à la recherche des femmes perdues dans l'espace-temps et autres aventures...
lundi 23 mai 2011
Les soeurs de Clèves
On connaît bien Anne de Clèves, six mois reine d'Angleterre et injuriée par Henri VIII qui n'avait d'yeux que pour la pauvre petite Catherine Howard (15 ans ; il en avait 52) décapitée deux ans après en avoir fait sa femme. Ce roi-tyran épousa la duchesse clévoise contre son gré, ce qui l'autorisait d'après lui à la décrire comme une "jument flamande", ce dont les historiens se sont ensuite tous gaussés. Certes elle était trop grande pour ce tyran, trop mûre d'esprit et surtout trop indépendante, certainement trop intelligente et possédant à coup sûr trop de personnalité pour quelqu'un devant lequel le monde entier devait plier.
Il finira par plier devant elle et lui assurer une rente avec laquelle elle mènera une vie sans tracas et sans époux aucun à la cour d'Angleterre. Et cela malgré le dicton (humoristique) populaire allemand : "mieux vaut un homme que pas de tracas du tout".
On connaît bien Anne de Clèves mais on ne connaît pas du tout ses soeurs : la benjamine (en bas) Amalia de Clèves dont Holbein fit ce joli dessin, et l'aînée Sibylle de Clèves (en haut) que Cranach peignit à sa manière qui était de transformer un peu tout le monde en kobold avec les yeux en amande et les oreilles pointues.
Sur ce portrait Sibylle n' a que 14 ans. Elle se mariera avec le prince électeur de Saxe, Jean-Frédéric Ier dit le Magnanime avec lequel il semble qu'elle fut très heureuse d'après les lettres tendres qui nous restent d'eux. Elle soutint l'extension de la Réforme luthérienne dans le but, entre autres, de faire la guerre à Charles Quint, vous savez celui qui les enterrait vivantes, les flamandes... elle se battit d'ailleurs contre un régiment impérial à la tête d'une armée comme cheffe de guerre. Il existe un tableau qui la présente également en train de transpercer un daim avec une lance. Pas une femme pour Henri VIII non plus, celle-là !
Amalia de Clèves resta toute sa vie célibataire. Elle fut l'enjeu d'âpres négociations politiques dont aucune n'aboutit, ce qui entraîna son célibat définitif. Elle eut de la chance, en France où le célibat n' était pas toléré à moins d'être veuve, on l'aurait casée au couvent. En France, on se mariait avec un homme ou avec Dieu mais on se mariait.
Amalia ne sachant que faire de son temps réalisa un livre de chants dont l'original est conservé à la bibliothèque nationale de Berlin.
Il comprend 33 chants religieux et profanes de diverses autrices.
On y trouve "La complainte de la femme mariée", un chant sombre sur les mauvais traitements infligés par un époux à sa femme. Il est de Katharina de Hatzfeld que je présenterai dans le billet prochain.
Ces trois soeurs avaient un frère mais je n'en parlerai pas ici et une mère Marie de Juliers-Clèves qui avait un temps été régente donc femme de pouvoir. Elle resta, vent debout, une fervente catholique malgré les sympathies de son mari et de son père pour la Réforme, un peu comme la mère du héros de "Fortune de France" de Robert Merle. Ceci explique peut-être le caractère peu timide de ses filles.
Ah oui ! j'oubliais : la Clèves fait aujourd'hui partie de la Rhénanie-Westphalie.
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"jument flamande"...
RépondreSupprimeren des termes proches, on se gaussa de Brel, allusion vulgaire faite à sa dentition...
"jument flamande" : husband and husbandmen, husbandry : époux et éleveurs, élevage ! L'anglais et sa franchise.
RépondreSupprimerA JEA : c'est l'effet Anne de Clèves ! Cette insulte m'a beaucoup frappée quand j'ai appris l'anecdote en cours d'histoire. D'autant que j'étais sensible à tout ce qui concernait les femmes, c'est-à-dire pas grand chose. Si je l'ai si bien retenu, d'autres ont du en faire autant. Pauvre Brel transformé en Jacques de Clèves ! :)
RépondreSupprimerA Hypathie : tu veux dire qu'elle aurait du être l'épouse adéquate pour un husband/éleveur de chevaux !:))
Amalia chantait... Quel regard !
RépondreSupprimer@ JEA : Je voulais juste souligner que le sens archaïque du mot husband (mari) en anglais, est farmer, donc éleveur ! :)))
RépondreSupprimerD'où les réactions d'éleveurs -husbandmen-(ici on compare une femme à une jument) des hommes quand ils parlent des femmes.
A Tania : Holbein était un grand artiste pour restituer aussi bien l'âme de cette femme. Ce dessin est incroyablement vivant et, en effet, on l'entend presque chanter dans sa tête !
RépondreSupprimerJe réessaye encore et encore Euterpe, blogger ne veut pas que je mette un commentaire ici, grrrrrrrrr!
RépondreSupprimerJe voulais te demander si on peut écouter ces chants quelque part...tu as une idée?
Dessin magnifique, en effet.
Belle semaine à toi, la dernière - dit-on, pour les rossignols!
A Colo : oui je me demande si je n'aurais pas mieux fait de choisir wordpress, moi....je suis vraiment désolée.
RépondreSupprimerJ'enquête, j'enquête. Je viens de découvrir qu'il y avait tout un réseau le long du Rhin Düsseldorf-Strasbourg-Bâle de femmes qui commandaient, possédaient et diffusaient des chants composés par des femmes comme Amalia von Kleve et Katharina von Hatzfeld mais encore Anna von Köln, Ottilia Fenchler et d'autres sans doute. Mais pour entendre les chants, je n'ai qu'un lien sur Anna von Köln.
