Désolée pour cet incident indépendant de ma volonté comme on dit, en particulier pour Paul d'une part et pour Anonymous de la librairie d'Histoire d'en lire d'autre part, qui ont chacun laissé un commentaire ici auquel j'ai répondu avant que le tout disparaisse.
Cela dit j'en ai profité pour bosser un peu plus (quoique). Mais ce qui me chiffonne c'est que je voulais un peu modifier mon billet précédent après avoir demandé son avis à une historienne qui me semble plus versée dans la période saintbarthélémiesque que moi.
Voilà donc l'appréciation de Marie, en attendant de remanier mon précédent billet :
la présentation des événements que vous donnez est datée. Elle correspond à des thèses qui étaient soutenues il y a une vingtaine d'années par des historiens renommés comme Cloulas, mais qui sont aujourd'hui largement contestées par les spécialistes de la période.
On n'a pas de preuves que Catherine de Médicis et Charles IX aient commandité la St-Barthélémy*. Et on n'a pas non plus de preuves que Catherine de Médicis y soit pour quelque chose dans la tentative d'assassinat contre Coligny.
D'autres hypothèses ont depuis été avancées : on parle des Guise, des espagnols. Arlette Jouanna a même supposé possible que l'assassinat de Coligny ait été perpétré à l'initiative d'un inconnu!
Bref, on ne sait pas qui est coupable, ni si le roi et la reine mère ont une part de responsabilité dans l'affaire.
Si vous voulez creuser les faits, je vous suggère de laisser tomber Simone Bertière et de vous plonger plutôt dans les ouvrages récents de Garisson (qui a viré de bord ces dernières années et ne croit plus à la culpabilité de Catherine de Médicis), Crouzet, Solnon
ou Jouanna, par exemple.
Janine Garisson a écrit :
Catherine de Médicis : l'impossible harmonie. Payot, 2002
Présentation : Catherine de Médicis (1519-1589) mérite mieux que le méchant portrait qu'en a laissé Alexandre Dumas dans La Reine Margot. Avec Janine Garrisson, nous découvrons une princesse de la Renaissance imprégnée de philosophie néo-platonicienne et animée d'un esprit universel. Dans une France qu'elle gouverne pendant trente ans au nom de ses trois fils, François II, Charles IX et Henri III, elle aspire, en pleines guerres de religion, à établir une harmonie semblable à celle du cosmos. La postérité l'a voulue sanguinaire parce que son nom est tragiquement associé au massacre de la Saint-Barthélemy (1572), alors qu'elle incline au fond d'elle-même à la tolérance et au compromis avec les protestants. La reine Médicis laisse une oeuvre immense et durable, tant dans le domaine de la représentation royale que dans ceux de la gastronomie ou des arts.
Arlette Jouanna a écrit :
La Saint-Barthélémy, le mystère d'un crime d'État, Gallimard 2007
Extrait de la présentation :
Le 18 août 1572, Paris célèbre avec faste le mariage de Marguerite de Valois et d'Henri de Navarre, événement (lui doit sceller la réconciliation entre catholiques et protestants.
Six jours plus tard, les chefs huguenots sont exécutés sur ordre du Conseil royal. Puis des bandes catholiques massacrent par milliers " ceux de la religion " - hommes, femmes, vieillards, nourrissons... Comment est-on passé de la concorde retrouvée à une telle explosion de violence ? Comment une " exécution préventive " de quelques capitaines a-t-elle pu dégénérer en carnage généralisé ? Quel rôle ont joué le roi, la reine mère, les Guises, le très catholique roi d'Espagne ? De ces vieilles énigmes, Arlette Jouanna propose une nouvelle lecture.
La Saint-Barthélemy n'est l'oeuvre ni des supposées machinations de Catherine de Médicis, ni d'un complot espagnol et encore moins d'une volonté royale d'éradiquer la religion réformée. Charles IX, estimant sa souveraineté en péril, répond à une situation d'exception par une justice d'exception. Mais en se résignant à ce remède extrême, il installe, sans en faire la théorie, une logique de raison d'Etat.
Denis Crouzet a écrit :
Le haut cœur de Catherine de Médicis. Une raison politique aux temps de la Saint-Barthélemy, Albin Michel, coll. « Histoire », 2005
Extrait de la présentation :
Le XVIe siècle français est marqué par la figure de Catherine de Médicis (1519-1589) qui, exerçant le pouvoir avec une étonnante ténacité, fut soupçonnée de recourir aux moyens les plus sinistres, mensonges, complots, poison, magie noire, assassinats, culminant dans l'extrême violence du massacre de la Saint-Barthélemy. C'est avec une énergie intense qu'elle se consacra à la défense de l'État monarchique, incarné successivement par ses fils François II, Charles IX et Henri III.
