mit totalement au service de la cause éthiopienne. Invitée en 1956 par Hailé Sélassié à vivre en Ethiopie, elle s'installa à Addis-Abeba où elle mourut en 1960. Ses loyaux services lui valurent d'être enterrée dans la cathédrale et son nom fut donné à l'une des rues de la ville.
jeudi 12 septembre 2013
Marion Wallace Dunlop, la première gréviste de la faim
Doctor: “What will you eat for dinner?”
Marion Wallace-Dunlop: “My determination.” July, 1909.
Marion Wallace-Dunlop
(1864-1942) est la première gréviste de la faim de l'histoire du
mouvement des suffragistes du WSPU d'Emmeline et Christabel Pankhurst.
Elle
est arrêtée en juillet 1909 pour avoir jeter des pierres dans les
fenêtres du 10 Downing Street. Elle décide de cette grève seule et
contre l'avis des Pankhurst qui y sont opposées mais qui l'imiteront
néanmoins plus tard. Christabel écrit :
"Miss Wallace Dunlop, taking counsel with no one and acting entirely
on her own initiative, sent to the Home Secretary, Mr. Gladstone, as
soon as she entered Holloway Prison, an application to be placed in the
first division as befitted one charged with a political offence. She
announced that she would eat no food until this right was conceded."
(Madame
Wallace-Dunlop n'ayant pris conseil de personne et ayant entièrement
agi de sa propre initiative, a envoyé au secrétaire de la chambre Mr.
Gladstone, aussitôt qu'elle a été incarcérée à Holloway, une requête
pour être placée dans la première division de la prison comme convenant à
une femme de son rang poursuivie pour offense politique. Elle a annoncé
qu'elle ne mangerait aucun aliment tant que ce droit ne lui serait pas
concédé)
Elle tiendra 91 jours avant d'être libérée pour raisons de santé.
lundi 9 septembre 2013
Quand les suffragistes inventaient la visibilité
à l'occasion du couronnement de la reine d'Angleterre (17.6.1911), une militante du WSPU défila à cheval et habillée de blanc : Marjorie Annan Bryce costumée en Jeanne d'Arc.
Cette photo a un certain intérêt à l'heure où l'on reparle de la visibilité des féministes depuis que l'incursion des Femen sur la scène internationale provoque la controverse. Et pour inciter à la réflexion sur le sujet, voici des extraits d'un article intitulé "vision et visibilité : la réthorique visuel des suffragistes..." qui donne la troublante impression que l'on parle en fait des Femen... :
"Comment le mouvement suffragiste dans son ensemble s’est-il mis en scène dans l’espace public et notamment dans la rue ? Toutes les militantes sont convaincues que la visibilité est la donnée fondamentale de la campagne pour le suffrage ; les légalistes se limitent à la légalité ; les suffragettes, surnommées ainsi depuis janvier 1906, développent des tactiques de plus en plus spectaculaires au service exclusif de la visibilité. L’autocratique Christabel Pankhurst, publicitaire de génie, mène avec vigueur et imagination l’invasion de la rue et la perturbation de la vie politique.
(...)
La visibilité de la suffragette est essentielle ; elle se décline avant tout en une bénévole mais aussi en victime, en femme respectable, en combattante, en travailleuse, en femme molestée aux vêtements en lambeaux, en incendiaire de bâtiments publics, de maisons privées ou de boîtes à lettres, en destructrice de tableaux (lacération), en briseuse de vitrine, en femme-sandwich, en sportive qui escalade des monuments pour les occuper ou contourner les services d’ordre des réunions politiques, en femme enchaînée à des grilles (surtout celles du Parlement), en perturbatrice de réunions publiques (surtout celles du parti Libéral), en rebelle recourant à la désobéissance civile comme le refus de payer l’impôt ou de répondre aux questions du recensement de 1911. C’est une stratégie menée avec l’assentiment de chacune intégrée dans un groupe d’intervention rapide et, après 1912, dans des opérations de commando. Une visibilité de la personne ou/et de ses actions, une visibilité qui relègue le verbe à la seconde place, sont à défendre à tous prix. Arme exclusive des légalistes, le verbe sous toutes ses formes légales, n’a pas apporté le suffrage féminin malgré une campagne d’un demi-siècle.
