Chand Bibi (1547–1599), ou Chand Khatun ou Chand Sultana, fut une guerrière musulmane indienne dite la Jeanne d'Arc indienne.
Chand Bibi naquit en 1547 à Ahmednagar en tant que fille du sultan Husain Shah (1553-1565). Durant sa jeunesse, elle apprit l’équitation, la peinture et la musique. Outre le Persan, langue de rigueur à la cour, elle parlait couramment le turc ainsi que le Marathi, langue locale.
A cette époque, les querelles entre les cinq royaumes du Deccan étaient fréquentes. En 1564, afin d’éliminer le roi hindou de Vijayanagar, les cinq sultans décidèrent de s’unir. Cependant, auparavant, le sultan d’Ahmednagar offrit sa fille, Chand Bibi, en mariage au sultan Ali Adil Shah. La cérémonie se déroula à Ahmednagar et donna lieu à de grandes festivités qui durèrent plusieurs mois.
Après son mariage, Chand Bibi seconda souvent son époux dans les affaires de la cour et l’accompagna sur les champs de bataille. Elle apprit également la langue locale, le Kannada, afin de dialoguer plus facilement avec le peuple. Les habitants du royaume de Vijayanagar récemment conquis commencèrent à contester l’autorité d’Adil Shah. Chand Bibi visita cette région rebelle et mit ses habitants en confiance. Ali Adil Shah mourut en 1580 sans descendance. Son neveu, Ibrahim lui succéda sur le trône. Lorsqu’il accéda au trône, il n’avait que 9 ans et, de ce fait, Chand Bibi devint régente et continua l’oeuvre de son défunt époux en assistant à la cour presque quotidiennement. En 1582, le premier ministre Kishan Khan accusa Chand Bibi de fomenter un complot contre le royaume en invitant son frère Burham Nizam Shah, sultan d’Ahmednagar. En 1582, Chand Bibi fut arrêtée et envoyée en prison au fort de Satara. A cette occasion, les peuples de Bijapur manifestèrent leur colère.
En l’absence de Chand Bibi, le climat politique local se dégrada rapidement. Kishan Khan fut assassiné, et sur ordre de la reine mère, les nobles ramenèrent Chand Bibi à Bijapur. Un noble Hubshi (personne abyssinienne d’origine éthiopienne) participa activement à ce retour et obtint le poste de premier ministre....(suite ici)
(...)
Contemporaine de la reine Elizabeth I d’Angleterre, elle l’égalait tant par ses qualités d’habilité que par son talent politique. Son royaume était aussi vaste que celui d’Angleterre. Son courage, son audace et sa vaillance n’avait eu d’égal que sa modestie, sa générosité et sa beauté. Si les Moghols furent fiers de Nur Jahan ou de Mumtaz Mahal, le Nizamshahi tira sa fierté de Chand Sultana. Les paysans des "Western Ghats" (montagnes de Saihyadri sur la côte ouest de l’Inde) refusèrent de croire à sa mort et préfèrent croire qu’elle s’était échappée par un tunnel et se cachait dans la montagne de Saihyadri afin de revenir chasser les Moghols et de ramener l’age d’or au Nizamszhahi. (Texte complet à lire sur le lien plus haut).
Jasmine : ce prénom tire son origine du persan " yasemin " (la plante qui parfume). En Europe cette fleur officinal originaire d'Inde et connue depuis l'Antiquité était consacré à la Vierge Marie. Elle évoque la grâce, la pureté et l'amour. On la retrouve en couronne sur la tête des anges et des saints.
Je n'ai pas grand chose à dire du personnage de Disney qui se veut certes féministisé parce que présentée comme indocile et dominatrice envers son père, rebelle face à son "promis", mais elle ne se sort de ses difficultées que par l'entremise d'un garçon exceptionnel aux pouvoirs surhumains ce qui par comparaison amoindrit jusqu'à la banalité ses moindres tentatives d'émancipation.
A part ça, j'ai trouvé un texte de la féministe algérienne Yasmina Nawal qui dit sensiblement la même chose que ce que j'ai écrit dans le billet "De Blanche-Neige à Proserpine".
Extraits (le rouge de certains passages sont de mon fait) :
"il n'y a pas de domination, de pouvoir, d'un groupe sur l'autre, d'une classe sur l'autre, de l'homme sur la femme sans qu'il ait enjeux, et l'enjeux pour l'homme, serait la transmission de sa richesse, de son patrimoine à sa descendance, d'où la nécessité de " contrôler " et de gérer la famille.
Cette nécessité de " contrôler " intervient au moment où l'on passe d'une société de cueillette et de chasse, d'une économie de survie, à une économie marchande d'accumulation des richesses.