Les rossignols chantent jusqu'à la mi-juin chez nous, normalement, mais il est vrai qu'ils ont démarré plus tôt cette année, alors c'est peut-être aussi la dernière semaine, snif !
Bonne fin de semaine à toi !
Amalia chantait... c'est drôle, ça me fait penser au fado ;))) Super intéressant ton billet (comme d'hab').
RépondreSupprimerMerci lucia mel :) Ben tu vois Amalia c'est aussi un prénom germanique !
RépondreSupprimer"la pauvre petite Catherine Howard (15 ans ; il en avait 52) "
RépondreSupprimerFâchée avec les chiffres?
Le mariage d'Henri VIII et de Catherine Howard eut lieu en 1540.
L'année de naissance de Catherine Howard se situant entre 1518 et 1524 (année exacte inconnue), elle avait donc entre 22 et 16 ans; quant à Henri VIII, né en 1491, il en avait 49...
A Anonyme : en effet, l'année exacte de sa naissance est inconnue et selon certaines sources extérieures à Wikipédia, elle n'aurait pas eu plus de 15 ans. Pour le mariage, il se situe selon les sources en 1540 ou en 1542, et en 1542 Henri VIII n'a plus 49 ans.
RépondreSupprimerMais qu'est-ce que cela change ? Que la différence soit de 32 ou de 36 ans...cela ne change strictement rien. Ca reste une différence indécente.
Pourquoi "indécente"? Qui dit, qui fixe, ce que doit être un écart d'âge "décent" pour l'union entre un homme ou une femme (dans un sens ou dans l'autre, d'ailleurs, quel que soit le/la plus âgé(e) des deux) sinon les lois et les mœurs du moment - qui n'étaient pas à l'époque les mêmes qu'aujourd'hui, lesquelles ne seront d'ailleurs pas les mêmes demain?
RépondreSupprimerCher monsieur Anonyme : c'est un cliché fondé sur les on-dit-que qui vous fait croire qu'une adolescente de quinze ans pouvait avoir un quelconque appétit pour un vieillard de cinquante ans . Si l'on s'intéresse aux écrits féminins de l'époque comme je le fais,c'est tout le contraire qui ressort.
RépondreSupprimerEt Brantôme qui fait de l'exploration de dessous de robe féminine parle même des filles déchirées à vie par ces hommes trop vieux pour elles.
Ces mariages constitaient en des viols institutionnalisés, voilà la vérité.
La jeunesse a toujours été attirée par la jeunesse et le sera toujours. N'en déplaise aux pédophiles.
Malheureux également fut pour cette gamine d'épouser un homme obèse pourri d'escares (qui puaient fort, ce détail nous est rapporté) que l'on hissait en nacelle d'un étage à l'autre de son château car il ne pouvait se déplacer, comme l'était Henri VIII à l'époque, l'a conduit deux ans après et dans la fleur de l'âge, tout droit à l'échafaud. Quelle belle récompense à son "amour" !
Oui, je pense finalement que vous avez raison, du moins pour ce cas particulier (sinon: les mœurs évoluent, voir les fameuses "cougars" d'aujourd'hui:
RépondreSupprimerhttp://www.cougars-avenue.com/?comfrom=666759&cf0=50670&cf2=cougars&gclid=CI2kxe_vibECFcYmtAodNkYC-Q )
Et je vais cesser de vous importuner ici, car vous êtes chez vous, et la politesse qu'on m'a enseignée m'interdit de squatter les lieux où ma présence n'est pas souhaitée, et d'y contredire mes hôtes lorsque je suis chez eux.
Ce qui n'est pas le cas des "coulisses" de Juan, qui sont ouvertes à tous et où vous vous comportez en terrain conquis.
Elie Arié
J'ai su tout de suite que c'était vous Elie Arié. Votre style est immédiatement reconnaissable, mais j'attendais que vous vous nommiez.
RépondreSupprimerVos femmes cougars ne cherchent pas des hommes de moins de vingt ans. L'exemple n'est donc pas représentatif. Quant aux hommes sollicités, ils ne subissent aucune sorte de contrainte et leur liaison ne bénéficie à aucun tiers. La petite Howard, par contre, était poussée dans l'ombre par une famille ambitieuse qui ne craignait pas de la sacrifier. Et ce cas n'était en rien particulier.
Depuis que les mariages n'ont plus grand chose de politique, on laisse les filles choisir leurs époux. Les avantages financiers et promotionnelles s'obtiennent aujourd'hui sans vendre de jeunes filles sous couvert de mariages. Mais il reste la prostitution qui est une autre forme de commerce des femmes.
Quant à votre politesse, elle est assez relative à ce que j'ai pu constater (pour ne pas dire plus sur la question).
Restez dans le sujet du billet et je vous répondrais encore. Si vous voulez régler des comptes, je supprimerai votre commentaire.
Juan fait ce qu'il veut en encourageant vos interventions. Lui et moi n'avons pas la même vision du monde contrairement à ce que vous avez écrit sur une soi-disant "unanimité" qui régnerait sur son blog.
Je ne publierai finalement pas vos commentaires suivants,ce billet ne traitant pas de Catherine Howard, ce que vous ne semblez pas avoir compris. D'autre part,je n'ai pas de temps à perdre avec quelqu'un qui est incapable de reconnaître les compétences des autres et qui n'a aucune limite.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
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RépondreSupprimerJ'ai effacé mes messages précédents puisque vous me le demandez si gentiment (c'est de l'ironie). Cependant je rappelle que vous m'avez traitée de tous les noms sur le blog de Sarkofrance et que vous venez discuter ici comme si de rien n'était comme si les mariages dépareillés du XVIe siècle était un sujet qui vous tenait particulièrement à coeur.
RépondreSupprimerC'est pour le moins curieux.