(...)
Une autre tactique des suffragettes est de se déplacer temporairement dans une ville et d’installer en quelques heures un petit groupe de militantes dans une boutique très bien située, c’est-à-dire visible.
(...)
Dans une veine moins délinquante, il y a une utilisation systématique du costume régional/national [on pense à la couronne de fleurs ukrainienne] tout comme d’ailleurs du costume professionnel ou du vêtement ouvrier. L’uniforme réapproprié par la cause devient alors un grand classique de la propagande visuelle. Il est utilisé à des fins publicitaires : une photographie prise en mai 1909 montre, par exemple, une fanfare, martiale et colorée, avec pour annonce la Women’s exhibition ou encore les tabliers portés par de jeunes femmes invitent les passants à un meeting suffragiste à Manchester (juillet 1908). L’uniforme présente également une vision des femmes au travail, au service de la Cause et de la société.
(...)
Sylvia Pankhurst écrivit à propos de la Procession du couronnement :
It was a triumph of organisation, a pageant of science, art, nursing, education, poverty, factorydom, slumdom, youth, age, labour, motherhood, a beautiful and imposing spectacle.
Le message est clair : aucun lieu, ni aucune classe, n’échappe à la revendication du suffrage. D’autre part, la représentation ainsi construite présente des femmes génériques, des femmes qui ne sont pas seulement des individus convaincus mais une catégorie à laquelle il devient difficile de ne pas s’identifier, soit par la classe, le lieu, l’âge et donc la revendication. Enfin, cette ambition généralisante permet d’anéantir un argument anti-suffragiste, celui qui affirme que les femmes dans leur grande majorité ne veulent pas le droit de vote, à part quelques excitées, héritières de la « hyène en jupons », Mary Wollstonecraft.
A lire tout l'article ici.http://lisa.revues.org/3116?lang=fr
Cette photo a un certain intérêt à l'heure où l'on reparle de la visibilité des féministes depuis que l'incursion des Femen sur la scène internationale provoque la controverse. Et pour inciter à la réflexion sur le sujet, voici des extraits d'un article intitulé "vision et visibilité : la réthorique visuel des suffragistes..." qui donne la troublante impression que l'on parle en fait des Femen... :
"Comment le mouvement suffragiste dans son ensemble s’est-il mis en scène dans l’espace public et notamment dans la rue ? Toutes les militantes sont convaincues que la visibilité est la donnée fondamentale de la campagne pour le suffrage ; les légalistes se limitent à la légalité ; les suffragettes, surnommées ainsi depuis janvier 1906, développent des tactiques de plus en plus spectaculaires au service exclusif de la visibilité. L’autocratique Christabel Pankhurst, publicitaire de génie, mène avec vigueur et imagination l’invasion de la rue et la perturbation de la vie politique.
(...)
La visibilité de la suffragette est essentielle ; elle se décline avant tout en une bénévole mais aussi en victime, en femme respectable, en combattante, en travailleuse, en femme molestée aux vêtements en lambeaux, en incendiaire de bâtiments publics, de maisons privées ou de boîtes à lettres, en destructrice de tableaux (lacération), en briseuse de vitrine, en femme-sandwich, en sportive qui escalade des monuments pour les occuper ou contourner les services d’ordre des réunions politiques, en femme enchaînée à des grilles (surtout celles du Parlement), en perturbatrice de réunions publiques (surtout celles du parti Libéral), en rebelle recourant à la désobéissance civile comme le refus de payer l’impôt ou de répondre aux questions du recensement de 1911. C’est une stratégie menée avec l’assentiment de chacune intégrée dans un groupe d’intervention rapide et, après 1912, dans des opérations de commando. Une visibilité de la personne ou/et de ses actions, une visibilité qui relègue le verbe à la seconde place, sont à défendre à tous prix. Arme exclusive des légalistes, le verbe sous toutes ses formes légales, n’a pas apporté le suffrage féminin malgré une campagne d’un demi-siècle.