Dès lors, la matrilinéarité, que l'on pourrait analyser comme la conséquence de la maternité, en raison du " mystère de la conception " qui engendre le rattachement de l'enfant à sa mère par le pouvoir de vie qu'elle détient et dont est exclu l'homme par ignorance de son rôle joué dans le processus de la naissance, se transforma en système patrilinéaire lorsque deux éléments, au moins, convergèrent : La prise de conscience du rôle joué par le père dans la conception de l'enfant, et la transformation progressive de l'économie de survie en une économie marchande, nécessitant la connaissance de sa descendance pour l'homme afin de permettre la transmission des richesses accumulées dont lui seul s'en est trouvé, à un moment ou à un autre, chargé.Texte complet à lire ici
Tout ça pour dire que l'idéologie d'accumulation des richesses qui perdure aujourd'hui ne fait que bétonner la domination masculine. Il faut avoir conscience de cette dimension politique. Le néo-libéralisme est un système économique à 100% oppresseur des femmes. Il est impossible d'y développer la moindre égalité hommes/femmes à l'intérieur.
Je suis complètement d'accord avec le fait que l'accumulation des richesses a asservi la femme , la mettant au second rang , comme si nourrir la famille (physiquement) et procéder à toutes les tâches ménagères était moins important qu'aller chercher de l'or ou des marchandises , quitte pour cela à faire la guerre .
RépondreSupprimerJ'ai même entendu encore récemment une énormité :c'est l'homme qui détermine le sexe des enfants à cause du chromosome Y qu'on retrouve chez les garçons alors que les filles n'auraient QUE des chromosomes X!
J'ai alors demandé , bien pourquoi ne fait-il pas lui même ses enfants puisqu'il possède à la fois des chromosomes X et Y ? Pas de réponse évidemment !Quand la science devient support pour la bêtise .
Comme quoi "la descendance" dont parle Yasmina Nawal a encore de beaux préjugés devant elle !
A coup de grisou : en effet comme le dit Héloïse plus bas, c'est complètement faux comme allégation. En fait, comme dans le reste du règne animal ou à peu près : l'homme propose, la femme dispose. Selon les dernières découvertes scientifiques, l'ovule choisit elle-même son spermatozoïde. Donc...
SupprimerNéanmoins bravo pour l'excellente répartie ! A croire que les machos n'ont vraiment que ça à faire : passer leur temps à essayer de se prouver qu'ils ne sont pas des minables (ce qui d'ailleurs en font des minables).
Pour ce qui est de l'accumulation des richesses, mon avis est qu'elle n'a que trop durer et qu'il faut y mettre fin d'urgence !
Une ethnologue allemande Maria Mies a écrit un livre majeur
RépondreSupprimerPatriarchy and Accumulation On A World Scale: Women in the International Division of Labour. London: Zed Books (1999)dans lequel elle démontre que le capitalisme est fondé sur trois formes d'exploitation : des femmes, des peuples indigènes et de la nature.
On voit bien qu'actuellement toutes les impasses de ce système sont de cet ordre : catastrophe écologique, injustices faites aux femmes et séquelles du colonialisme alimentant les conflits actuels. Quelle plaie!
A zoé lucider : j'ai entendu parler d'elle,en effet. Elle est connue pour avoir fondé en Allemagne un comité de résistance contre l'AMI (Accord multilatéral sur l'investissement) mis en place par l'OCDE. L'AMI c'est l'ultra-ultra-libéralisme.
SupprimerToutes les femmes un peu féministes devraient s'engager dans ce genre de mouvement, aujourd'hui.
J'adore cette série sur l'origine des contes! C'est hyper intéressant de constater "l'évolution" (je devrais plutôt dire "l'abrutissement") des mythes. Je n'avais jamais songé à l'origine de toutes ces fadaises.
RépondreSupprimerCela faisait un p'tit moment que je n'étais venue lire tes billets, et j'ai dévoré les 4 derniers d'un coup!
Décidément, j'apprends toujours en passant par ici! ;¬)
@ coup de grisou: J'adore ta répartie au sujet des chromosomes X et Y!
Merci ! mais le pire c'est que cette question était posée par une femme, et bien sûr les 3/4 des "mâles" autour acquiesçaient, trop contents de démontrer leur importance dans le cycle de la vie!
SupprimerJ'ai dû passer pour un sale traître .
Et dans la foulée je leur ai posé une colle : Il y a XX pour les filles , XY pour les garçons , mais YY c'est qui et ça se fait comment ?? Pas de réponse non plus ! Ils avaient mal appris leurs cours !Lol
Cette ignorance des hommes dans leur participation au processus de la naissance a été rapidement remplacée par la croyance qu'ils sont les géniteurs exclusifs et que le ventre des femmes est juste un réceptacle temporaire de leur descendance. Combien croient que les spermatozoïdes sont, à l'instar des tétards, les futurs êtres en devenir ... alors qu'ils n'en sont que la moitié.