L'humaniste Étienne Pasquier disait qu'elle « était armée d'un haut coeur », un coeur supérieur, plein de force, de foi et d'intelligence qui la poussa à se dresser contre les passions qui ensanglantaient le royaume. Dans sa magistrale étude, Denis Crouzet fait vivre cette Catherine de Médicis plurielle, oscillant entre le bien et le mal, adepte de la parole et de la négociation, figure humaniste persuadée de sa mission de pacification du royaume, mais aussi fine stratège, forgeant les instruments idéologiques de son intrusion active dans la sphère de la décision politique, allant jusqu'à légitimer l'usage de la violence vue comme une nécessité pour l'avenir de la paix. Dans le contexte tragique des guerres de Religion, autour d'une souveraine hors du commun, s'invente la raison politique moderne.
Jean-Francois Solnon a écrit :
Catherine de Médicis, Perrin, 2003
Dans notre mémoire collective, Catherine de Médicis (1519-1589) a mauvaise réputation. La ruse, la duplicité, le machiavélisme auraient inspiré la politique de cette Florentine qui n'aurait répugné ni au poison ni à l'assassinat. Femme et étrangère, elle était toute désignée à la vindicte. La veuve vêtue de noir, dominant et manipulant ses fils, responsable de la Saint-Barthélemy (1572), aurait été la plus maléfique des reines de France. Le livre de Jean-François Solnon balaie la légende et brosse un portrait attachant d'une femme courageuse que les malheurs de la vie n'ont pas épargnée. Sa grande passion fut le pouvoir: elle l'exerça trente années durant, au milieu des guerres civiles, toujours soucieuse de préserver l'unité du royaume et l'autorité de l'Etat, comme de rétablir l'harmonie entre les Français malgré les rivalités religieuses. En un temps d'intolérance et de fanatisme, elle fut - on l'oublie trop- farouchement attachée à la paix civile, cherchant inlassablement à réconcilier catholiques et protestants. Le pragmatisme fut son guide, la négociation sa méthode. Sans méconnaître les faiblesses et les erreurs de son héroïne, Jean-François Solnon propose l'image d'une femme de la Renaissance, ardente et volontaire, jamais abattue par les échecs, tout à la fois reine, régente, mécène et bâtisseuse. Un portrait fouillé, équilibré, vivant et neuf d'un être d'exception en un siècle d'or et de sang.
Néanmoins à l'instar de ces trois historien.nes, il me semble avoir quand même bien insisté sur la volonté de Cathy de conserver la paix coûte que coûte. Ce pourquoi j'ai mis les passages qui en parlent en caractère gras.
*Je n'ai pas non plus écrit que Charles IX et Catherine de Médicis avaient commandité la S.-B.
Blogger a eu une panne de 20,5 heures, et pour faire bonne mesure, ils ont perdu les posts du mercredi 11 en entier ; j'ai perdu un travail de DEUX heures, travail dont je n'ai pas fait de sauvegarde, je suis furieuse. Ils essaient de récupérer les posts ; ils auraient eu un bug ; toujours est-il que leur compte Twitter comptait de mémoire 97 000 followers hier soir quand je me suis abonnée pour avoir des nouvelles ; il en compte ce soir presque 104 000 ! Les pannes, ça fait marcher les comptes Twitter (qui est lui-même une espèce de grosse baleine échouée, mais bon, j'adore les baleines ;)))!)
RépondreSupprimerhttp://twitter.com/#!/Blogger
http://buzz.blogger.com/2011/05/blogger-is-back.html
Moralité : fais des sauvegardes, notamment des billets à paraître !
Pour Catherine (quand même), j'ai testé autour de moi ; pour la majorité des gens, elle serait responsable de la Saint-Barthélémy ; je ne suis pas historienne mais je me méfie de deux choses : les costards que le patriarcat taille en permanence aux femmes, notamment de pouvoir, et deux, les jugements que nous portons avec les yeux d'aujourd'hui sur l'histoire et les circonstances d'hier.
RépondreSupprimerUn travail de 2 heures ! C'est vache ! Moi j'en ai été quitte pour deux réponses à des coms. Ca peut aller donc. Mais cet après-midi j'ai mis tout mon blog sur un document.