(...)
Une autre tactique des suffragettes est de se déplacer temporairement dans une ville et d’installer en quelques heures un petit groupe de militantes dans une boutique très bien située, c’est-à-dire visible.
(...)
Dans une veine moins délinquante, il y a une utilisation systématique du costume régional/national [on pense à la couronne de fleurs ukrainienne] tout comme d’ailleurs du costume professionnel ou du vêtement ouvrier. L’uniforme réapproprié par la cause devient alors un grand classique de la propagande visuelle. Il est utilisé à des fins publicitaires : une photographie prise en mai 1909 montre, par exemple, une fanfare, martiale et colorée, avec pour annonce la Women’s exhibition ou encore les tabliers portés par de jeunes femmes invitent les passants à un meeting suffragiste à Manchester (juillet 1908). L’uniforme présente également une vision des femmes au travail, au service de la Cause et de la société.
(...)
Sylvia Pankhurst écrivit à propos de la Procession du couronnement :
It was a triumph of organisation, a pageant of science, art, nursing, education, poverty, factorydom, slumdom, youth, age, labour, motherhood, a beautiful and imposing spectacle.
Le message est clair : aucun lieu, ni aucune classe, n’échappe à la revendication du suffrage. D’autre part, la représentation ainsi construite présente des femmes génériques, des femmes qui ne sont pas seulement des individus convaincus mais une catégorie à laquelle il devient difficile de ne pas s’identifier, soit par la classe, le lieu, l’âge et donc la revendication. Enfin, cette ambition généralisante permet d’anéantir un argument anti-suffragiste, celui qui affirme que les femmes dans leur grande majorité ne veulent pas le droit de vote, à part quelques excitées, héritières de la « hyène en jupons », Mary Wollstonecraft.
A lire tout l'article ici.http://lisa.revues.org/3116?lang=fr
jeudi 5 septembre 2013
Appel citoyen contre l'incitation au viol sur internet
Incitation au viol sur un site de
coaching en séduction
Signalement publié sur internet
par une dizaine de blogs le 05/09/2013
Nous, militantes féministes et
citoyennes, avons récemment dénoncé un site de
coaching en « séduction » appelé Seduction By Kamal comme incitant au viol.
Seduction By Kamal est un site
d'apprentissage des techniques de « pick up artist », à
savoir « artiste de la drague ». Il s'agit de techniques
de
« drague » et de conseils en matière de
sexualité. Le site est géré par la société
SBK Coaching, et génère du profit grâce à
la vente de livres numériques (« e-books »).
L'indignation s'est focalisée
sur un article violent en accès libre et gratuit. Intitulé
« Comment Bien Baiser : les 3 Secrets du Hard SEXE »,
il nous apparait en réalité comme une incitation au
viol, particulièrement toxique en raison de l'aspect éducatif
du site.
Nous estimons que les propos sont
explicites : pour bien « baiser », l’important est de
ne pas tenir compte du consentement de sa
« partenaire ».
Une capture d'écran est conservée ici. Les extraits les
plus choquants sont cités ci-dessous, dans la lettre au
Procureur, ainsi que chez la blogueuse Diké.
