samedi 6 juillet 2013

Lücke Lücke

Il m'arrive de loin en loin d'être terriblement nonchalante et de n'avoir envie que de distractions faciles et familières remontant si possible à mon enfance. Dans ces cas-là, je me remets à lire, soit en francais soit en allemand, suivant les versions que j'ai sous la main, des BD que je connais par coeur. C'est ainsi que, depuis quelques semaines, je relis Lucky Lucke alors même que j'étais persuadée ne plus jamais tomber dans une telle régression un peu inavouable et je l'aurais volontiers passé complètement sous silence si, cette fois, je n'avais pas été si attentive à la présence des femmes dans ces BD. Jamais auparavant l'absence d'icelles ne m'avait à ce point frappée !
Prenons le titre "Les collines noires", par exemple. Je n'y ai trouvé que quatre cases où apparaît une femme (pas la même, d'ailleurs) !
Pire qu'au cinéma !
Et ce n'est pas un cas unique. Dans "La guérison des Daltons", on ne dénombre pas plus de quatre cases non plus comprenant des femmes. Quatre.....



Voyons les cases :


A la page 5, une femme avec une ombrelle est présente tout au fond de l'image. Non seulement les personnages principaux sont tous masculins mais les figurants également. Cette femme est quasi invisible et un ovni dans l'histoire.


Page 12, en détaillant bien les personnages du fond, on apercoit une silhouette féminine vêtue de noir.
Ici, miracle ! Une femme au premier plan assortie d'une bulle. Une ronchonneuse anonyme, en fait. Rien de glorieux. La ronchonneuse d'hôtel est un personnage récurrent autant qu'interchangeable dans "Lücke Lücke" et TOUJOURS féminin.
Ici, une femme est assise sur le siège du cocher du premier chariot. On la distingue à sa robe jaune.



Voilà, c'est tout !

4 cases comprenant des femmes dans toute une BD avec une seule et unique d'entre elles vraiment visible et douée de parole.
Les chevaux, les vaches, les mulets, les chiens et les vautours y sont plus nombreux.
Au cinéma, il y a tout de même plus de figures féminines, même si elles sont juste là pour le sexe (bon allez : "l'amour"). Ici il s'agit d'un livre pour la jeunesse donc pas de sexe (parce que "femme" = "sexe"). Malgré le genre féminin du nom "jeunesse", il n'en désigne donc pas la partie féminine. 

La jeunesse comme la vieillesse, comme l'âge mûr, cela veut dire masculine.

Ah oui, j'oubliais "Lücke", en allemand, veut dire "absence", "vide", "manque".
En effet, il ne manque pas qu'une case à la mâlitude.

23 commentaires:

  1. Ah si , il y a "Ma Dalton" , la mère de ces affreux Jojos mais on ne peut pas dire non plus que ce soit à la gloire des femmes.

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    1. Ben oui, c'est même la mère qui aurait initié ces pauvres anges de Daltons au banditisme = ils ne seraient pas responsables. ("Cherchez la femme", genre).

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    2. Et puis la fin est toujours à la gloire de ce" poor lonsesome cowboy" . Il est vrai que dans notre langage "cowgirl" a une toute autre signification!
      Un peu comme Hypathie je n'aime pas trop le dessin. En ce moment je suis plongé ( un peu malgré moi) dans une autre série de BD "Boule et Bill" ...oui je sais à 65 ans ! Mais comme me disent mes petits enfants qui en raffolent et à qui je les lis :"ça repose "grave" :)

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    3. Je vous conseille la série "Marion Duval" d'Yves Pommaux. C'est du Tintin au féminin vachement bien (et vachement bien dessiné) ! :)

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  2. Parfois je fais la même chose que toi: un vieux Tintin ou Astérix...pas plus glorieux!
    Il n'y a que les BD De MAFALDA que je connaisse de notre époque de jeunesse à l'honneur de l'intelligence, subtilité des femmes: omni-connue ici et en Amérique du Sud, son créateur, Quino, est argentin.
    Beau dimanche estival Euterpe!

