Voici le "Weltmensch" d'Hildegarde de Bingen bien connu de Léonard de Vinci qui a consulté le Liber Divinorum Operum déjà conservée en son temps à la bibliothèque de Lucques en Italie, où se trouve cette image de l'abbesse. Le Weltmensch est un être humain cosmique ni masculin ni féminin dont Léonard a fait une version masculine.
Hildegarde de Bingen avait crée l'Humain inscrit dans un pentagramme. Elle disait : « l’Humain se divise dans la longueur, du sommet de la tête aux pieds, en cinq parties égales ; dans la largeur, formée par les bras étendus d’une extrémité d’une main à l’autre, en cinq parties égales. »
Les bras à l’horizontale s’inscrivent dans les branches supérieures, les jambes écartées dans les branches inférieures, et la tête dans la branche du haut. 2 + 2 + 1. L’union est réalisée, c’est d’ailleurs le symbolisme du 5. On joint par ce nombre le principe terrestre (2 –> les jambes) au principe céleste ou cosmique (3 –> la tête et les bras). Nous avons là les 5 extrémités. Deux fois un nombre pair, féminin, désignant la matrice, et une fois un nombre impair, mâle. L’Homme est donc androgyne. Le pentagramme désigne l’androgyne. On a bouclé la boucle. Le nombre 5 est d'après Hildegarde, le symbole de la structure de l’Humain. Trois éléments en haut (la tête et les bras) et deux éléments en bas (les jambes). Nous avons là l’accord du cosmique et du terrestre, et l’Humain comprit comme le Temple de l’univers.
C'est une vision mystique reprise à la Renaissance et réactulisée par Léonard de Vinci sous la forme de l'homme de Vitruve, dont il a fait plus prosaiquement l'étalon de mesure anatomique en matière de dessin. Cet homme vitruvien, employé à toutes les sauces depuis, est considéré comme une telle oeuvre de génie que l'on n'a pas hésité à l'envoyer dans l'espace pour offrir aux extra-terrestres une représentation de nous-même. Ce qui est moins connu, ce sont ses véritables origines. Féminines.
je suis sans voix, et franchement ;)) heureuse de découvrir (grâce à toi) ce tableau, et cette info que je ne manquerai pas de faire circuler.
RépondreSupprimerDes origines que je ne connaissais pas... (vraiment très contente de l'apprendre...)
RépondreSupprimerCa alors !!! Quel pilleur ! Tout ça, en plus, pour faire de l'homme l'humain universel, ce qui, scientifiquement, n'est pas exact.
RépondreSupprimerJe me demande combien d'inventions, trouvailles, oeuvres majeures ont une origine féminine. Combien d'imposteurs ?
Quelle extraordinaire découverte (pour moi)!
RépondreSupprimerTout le monde copie tout le monde depuis la nuit des temps...sait-on si da Vinci mentionne sa source à un moment quelconque?
Merci, merci, moi aussi je fais circuler.
Bonne semaine Euterpe.
A lucia mel : en fait, il s'agit d'une enluminure. Les enluminures d'Hildegarde de Bingen sont exraordinaires. Certaines ressemblent étrangement à des mandalas indiens.
RépondreSupprimerA Fille du Midi : oui, il faut faire tout le travail soi-même parce que l'on ne médiatise pas très "paritairement". Comme le reste d'ailleurs.
A Héloise : il a puisé son inspiration quelquepart comme tout le monde mais ce sont les générations suivantes qui n'ont retenu que lui et son homme de Vitruve. Le moyen-âge, lui, dominé par les femmes, n'est plus du tout étudié à l'école. Comme cela on évite tout à fait de parler de ce sexe qui dérange tellement.
A Colo : je ne sais pas mais il est certain qu'il a consulté les oeuvres d'Hildegarde car elle était bien plus célèbre, à l'époque, et une véritable référence.
Je viens de lire à l'instant sur un site allemand que la cinéaste Margaret von Trotta (elle a fait un film sur H. de B.) est également convaincue qu'Hildegarde a inspiré à Léonard l'Homme de Vitruve.
Oui, effectivement, les créateurs s'influencent et se copient les uns les autres, ça a toujours été. Maintenant, certains font mieux que ce qu'ils copient et dans l'art, finalement, est-ce que c'est l'idée l'important. N'est-ce pas plutôt le degré de force et d'émotion que l'on suscite?