Cet article a été écrit
par Jean-Baptiste Marsille, rédacteur web, auto-entrepreneuret écrivain. Le directeur de publication du site se fait
appeler Kamal. Il ne s’agit pas d’un petit blog
isolé. D'après son créateur, ce site reçoit 20 000 visiteurs par jour, le chiffre d’affaire de la société
« SBK Coaching » est de l’ordre de 10 000 euros par mois. Sa page Facebook est suivie (« likée ») par près de 17 000 personnes. Nous notons aussi que les frais de fonctionnement du site semblent peu élevés, compte-tenu des avantages fiscaux de la Pologne par rapport à la France, et du caractère dématérialisé des publications électroniques vendues. Malgré de multiples sollicitations depuis octobre 2012, Kamal n’a jamais réagi. L’article était toujours en ligne à l'heure où nous écrivons cette lettre.
« SBK Coaching » est de l’ordre de 10 000 euros par mois. Sa page Facebook est suivie (« likée ») par près de 17 000 personnes. Nous notons aussi que les frais de fonctionnement du site semblent peu élevés, compte-tenu des avantages fiscaux de la Pologne par rapport à la France, et du caractère dématérialisé des publications électroniques vendues. Malgré de multiples sollicitations depuis octobre 2012, Kamal n’a jamais réagi. L’article était toujours en ligne à l'heure où nous écrivons cette lettre.
Depuis 2012, cet article a également
été signalé en vain au Ministère de l'Intérieur. Pourquoi la
loi n’est-elle pas appliquée ? Est-ce un problème
managérial (manque de moyens pour traiter tous les
signalements) ou un problème culturel (mauvaise formation et
sensibilisation des agents du Ministère à la misogynie
en ligne et à la culture du viol) ?
Nous joignons donc à cette
tribune une plainte au Procureur de la République concernant
le délit d'incitation au viol en ligne sur la page signalée. Appel aux autorités et aux
acteurs du web : stopper la misogynie en ligne
Ceci dit, notre objectif n’est pas de
nous focaliser sur ce seul type de site Internet à la marge,
mais sur l'ensemble de la misogynie globalement répandue sur
l'espace Internet, et trop tolérée.
De nombreux agresseurs et leurs
complices se sentent autorisés, en toute impunité, à
exhiber sur Internet leurs infractions misogynes (viol, agression,
non-assistance à personne en danger, recel de médias à
caractère pédo-criminel...). Leurs victimes sont
réduites au silence ou humiliées à l'échelle
planétaire, subissant la reproduction perpétuelle de
leurs agressions sur les réseaux sociaux.
Comment les Internautes peuvent-ils
encourager un tel laxisme envers des criminels, et une telle sévérité
envers les victimes ? Certainement à cause d'un amalgame
toxique entre sexualité et violence érotisée
(culture du viol) combinée à une mauvaise appréciation
du sexisme sur Internet, perçu à tort comme “virtuel”.
Or le sexisme en ligne n'a rien de
virtuel : le harcèlement subi par des personnalités
connues comme par des adolescentes anonymes (ou qui auraient voulu le
rester), le racolage des mineures par les pédo-criminels ou
les proxénètes, l'omniprésence des images de
femmes hypersexualisées et objectivées, dans les
contenus personnels, journalistiques, culturels et commerciaux –
clichés parfois pris à l'insu du sujet, l'humour
sexiste qui alimente la tolérance envers le sexisme, les
discours vindicatifs, stéréotypés et dégradants
à l'égard des femmes, tout ceci est bien réel.
Ailleurs, sur le web anglophone
notamment, des voix se sont élevées pour exposer
l'ampleur de la misogynie sur Internet, et exiger des actions
concrètes pour y mettre fin. Ainsi la campagne #FBRape a
permis un début de dialogue avec Facebook, dans le but
d'améliorer les systèmes d'identification et de modération des discours de haine misogyne.
Côté français,
l'incitation à haine, à la discrimination ou à
la violence est interdite par la Loi sur la liberté de la presse, article 24. Nous exigeons que l’alinéa 7 soit
appliqué, à savoir que l’incitation à la
violence en raison du sexe, de l’orientation sexuelle ou du
handicap soit réellement pénalisée.
