vendredi 11 mai 2012

Nostradamus, l'éthologie, la botanique et les hiéroglyphes

 À propos d'Égypte, notre devin national de réputation universelle, Nostradamus fut médecin et herboriste (l'un n'allait pas trop sans l'autre) ainsi qu'éthologue à en croire les vers ci-dessous en introduction à son ouvrage sur les hiéroglyphes, intitulé "Orus Apollo" du nom du grec Horapollon (2e moitié du Ve s.) dont il entreprit de traduire l'oeuvre découverte au XVe siècle ce qui prouve qu'il était aussi traducteur.
Cette traduction Nostradamus la dédicaça à la fille de Marguerite de Navarre.
Il y cite un certain nombre de plantes anti-inflammatoires comme le céleri, le laurier, la laitue, le lierre, la verveine, l'oignon, l'avoine, le callistriche et la marjolaine dont les oiseaux feraient couramment usage et que je recommande personnellement à celles ou ceux qui souffrent d'inflammations peu importe leur origine. 
            (...)
            Prêt l’origan* qu’au moyen de telle plante
            Reçois santé et d’elle se contente
            Et la cigogne son nid par feuilles de saule
           
            Du frondeux* plané de la souris-chauve
            Les hirondelles dans leur nid mettent l’ache*
            Pour que les hardes* blessures ne leur lâche,
            Et la palombe ou le pigeon ramier
            Dedans son nid vient mettre le laurier
            Et l’hoberau* de rapine volage
            Dans son nid met la laitue sauvage,
            L’harpe* met lierre pour ses petits défendre 
            Et le corbeau laine caste* fait tendre
            Et la huppe y met la pierre d’amiante
           
            Et vient manger quelque fois l’advente*
            Et la corneille la verveine sucrée
            Souvent manger, et graminée l’alouette
            Et le nid fait de telle herbe on l’applique
            Comme vertu suprême à la colique;
            D’autres grands cas qu’à mettre ne daignons
            La perdrix même du roseau* de l’oignon,
            La grive au meurtre, l’héron à l’écrevisse
            Au callistrichon* l’aigle s’en fait service;
            D’autres grands cas que nature sagace
        
            Par ceux d’Égypte verrons en pleine face,
            Dieu et son monde, son ciel, le lieu terrestre,
            Bêtes sauvages et privées ont voit être
            Et plusieurs autres cas assez merveilleux,
            Mer, champs, forêt et lieux délicieux .

           (...)
Origan = marjolaine, frondeux =attaquant, ache = céleri, hardes = dures, hobereau = faucon, harpe = aigle, caste = maison (recouvre sa maison), advente = avoine, roseau = tige, callistrichon = callistriche (plante aquatique comestible).

Pourquoi ces vers (dont je n'ai extrait qu'une partie) se trouvent-ils en prologue à l'interprétation des hiéroglyphes ? Sans doute du fait du grand nombre de représentations animalières dans la pictographie égyptienne. L'ouvrage lui-même consiste en sortes de fables ou "anaglyphes" (d'après Champollion qui réussira, lui, à en donner la véritable signification) associées un à un à un signe hiéroglyphique dont Horapollon est l'auteur. Pour exemple, l'une de ces interprétations de signe :

édition J.Kerver, 1543   
(Quand ils [les égyptiens] voulaient signifier toute défense, sûreté et préservation, ils peignaient deux têtes. L'une d'homme regardant par dedans et l'autre de femme regardant par dehors. Ils disaient qu'en cette manière le mauvais esprit n'a puissance d'assaillir aucun pour ce que sans lettre [illettrés] ils se gardent par [on peut les protéger au moyen de] deux têtes). 

Intéressant de voir une femme associé à l'idée du dehors et l'homme à l'idée du dedans


A part ça et pour faire un  lien avec le billet précédent d'après Horapollon, quand les égyptiens voulaient "signifier" le Tout-Puissant (le Dominateur Suprême), ils représentaient un serpent.
Ah bon! Mais alors Eve et son serpent ? Serpent et "Dieu" n'est-ce pas le même" être" ?
En tout cas, il n'était pas encore question d'Allah à l'époque.


Pour connaître toutes les interprétations d'Horapollon : allez ici. Dépaysement garanti !

4 commentaires:

  1. Oh, il faut que j'étudie tout ça tranquillement! Je reviendrai dès que possible, bon weekend, avec ou sans poules!:-))

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  2. Superbe connaissance des habitudes des oiseaux chez Nostradamus ; en ce moment, sur ma terrasse, les moineaux viennent chercher des brindilles sèches (il y en pas mal !) pour faire leur nid ; les épis de graminées ont leurs faveurs, évidemment.

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  3. Epoustouflante étude sur les hiéroglyphes, merveilleuse description du monde du vivant par Nostradamus . Un signe, un dessin appelé hiéroglyphe pour décrire un évènement , un sentiment , un état humain .
    Perpétuelle référence aux animaux et à leurs moeurs, aux arbres , aux plantes qui soignent, aux astres, aux étoiles, à la nature dans ce qu'elle a de plus généreux .
    En un mot , tout ce qu'on ne sait plus faire aujourd'hui , tellement persuadés de notre supériorité nous ne regardons plus que notre nombril.
    Merci Euterpe , c'est toujours bon de nous le rappeler que le serpent représentait Dieu dans l'Egypte ancienne. C'est rai qu'on ne voit plus Eve de la même manière!

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  4. A Colo ; j'ai vu des poules sur l'île aux paons ! J'ai pensé à toi...

    A Hypathie : oui ça m'a frappé d'autant que je répertorie en ce moment les anti-inflammatoires naturels. C'est bluffant ! J'observerais bien aussi quelques oiseaux en train de nidifier mais il n'y en a pas sur mon balcon (à cause de mes chats : chats ou oiseaux, il faut choisir ! :)).

    A coup de grisou : oui c'est d'autant plus effarant que l'on éduque nos enfants à ne plus regarder que leur nombril.
    Ils n'apprennent strictement plus rien à l'école sur la nature. Rien de rien.
    Alors que je me revois moi en train de dessiner des plantes et des crânes d'animaux en primaire !

    N'est-ce pas ? Eve fait nettement plus mère de l'humanité, du coup !

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