RépondreSupprimerje me pose cette question encore à moi-même sans y avoir vraiment répondu et c'est pour ça que toutes les histoires de droits d'auteurs sont des histoires de fric plutôt que de reconnaissance.
Un artiste, pauvre ou riche, ça se reconnaît parce que ça éclabousse un peu partout.
Quand à ceux qui font dans le trou, ils redeviennent généralement des inconnus au bout de cinquante ans... combien de prix Goncourt ont-ils sombré dans l'oubli par exemple. C'est assez conséquent et ça permet de laisser un espoir à ceux qui n'ont pas de prix ou les honneurs. Vous me direz, je prêche pour ma paroisse puisque je n'ai guère pignon sur rue pour l'instant. Mais je pense que les oeuvres sont comme le bon vin, elles se font avec le temps pas contre lui.
Pour Hildegarde, cet homme de Vitruve avant l'heure, c'est bien vu, mais à son époque, il aurait fallu(s) qu'elle porte phallus...
Merci pour cette info que je découvre...J'en avais un peu entendu parler mais pas aussi précisément. Tout le monde copie tout le monde mais à cette époque c'était moins facile : il n'y avait pas internet...et puis on se prenait moins la tête avec les droits d'auteur. De Vinci s'est il enrichi en copiant ?
RépondreSupprimerA bientôt
Une question se pose à moi : quelle est la part de l'héritage antique dans le travail de l'un et de l'autre ?
RépondreSupprimerCar la culture chrétienne a repris à son compte pas mal des héritages antiques (romains essentiellement, mais aussi des autres peuplades présentes dans la période paléo-chrétienne).
Ne se pourrait-il pas que plus qu'une copie de la part de Léonard, nous soyons en présence de figures puisant dans des référents culturels communs : ce qui expliquerait les "ressemblances".
Les Grecs et derrière eux les Romains liaient le corps à un ensemble de proportions géométriques et de propriétés mathématiques.
Les mathématiques et la mystiques pythagoricienne imprègnent profondément la culture des lettrés du Moyen Age.
Beaucoup d'interrogation sans réponses.
Je ne suis pas certain qu'il y ai un lien de filiation entre la représentation de l'Androgyne de Hildegarde et l'Homme De Vitruve -non plus que je nierai la possibilité du lien même si il me semble très hypothétique.
A Bettina : mon propos est surtout de rendre visible les femmes. Il est fort probable qu'à l'époque où les ouvrages d'Hildegarde de Bingen étaient très connus, tout le monde avait compris que Léonard reprenait à son compte l'Humain inscrit dans un pentagramme pour en faire un étalon de mesure en matière de dessin. Il n'avait donc pas besoin de l'annoncer. C'est aujourd'hui que l'on efface Hildegarde. C'est le présent qui me dérange et qui me pousse à rappeler le passé. C'est cela qu'il faut comprendre dans ce billet ;)
RépondreSupprimerA Karine : Vinci ne vivait pas dans un système comme le nôtre pour qu'on puisse parler de son enrichissement. Mais il a surtout masculinisé un modèle qui au départ était androgyne. D'ailleurs il faut savoir que s'il n'aimait pas le christianisme qui avait tué le "féminin sacré" et essayait d'en rétablir en cachette, par idéologie, la représentation, il n'en était pas moins homosexuel. D'où l'"homme" de Vitruve.
A Wakajawaka : cette représentation d'un humain inscrit dans un cercle est unique dans la mesure où les enluminures d'Hildegarde ne ressemblent à rien de connus à part à des mandalas, ce dont elle ne pouvait guère avoir connaissance. C'est ce qui rend son oeuvre si troublante. Par contre, Léonard connaissait bien les travaux d'Hildegarde. Il est quasiment impossible qu'il ne s'en soit pas inspiré. Il reprend à la fois l'être humain inscrit dans un cercle et la théorie du pentagramme. Puis, il va plus loin et sur un autre terrain. En ce qui me concerne, je suis autant une admiratrice d'Hildegarde de Bingen que de Léonard de Vinci. Ce qui me pose problème c'est que l'un est aujourd'hui hypermédiatisé et l'autre très sous-médiatisée. En fait ce qui me déplaît, en général, c'est la survalorisation des oeuvres masculines et le passage à la trappe des oeuvres féminines. Après, les origines communes de l'inspiration...pour moi c'est un autre propos, en fait.