Nous demandons également une
modification de l’alinéa 6 de cette même loi
(concernant l'incitation à la discrimination et à la
haine) pour qu'il soit étendu au sexisme. Actuellement, seules
sont concernées les discriminations et la haine motivées
par des raisons ethniques, raciales ou religieuses.
Enfin, nous appelons les pouvoirs
publics à mettre en place une plateforme dédiée
au signalement de sites misogynes, à la sensibilisation des
acteurs du web sur le sujet, et à l'accompagnement des
victimes de discrimination, de haine ou de violences misogynes sur
Internet.
Nous appelons également les
entreprises du web ou présentes sur Internet à mettre
en place des pratiques éthiques pour lutter contre le sexisme
sur Internet, en coopération avec la société
civile.
Collectif féministe et citoyen
Plainte au Procureur
Paris, le 05/09/2013
Lettre R.A.R.
Monsieur le Procureur de la République,
Nous, citoyennes, tenons par la
présente à vous signaler les faits délictueux
visés par l’article 24 de la Loi sur la Liberté de la
Presse qui punit de "cinq ans d’emprisonnement et de 45 000
euros d’amende ceux qui (…) auront directement provoqué,
dans le cas où cette provocation n’aurait pas été
suivie d’effet, à commettre l’une des infractions
suivantes : les atteintes volontaires à la vie, les atteintes
volontaires à l’intégrité de la personne et
les agressions sexuelles définies par le livre II du code
pénal".
Sur le site Seduction By Kamal, cette
page (URL : www.seductionbykamal.com/comment-bien-baiser - capturesd’écran ci-joint) intitulée "Comment Bien Baiser
: les 3 Secrets du Hard SEXE" constitue une apologie du viol et
une incitation à la violence contre les femmes. Quelques
extraits explicites :
• "Montrez-lui qu’elle n’a
pas vraiment le choix"
• "Attaquez sa poitrine"
• "créer rapidement une
image du mec qui sait ce qu’il veut et qui l’obtient quand il
veut".
• "vous décidez [...]
tout est entre vos mains (ou vos cuisses devrais-je dire)"
• "perdre tout contrôle de
la situation est un "turn on" majeur pour les femmes".
• "appliquez-vous à aller
en profondeur et à ne stopper la cadence que quand VOUS le
décidez ! Elle se plaint ? Pas pour longtemps ! C’est un
phénomène naturel de rejet de l’autorité, mais
une fois cette barrière franchie, elle s’abandonnera à
vous et vous demandera de la défoncer [...] c’est ça
en fait la véritable notion du fameux "BIEN BAISER".
• "Imposez votre puissance".
• "Donnez des ordres et soyez
inflexible. Ne lui demandez pas gentiment si, éventuellement,
vous pourriez avoir une fellation et éjaculer dans sa bouche…
La décision est prise, retirez-vous et faites la descendre
vers votre sexe afin d’affirmer votre posture."
• "Si seulement vous saviez
combien de femmes rêvent de se faire démonter par un
inconnu au chibre géant".
• "Cette méthode est
relativement efficace quand on rencontre une inconnue qui nous ramène
chez elle. Si elle en arrive là, c’est sans doute parce
qu’au fond, ce qu’elle veut, c’est tirer un coup."
• "Ne lui demandez pas si vous
pouvez la pénétrer comme un animal sauvage, faites-le
!"
• "il vous suffit [...] de
laisser parler vos envies, sans vous restreindre. Prenez le contrôle
du rapport sexuel et pensez que votre masculinité passe par
des coups de boutoir infligés."
• "ne vous refusez rien".
Nous avons signalé ce lien à
internet-signalement.gouv.fr sans aucune conséquence concrète.
La présente faisant valoir ce
que de droit.