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    1. Ah ! Ben tu vois, ça me rassure de savoir que je ne suis pas la seule. Je lis aussi parfois Garfield, Peanuts ou Calvin & Hobbes en américain pour ne pas me donner l'impression d'être en pleine crise de retour en enfance :)
      Il faudra que je mette à MAFALDA un jour, quand j'aurais approfondi mon espagnol ! C'est un projet que j'ai depuis longtemps, en plus !

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  3. 2 exceptions:
    L'album "la fiancée de Luky Luke"ridiculise le héros ainsi que pas mal de mecs incapables, sans les femmes, de s'adapter à la transhumance vers l'ouest.
    Celui consacré à Calamity Jane qui donne du fil à retordre à Luke.

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    1. Ah bon ? "La fiancée de Luky Luke" ridiculise les mecs ? Luke s'informe au début de savoir quelle sorte de bétail il va convoyer cette fois, Jolly Jumper dire qu'il n'y a pas pire qu'une femme si ce n'est plusieurs femmes, elles sont ridiculisées à chaque case : peur d'une souris, pensées tournées vers les sacs à main et les manteaux de fourrure dès qu'elles apercoient des animaux sauvages, préoccupations uniquement superficielles liées à leur apparence, incapables de conduire un véhicule, incapable de viser une bouteille à deux mètres, et même de cuisiner (la cuisine est une affaire d'homme probablement ), quand un homme se déguise en femme, on lui dit "puisque tu aimes te déguiser en femme passe le balai" : femme = créature qui passe le balai, etc...
      La "fiancée" habille le pauvre Luke en rose avec des chausssons à pompons roses pour qu'on soit content qu'il se défasse d'elle (en danger d'être féminisé au contact d'une femme, le pauvre), les Daltons n'ont qu'une hâte c'est de se débarasser d'elle et à la fin Luke chante qu'il n'a rien contre les femmes mais qu'il préfère son cheval.
      Super.
      De plus, les hommes incapables soit-disant de s'entretenir sans femme signifie explicitement (ce sera dit dans le texte) qu'ils ont besoin d'une femme POUR S'OCCUPER D'EUX = les femmes sont des nounous d'hommes, le repos du guerrier, leur domestique. D'elles personne ne s'occupent.
      Tout le contraire d'une BD féministe (et je passe sur le mépris de l'homosexualité que véhicule également cet album).
      Il n'y a que des clichés masculinistes là-dedans. La seule fois où les femmes se distinguent en chassant des bandits, Luke dit "cela ne sera pas inscrit dans l'Histoire mais la conquête des EA n'aurait rien été sans les femmes" (ou un truc de ce genre). Et pourquoi cela ne doit-il pas être inscrit dans l'Histoire, hein ? Parce que "HIS" story, comme on sait. La nôtre de story ne s'écrit pas, on n'en vaut pas vraiment la peine à leurs yeux de gros vaniteux.

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    2. Machiste outrancier qui ridiculise le héros, on est d'accord!
      Comme toujours ou souvent.
      Une seule phrase en forme de double aveu:
      -"cela ne sera pas inscrit dans l'Histoire"
      -".....la conquête des EA n'aurait rien été sans les femmes"
      qui me fait dire que non seulement Luke est féministe au delà de sa peur du peuple fendue (C'est pour éviter les répétes)et révélateur de cet horrible négationnisme qui consiste à nier l'existence des multiple héroïnes dont je fais souvent et tardivement connaissance en fréquentant ce blog.