Je ne serais pas aussi affirmatif…
RépondreSupprimerDepuis la fin de l’antiquité la récupération des répertoires symboliques est tout de même prépondérante, son intégration dans les mythologies paléochrétiennes et chrétiennes est un fait.
Par exemple, l’une des représentations de la perfection universelle consiste en l’imbrication des solides platoniciens ou de leurs « -grames » imbriqués (la représentation des figures géométriques « parfaites » en deux dimensions).
L’imbrication des différents « -grames », produit inévitablement un « mandala ».
La représentation de l’androgyne primordial (être symbolique parfait, également) est connue par les textes pour l’antiquité (avant la période grecque). C’est un thème que l’on retrouve dans l’iconographie chrétienne médiévale -soit valorisée (sous un jours « symbolique»), soit dévalorisé (diabolisation du motif).
L’imbrication des deux représentations de la perfection n’est pas unique ni nouvelle, même pour la période chrétienne.
L’une des raisons du manque de représentations de ce type dans nos pinacothèques est due à… l’église !
Les principaux utilisateurs de cette symbolique étaient les sectateurs des gnoses dualistes occidentales et orientales : gnoses que Hildegarde en tant qu’abbesse ne pouvait ignorer –d’autant moins que beaucoup de question fondamentales étaient encore en discussions à cette époque, l’Eglise pas unifiée dans ses dogmes, et les gnoses dualistes encore existantes.
Avant que ces gnoses ne soient déclarées schismatiques dans leur ensemble, la discussion autour des différences de lecture des fondements de la religion chrétienne battait son plein. On imagine mal qu’une Abbesse aussi importante que Hildegarde eut peut en être écartée ou ignorante.
.
(Voir l’ouvrage de J. Couliano « Gnoses Dualistes d’Occident » : un ouvrage de référence ! ;) ).
Tout le répertoire mystique et symbolique antique (y compris celui hérité des mathématiques –et de la géométrie- babyloniennes) y était lu à travers le prisme chrétien.
Pour certaines de ces églises, la primogéniture divine est l’androgyne primordial.
Cette primogéniture est traité de différentes manière : parfois Adam et Eve sont les fruits de la scission de l’androgyne par la foudre divine.
L’ Ecclesia Orientalis et L’Ecclesia Occidentalis se sont acharnées à la destruction de ces gnoses et de leur iconographie.
Pour ce qui est de Léonard… je pencherais plus vers l’inspiration des textes antiques, mais rien n’étant sûr, on ne peut écarter une source chrétienne que ce soit Hildegarde ou autre. La « théorie du pentagramme » n’étant pas une création de Hildegarde, toutes les suppositions sont ouvertes.
Par contre, j’abonde dans ton sens pour la surexposition de cet artiste et savant. Pas par rapport à Hildegarde (car ce serait placer sur une même grille de lecture des personnages d’époques et de contextes culturels très différents) mais par rapport aux autres artistes et chercheurs de son époque.
Il fut l’un des plus prolifique dans tous les domaines, cela on ne peut l’enlever.
Mais il y avait échange entre ces humanistes et tous ont apporté leur pierre à l’édifice : Léonard ne peut se comprendre sans tenir compte de cet échange permanent des idées.
Malheureusement, bien que féministe, je ne peux donc souscrire à l’opposition Leonardo da Vinci/Hildegarde von Bingen qui me semble dénuée de fondements : elle ne le serait à mes yeux que si ces deux « lumières » étaient de la même époque. La défense de la cause féministe sortirait affaiblie si on la basait sur ce genre d’argumentaire.
Comprends bien que c’est juste le sujet qui me semble « bancal » et peu justifié ce n’est en aucun cas une attaque de ce blog.
Si j’ai réagis dernièrement sur deux sujets portant sur Hildegarde, c’est un pur hasard contextuel –et technique. Je ne voyais rien à ajouter ni à discuter sur les articles précédents (que j’ai trouvé fort bons).
