Cette reine Nushaba se serait aussi appelée Kaïdafa ou Qaydafa....
En cherchant sur internet, je trouve des bouts de phrase comme :
"Les Orientaux disent encore qu'Alexandre vainquit une reine nommée Kaïdafa, fille de Maisons (Marsyas) et de race grecque, qui gouvernait..."
"Cette ville fut détruite par le conquérant et Kaïdafa se réfugia dans les montagnes Berda, que ces auteurs placent tantôt dans la mer Rouge, tantôt dans la..."
(quand je clique sur les liens, je n'arrive pas à avoir la suite d'où les fragments).
ou encore :
"Dans le Shah-namêh de Firdawsi (où Qaydafa reconnaît Alexandre grâce à son portrait), où dans le Sjaraf-namêh ou c'est à Nushâba de reconnaître Alexandre de cette manière)..." (extrait des "fonctions de l'image dans la société islamique du moyen-âge" par Marianne Barrucand en pdf)
sur cette miniature turque on peut voir Alexandre le Grand (nommé Iskandar par les arabes, les ottomans et les perses) rencontrer une tribu d'amazones...
Dans cette vieille encyclopédie, on lit ceci : The Byzantine castle on Mt Pagus has for years been abandoned and left to decay ; the old mosque and the great cistern both presumably of Byzantine origin, are in ruins, and the historical foundation inscription of John Vatatzes, as well as the ancient colossal head at the so-called Amazon, wich was formerly built into the wall over the entrance gate of the castle and formed the badge of the town, have in recent times been ruthlessly destroy. The Turks considered the head to be that of Kaidafa, queen of Saba and therefore called the castle Kaidafa Kale'si, wich in the popular language has been corrupted into Kadifa Kal'esi (Velvet castle)
Par contre je ne suis pas sûre qu'il s'agisse de la bien connue reine de Saba car celle-ci vivait en Ethiopie. Cela dit, l'Éthiopie est bien au bord de la mer Rouge. Néanmoins pourquoi ne pourrait-il pas y avoir plusieurs reines ayant vécu autour de ces trois mers, la Rouge, la Noire et la Caspienne ? D'autant que nous connaissons déjà Tomyris, reine des Massagètes (vivant entre la mer d'Aral et la mer Caspienne), soi-disant légendaire (bien sûr), Lysippé, Thalestris, Penthésilée, Hippolyté, Lampado, Marpessa, ces trois dernières auraient d'ailleurs conquis une grande partie de l'Asie Mineure qui est un territoire énorme. Il faut donc se représenter une partie de la Grèce, de la Turquie et au moins toute la Syrie occupées par ces femmes. Elles auraient élevé partout des temples d'Artémis et fondé des villes comme celles de Smyrne, Ephèse, Cyrène et Myrina. Ce n'était donc pas un épiphénomène historique mais bien un important passage de l'histoire de notre civilisation !
Et on a totalement effacé cela de l'histoire de l'Antiquité ! C'est à peine croyable !
Concernant toutes ces reines, comme nous avons droit à une seule Madeleine qui se trouve être en réalité la réunion d'au moins trois femmes, nous avons sans doute, avec la reine de Saba, la réunion de plusieurs reines toutes désignées aujourd'hui du nom de reine de Saba, sans autre p(m)atronyme particulier pour ne pas faire un choix entre toutes celles qu'elle représente.
Faire de plusieurs femmes une seule personne est une technique efficace de fictivisation comme celle de mettre la tête d'une femme à la place d'une autre sans lien aucun avec celle-ci.
D'ailleurs à propos de fictivisation, nous apprenons dans le Canard Enchaîné de cette semaine la parution d'un livre "Résistances" de Corinna von List qui parle des résistantes (et non des résistants). En effet, on ne connaît guère de nom de résistantes francaises de la 2e G.M. comme Hélène Vernay, Berty Albrecht, Geneviève de Gaulle, Andrée de Jongh et toutes ces héroines d'un courage époustouflant dont seules la moitié ont survécu. On apprend par le journal satirique bien connu que la reconnaissance par la patrie envers elles s'est résumée à leur attribuer des grades déclarés "fictifs". Marguerite Petitjean, Croix de Guerre et Légion d'honneur, n'eut ainsi droit qu'au rang de "lieutenant fictif".
