à la recherche des femmes perdues dans l'espace-temps et autres aventures...
samedi 2 mars 2013
Anna Visscher, graveuse sur verre
Anna Visscher, (1584-1651), fut poétesse, traductrice, calligraphe et graveuse sur verre.
Anna Visscher était la fille aînée du négociant en grains et poète amateur Roemer Visscher et d'Aefgen Onderwater, la fille d'un brasseur. Elle suivit des études classiques à Amsterdam et apprit également la calligraphie, le dessin et la peinture, le français et l'italien et choisit de traduire Georgette de Montenay. Pour ce qui est de sa poésie, ses mises en rimes de psaumes selon le modèle usité dans l'Église réformée et le contenu de ses poèmes, indiquent fortement sa sympathie pour la religion reformée.
Une note faite par Ernest Brinck en 1612 lors de sa visite à la maison des Visscher, confirme qu'Anna et ses jeunes sœurs Geertrui et Tesselschade excellaient dans des disciplines telles que la musique, la peinture, la gravure sur verre, les refrains (une forme poétique proche de la ballade), l'invention d'emblèmes, la broderie et la natation, apprise dans le jardin de leur père où se trouvait un canal d'eau.
On n'a conservé aucun des refrains d'Anna. Il nous reste d'elle un exemplaire des Cent emblèmes chrestiens (1602), de la poétesse Georgette de Montenay, dans lequel Anna Visscher écrivit les traductions qu’elle avait faites des légendes rimées. L'intérêt qu'elle portait aux emblèmes se reflète aussi dans l'édition des Sinne-poppen de 1614 de son père, dont elle s'occupa en 1620 en complétant les explications en prose au-dessous des images par ses propres distiques. Parfois, elle ajouta un poème plus long de son cru.
Même si Anna, tout au long de sa vie, fut admirée en tant que poétesse par, entre autres Vondel, Huygens et Cats, et que l'on l'appela une seconde Sappho, la dixième muse ou une quatrième Grâce, ses poèmes parurent uniquement dans des recueils d'autres auteurs, tels que son père, que Heinsius et que Cats, ainsi que dans un recueil d'intérêt local, le Zeeusche Nachtegael (Le rossignol zélandais). On ne publia pas ses créations, bien qu'elles soient conservées dans de beaux manuscrits calligraphiés, dont un seul est encore existant. Un copiste, sans doute un certain David de Moor, prit la peine de les copier. Son fils Romanus van Wesel ayant sauvegardé les œuvres de sa mère ainsi que celles de sa tante Tesselschade, jugea leur qualité insuffisante pour les publier sans y apporter des modifications.
Un auteur anonyme du XVIIIe siècle se fâcha du fait que les autrices auraient gagné beaucoup d'admiration pour cette seule raison d'avoir été des femmes : « Nous ne voulons pas faire mention de mademoiselle Anna Roemers Visscher, de Tesselschade [...] ni de beaucoup d'autres, car leur vers ne doivent leur succès qu'à leur sexe » (cité de Boekzael der geleerde werelt, 1719).
Au XIXe siècle, elle fut redécouverte, comme d'ailleurs sa sœur Maria Tesselschade. Le sentiment patriotique fut flatté par l'existence de ces deux femmes aux esprits élevés : on se vantait d'avoir découvert que les Pays-Bas aussi comptaient, déjà très tôt, des poétesses importantes parmi leurs littérateurs. Anna était considérée comme l'amie de Cats, apparemment en raison des aspects didactiques de l'œuvre de ce dernier : on se souvenait surtout de ses poèmes à tendance pieuse et docte. À peine son esprit d'autodérision fut remarqué et ce fut en partie pour cette raison qu'elle est longtemps restée à l'ombre de sa sœur Tesselschade.
Par contre on a conservé ses gravures sur verre.
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Si son talent de femme de lettres était à la hauteur de son talent de graveuse sur verre, quelle perte pour la littérature...
RépondreSupprimerN'est-ce pas ?
SupprimerSuperbes ces gravures sur verre!
RépondreSupprimer(quand je clique sur "rimes" et "psaumes" ON me dit que je n'ai pas l'autorisation de voir ces pages....hum? Parfois ça varie selon les pays...boycott español? :-))
Je ne voulais pas tous ces hyperliens mais je n'ai pas réussi à les enlever. Ils viennent de Wikipédia à qui j'ai emprunté des bouts de paragraphes.
SupprimerAlors, va savoir... :(
Le verre aux libellules aurait pu inspirer Gallé. Encore une artiste que tu me fais connaître.
RépondreSupprimerQui sait ? Il s'en est peut-être directement inspiré ! Après tout, quand on travaille dans un domaine artistique, n'explore t-on pas d'abord ce qui s'est fait avant dans ce même domaine ? Il est donc forcément tombé sur les verres d'Anna Visscher !
SupprimerSublimes, ces gravures sur verre ! Je suis incapable de résister à un verre gravé quand je tombe sur un dans une brocante, mais là c'est vraiment beau. Une belle (re)découverte, cette artiste.
RépondreSupprimerMerci Hypathie.
SupprimerOui, c'est ce mélange de cursive de chancellerie (je crois) et de représentations figuratives qui est fascinant. Et parfaitement tracé !
Absolument magnifique et d'une grande modernité, dont Monsieur Gallé s'est certainement inspiré. Bien sûr, il n'y a aucune honte d'être inspiré ou influencé par qui que ce soit mais dans ce cas-ci c'est amusant parce que c'est par une graveuse du 16éme siècle :))))))
RépondreSupprimerOui, n'est-ce pas ? Nous sommes d'accord sur Gallé ! Je me disais bien que cette libellule gravée sur un verre avait un fort air de déjà-vu ....Bravo à Tania d'y avoir pensé !
SupprimerMerci pour la visite, Nadezda ! Au fait, y at-il quelques femmes du passé qui auraient marqué par leur talent la culture serbe ? Je suis preneuse ! :)