Sans aucune acrimonie donc ;)
Wakajawaka
http://www.liens-socio.org/article.php3?id_article=6706
RépondreSupprimerLes emprunts entre artistes sont partout : dans la peinture, la sculpture, le cinéma qui pille la peinture depuis ses débuts, et c'est ce qui fait tout l'intérêt de l'art ; mais ici on remplace une figure androgyne à portée universelle par un homme (mâle) ; même si Léonard est gay (comme on ne disait pas à l'époque), pas de chance, ça sert encore l'idéologie dominante ! ;-(((
RépondreSupprimerC'est sur le point du "remplacement" que j'émets un très gros doute. IL y a trop de matière autour de Hildegarde et de Léonard pour voir une translation d'œuvre de l'un à l'autre avec substitution d'éléments.
RépondreSupprimerDe plus, on ne peut pas "lire" une époque -pas plus qu'une culture étrangère- avec les référents de la notre.
Parler d'une "idéologie dominante" en englobant période médiévale et renaissance est (je pense) un non-sens.
Le sexisme n'est pas nouveau, mais pour le combattre, mieux vaut continuer à mettre en valeur et sortir de l'ombre des figures brillantes -que ce soit dans le monde des idées, de la médecine, etc.
Le combat ?
Il est nécessaire mais dans le cadre de notre époque ;) (ce n'est qu'une opinion personnelle).
Tiens, une idée de sujet (peut-être) pour Euterpe : Thérèse Planiol.
Bien que je ne partage pas toutes les idées de cette honorable dame, je dois reconnaître que sa lutte de toute une vie pour parvenir à faire carrière, puis la manière dont ses travaux sur les radiothérapies furent "spoliés" par les grands chercheurs (tous masculins) serait un sujet passionnant sous sa plume :)
dire que j'ai -sincèrement- une grande admiration pour Mme Planiol serait presque un euphémisme.
A Wakajawaka : ce que j'avance n'est pas une supposition en l'air et plusieurs indices m'ont permis de conclure à une inspiration directe. Quelles que soient les sources d'Hildegarde elle-même, une chose est incontestable, il n'existe aucune REPRESENTATION EN IMAGE de l'Humain universelle avant elle. J'ai assez fait de recherche à ce sujet et si tu doutes, je te passe le flambeau. Par contre à partir du XVIe siècle et l'avènement de l'imprimerie, on se met à diffuser partout les ouvrages médiévaux jusque là peu accessibles, dont les oeuvres d'Hildegarde, période également d'épanouissement de l'art en Italie, pays où sont conservés, quelle coincidence ! les oeuvres d'Hildegarde (écrites en latin, langue internationale à l'époque), du coup les représentations de bonshommes inscrits dans des cercles pour illustrer des rapports de proportion et la géométrie de Vitruve se mettent à pulluler : Léonard de Vinci d'abord (qui est en Italie, tiens donc), puis Corneille Agrippa (qui vient plus tard en Italie), Jean Goujon (après l'installation de Vinci en France) et même Albrecht Dürer (mais lui il dessine une femme). Sauf que seul celui de Léonard de Vinci est devenu le "hit". Or la première, je le répète, a avoir donné au monde un VISUEL de la théorie de l'humain inscrit dans le pentagramme, c'est elle.
RépondreSupprimerEt comme dit Hypathie, exit l'androgyne, l'humain universelle d'aujourd'hui est uniquement masculin. Normal que l'homme de Vitruve version Léonard "parle" à ce siècle.
Pour Thérèse Planiol : dommage que tu n'aies pas suivi mon blog depuis le début sans quoi tu saurais que mon sujet s'écarte peu du XVIe siècle, alors désolée! ;)
A jfs47 : merci pour le lien ;)
RépondreSupprimerEn voici un autre sur un registre différent ...
RépondreSupprimerhttp://journaldeclasse.over-blog.com/article-aimer-61213640.html
Dommage pour Thérèse ! (Je n'ai pas encore eu le temps de parcourir tout ton blog, et comme j'avais vu quelques bons dans le présent ou vers un passé plus reculé, je pensais qu'elle avait peut-être sa place ici).
RépondreSupprimerPour ce qui est de l'iconographie autour de "l'humain universel"/"androgyne primordial" il est possible qu'aucune représentation précédent celle de Hildegarde n'ai survécu.
