Extraits de vers féministes de "Mes Dames des Roches de Poitiers" (mère et fille), Paris, 1578.
Epître à ma fille (de Madeleine des Roches ; extrait) :
Les anciens amateurs de savoir,
Disaient qu'à Dieu faut rendre le devoir,
Puis au pays, et le tiers au lignage.
Les induisant a force de courage,
Soit quelques fois pour souffrir passion,
Soit pour dompter la force affection.
Au Seigneur Dieu je porte révérence,
Pour mon pays, je n'ai point de puissance,
Les hommes ont toute l'autorité
Contre raison et contre l'équité
(...)
Ode 1
(...)
Nos parents ont de louables coutumes,
Pour nous tollir l'usage de raison,
De nous tenir close dans la maison
Et nous donner le fuseau pour la plume.
Traçant nos pas selon la destinée
On nous promet liberté et plaisir :
Et nous payons l'obstiné déplaisir
Portant le dot sous les lois d'hyménée.
Bient tôt après survient une misère
Qui naît en nous d'un désir mutuel
Accompagné d'un soin continuel
Qui suit toujours l'entraille de la mère.
Il faut soudain que nous changions l'office
Qui nous pouvait quelque peu façonner
Où les maris ne nous feront sonner
Que l'obéir, le soin et l'avarice.
(...)
Mon Dieu, mon Dieu, combien de tolérance,
Que je ne veux ici ramentevoir !
Il me suffit aux hommes faire voir
Combien leurs lois nous font violence,
(...)
Pour supporter les maux de notre vie,
Dieu nous fit part de l'intellect puissant
Pour le réduire à l'intellect agent
Malgré la mort, la fortune et l'envie.
CHANSON DES AMAZONES (Catherine des Roches, Paris, 1579)
Nous faisons la guerre
Aux Rois de la terre
Bravant les plus glorieux,
Par notre prudence
Et notre vaillance,
Nous commandons en maints lieux,
Domptant les efforts
Des plus hardis et forts
D'un bras victorieux.
Nous chassons les vices
Par les exercices
Que la vertu nous apprend :
Fuyant comme peste
Le brandon moleste
Qui autour du coeur prend :
Car la pureté
De notre chasteté
Pour jamais le défend.
Nous tenons les hommes
Des lieux où nous sommes
Tous empêchés à filer :
Leur lâche courage
D'un plus bel ouvrage
N'est digne de se mêler :
Si quelqu'un de vous
S'en fâche contre nous
Qu'il vienne quereller.
(Source : "Le Miroir des Femmes, roman, conte, théâtre, poésie au XVIe siècle", Luce Guillerm, Jean-Pierre Guillerm, Laurence Hordoir, Mare-Françoise Piéjus, presses universitaires de Lille, 1984.
Photo : manif contre le parti d'extrême-droite allemand NPD à Berlin-Neukölln le 16.2.2013. Autres photos ici).
Merci pour les belles découvertes. Finalement dans les mentalités il n'y a pas de grands changements.
RépondreSupprimerCourageuses les Femen, bravo !
Non,on avance pas mais le patriarcat ayant montré ses limites et surtout le gouffre devant lequel il nous a conduit, il y a peut-être du renversement de domination masculine dans l'air ! ;)
SupprimerMalheureusement, nous sommes plutôt dans une phase de durcissement et de renforcement du patriarcat !
SupprimerOui mais si les femmes décident de se battre ouvertement comme certaines commencent à le faire, du moins les plus jeunes (parce qu'apparemment de nombreuses féministes de plus de 40 ans préfèrent les machos au Femen, ce qui personnellement me consterne), il va peut-être y avoir du changement. En tout cas, me concernant, je soutiens tout mouvement féministe visant ce but.
SupprimerFinalement, ces constats de domination masculine, ça fait longtemps que les femmes les portent à la vue du public !
RépondreSupprimerOui et sans résultat, au contraire !
SupprimerMerci pour cet article et sa photo si bien associée!
RépondreSupprimerj'ai lu avec consternation une critique acerbe et réac des femen sur le blog"Olympe et le plafond de verre" et j'étais bien dépitée!
je partage largement ta consternation. Les égos hypertrophiés se dévoilent depuis l'apparition des Femen. L'exacerbation du moi semble passer avant la lutte féministe, malheureusement !
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