Il y est question du dialogue entre le père Wotan et sa fille Brunnhilde que Jelinek appelle "W" et "B". Illes n'arrêtent pas de se faire des reproches mais comme c'est "papa" qui a le pouvoir, il enlève sa fille, la plonge dans un profond sommeil et met le feu tout autour de la montagne au sommet de laquelle elle dort (n'oublions pas que la Belle au bois dormant est une adaption en conte de ce mythe germanique).
Jelinek en fait, par ailleurs, une fable anticapitaliste avec l'argent qui devient "liquide", la disparition du travail et des travailleurs/euses, la relation entre le capital et la création de valeurs et de marchandises.
Mais Jelinek ne voit pas comment nous sortirons du règne de l'avidité et des mauvaises intentions pas plus que du concept de dieu masculin narcissique.
Elle se contente de faire des associations jusqu'à plus soif entre l'ancien et le moderne.
Elle inclut même le procès contre la néo-nazie Beate Zschäpe qui, fait-elle remarquer, accueillit la police avec les mots de Jésus-Christ : "Je suis celle que vous cherchez".
Elle met en scène le folklore de la vieille haine allemande à la lumière de la nouvelle haine allemande.
Wotan le maître du Walhalla, par contre, comme s'il était en concurrence directe avec le/la sauveur/euse de l'humanité, le/la récuse : "Un Dieu est hors de lui lorsqu'il voit les autres à côté de lui s'arroger le droit de faire des choses qui ne sont pas à leur mesure" dit-il.
Et les néo-nazis qui dansent autour d'un feu pour avoir assassiné un non-allemand puis se brûlent eux-mêmes (se suicident) = les assassins ont donc traversé le feu qui entouraient la montagne de Brunnhilde (d'après Jelinek) pour s'emparer de l'anneau (des Nibelungen).
Quant au père Wotan, il se baptise lui-même "le fantôme" qui se promène en Europe.
Je trouve ces thèmes très féministes même si Jelinek est surtout "destroy". Il est bien question de l'isolement des femmes par les hommes qui se sont déifiés eux-mêmes et ont transformé ensuite le monde en marchandise. Du coup, la seule "messie" qu'a réussi à produire ce monde masculiniste de cauchemar est une messie de cauchemar (la néo-nazie Beate Zschäpe).
Les commentaires sur le livre de Jelinek de ce billet ont en partie été empruntés à un article de Die Zeit qui s'intitule "La chevauchée des Walkyries sur une montagne de théories" (par Ina Hartwig).
La même trombine masculine partout = tout est norme mâle...
Je ne sais quoi ajouter à ton billet, mais ta "norme mâle" m'a fait rire, c'est déjà ça !
RépondreSupprimerTu m'en vois comblée ! ;¬)
SupprimerTon billet donne envie de lire au autre Jelinek, puisque j'en ai déjà lu un. Tu as raison, elle est terriblement décapante.
RépondreSupprimermoi je ne l'ai pas encore lue mais ce livre m'inpsire. Du coup, je vais m'y mettre aussi.
Supprimer" rein Gold " n'est pas édité en français, dommage ! ( je ne pratique pas suffisamment l'allemand pour traduire instantanément ! ).
RépondreSupprimerJ'ai aussi beaucoup apprécié ' norme mâle " et j'avoue que " celleux " me réjouit encore plus ! ! !
Merci Sable !
SupprimerJustement, J'en parle un peu pour interpeller l'édition francaise car j'aime bien les écrivain.e.s qui mettent à bas les idoles.
Un copain m'a dit que Wagner fut, en fait, une super crapule dans la vie. Il a truandé un tas de gens et, concernant son art, il est très surévalué comme tant d'hommes qui ont commis des oeuvres considérées comme "viriles".