vendredi 24 août 2012

Völva

Les anciens Germains appelaient völva les prêtresses et prophétesses. Selon la mythologie et les récits historiques, les völvas étaient censées posséder des pouvoirs tels qu'Odin lui-même, faisait appel à leurs services pour connaître l'avenir des dieux : c'est notamment ce que rapporte la Völupsá, dont le titre lui-même, « völv-s-spá », se traduit par « chant de la prophétesse ».
Jules César en fait mention dans "La Guerre des Gaules". Tacite décrit également les prophétesses des Germains dans ses Histoires, et notamment une certaine Veleda : "[...] usage ancien chez eux, les Germains attribuaient le don de prophétie aux femmes, et même, la superstition se développant, un statut divin". Dans la société scandinave ancienne, la völva était une femme âgée ayant rompu avec les pesantes attaches familiales qui étaient le lot des femmes dans cette civilisation clanique. Elle errait à travers le pays, suivie traditionnellement d'un aréopage de jeunes gens. On faisait appel à ses services dans les situations graves. Son autorité était absolue et elle était largement rémunérée pour ses services. La disparition des prophétesses germaniques est liée à la christianisation. L'Église secondée par les autorités civiles se charge d'interdire leurs activités et à les exterminer.
Dans la tradition allemande, il ne subsiste de ce passé que le personnage de Frau Holle, une sorte d'équivalent féminin du père Noël.
Une "sorcière" est une femme chamane. La Wicca qui revendique être la plus ancienne religion du monde affirme que les sorcières sont les héritières d’un culte et de pouvoirs spécifiques féminins dont l’origine remonte à la préhistoire.

D'après l’anthropologue et égyptologue britannique Margaret Murray (1863-1963) qui écrivit le chapitre sur la sorcellerie dans l’édition de 1957 de l’"Encyclopædia Britannica" : « La signification du terme sorcière (witch) est liée à celle du mot savoir (wit) ». Elle peut être renforcée par l’analyse du mot wizard (étymologiquement « celui qui sait »), qui signifie lui aussi le sorcier et qui tire son origine du bas anglais wys/wis qui veut dire « sage », à rapprocher de « wise », qui veut dire « sage », de la même racine que le mot allemand, « wissen » signifiant « savoir ».

10 commentaires:

  1. L'Eglise ne voyait pas non plus d'un bon oeil les béguines, religieuses ou laïques, qui échappaient à son autorité. Double rivalité de savoir et de pouvoir.
    "Völva", un mot à retenir.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En effet, le mouvement des béguines ressemblent tout à fait à un mouvement de préservation du savoir féminin sous une forme servant peut-être à donner le change à l'Église. Le fait qu'il ait pu émergé en Belgique prouve qu'il fallait être assez loin de Rome pour échapper un tant soit peu à ses persécutions.

      Supprimer
  2. Utiles, ces précisions sur l'éthymologie de witch (transformé en bitch plus tard), wizard, wise, wit, on a beau comprendre l'anglais, les racines (saxonnes) ne sautent pas forcément tout de suite au regard !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne savais pas que bitch venait de witch. Quel glissement de sens, de wise à bitch ! Seule la mâlitude est capable d'une telle "prouesse" de langage, évidemment.

      Supprimer
  3. Une fois vieilles, on avait des yeux pour voir... Trop bon le cousin avec, magnus...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Voir l'invisible, je dirais. Parce que, pour le visible, la vue baisse quand même abruptement, en général:)

      Supprimer
  4. Bonjour Euterpe, voilà, je reprends le fil de ton blog où je l'avais laissé.
    Peu de sorcellerie mais tant de savoir...à combattre durement bien sûr.
    Oui, bien intéressantes ces étymologies.
    Ton illustration est parlante, me plaît beaucoup.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Du savoir perdu, malheureusement. Je me demande ce qu'elles transmettaient comme "données" ces prophétesses. Si on pouvait les retrouver, je parie que nous apprendrions des choses dont nous sommes complètement ignorant.e.s et dont nous avons peut-être le plus grand besoin.

      Supprimer
  5. Merci Euterpe pour cet article qui comme d'habitude me donne matière à réflexion et comme d'habitude aussi , je me dis: mais oui! mais c'est bien sûr, et dire que je ne l'avais jamais remarqué! je suppose que c'est ça être conditionné par son éducation!

    RépondreSupprimer
  6. Avec plaisir ! Bien sûr ce n'est pas forcément joyeux de pointer tout cela mais il faut le faire parce que cela a de grandes répercussions sur l'estime de soi des femmes, le respect des hommes envers les femmes et celui des femmes entre elles :( Merci beaucoup pour ta visite :)

    RépondreSupprimer