En tout cas, pas les représentations des églises gnostiques (ibid. commentaire 16-11-10 02h22 ).
Ce qui est certain, c'est que Hildegarde participa à la lutte contre ces gnoses (p.ex. :ses écrits contre le catharisme) et que sa mystique est en grande partie une réintégration dans le giron chrétien dominant de l'époque d'éléments empruntés à ces gnoses -principalement aux gnoses dualistes.
Dans le "Liber divinorum operum simplicis" par exemple, elle réinterprète des éléments empruntés a la gnose dualiste des Bogomiles. (Représentation en une seule figure allégorique de la triade divine) et emprunte également à d'autres mouvements gnostiques (dont certains des gnoses orientales primitives) comme par exemple des caractères mithraïques "assimilés" en tant qu'attributs christiques (ce que est inhabituel dans le catholicisme de l'époque -qui revêt plutôt le mal de ces attributs- mais est courant dans les textes des églises dualistes).
Le "messianisme" supposé de Hildegarde est très probablement une intelligente récupération de ces mythes et représentations considérées comme "schismatiques" ou "hérétiques" afin de les ramener dans le giron de l'Eclesia dans une démarche d'intégration "œcuménique".
Il est certain que Hildegarde connaissait les textes et les représentations de ces églises gnostiques car elle combattait les dernières survivances du gnosticisme en occident (le catharisme) et aussi parce que d'un bout à l'autre, ses textes sont truffés d'emprunts à leurs gnoses.
Sa représentation de l'androgyne primordial, n'est qu'une de ces "récupérations". Malheureusement, les Églises d'Orient et d'Occident ont fait en sorte de faire disparaître presque toutes traces de ces gnoses -oh combien gênantes !
Par exemple, il ne nous reste que trois textes directement Bogomiles, les autres témoignages ne proviennent que des discussions et critiques orientales et occidentales. Leur iconographie a été méthodiquement et intégralement détruite.
Mais, nous savons que ces gnostiques possédaient une iconographie qui leur était propre. Et même en supposant que Hildegarde n'ai eut accès qu'à leur textes ou aux critiques de leurs textes, sa représentation de "l'homme universel" n'est qu'une transcription de ceux ci.
Les "solides platoniciens" peuvent provenir de ces gnoses, ou d'une intégration plus tardive : l'église en utilisait la symbolique depuis ses débuts, soit sous forme géométrique - dans le bâti ou le dessin- soit sous forme de rapports harmoniques.
Pour ce qui est de Léonard, je n'ai rien de plus à en dire que ce que j'avais dit précédemment. J'ai de sérieux doutes -pour les raisons déjà évoquées- mais il est difficile d'affirmer ou d'infirmer : le nuage des probabilités est trop diffus pour pouvoir trancher. Je ne ferais pas le "troll" en essayant d'imposer une autre lecture -valide ou invalide ?- sans avoir plus de matière à apporter que ce que j'ai déjà écrit.
Le syncrétisme, cher à l'église chrétienne d'occident avait commencé des siècles avant Hildegarde. Elle en fut un des fers de lance. Et il est toujours d'actualité.
(Je te prie de m'excuser si mon écriture est quelque peu bancale ce matin, mais j'ai de sérieux problèmes de sommeil en ce moment et ne fonctionne qu'avec 1/5 de mon cerveau XD ).
P.S : je ne sais pas si c'est utile, mais je crois devoir préciser que je suis strictement agnostique ;)
Wakajawaka, heureusement pour moi que vous ne fonctionnez qu'avec 1/5 de votre cerveau car en vous lisant je mesure la vaste étendue de tout ce que je ne sais pas et je crains d'être largué quand votre cerveau tourne à plein régime.:+))
RépondreSupprimerA Wakajawaka : je me fais la même réflexion que jfs47 :-))
RépondreSupprimerC'est très passionnant en tout cas. Cela m'a donné envie de faire des recherches pour avoir une vue d'ensemble sur la récupération chrétienne des philosophes de l'antiquité. J'ai trouvé ce résumé intéressant (http://www.cornu.eu.org/texts/philosophie) :
Saint Augustin est néoplatonicien et «christianise » Platon. Il est le premier à inclure l’histoire. Dieu a choisi de sauver quelques hommes. L’église est le passage obligé pour le salut.