RépondreSupprimerAux dernières nouvelles, chaque être humain possède un patrimoine génétique hérité de ses deux parents. Il est le résultat de la fusion entre le noyau d'un ovule ET le noyau d'un spermatozoïde. Et si le spermatozoïde "vainqueur" est bien celui qui aura su défendre sa place, il y a en contrepartie des outils de sélection mis en place par le corps féminin: "Il existe clairement plusieurs mécanismes féminins par lesquels certains spermatozoïdes sont favorisés au détriment d'autres" (W.Eberhard).
Cette réalité contraste avec l'idée de réceptacle passif tant répandue.
D'ailleurs, cette "blague" qui circule depuis quelques années illustre bien cette vision androcentrée et misogyne: " A qui appartient la canette qui sort d'un distributeur de boissons ? A celui qui a inséré la pièce ou au distributeur lui-même ? " ...
Et combien désignent encore leur femme enceinte comme celle qui porte LEUR enfant (leur fils en général, tant que l'échographie n'a pas prouvé le contraire) ?
Bref, je m'éloigne du sujet de ton billet. C'est en effet passionnant (et un peu déprimant) de découvrir les véritables ancêtres de ces héroïnes modernes que l'assomoir culturel viriarcal, pour reprendre à mon compte la formule hypathienne, a brisées, lissées, affaiblies, abêties pour préserver l'égo masculin.
A Lucrecia Bloggia : oui moi aussi je vais découvrir tes artistes en bloc ! Je suis à chaque fois complètement épatée.
RépondreSupprimerAu sujet des contes si on se met à creuser, on s'aperçoit que l'on infantilise même les enfants ! Non seulement sur le plan du récit mais rien qu'en considérant les illustrations (puisque tu partages avec moi le goût pour la communication visuelle), on ne les abrutissaient pas avec du rose bonbon et de bleu layette, des yeux de Bambi et des paillettes ! On s'efforçait au moins de leur présenter des figures les plus réalistes possibles ! Maintenant même les adultes sont séduits par les représentations sucrées, acidulées et mièvres !
A Héloïse : "que le ventre des femmes est juste un réceptacle temporaire de leur descendance." cela fait partie de l'esprit d'accumulation des richesses. Comme le dit Yasmina Nawal : l'homme veut transmettre ses richesses à sa descendance et donc la femme ne PEUT être autre chose qu'un distributeur automatique de rejetons pour ce possédant de richesse à transmettre, cet "acheteur" qui met la pièce dans la fente puisque dans ce système là tout est acte marchand même la procréation (tiens, cela nous ramène à la prostitution. Comme quoi tout ce tiens).
RépondreSupprimerJe rebondis sur ton dernier paragraphe. L'économie masculine est entièrement basée sur la destruction des ressources dont les PIB (Produits Intérieurs Bruts) sont la somme comptable mais également sur un parasitisme exercé sans vergogne sur la nature ET LES FEMMES dont le travail non marchand est passé sous silence comptable dans ces PIB : soins aux enfants, entretien du ménage, nourrissage de toute la famille avec éventuellement un potager cultivé sans l'intention de vendre mais pour en faire un usage domestique, soins aux vieux comme en Italie qui du coup n'a pas de maisons de retraites, etc... ; toutes ces participations (grises) sont indubitablement du travail producteur de richesses, mais il est phagocité et nié par les hommes au pouvoir partout et tout le temps. Pour moi, pas de doute, il s'agit bien d'un parasitisme exercé sans complexes au sens biologique du terme.
RépondreSupprimerPS : Il y a une autre héroïne (shero par opposition à hero - she/he- jeu de mot que permet l'anglais et que j'adore) qui a été "féministisée" comme tu écris, c'est l'héroïne indienne Pocahontas, si je ne m'abuse ?
A Hypathie ; oui tu as parfaitement raison. C'est une notion tellement claire et tellement évidente et pourtant on a extrêmement de mal à l'intégrer tellement nous sommes habitué.e.s à voir nier ce travail ! Et puis c'est douloureux de voir que tant de femmes sont flouées, blousées d'une manière si malhonnête !
RépondreSupprimerPocahontas, oui, elle est aussi féministisée mais le féminisme à la Walt Disney ne risque pas de faire prendre conscience aux petites filles de l'étendue de leurs possibilités pour se construire un avenir indṕendant et épanouissant. C'est plutôt une militante écologiste. En cela elle est sympathique.