L'action "occupy Berlin" ou la guerre des nerfs telle que je l'ai vue (la suite ici et là)
Impossible de trouver une page internet relatant les événements d'hier sur la tentative d'occuper la place qui se situe devant le Reichstag par le mouvement de protestation des indignés de Berlin répondant à l'appel mondial des "Indignés" du 15.10.2011.
Alors, je refais une digression dans le temps présent pour en parler moi-même.
La police allemande n'a cessé de perturber l'action et de faire des incursions dans le sit in afin de démonter les tentes dressées pour l'occasion et d'intimider les occupants.
Je suis venue apporter des couvertures et m'apprêtais à passer la nuit là à la belle étoile sous des étoiles effectivement visibles et proches à les toucher. De plus, avec le faisceau du projecteur éblouissant notre groupe de 1000 personnes, tout ce qui passait dans l'air était joliment illuminé, et j'observais tranquillement passer des chauve-souris, des canards, des phalènes dorées sur fond noir, s'envoler des volutes de fumée, des bulles, des notes de guitare (moins visibles), tout ce qui montait de notre groupe serré, se distribuant de la nourriture, du thé, des sacs poubelle, des plaques de polystyrène, du carton pour se préserver de la froidure, des mots d'encouragement. J'avais enfilé plusieurs pulls, des collants, des chaussettes de montagne, un bonnet, des gants et apporté mon sac de couchage et me préparait naïvement à passer la nuit là. Mais c'était sans compter sur les forces de "l'ordre" qui sont venus me piétiner (la botte d'un robocop a durement heurté mon genou gauche) pour embarquer d'abord les tentes, puis les matelas isolants enfin les gens.
Je n'ai opposé aucune résistance.
Dommage pour la nuit à la belle étoile.
Sur la vidéo, la police fait sa première incursion, il ne fait pas encore nuit, ils ne sont pas encore casqués ni masqués. On les accueille aux cris de "Allez-vous en " (Haut ab !), "Honte à vous" (Schämt euch !), "Nous sommes pacifiques, qu'êtes-vous ?" (Wir sind friedlich, was seid ihr?) et aussi "Asseyez-vous avec nous", "Désobéissez aux ordres", "Nous sommes le peuple", "Vous faites aussi parti des 99%", etc...
Une fois, ils ont renoncé à emporter une tente mais à minuit pile, ils ont traîné parfois très violemment les récalcitrants.
A l'heure où j'écris ces lignes : récidive du mouvement "occupy Berlin", samedi prochain. Je ne dis pas où.
Ajout du 17.10 : je cite : "La veille, la police berlinoise avait réussi à empêcher certains des 10.000 participants à une première manifestation à camper devant le siège du Reichstag, le parlement fédéral." sur le JN
Ben oui, et le monde peut voir de quelle façon.
Importante galerie d'images documentant les brutalités sur Flickr
Notre salut aux indigné(e)s de Berlin, et à vous tout particulièrement !
RépondreSupprimerMême le grand-père Hugo est solidaire :
- "On accuse les révolutionnaires de semer l’effroi. Toute barricade semble attentat. On leur reproche d’élever, d’échafauder et d’entasser contre le fait social régnant un monceau de misères, de douleurs, d’iniquités, de griefs, de désespoirs, et d’arracher des bas-fonds des blocs de ténèbres pour s’y créneler et y combattre. On leur crie : vous dépavez l’enfer. Ils pourraient répondre : c’est pour cela que notre barricade est faite de bonnes intentions."
Merci JEA. Il est d'ailleurs a noter que les ecrivain(e)s retenu(e)s par la litterature et l'histoire sont ceux/celles qui y sont monte(e)s sur ces fameuses barricades et non pas ceux/celles qui ont passe leur vie a flatter les oppresseurs.
RépondreSupprimerDes manifs dans des centaines de villes sur la planète...
RépondreSupprimerPartout, en réponses stéréotypées des pouvoirs, les lâchers de casques complétant les uniformes d'un "ordre" pratiquant l'injustice sous prétexte de son respect. Alors il sort des robots d'autant plus dangereux que leur agressivité se double d'une obéissance aveugle. Une mondialisation, encore une, mais celle des répressions.
