Anna Visscher, (1584-1651), fut poétesse, traductrice, calligraphe et graveuse sur verre.
Anna Visscher était la fille aînée du négociant en grains et poète amateur Roemer Visscher et d'Aefgen Onderwater, la fille d'un brasseur. Elle suivit des études classiques à Amsterdam et apprit également la calligraphie, le dessin et la peinture, le français et l'italien et choisit de traduire Georgette de Montenay. Pour ce qui est de sa poésie, ses mises en
rimes de
psaumes selon le modèle usité dans l'
Église réformée et le contenu de ses poèmes, indiquent fortement sa sympathie pour la religion reformée.
Une note faite par Ernest Brinck en 1612 lors de sa visite à la maison des Visscher, confirme qu'Anna et ses jeunes sœurs Geertrui et
Tesselschade excellaient dans des disciplines telles que la
musique, la
peinture, la
gravure sur verre, les refrains (une forme poétique proche de la
ballade), l'invention d'
emblèmes, la
broderie et la
natation, apprise dans le jardin de leur père où se trouvait un canal d'eau.
On n'a conservé aucun des refrains d'Anna. Il nous reste d'elle un exemplaire des
Cent emblèmes chrestiens (
1602), de la
poétesse Georgette de Montenay, dans lequel Anna Visscher écrivit les traductions qu’elle avait faites des légendes rimées. L'intérêt qu'elle portait aux
emblèmes se reflète aussi dans l'édition des
Sinne-poppen de
1614 de son père, dont elle s'occupa en
1620 en complétant les explications en
prose au-dessous des images par ses propres
distiques. Parfois, elle ajouta un poème plus long de son cru.
Même si Anna, tout au long de sa vie, fut admirée en tant que
poétesse par, entre autres
Vondel,
Huygens et
Cats, et que l'on l'appela
une seconde Sappho,
la dixième muse ou une quatrième Grâce, ses poèmes parurent uniquement dans des recueils d'autres
auteurs, tels que son père, que
Heinsius et que
Cats, ainsi que dans un recueil d'intérêt local, le
Zeeusche Nachtegael (Le
rossignol zélandais). On ne publia pas ses créations, bien qu'elles soient conservées dans de beaux
manuscrits calligraphiés, dont un seul est encore existant. Un
copiste,
sans doute un certain David de Moor, prit la peine de les copier. Son fils Romanus van Wesel ayant sauvegardé les œuvres de sa
mère ainsi que celles de sa tante
Tesselschade, jugea leur qualité insuffisante pour les publier sans y apporter des modifications.
Un auteur anonyme du
XVIIIe siècle
se fâcha du fait que les autrices auraient gagné beaucoup d'admiration
pour cette seule raison d'avoir été des femmes : « Nous ne voulons
pas faire mention de mademoiselle Anna Roemers Visscher, de
Tesselschade [...] ni de beaucoup d'autres,
car leur vers ne doivent leur succès qu'à leur sexe » (cité de
Boekzael der geleerde werelt,
1719).
Au
XIXe siècle, elle fut redécouverte, comme d'ailleurs sa sœur
Maria Tesselschade. Le sentiment
patriotique fut flatté par l'existence de ces deux femmes aux esprits élevés : on se vantait d'avoir découvert que les
Pays-Bas aussi comptaient, déjà très tôt, des
poétesses importantes parmi leurs
littérateurs. Anna était considérée comme l'amie de
Cats,
apparemment en raison des aspects didactiques de l'œuvre de ce
dernier : on se souvenait surtout de ses poèmes à tendance pieuse et
docte. À peine son esprit d'autodérision fut remarqué et ce fut en
partie pour cette raison qu'elle est longtemps restée à l'ombre de sa
sœur
Tesselschade.
Par contre on a conservé ses gravures sur verre.