Je n'en mène pas large pour traduire le dialecte de ce chant. Qui veut m'aider ?
Ich klage mich siere, ich arme wyf
Je me plains beaucoup, moi pauvre femme
Kratze nyn stoltzen lyf
Gratte maintenant fière vie
Dye floe doynt mich byssen,
Les (puces ?) me piquent
myn gewant doyn ich zerryssen
Ma robe j'ai déchirée
Wust ich darvur eyn vrunt,
Si je connaissais un ami
der myrs verdryven kunt
qui pouvait me les chasser
Dae geve ich alles umb
je donnerais tout pour...
my man ligt wie eyn stumb
Mon mari est couché comme une souche
hylft my geyn floe eynstucken
ne m'aide pas à (me débarrasser des puces ?)
fliest nachtz yn synen schuhen
s'enfuit la nuit dans ses chaussures
recht wie eyn vulls swyn
droit comme (un cochon saoûl ?)
hat ym gedain der wyn
Le vin l'a achevé
Och Gott, wie sall ich halden huys?
Ô dieu comment puis-je tenir ma maison ?
my man, der leift ym suys
mon mari se laisse (vite en aller?),
komptzo der mythernacht heymhyncken
rentre à la maison vers minuit en boitant
Der wyn ded uys ym styncken
Le vin s'exhale de sa personne
daezu stynck ym das muyll
De plus sa gueule lui pue
im bett dae ist y fuyll.
dans le lit (ou sa barbe) c'en est plein (?)
Geine freud ich van eime hayn,
Je n'ai pas de joie de sa part
dat macht syn wynegayn,
je préfère quand il part
dae zu syn groysses follen.
(c'est sa grande volonté ?)
Liege ich uf eyner zynnen
Si j'étais couché sur un (créneau?)
Und fiele yn Reyn hynaff
Et lui tombait directement dessus
were mit mir eyn groysse freudt.
cela me remplirait de joie
Sterv hy vor Collen hyn
S'il (mourrait ?) de
so wulde ich mynen syn
(je serais mon propre maître ?)
zo eynem jongen setzen,
(mettrais un enfant au monde ? ou vivrais avec un garcon)
der myr des leytz ergetze
qui me.... (le cordon ?)
der myr die floe verdryf,
qui me chasseraient les puces (?)
syn eigen ich blyf.
je resterai sienne.
C'est de la devinette mais cela permet d'appréhender un peu le sens général.
Le chansonnier d'Amalia de Clèves (1517-1586) serait en fait celui de Katharina de Hatzfeld (1536-1571) une dame d'honneur de la duchesse, et une ou deux chansons d'Amalia s'y trouvant , on le lui aurait attribué.
Il ne contient pas de notes comme le chansonnier de Catherina Tirs et celui d'Anne de Cologne, c'est la raison pour laquelle, nous n'avons pas d'enregistrement. La chanson que j'ai tenté de traduire se distingue nettement des autres. Elle aurait été exprès recouverte de taches par un lecteur masculin pour être rendue illisible.
Il semblerait que dans ces chansonniers les chansons qui étaient trop ostensiblement le reflet d'une perspective féminine ont fortement dérangé les musicologues des siècles suivants.
C'est ce que raconte Linda Maria Koldau dans "Frauen - Musik - Kultur" (les femmes et la culture musicale), le livre d'où j'ai extrait ce poème et qui n'existe pas (encore) en francais.
Ce poème sur la pénibilité du mariage fait penser à celui de Nicole Estienne Liébault que j'ai cité ici et qui s'intitulait Les Misères de la Femme mariée, où se peuvent voir les peines et tourmens qu’elle reçoit durant sa vie, mis en forme de stances par Madame Liebault.
Au vers 5, "eyn vrunt" me semble "un ami" ("vriend" en néerlandais).
RépondreSupprimerAu vers 12,"hat ym gedain der wyn" : "le vin l'a achevé" ? (nl. "gedaan").
Bon courage pour parachever cette traduction d'un texte à l'odeur forte !
Merci beaucoup Tania pour le coup de main (je me demandais si c'était "front" à cause de "kunt" qui fait "konnt" en allemand, mais cela n'ayant aucun sens...; "gedaan", ah oui un peu comme "getan" et rien à voir avec "gedeihen", bien entendu !).
RépondreSupprimerOui, pour ce qui est de l'odeur, ce n'est pas du Sully Prudhomme, c'est certain ! :))
Ce poème me fait penser à un slogan que revendiquait une soeur de féminisme:
RépondreSupprimerLa libération de la femme c'est quand le mari meurt !
A Héloise : oui c'est d'ailleurs depuis qu'il y a moins de guerres dans lesquelles sont susceptible de mourir beaucoup de maris que les divorces ont explosé ! :))
RépondreSupprimerBonjour Euterpe, oh là, là, j'ai pris plein de retard, que voilà comblé...des infernales coupures de courant qui ont entraîné un ordinateur fou...la technique et moi c'est pas l'amour.
RépondreSupprimerMerci pour ces poèmes-chants. Il m'a toujours semblé que les chansons, pamphlets d'antan étaient nettement plus engagés, explicites que la grande majorité des pâles chansons d'aujourd'hui. Je vais essayer, cet été, d'en trouver en español.
Bon weekend à toi.
A colo : je suis impatiente de savoir ce que cela donne en espagnol ;)
RépondreSupprimerBon weekend aussi ! (On a droit à une chaleur méditerranéenne en ce moment pfouh... :))