Obscure nuit, laisse ton noir manteau
Obscure nuit, laisse ton noir manteau,
Va réveiller la gracieuse aurore,
Chasse bien loin le soin qui me dévore,
Et le discours qui trouble mon cerveau.
Voici le jour gracieux, clair et beau,
Et le soleil qui la terre décore,
Et je n'ai point fermé les yeux encore,
Qui font nager ma couche tout en eau.
Ombreuse nuit, paisible et sommeillante,
Qui sais les pleurs de l'âme travaillante,
J'ai ma douleur cachée dans ton sein,
Ne voulant point que le monde le sache,
Mais toutefois, je te prie sans relâche,
De l'apporter aux pieds du Souverain.
Gabrielle de COIGNARD
Ce très beau poème m'a donné envie d'en savoir un peu plus alors après quelques recherches j'ai trouvé ces deux-là que je trouve magnifiques ayant avec le votre un point commun :la nuit et ses tourments
RépondreSupprimerJe trouve le lit dur, la nuit m’est une année,
Il semble que mes draps soient de chardons poignants,
Que mon corps soit pressé dans des ceps étreignants,
Tant je suis de souci cruellement gênée.
Après m’être en tous lieux cent et cent fois tournée
Et faisant enfanter à mes pensers prégnants
Tant d’ennuis et regrets mon repos éloignants,
Je passe ainsi la nuit au sommeil ordonnée.
Heureux sont les bergers qui dorment sans souci
Sur le vert matelas du printemps adouci,
Ayant pour pavillon le feuillage d’un chêne,
Sans craindre que la nuit et l’humide serein
Offense tant soit peu leur corps allègre et sain,
Et nous trop délicats vivons toujours en peine.
ou bien encore celui-ci , plus apaisé et propice à la prière :
M’éveillant à minuit, dessillant la paupière,
Je vois tout assoupi au centre du repos,
L’on n’entend plus de bruit, le travail est enclos
Dans l’ombre de la terre attendant la lumière.
Le silence est partout, la Lune est belle, et claire,
Le Ciel calme, et serein, la mer retient ses flots,
Et tout ce qui se voit dedans ce large clos,
Est plein de majesté, et grâce singulière.
La nuit qui va roulant ses tours continuels,
Représente à nos yeux les siècles éternels,
Le silence profond du Royaume céleste :
Enfin le jour, la nuit, la lumière, et l’obscur,
À louer le haut Dieu incitent notre cœur,
Voyant reluire en tout sa grandeur manifeste.
Poétesse méconnue que l'on n'étudie malheureusement pas dans notre cursus scolaire !
Au firmament d’argent vit la grenouille fière ;
SupprimerElle passe le jour en un songeur repos,
Comme si l’univers n’était qu’un grand tripot,
Comme si le soleil n’était qu’un pot de bière.
Les dragons vont dansant, dessous la voûte claire,
Un bel iris d’azur surgit auprès des flots ;
Un écureuil propose à la grenouille un pot,
Un autre lui raconte une histoire légère.
-- Admirons l’harmonie de ce monde lointain,
Nous qui ne possédons qu’un logis incertain
(Et quelques vieux troquets d’étrange gouvernance).
-- Mais il n’est pas si mal, notre univers obscur,
Il offre aussi, parfois, la couleur de l’azur,
Et la fine saveur de notre impermanence.
J'aime ces deux poèmes, merci.
RépondreSupprimerLa nuit, le soir et l'aube, témoins des souffrnaces et libérations; de fort beaux `poèmes, merci!
RépondreSupprimerLe tableau, avec ses magnifiques drapés, c'est la poétesse? Peint par qui...si on le sait?
Bonne soirée Euterpe.
A Coup de grisou : oh merci, merci, merci ! Je suis tellement contente que vous m'ayez trouvé ces poèmes ! j'ai des difficultés monstres à en trouver moi-même. Je dispose d'un livre en allemand sur les femmes littéraires francaises et souvent les poèmes sont en allemand sans la version originale. Je me demande où vous les avez trouvés ? Très beau choix, en tout cas !
RépondreSupprimerA Fa# : et le mien ?:)
A colo : oui, je voulais le préciser dans le billet puis j'ai oublié. Non ce n'est pas la poétesse et en plus elle n'est pas de ce siècle. D'après les vêtements c'est une peinture du 17e siècle. Mais je ne sais pas de qui. Je l'ai trouvé en illustration d'une épitaphe mais dont la date ne correspondait pas non plus à la peinture. Je l'ai trouvé jolie alors je l'ai mise là pour souligner la beauté des poèmes. C'est une allégorie en quelque sorte :)
@Euterpe ,
RépondreSupprimervoilà où je les ai trouvés , mais il y en a d'autres tout aussi beaux :
http://www.paradis-des-albatros.fr/?poete=coignard
Je voulais dire les trois poèmes, n'ayant pas remarqué, lisant trop vite, que coup de grisou en avait publié deux.
RépondreSupprimerCes trois poèmes ont en commun la recherche de la lumière à travers les affres de la nuit obscure. C'est justement ce qui me plaît , cette quête avide de lumière.
Paris at night.
RépondreSupprimerTrois allumettes une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
et l'obscurité toute entière pour me rappeler tout cela
En te serrant dans mes bras.
Jacques Prévert
Superbe ! Ca vaut bien les poètes hommes qui sont enseignés dans les écoles de la république, non ?
RépondreSupprimerUn gros bisou à vous, coup de grisou ! :) (il fallait que je fasse la rime, on parle de poésie, non ?:)))
RépondreSupprimerA Fa# : Ah bon ! Je croyais que vous n'aviez pas aimé mon choix !
A jfsadys : Jacques Prévert c'est même pas une femme ! Non, je rigole. Il est mignon ce poème.
A Hypathie : Mais et comment ! Comme quoi c'est une sacré arnaque qu'on nous fasse étudier que des bonshommes !
Merci Euterpe, quand ça rime c'est encore plus agréable !
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