Le Canard Enchaîné de conclure : "des Francaises libres fictives ?".
La fictivisation des femmes est sans cesse à l'oeuvre, je vous dis !
Fictivisation ou effacement, finalement, ça revient au même. Rappel : De Gaulle qui n'était pas féministe a "accordé" le droit de vote aux françaises sans passer devant le parlement car il savait celui-ci peuplé de vieux radicaux socialistes hostiles au vote des femmes, car elles auraient voté selon eux comme leur curé (soupçon d'être des grenouilles de bénitier !); et s'il 'a fait, c'est parce que les femmes étaient entrées en résistance à égalité avec les hommes (même nombre à peu près) et que cela devenait donc insoutenable qu'elles ne votent pas. Pour mémoire, les femmes du nord de l'Europe et des USA elles, avaient gagné le droit de vote après la grande guerre où elles avaient fait la preuve qu'elles pouvaient remplacer les hommes partout.
RépondreSupprimerD'autre part, il est généralement admis que ce sont les femmes qui ont inventé les villes et l'agriculture.
La fictivisation nous renseigne largement sur la méthode employée pour obtenir cet effacement et ce n'est pas seulement le fait de vieux réacs indéboulonnables participant activement à ce nihilisme que tu dénonces. Il y a aussi des personnages féminins tabous et intouchables comme Francoise Héritier qui clame dans tous les médias que le matriarcat n'a jamais existé alors que nous avons toutes ces traces, en orient comme en occident + les découvertes de l'archéologue Jeannine Davis-Kimball, qu'une civilisation à domination féminine existait bel et bien, civilisation qui probablement s'étendait de la mer Caspienne à la mer Rouge, une civilisation qui a fondé des villes, vouait un culte à Artémis (aujourd'hui le nom de plusieurs bordels) et s'est heurtée aux troupes du conquérant macédonien Alexandre le Grand, apparemment une ÉNORME civilisation ! On voit bien que même des femmes estampillées sommités scientifiques et censées vaguement défendre la cause des femmes participent activement à l'entreprise de négation, de nihilisme,de fictivisation et d'effacement qui oeuvre à chaque seconde contre les femmes.
SupprimerLe problème et la difficulté sont que l'existence de nombreuses femmes occupant des positions éminentes dans une civilisation donnée n'implique pas nécessairement que ces civilisations soient matriarcales.
SupprimerAprès tout, beaucoup des plus grands souverain(e)s de l'histoire européenne étaient des femmes (Reines en Russie, Autriche, Angleterre, régentes en France...)
alors que la civilisation correspondante était patriarcale.
Il faudrait faire une analyse poussée et fine de ces civilisations dont, malheureusement, peu d'éléments suffisants subsistent.
Ce qui est incontestable c'est la sous-estimation systématique de la place des femmes dans l'étude du passé car même dans les sociétés les plus machistes et patriarcales le rôle des femmes dans tous les domaines était beaucoup plus fort que ce qui est admis habituellement.
Je suis d'accord avec vous, Jean-Michel, mais dans le doute, à la place de Françoise Héritier, je m'abstiendrai de clamer des certitudes qui ne nous avancent à rien et cimentent au contraire (sans doute à dessein) le patriarcat. Elle semble vouloir nous dire qu'il est fatal et que nous avons toujours été des dominées. Or nulle recherche sérieuse et continue sur plusieurs siècles a un jour été entreprise qui prouverait une telle affirmation.
SupprimerPour moi, cela ressemble à de la manipulation pure et simple.
L'amazonomachie, thème beaucoup traité par les grecs montrerait au contraire qu'il y a eu de réelles batailles de conquête de territoires opposant des armées d'hommes et de femmes.
Je montre ici que les orientaux eux-mêmes ont noté la présence des amazones en Asie mineure.
