"Si nous dit Pogge : quand nous étions en nos confabulations et joyeuses assemblées, nous parlions aucune fois de la pertinacité et obstination d'une femme, disant qu'il est des femmes si persistentes en courage endurci qu'elles aimeraient mieux mourir que se départir de leur sentence ni faire autrement qu'à leur opinion. Adonc l'un des assistants, pour approuver cette chose par exemple, dit :
J'ai autrefois vu en nos quartiers une femme de cette condition, laquelle toujours était contraire à la volonté de son mari et spécialement quand il tançait de paroles, elle voulait toujours avoir le dernier mot et ce qu'elle disait soutenait irrévocablement. Advint qu'une fois, par une altercation qu'ils prirent son mari et elle, de paroles, elle l'appela pouilleux, ce qui déplût à l'homme tellement qu'il jura qu'elle se dédirait et, pour ce faire, la commença à battre de coups de poing et de pied tant qu'il put, mais tant plus il la battait et tant plus pouilleux elle l'appelait.
Adonc le mari, tout lassé de la battre, voyant la pertinacité d'elle, s'obstina et jura par ses bons Dieux qu'elle retirerait la parole et mettrait fin à sa pertinacité, ou qu'il la jetterait en un puits. Cette femme obstinée jura du contraire qu'au Diable fut-elle si jà se dédirait, mais tous les jours par plus infestantes paroles pouilleux l'appelait. Lors le mari prit une corde, lia sa femme par les épaules et la plongea dedans le puits jusqu'au menton et jura que, si elle ne s'abstenait de l'appeler pouilleux, qu'il la noierait et suffocquerait en l'eau : mais nonobstant elle toujours instantément sa parole continuait et pour ce le mari tentant et essayant lui ôter sa pertinacité pour la mettre en danger de mort, la dévala dedans l'eau jusque par dessus la tête tant que plus ne pouvait parler. Et lors la faulce et pertinace femme leva les mains en haut par dessus sa tête hors de l'eau, et pour exprimer ce que de parole ne pouvait dire, commença à serrer les pouces de ses deux mains l'un sur l'autre, feignant de tuer des poux, pour montrer qu'en son courage elle disait et appelait son mari pouilleux. Ainsi, avant qu'elle fut morte, ledit mari, voyant et pensant que c'était chose impossible de la convertir, tantôt la retira hors de l'eau et lui laissa dire et faire du pis qu'elle put".
Je connaissais cette histoire d'obstination d'une femme, à maintenir son point de vue, même face à la torture et la mort. C'est bien de rappeler qu'il existe de irréductibles, et qu'elles peuvent le payer très cher.
RépondreSupprimerC'est vrai d'autant que d'après ce que je comprends de l'histoire si cette femme appelle son mari pouilleux c'est pour lui dire que ces récriminations contre elle il peut "se les carrer" comme on dirait vulgairement aujourd'hui. Les femmes étaient non seulement les bonniches de leur mari mais en plus ils n'étaient jamais contents.
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