RépondreSupprimerTwitter c'est encore terra incognita pour moi d'autant que je n'ai pas envie de passer le restant de mes jours devant un ordinateur mais j'ai quand même été jeter un oeil sur tes liens pour voir.
Pour Catherine, ca ne m'étonne pas que les gens calquent leurs idées sur la pensée officielle. Sinon en effet peu d'historien.nes se replacent sérieusement dans le contexte. Moi j'aime bien savoir ce qu'ils avaient comme modèles. Les femmes c'était quand même Judith qui assassine un chef d'armée pour sauver son peuple et les hommes c'était les rois guerriers : Xerxès, Ataxerxès, etc...qui passent leur temps à se battre.
Alors l'assassinat là dedans...
J'ai mis un lien dans mon précédent sur un bio de Catherine (avec des points "star") qui m'a fait beaucoup rire :
La blogueuse ou le blogueur lui donne 9 points ‘star’
• Se faire menacer de viol à dix ans : 1 point
• Etre la mère de trois rois et d’une reine de France, ainsi que d’une reine d’Espagne pour couronner le tout : 3 points
• S’habiller en noir pendant trente ans, comme Marilyn Manson : 1 point
• Passer sa vie à tenter de concilier deux factions ennemies : 1 point
• Organiser un massacre histoire de montrer qu’il faut pas non plus la prendre pour une conne : 2 points
• Etre impresario de stars : 1 point
J'ai ri parce que c'est vrai que Coligny et consort la prenait assez pour une conne comme ils prenaient TOUTES les femmes pour des connes. Vu comme ca...on pourrait presque dire à celles et ceux qui accusent Catherine d'être responsable de la Saint-Barthélémy qu'ils n'avaient qu'à pas la prendre pour une conne !
quel suspens, quel suspens! à la fois celui imposé par Blogger et celui qui nous vient des brumes de l'Histoire. Nous Portugais, nous nous y connaissons en brumes... celles d'où un jour doit surgir le roi D. Sebastião, lui dont le corps n'a jamais été retrouvé lors la bataille d'Alcacer Quibir de 1578. Bataille suite à laquelle le Portugal perdit pour la première fois son indépendance face à l'Espagne (pendant 80 ans). C'est le messianisme à la portugaise : le 5e empire, dont Dominique de Roux fit un roman...
RépondreSupprimerwouai, intéressant en effet que tout cela...
RépondreSupprimerc'est pas la seule personne historique dont on en vient à s'apercevoir de la fausse réputation...
mais bon...
pis alors ce qui m'intéresse beaucoup aussi dans ce genre d'histoire, c'est que ça montre combien une des recettes ou outils de pouvoir, de tous temps, c'est le complot : alors justement hein, à une époque profondément stupide qui crie au con dès qu'on parle de machination de la part d'un empire contre le reste du monde...
bon
ça laisse rêveur...
bon à part ça
comme je vous l'ai aussi répondu dans un commentaire sur le blog d'Héloïse, qui lui aussi a subi le gros bug de blogger, moi je me méfie depuis fort longtemps de tous ces trucs prétendument gratuits...
donc je monte des sites sur des hébergements associatifs pas chers mais entretenus (genre cotisation de moins de trente euros par an) voire gratuit dans le cas des cigales et de quelques autres.
je bricole mes habillages tout seul, j'utilise le moteur de site qui m'intéresse etc...
bref
libérez vous des machinations capitalistes prétendument altruïstes.
j'vous indique aussi mon site dans une autre adresse où là je suis tout seul à écrire et où du coup c'est très calme
http://paulregnier.ilibre.net/ddp/
A lucia mel : oui, il y a des événements dont le déroulement restera probablement à tout jamais ignoré (à moins de faire un voyage dans le temps ?) ;)
RépondreSupprimerA paul : oui cela donne à réfléchir. Je vais laisser germer et reviendrai à vous en temps voulu. Merci pour vos propositions tentantes et les liens qui vont avec.
@ Paul : Blogger (Google) est gratuit MAIS sans ses personnes blogueuses qui lui fournissent du contenu, il n'est qu'une coquille vide, donc il a besoin de fonctionner et de ne pas décevoir ses utilisateurs. Ce sont les blogueuses/blogueurs qui donnent sa valeur à l'outil. PS : Blogger m'a finalement restitué mon billet perdu 2 H 3/4 après sa remise en service.
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