Copie à
Monsieur Manuel Valls, Ministre de
l'Intérieur
Madame Vallaud-Belkacem, Ministre des
Droits des femmes,
Madame Christiane Taubira, Garde des
Sceaux, Ministre de la Justice
Haut Conseil à l'Egalité
entre les Femmes et les Hommes
Observatoire des Inégalités
Le Monde
Le Figaro
Médiapart
Rue 89
Libération
Les Nouvelles News
Slate
Fédération Nationale
Solidarité Femmes
mardi 3 septembre 2013
La baronne Emmeline Pethick Lawrence, suffragiste et femme d'un ami de Gandhi
La baronne Emmeline Pethick Lawrence (1867-1954) fut membre du WSPU de Emmeline Pankhurst et femme du secrétaire des Affaires Étrangères d'Inde et de Birmanie, Frederick Pethick Lawrence, grand ami du Mahatma Gandhi dont il fut un contemporain de la lutte pour l'indépendance de l'Inde. Les deux hommes s'entendaient à merveille, rapportent les historiens. Le baron Frederick Pethick Lawrence soutenait le WSPU et publia dès 1902 avec sa femme le fameux journal "Vote for Women".
Remarquons qu'en se mariant Frederick Lawrence a pris, en sus de son nom, celui de sa femme !
Remarquons qu'en se mariant Frederick Lawrence a pris, en sus de son nom, celui de sa femme !
Emmeline Pethick Lawrence fit six fois de la prison en raison de ses activités avec le WSPU.
Dans son livre My Part in a Changing World (1938) elle écrit : "When the morning newspaper brought the unexpected news of my first arrest in the Suffrage Movement, my father reacted to it in precisely the same way as I should have reacted had our positions been reversed. He was proud that a child of his hand not hesitated to make a stand for the extension of democratic liberty."
"Lorsque le journal du matin a rapporté la nouvelle inattendue de ma première arrestation pour le mouvement des suffragistes, mon père a réagi exactement de la même manière que je l'aurais fait si j'avais été à sa place. Il fut fier qu'un enfant venant de lui n'ait pas hésité à prendre position pour l'extension de la liberté démocratique".
Dans son livre My Part in a Changing World (1938) elle écrit : "When the morning newspaper brought the unexpected news of my first arrest in the Suffrage Movement, my father reacted to it in precisely the same way as I should have reacted had our positions been reversed. He was proud that a child of his hand not hesitated to make a stand for the extension of democratic liberty."
"Lorsque le journal du matin a rapporté la nouvelle inattendue de ma première arrestation pour le mouvement des suffragistes, mon père a réagi exactement de la même manière que je l'aurais fait si j'avais été à sa place. Il fut fier qu'un enfant venant de lui n'ait pas hésité à prendre position pour l'extension de la liberté démocratique".
vendredi 30 août 2013
Millicent Fawcett et son sac à main
C'est toujours lorsqu'on a un peu la notion de sa propre valeur et que l'on se retrouve confrontée à l'une ou l'autre injustice flagrante que l'on décide en tant que femme de se révolter et de s'engager dans la cause féministe. Ainsi Millicent Fawcett se fait voler son sac à main. Elle se rend au poste de police, veut y faire une déclaration de vol, et là, qu'apprend-elle ? Que c'est impossible. Pourquoi ? Car "son" sac à main n'est pas à elle. Il est la propriété de son mari.
Millicent est atterrée. Elle dira plus tard qu'en entendant cela, elle a eu l'impression de s'être faite encore une fois voler son sac à main. Ainsi, aucune des choses qu'elle avait cru lui appartenir n'auraient été à elle ? Aurait-elle été corps et biens la propriété de quelqu'un d'autre comme une esclave ?
Millicent Fawcett fut une très grande féministe pacifique qui a énormement oeuvré pour l'amélioration de la condition des femmes, notamment des femmes dans la prostitution. Pour la question du droit de vote, elle n'approuvait pas l'activisme violent et spectaculaire mais elle n'a jamais critiqué celles qui s'y adonnaient car elle savait qu'elles se battaient pour les mêmes droits. Elle ne s'en est jamais prise aux activistes en guerre avec l'État même si elle pensait que la violence était contre-productive et même quand le public s'est mis à faire l'amalgame entre son mouvement et celui d'Emmeline Pankhurst.
