mardi 25 octobre 2011

Dévisagé.e.s puis défiguré.e.s

ça y est ! J'ai réussi à entrer à l'expo "Visages de la Renaissance" ! Un ami et moi avons décidé de nous poster devant le musée dans une petite file d'attente de "sans-ticket". Je suis restée dans la file pendant qu'il allait s'informer. Il est revenu me confirmer qu'il n'y avait plus de billet mais que dans dix minutes on viendrait nous dire s'il serait quand même possible d'entrer. Dix minutes plus tard nous étions dedans ! Coup de chance inouïe car beaucoup de gens sont venues de cette façon et sont reparties bredouilles.





Bravo à l'équipe organisatrice : l'expo était extrêment bien faite. Il était obligatoire de se munir d'un audioguide, ce qui obligeait les visiteurs à se taire (pas toujours évident sans cela) et à avancer à un rythme égal. Notre nombre avait du être minutieusement calculé parce que la visibilité était excellente. De plus toutes les peintures étaient exposées sur fond noir, on ne voyait donc qu'elles. Et les commentaires étaient à la fois instructifs et divertissants. Seule ombre au tableau, si je puis dire : devant la belle ferronnière (la dame à l'hermine) l'attroupement était permanent.
Ce fut pour moi un moment doublement troublant que cette visite, d'abord parce que je n'avais plus mis les pieds dans ce musée depuis la disparition de Berlin-Est où il se trouvait avant et parce que j'étais tout à coup en présence de tableaux que je connais très bien. Curieusement c'est la Vénitienne de Dürer qui m'a le plus impressionnée.
Il n'y avait bien entendu pas de peinture ni de sculpture féminine. La seule femme célébrée autrement que comme modèle fut Isabelle d'Este par l'intermédiaire d'une médaille d'or sertie de pierres précieuses à son effigie (celle même dont Kenza s'est servie pour illustrer sa réponse à mon tag) .
Sinon à l'entrée et à la sortie de l'expo, on avait dépecer les visages et couper les têtes pour en faire des sacs (La belle ferronnière et Ginevra Benci), des protège-pare-brise magnétiques (Simonetta Vespucci), des gommes (La Joconde), des chauffe-oeufs (Marietta Strozzi), des badges (les yeux de Ginevra Benci).
J'ai trouvé intéressant de fabriquer de nouvelles images à partir de cette étrange camelote.

Encore un détail : le ticket que j'ai finalement reçu portait le numéro 999. Et alors ?...non, rien.

Ajout de 13.42 : sur ce blog français (presque) tous les portraits de l'exposition !

12 commentaires:

  1. La Joconde en gomme... Pour effacer ce sourire qui pose trop d'énigmes ???

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  2. La folie commerciale des produits dérivés va trop loin : des chauffe-oeufs (???) et des gommes, franchement ! Tu as eu de la chance, mais il m'est arrivé un coup semblable il y a quelques temps à Paris où j'avais le matin un RV d'affaires ; j'avais planifié (sans réserver !) d'aller voir l'expo Georges de La Tour l'après-midi au Grand Palais. Arrivée en bas des marches, je vois sur le côté une file de 500 mètres et là je comprends que c'est cuit. Mue par une espèce de réflexe de survie et par mon assertivité naturelle ;))), je suis montée voir les flics qui gardaient l'entrée en prévention d'émeutes possibles (on est avenue des Champs Elysées, l'avenue la plus fliquée de France, pendant que dans les banlieues, la république déserte), et en geignant à moitié je leur dis que je viens de Bretagne et que je rentre le soir même ; un des flics me demande tout à trac mon billet de train ; sans réfléchir, je le lui fiche sous le nez, et là, miracle, il me dit "Allez-y" ! N'en croyant pas mes oreilles, j'ai filé sans discuter ! Bon, on se marchait un peu dessus, Chirac l'avait inaugurée juste la veille musée fermé. Mais quand même, qu'est-ce que j'étais contente de moi !

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  3. Merci pour le lien vers les portraits illustrés : quelle superbe exposition !
    Quant à la marchandisation de l'art, elle franchit sans frémir toutes les limites et cela choque d'autant plus qu'il s'agit ici de visages, le titre de ton billet l'exprime bien.