Saint Thomas d’Aquin « christianise » Aristote. Il y a deux chemins : la révélation ou la raison. Il n’y a qu’une seule vérité, même si elle peut avoir plusieurs représentations. Nous sommes sur une échelle ascendante qui mène des plantes à Dieu en passant par les animaux, les hommes et les anges.
Hildegard Bingen s’intéresse à Sophia, le côté féminin de Dieu qui a aussi pris une certaine importance pour les juifs et les orthodoxes.
(fin de citation)
Et Léonard, lui est à la croisée des chemins entre les néoplatoniciens de Marcil Ficin et le rétablissement du culte du féminin sacré (Athéna, Artémise, Aphrodite)comme dans l'antiquité !
IL y a une piste intéressante du côté des gnostiques apparentés aux séthiens. (une gnose paléochrétienne, peu probable que Hildegarde ai eu connaissance des textes originaux, mais ils sont discutés jusqu'à une période très tardive).
RépondreSupprimerC'est un petit peu complexe, car assez éloigné de ce que nous connaissons de la religion chrétienne et il y est fait usage de concepts qui n'ont plus cours dans cette religion, mais j'y ai noté un élément qui a fait "tilt".
Dans certains des textes il est question d'une "Mère Universelle Auto-reproductrice".
C'est une émanation de dieu (perçu comme androgyne) par le truchement de laquelle -et uniquement par ce truchement -il peut créer d'autre formes de vie.
Cette partie "Mère Universelle" issue de sa part féminine a pour premier geste de créer huit reproductions d'elle même avec en vis à vis huit version masculines, toutes issues de sa chair, ne différent que par le sexe.
(C'est le principe de la scissiparité en gros).
Des textes plus tardifs minorent le rôle de cette "entité", allant jusqu'à rappeler qu'elle est la puissance suprême "sagesse ?" de dieu et que comme telle elle ne peut être femelle mais doit être perçue comme un "père primordial". dans d'autre textes, les pères de l'église rappellent qu'elle ne peut être qu'un outil de dieu (sacré descente en grade pour le "principe divin") qui se résume stricto sensu à un vagin-autonome pourvu d'un appendice masculin qui l'auto-ensemence.
Plus tardivement encore, les discussions scolastique la font basculer dès sa "naissance" du côté des principes viciés, porteuse de souillure dans l'Univers d'avant la création (ben oui, car tout cela est sensé se passer avant! )...
(Tu disais quoi à propos de la domination masculine ? ^_^)
Je crois que je vais essayer de gratter un peu plus ce sujet pour en sortir quelque chose de digeste -ce n'est pas gagné.
Sur ce bonne nuit !
(Et encore une insomnie qui se prépare *soupire* )
A Wakajawaka : on ne se rapproche pas des religions animistes là ? En fait, n'est ce pas Déméter la première déesse du pantheon polythéiste ? Et n'est-elle pas un relicat de cette Mère Universelle Autoreproductrice dont tu parles qui, de son côté émanerait des religions dites, en allemand, "naturelles" ("Naturreligionen") ?
RépondreSupprimerOups... tu m'excuseras je l'espère de répondre si tard. J'avais noté ton commentaire et ... le temps a passé.
RépondreSupprimerDonc : oui ! Ça fait furieusement penser aux mythes des genèses de certaines religions animistes, et aux différents cultes de la "terre mère".
Par certain côté, on pourrait penser qu'il y a eu "régression" par rapport à l'ancien testament en direction de cultes antiques : mais ce serait oublier qu'au départ le christianisme n'est qu'une des nombreuses sectes judaïques (d'inspiration essénienne probablement). Ces formes "divergentes" du christianisme se sont métissées aux contacts des croyances contemporaines -religions, mythes et superstitions.
Ajoutons que leurs sectateurs ont aussi fait preuve d'invention (d'où la difficulté d'interpréter certains concepts qui -des fois- sont "à usage interne").
Les efforts des deux grandes églises chrétiennes pour "faire rentrer dans le rang" ces textes et les plier aux doxas du moment ont contribué à les obscurcir.
Ce premier principe féminin fait il référence à Déméter ? