mercredi 18 avril 2012

De Déméter à la sorcière de Blanche-Neige



Si Blanche-Neige est une Proserpine qui a tourné en midinette des années 1930, la sorcière de Blanche-Neige est forcément sa mère Déméter qui a tourné en créature infernale représentant le "Mal" fait femme.

Derrière ce mythe se cache celui de la Terre-mère mais comme nous l'explique Marie-Eve du blog jesuisféministe c'est un mythe fatal pour la cause de l'environnement :

La «Nature-avec-un-grand-N»
Tout comme des mythes essentialistes sont créés à propos de groupes d’individus, on invente des mythes idéalistes et irréels à propos d’entités comme la «Nature». On la pense loin de nous, sauvage, en danger, mystérieuse et incontrôlable, mais ceci est une représentation romantique de ce que l’environnement est réellement. Pour avoir une compréhension adéquate des enjeux environnementaux, il faut déconstruire ce mythe de la «Nature-avec-un-grand-N». Que faire avec les représentations féminines de la «Nature»: Dame Nature, Mère Nature,Terre Mère, Gaïa?
Pourquoi accoler un genre à une entité comme la «Nature»? Les environnements sont multiples et hétérogènes… À quoi sert d’affubler les environnements de termes genrés fortement teintés de discours patriarcaux? («Il faudrait protéger/surveiller/sauver, notre Terre Mère.») Cette représentation féminine de l’environnement renforce certains discours essentialistes (et rétrogrades) d’une connexion spéciale entre les femmes et la «Terre». Cette vision romantique de la «Nature» entretient les dichotomies entre l’agent actif (l’humain rationnel) sauvant l’entité passive (la Nature irrationnelle et sauvage). Cette représentation romantique de la Nature est un miroir de plusieurs autres représentations erronées de certains groupes humains. Conséquemment, certains discours essentialistes écoféministes rebutent les féministes antiessentialistes et/ou non-essentialistes et les détournent d’une critique féministe de l’environnement.
Pour conclure, il s’avère important de :
A) Nuancer le débat essentialisme/constructivisme;
B) Questionner et déconstruire les représentations romantiques et genrées de la Nature;
C) Repolitiser les enjeux environnementaux comme étant des enjeux sociaux aux impacts sexo-spécifiques;
D) Établir des alliances avec certains groupes de justice sociale et certains groupes écologistes.
Tout cela n’est pas simple, certes, mais cela pourrait ouvrir des voies prometteuses pour les réflexions et les actions féministes!
Si je laisse plusieurs questions en suspens, c’est bien parce que le paradoxe n’est pas résolu et que le débat est encore très vivant!

En effet, sexuer la nature revient à lui faire subir le sort du sexe auquel on l'a "réduit".
Ainsi dans les années 30, le terme écologie était loin d'avoir vu le jour et la grande ennemie de l'humanité restait la Nature dangereuse et cruelle, peuplée de fauves et d'animaux venimeux terrestres ainsi que de monstres géants marins, truffées de pièges : ravins, crevasses et sables mouvants pour ne citer que ceux-là.
Donc Déméter ne devait plus être la déesse couronnées d'épis qui nourrit mais la sorcière qui fabrique des fruits empoisonnés.

Or on peut constater au final que l'activité industrielle ne fait que de fabriquer des fruits empoisonnés depuis bientôt un siècle.
Ainsi "l’agent actif (l’humain rationnel)" n'est pas étranger à ce qui serait une entité passive (la Nature irrationnelle et sauvage) en fabriquant des fruits empoisonnés. Il EST cette Nature (sa transformation). Il n'y a aucune dichotomie.
L'idée de symbiose de notre existence avec la nature, symbiose dont nous ne pouvons nous dégager,
quoi que nous fassions, est exactement celle que rejette le patriarcat. Dans la mentalité patriarcale, il n'y a pas interdépendance de l'humain à la nature et l'humain ne fait pas partie du vivant à égalité avec tout ce qui vit.
L'humain est au-dessus. C'est une vision christique du monde que même les non-croyants promènent avec eux avec pour conséquence la destruction de tout ce qui vit et qui n'est pas humain. Pire : de tout ce qui n'est pas homo, hominis, masc. : l'homme. Puisque la Nature est assimilée à une femme...

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