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    3. oup's: machisMe et non pas machisTe

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    4. @ dusport : quelle inversion tu fais, typique des misogynes ! Selon toi, le machisme, l'humiliation, l'infériorisation, la dégradation, la diabolisation et pour finir l'invisibilisation des femmes ridiculise ... les hommes !!! Ça m'évoque les propos de certains individus qui considèrent que le patriarcat n'avantage nullement les hommes, voire leur rend la vie plus dure qu'aux femmes ! Totale inversion de la réalité, quand le patriarcat a été établi par et pour les hommes de manière à leur accorder des privilèges dans tous les domaines de la société, en spoliant les femmes de leurs droits. Et l'un des rouages les plus importants et les plus efficaces pour déshumaniser et briser les femmes, ainsi que convaincre les hommes de leur prétendue supériorité et de ce que les femmes sont des mégères incapables et superficielles nées pour les servir, ce sont les médias, la "culture", la haine des femmes véhiculée par les livres, les films, les chansons, la télé, la pub, la radio etc..

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    5. @ dusport... : euh, oui en effet, je ne vois pas en quoi le héros est ridiculisé, au contraire. Cet album a plutôt été conçu pour justifier son célibat surtout qu'au final, comme dit plus haut, la chanson "I'm a lonesome cowboy" est complétée par "je n'ai rien contre les femmes mais je préfère mon cheval".
      Comme si les femmes couraient après les hommes et les hommes (les vrais, les aventuriers, les héros) les fuyaient.
      Quant aux types qui ne s'occupent pas d'eux-mêmes et se "laissent aller", ils sont juste représentés comme la race typique de "l'époux" à savoir un sédentaire qui n'aurait pas de domestique.
      Luke est un nomade, lui, or lafâme serait sédentaire par essence (elle astique même le parquet = symbole du sédentarisme le plus pur et dur). Il ne peut donc pas mener une vie de couple. On remarquera cependant que Jolly Jumper a parfois un rôle d'épouse traditionnelle (il fait à manger ou les courses), ce qui fait de Lucky Luke, une sorte d'homosexuel zoophile dans la logique hétérosexuelle du partage des rôles.

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  4. Je ne pensais même pas qu'il y avait des femmes dans les bulles de Morris et Goscinny ! Je ne suis pas une assidue de Lucky Luke, je n'aime pas le dessin. Tu devrais lire Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, si tu le trouves en Allemagne, bien sûr, et les albums de Claire Bretecher, des BD d'autrices avec des filles.

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    1. Oui, Brétecher aussi, je lis. Mais tu as raison, je vais balancer tous ces albums puants et commander de la BD d'autrices.

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  5. L'absence des femmes dans la littérature masculine m'avait profondemment choquée/marquée lorsque j'ai relu vers 30 ans ( quand même) un bouquin que j'avais adoré adolescente "Flamand des vagues". Adolescente j'étais encore formatée par l'école et la présentation du monde, de l'histoire, de la littérature sous le prisme exclusivement masculin allant jusqu'à m'identifier à ces héros masculins. Mon éducation (école, parents, télé, livres, entourage, église,...), je ne crois pas que fut le but, m'avait convaincue que j'étais un être humain de plein droit et comme il ne m'était présenté que des êtres humains hommes c'est à eux que je m'identifiais. Je me suis rendue compte tardivement avec violence que non, la société ne considérait pas que j'étais pleinement un être humain mais une femme et que à ce titre je faisais partie d'une catégorie autre de seconde zone.
    Je reviens à "Flamand des vagues" qui est une saga sur 3 générations, l'auteur commence avec le petit Flamand qui est orphelin de mère (celle là il lui réglé son compte avant le début du bouquin) et qui est élévé jusqu'à 7 ans par une afreuse vieille femme pendant que le père du petit pêche. Dans la tête de l'auteur il est impossible qu'un homme élève un enfant qui a moins de 7 ans mais à partir de 7 ans le petit est confié à un ex pêcheur qui a tous les talents masculins mais aussi ceux que l'auteur juge féminin dont l'épluchure des légumes. Il y a tout un passage sur ce sujet où le vieux démontre à la vieille sa supériorité et qui conduit la vieille à se retirer définitivmeent de la vie du petit. Pour le mariage du héros qui le conduira à avoir plusieurs enfants, il faut arriver à la troisième génération, l'auteur ne peut exclure la présence d'une épouse. Mais les enfants filles ne sont pas nommées alors que même les enfants garçons mourant en bas âge le sont. L'histoire de la troisième génération, exclusivement des hommes s'arrête avant le mariage.
    Depuis je lis presque exclusivment de la littérature écrite par les femmes, a minima pour rattraper ce que je n'ai pas lu dans mes années de jeunesse et aussi parceque je préfère. Lorsque je lis certains auteurs hommes qui commencent par deux pages complètes à déblatérer sur les femmes pour prouver leur supériorité je suis découragée.