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  4. En effet si pour certains le "renaissance" c'est transformer des oeuvres d'arts en objets de la vie courante ( et même trépidante) je ne trouve pas celà de très bon goût ! Mais après tout les bagdes aux yeux en amandes , les protèges pare-brise avec la tête de Vespucci personne ne songera à les mettre pas plus d'ailleurs que s'ils étaient décorés de têtes de Mickey ou de Tintin!
    Par cntre sur le lien que vous avez donné j'ai pu admirer les portraits de l'exposition et j'ai bien aimé l'autoportrait de Filipo Lippi (1485) mais aussi de Simonetta Vespucci(1475) de Boticelli et bien d'autres aussi ! Merci

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  5. A JEA : le sourire énigmatique, le regard qui suit le spectateur et...tout le reste ! Terrifiant.

    A Hypathie : oui les chauffe-oeufs ont été inventés pour l'oeuf à la coque du petit-dèj allemand. :$
    Passer devant une file de 500 mètres : pas mal ! Tu as fait exactement ce qu'il fallait faire. Qui n'essaie rien n'a rien ! :) Quand j'ai visité le Bode museum pour la 1re fois (ceci était la 2e), ça s'est passé aussi de façon incroyable. J'étais avec 2 copines et le musée venait de fermer. L'une des deux copines voulait absolument voir la collection égyptienne et elle a baratiné le gardien (que nous étions des françaises de passage, que nous ne pourrions pas revenir etc...) jusqu'à ce qu'il rouvre le musée. Comme la collection avait été rangée à la cave pour y être entreposée avant restauration, il nous a conduit à la cave. C'était extraordinaire toutes ces momies (et aussi de chats et d'oiseaux) même pas exposées mais rangées dans une cave ! Et cette visite rien que pour nous trois ! Et c'était en plein Berlin-Est avec le rideau de fer, le mur et tout ! On l'a ressenti comme un privilège pas croyable ! :)

    A Tania : oui il faut s'imaginer ce que dirait les catholiques si on fabriquait des gommes à l'effigie de Jésus, ou la plupart des gens si on prenait quelqu'un comme Gandhi, par exemple !
    C'est consternant. Je ne peux pas m'empêcher d'y voir encore là une part même minime de sexisme dans ce commerce écervelé.

    A coup de grisou : "personne ne songera à les mettre" je ne suis pas sûre d'ailleurs je suis obligée d'avouer que j'ai moi-même sur mon bureau un tapis de souris reproduisant le lapin de Dürer que j'ai acheté au Prado en 2005 (mais je ne le ferais plus !). Il y a toujours une fois où on se laisse prendre sans s'en apercevoir à cette idéologie du gadget à base de tout et même d'oeuvres d'art.
    Il suffit qu'un objet vous parle pour des raisons personnnelles. C'est pour cela qu'il est possible de vendre à peu près tout à à peu près tout le monde.

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  6. Euterpe , vous êtes amplement pardonnée !
    Je disais ça avec un peu d'ironie car on m'a offert un "magnifique" tapis de souris à l'effigie de Mickey Mouse ! Je n'ose m'en débarrasser car je suis très attaché à la personne qui me l'a offert sans doute parce qu'elle n'a rien trouvé d'autre là où elle se trouvait ...ou bien alors ...mais bon sang mais c'est bien sûr ...c'était très certainement pour se foutre de moi ! Tant pis je le garde quand même ,ça lui apprendra !

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  7. A coup de grisou : un tapis de souris avec une souris c'est plus logique qu'avec un lapin ! :)

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  8. 999 regards...
    Merci pour les liens, superbe expo!
    Quant aux gadgets...hum, hum, je préfère fermer les yeux.
    Bon weekend à toi et merci!

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  9. Les visages découpés, morcelés, gadgetisés sont exclusivement féminins ... Alors, à moins que tu n'aies pas présenté les produits qui concernent des hommes, on retrouve bien là cette habitude horrible de morceler et objectiver les femmes dans les représentations qu'on en fait. Si la culture se met à piquer à la publicité ses affreux codes sexistes, il y a du mouron à se faire (et pour la culture et pour l'image des femmes).

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  10. A Colo : 999 est peut-être le chiffre de Dieu si 666 est celui du diable ... :)

    A Hélo : en fait tu as raison il n'y avait pas le moindre gadget de ce genre à l'effigie d'un homme à part le chauffe-oeuf à droite de la dernière image !

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  11. merci pour ce regard éclairé sur l'exposition.

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  12. A Maïté/Aliénor : tout le plaisir est pour moi ! ;-)

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