Une privilégiée qui ne stigmatise pas les militantes non-privilégiées est selon moi un exemple à méditer. Même si elle ne comprenait absolument pas qu'elles aient choisi des procédés guerriers, Millicent Fawcett ne blâmait pas en public ces "casseuses", issues de divers horizons, comme font aujourd'hui certaines féministes "établies" avec des féministes émergeantes et qui ont pourtant le même but : se réapproprier ce corps qui ne semble jamais appartenir aux femmes à l'instar du sac à main de MF.
Le respect inconditionnel pour les autres dont MF a fait preuve dans cette lutte est l'un de ses plus grands mérites.
La bataille séparée mais mentalement conjointe au-delà des dissensions, des militantes pacifiques de Millicent Fawcett et des activistes d'Emmeline Pankhurst a été nécessaire pour faire plier la mâlitude britannique et entamer un peu de son extrême arrogance. Que les féministes d'aujourd'hui en retirent l'enseignement qui s'impose.
Si l'union n'est pas possible, rien n'oblige à être dans la désunion exhibitionniste.
Millicent est atterrée. Elle dira plus tard qu'en entendant cela, elle a eu l'impression de s'être faite encore une fois voler son sac à main. Ainsi, aucune des choses qu'elle avait cru lui appartenir n'auraient été à elle ? Aurait-elle été corps et biens la propriété de quelqu'un d'autre comme une esclave ?
Millicent
Fawcett n'est pas Emmeline Pankhurst avec sa rage et son envie de tout casser chevillées au corps parce que seule, pauvre, avec de nombreux enfants et aucun droit. M.F. est d'une famille aisée, libérale et progressiste. Ses parents sont intelligents et généreux. Les enfants étudient. Sa soeur sera la première femme médecin du Royaume-Uni. De plus Millicent épouse l'ami d'un militant pour les droits des femmes. C'est avec l'appui de son mari qu'elle luttera pour
le droit de vote des femmes.
le droit de vote des femmes.
Millicent Fawcett fut une très grande féministe pacifique qui a énormement oeuvré pour l'amélioration de la condition des femmes, notamment des femmes dans la prostitution. Pour la question du droit de vote, elle n'approuvait pas l'activisme violent et spectaculaire mais elle n'a jamais critiqué celles qui s'y adonnaient car elle savait qu'elles se battaient pour les mêmes droits. Elle ne s'en est jamais prise aux activistes en guerre avec l'État même si elle pensait que la violence était contre-productive et même quand le public s'est mis à faire l'amalgame entre son mouvement et celui d'Emmeline Pankhurst.
Une privilégiée qui ne stigmatise pas les militantes non-privilégiées est selon moi un exemple à méditer. Même si elle ne comprenait absolument pas qu'elles aient choisi des procédés guerriers, Millicent Fawcett ne blâmait pas en public ces "casseuses", issues de divers horizons, comme font aujourd'hui certaines féministes "établies" avec des féministes émergeantes et qui ont pourtant le même but : se réapproprier ce corps qui ne semble jamais appartenir aux femmes à l'instar du sac à main de MF.
Le respect inconditionnel pour les autres dont MF a fait preuve dans cette lutte est l'un de ses plus grands mérites.
La bataille séparée mais mentalement conjointe au-delà des dissensions, des militantes pacifiques de Millicent Fawcett et des activistes d'Emmeline Pankhurst a été nécessaire pour faire plier la mâlitude britannique et entamer un peu de son extrême arrogance. Que les féministes d'aujourd'hui en retirent l'enseignement qui s'impose.
Si l'union n'est pas possible, rien n'oblige à être dans la désunion exhibitionniste.
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