Bravo ! Courage, continuez. Nous sommes 99 % !
RépondreSupprimerL'important ce ne sont pas les paroles mais les actes, bravo.
RépondreSupprimerA JEA : ils attrapent les gens par les oreilles, par le nez, brisent leurs lunettes, utilisent des aérosols au poivre. La place publique n'est décidément pas au peuple.
RépondreSupprimerMerci Emelire (sans y avoir participé c'est quand même bien d'avoir relayé le mouvement), Hypathie et Fred. Si les 10.000 personnes qui ont défilé dans la journée étaient restés le soir pour l'action d'occupation, la police auraient du redoubler de violence (grenades lacrymogènes, lance à eau) et cela n'aurait pas été très télégène. Alors l'occupation aurait peut-être été possible mais 8000 sont rentrés chez eux regarder la télé et plus la nuit a avancé, plus la police s'est alors faite menaçante. Du coup sur les 1000 restants, 800 ont filé à l'anglaise d'instant en instant. A la fin, nous n'étions plus qu'un village d'Astérix de 200 personnes bien décidées à ne pas se laisser déloger.
Mais 200 personnes ! Trop fastoche pour les robocops !
Les gens semblent avoir encore trop à perdre pour vraiment résister.
Sur Flickr : une galerie de photos avec les brutalités détaillées : http://www.flickr.com/photos/boeseraltermannberlin/6246394477/in/photostream/
Merci Euterpe pour ce récit qui en dit si si long! La rue est à tout le monde soit-disant...
RépondreSupprimerDepuis quand s'indigner est-il signe de violence?
J'espère que la prochaine fois vous serez 2000, 5000 alors on en parlera... peut-être.
Bravo et courage à vous, à toi.
Bonjour Euterpe et bravo pour ton, votre courage !
RépondreSupprimerMais, je suis désolée : veux-tu m'expliquer l'origine de votre mouvement personnellementSTP, car je suppose que tout le monde est au courant.
Je t'ai mis mon email à côté de mon psrénom. Merci d'avance Orane
à Paris nous étions colonisés par des primaires achetées à l'avance... rien vu passer sur Berlin... je me dis que le monde est de plus en plus éclaté. Sois forte et sincère là où tu te trouves ! j'en fais de même ici (pas évident).
RépondreSupprimerA Colo : merci à toi. Je crois que Berlin s'est forgée une telle réputation depuis la guerilla ininterrompue des années 80 à Berlin-Ouest et est maintenant tellement perçue comme un foyer de rebellion prêt à s'embraser à tout moment que pendant qu'à Francfort (ville des banques) on a laissé les gens planter leurs tentes dehors, nous, nous avons eu droit à une évacution manu militari.
RépondreSupprimerEt puis on était directement sous les fenêtres et du Bundestag, et de la chancellerie, et de l'ambassade suisse. Ca fait désordre ! Donc : traitement spécial pour garnements de la République, sûrement !
A ORANE : merci beaucoup. Pour la plupart des activistes il s'est surtout agi d'une action de solidarité avec les indignés du monde entier et ce n'est donc pas "notre" mouvement mais un mouvement mondial.
si tu veux en savoir plus, il y a un wiki très exhaustif sur la question :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_des_Indign%C3%A9s
Merci lucia ! Quand reviens-tu à Berlin ? Ce serait génial de s'y revoir !
depuis on ne nous a pas "arrangé" les Merkel et Sarko qui sont en cours de nous faire tous crever.
RépondreSupprimer(je sais que des lecteurs viennent depuis mon blog voir le tiens)
ça interesse mais en France ça reste assez calme pour l'instant, ils espèrent en des élections qui ne prévoit pas de changement pour l'instant… à suivre
A Annie : ici c'est maintenant l'église (si,si) qui héberge les campeurs/euses sur son terrain puisque la police les évacue ailleurs. A Paris, quelques personnes ont commencé aussi à camper à ce que j'ai entendu à la radio.
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