"Frémaux ne se bat pas seulement contre les films de femmes qui
existent, il se bat contre les films à venir. Les réalisatrices ne font
pas rêver Frémaux. Tous les discours grandiloquents sur le cinéma se
taisent soudain face à cette perspective. Cannes ne vend plus du rêve,
mais de la « conséquence » et de « l’illustration. » De la
« neutralité » et de la « qualité ». Le spectre du « quota » lui
recroqueville la peau des couilles comme la perspective d’un
waterboarding glacé dans un Guantanamo d’Amazones. Introduire un biais
dans le jugement cannois qui en est absolument, éternellement dénué,
quelle horreur !
Confession intime. Dans mon cinéma personnel repassent en boucle les images de Beau Travail,
de Claire Denis (qui n’a jamais eu la palme). Les légionnaires dansent
sous le soleil, promesse éternelle d’un film à venir que Thierry Frémaux
ne veut pas que je voie, parce qu’il y a au fond pour lui quelque chose
de plus important que le cinéma : le privilège masculin".
Extrait du billet de damien babet sur le sexisme cannois.
(Merci à mad meg pour le lien)
Autre chose : si les films de Claire Denis sont visibles en Allemagne, les films de Dorris Dörrie qui passent tous le test de Bechdel haut la main ne le sont pas ou presque jamais en France (un seul film a été montré et le hasard faisant bien les choses, c'est le seul où le héros est un homme (Cherry Blossoms)).
Je publie quand même ici la bande-annonce de son dernier film qui n'est ni une comédie comme "La Coiffeuse" , "Personne ne m'aime" et "Suis-je belle ?", excellentes autodérisions féminines mais un film ou une fille de l'est sans permis de séjour qui se prostitue (oui, encore) tombe amoureuse d'un JEUNE punk et à la fin il y a l'assassinat d'un des dégoûtants clients qui font vivre et empêche de vivre. Voilà du film.
Rien pour Frémaux, c'est sûr.
Je parierais qu'il a été éjecté de la sélection du festival....
Ajout du 24.05 : traduction des dialogues :
(Scène des présentations avec poignée de mains)
- Je m'appelle Irina (avec fort accent yougoslave).
(Scène de l'escarpolette :)
- Attention, bientôt arrive le "Wuppdich" !
- Le quoi ?
- Le moment où tu es en haut et tu as l'impression un court instant de t'envoler et c'est super.
(Scène avec voiture de police, Irina qui fuit et son ami qui la rattrape :)
- Ils me renverront dans mon pays.
- Mais non, personne ne te renvoie... pourquoi devrait-on te renvoyer ?
(Flash back : arrivée des chars en Bosnie (?))
- Tu n'as aucune idée, toi tu en sursis [= en liberté conditionnelle]...
(Scène d'étreinte :)
- Est-ce que tu peux me toucher, me tenir les mains ? Je ne veux pas t'oublier même en rêve.
(Scène du journal froissé :)
- Qu'est-ce qui s'est passé avec ton job ?
- Je l'ai bazardé. Une saloperie de job.
- Mon job aussi est une saloperie (scène du type qui pose l'argent et dit "Je mets l'argent ici") je voudrais les tuer ces sales types mais je fais le job ! [Irina veut dire que c'est mieux de travailler que de ne pas travailler ; elle s'exprime dans un allemand approximatif]
(Scène du sac en plastique sur la tête :)
- Qu'est ce que tu fais ?
- J'essaie de me donner la pêche.
A la fin, mais ce n'est pas dans la bande-annonce, Irina, debout devant le cadavre de son prostitueur, dit "c'est un cochon mort avec une queue morte". C'est sûr que ça n'a rien à voir avec l'Apollonide comme film !
Dans une interview pour le Tagespiegel (quotidien berlinois) Doris Dörrie déclare : il y a toujours quelque chose de mythique et de romantique dans la représentation masculine de la prostitution, c'est pourquoi je me suis efforcée de montrer une Irina la plus laconique et terre-à terre possible.
Ben c'est sur que quand on s'identifie au client il est peu agréable de finir zigouillé et d'être mis en scène dans toute sa laideur morale... M'étonne pas qu'ils ne veuillent pas voir ça.
RépondreSupprimerPar contre, moi j'adorerai voir ce film!
A Berenice : ce qui prouve bien que la "qualité" a principalement à voir avec le contenu. A Cannes on préfère montrer des prostitueuses plutôt que des prostitueurs ou alors de la prostitution romantisée comme dans "L'Apollonide"...
RépondreSupprimerMalheureusement les films de Dorris Dörrie (qui réalisent beaucoup) ne passent pas la frontière puisque là aussi ce sont les mecs qui choisissent, pas les femmes.
A toutes fins utiles, un festival du film féministe est annoncé à Londres pour 2012. Lien (en anglais) : http://londonfeministfilmfestival.wordpress.com/
RépondreSupprimerOn peut envoyer sa candidature :
http://londonfeministfilmfestival.wordpress.com/call-for-submissions/
Pour les suivre sur Twitter : @LdnFemFilmFest
A Hypathie : Créteil devrait devenir le Cannes féminin, je trouve. Faire une sélection parmi TOUS les films de femmes au niveau international. Car il n'y a rien à attendre de Cannes. Jamais. Ni l'année prochaine ni les années suivantes.
RépondreSupprimerMerci pour le lien. Je ferais volontiers un film féministe !