De plus, le culte vouée à Artémis, dont il nous reste la fameuse Artémis d'Ephèse, une sorte de divinité féminine "engendreuse" à la poitrine couverte de seins ou d'ovules trouvée dans une ville censément créée par les Amazones ne donnent guère l'impression d'une civilisation dominée par les hommes. Mais là non plus on ne sait rien parce que les traces qui nous auraient permis de savoir ce qu'il en retourne de cette statue ont probablement été effacées ou du moins négligées, ce qui revient au même. D'ailleurs cette négligence pourrait presque être en soi significative. Pour les civilisations disparues à dominance masculine on a pris très soin de conserver des documents nous expliquant leur mode de fonctionnement.
Ton billet est beau, il fait voyager, merci!
RépondreSupprimerMerci Rosa Elle pour ton commentaire encourageant ! :)
SupprimerSans aller chercher très loin on sait que chez certains peuples "barbares" (germains et même gaulois ! ) les droits et la place des femmes étaient sensiblement plus grands que chez les romains.
RépondreSupprimerLe rôle plus réduit des femmes dans certains domaines guerre, et combat notamment ( élément essentiel qui légitimait la "faiblesse" des femmes et leur rôle social inférieur) était sans doute à l'origine beaucoup plus lié aux exigences de survie de l'espèce (espérance de vie basse, mortalité infantile considérable, forte mortalité aussi des femmes qui enfantaient qui rendaient trop précieuse la vie des femmes en âge de procréer pour la risquer dans des guerres, sachant qu'un nombre réduit d'hommes était toujours suffisant pour la reproduction) qu'à des considération de capacité, ces dernières étant plus des constructions sociales tardives destinées à assoir durablement le pouvoir masculin.
L’existence de femmes guerrières chez ces peuples est d’ailleurs avérée ; d’ailleurs, même chez les très machos romains il existait des femmes gladiatrices dont le spectacle était très populaire.
En fait, j'ai tendance à voir les choses autrement : une femme aguerrie donc en top condition physique accouche dans de meilleures conditions qu'une femme "protégée" (réduite à une certaine passivité). De plus elle peut se défendre seule, ce qui n'est pas négligeable. D'ailleurs il semblerait qu'elle soit plus résistance que l'homme physiquement et que les femmes guerrières se soient souvent avérés plus redoutables que les hommes.
SupprimerPour ce qui de la maternité, d'après ce que j'en sais les problèmes d'accouchement semblent être intervenus tardivement avec une certaine forme de civilisation (aliénation ?) modifiant les méthodes d'accouchement (c-à-d les éloignant de méthodes plus animales qui étaient forcément plus adéquates). La mortalité en couche semble avoir d'ailleurs été plutôt le fait des castes dominantes (riches) qui ont (encore aujourd'hui mais dans d'autres domaines) tendance à tout déléguer à des serviteurs et des servantes, et tendance à se parer de vêtements encombrants, s'interdire certains mouvements, etc... avec tous les inconvénients hygiéniques qui en découlent. La mortalité infantile semble également avoir massivement surgi dans les castes dominantes où, là aussi, on a délégué l'allaitement à des nourrices alors que l'on sait aujourd'hui que le premier lait de l'accouchée est primordial pour la survie du nouveau-né/de la nouvelle-née.
Donc je ne crois pas tellement que les problèmes de mortalité en couche et de mortalité infantile soient liés aux temps anciens et que plus on remonte en arrière plus ces problèmes auraient été importants. Cela ne me semble aucunement logique. Selon moi, empêcher les femmes de se battre, cela nuit bien plus à la condition de survie de l'espèce que le contraire. Le monde animal donne très bien l'exemple de ce qu'est une survie efficace et les femelles animales sont rarement mises de côté dans la bagarre surtout chez l'espèce primate à laquelle nous appartenons.
J'ai donc tendance à croire que les problèmes de mortalité liés à la procréation seraient plutôt arrivés après l'instauration de la domination masculine.
Pour ce qui est des guerrières des peuples dit "barbares", je suis tout à fait d'accord avec vous. D'ailleurs on voit bien là que notre his-toire (his story) n'est pas sans présenter une échelle de valeur des civilisations avec, tout en haut la civilisation macho (gréco-)romaine comme exemple suprême de civilisation.