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    1. Merci de ce témoignage, Elisa ! ;)
      Moi j'ai l'impression que c'est la première fois de ma vie que je me sens frappée avec une telle intensité par l'absence quasi complète de femmes dans ces BD. Je suis extrêmement surprise de constater à quel point nous avons le cerveau lavé au point de ne plus du tout percevoir notre propre invisibilisation tant le conditionnement est intensif dès la naissance.
      Nous sommes la moitié de l'humanité mais nous sommes évacuées de la littérature de masse comme de vulgaires déchets encombrants.
      De mon côté, je n'ose même plus lire ce que j'ai aimé comme romans dans ma prime jeunesse car je risquerais d'être épouvantablement choquée !

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  6. Lucky Luke ( et son auteur )est pour moi l'archétype du macho de première classe ... Le seul fait réjouissant dans son histoire, c' est qu'il ne s'est pas reproduit ! ! ! mais vu qu'il préfère son cheval aux femmes, cela n'a rien d'étonnant !!!
    je ne connaissais pas l'écriture de Luke en allemand, " Lüke "! et ça c'est savoureux !

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    1. Peut-être que les personnages des centaures sont des créatures issues d'autant de Lucky Luke de l'antiquité ! ;)
      Non, non l'écriture de Lucky Luke n'est pas modifiée en allemand. C'est moi qui ai fait un rapprochement avec le terme "Lücke" à cause de l'absence de femmes et puis parce qu'effectivement on dirait comme une version allemande de ce nom. J'aime beaucoup jouer sur les similitudes nominales.

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  7. Merci beaucoup du renseignement, je ne connaissais pas. En effet les extraits que j'ai vus sur le Net me paraissent sympas. Mais ça me paraît être pour des 9-10 ans , me trompe-je? Mes petits enfants ont de 3 à 6 ans .
    Je vais quand même essayer de les trouver en librairie ( ou même peut-être à la bibliothèque municipale) , ça me changera :)

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    1. Tiens, la réponse n'est pas au bon endroit! Je répondais à Euterpe à propos de Marion Duval

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    2. En cherchant bien j'ai trouvé une BD avec une fille comme héroïne : Marine, fille de pirate. C'est bien que les garçons s'identifient aussi à des filles pour mieux développer une mentalité d'égalité filles/garçons.
      http://bdoubliees.com/vaillantpif/series3/marinepirate.htm

      Cette BD a l'air plus ciblé "petits".

      Sinon il y a aussi la série "princesses Libellule" de Stephanie Bellat mais je ne l'ai pas (encore) lu et quelques livres de Babette Cole (ça j'ai lu) pour cet âge.

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  8. Si vous trouvez les Marion Duval à la bibliothèque, oui, lisez-les, c'est vraiment super !

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  9. Merci beaucoup , c'est noté. Vous avez raison , j'apprends souvent à mes petits garçons à jouer à ce qu'on appelle bêtement "des jeux de filles" . Celui qui a 6 ans fait par exemple de la couture et même du tricot..entre autres . J'ai été moi-même élevé dans cet univers, grand-mère couturière, mère tricoteuse et grand-père tailleur, je n'ai donc aucun mal à leur apprendre :)

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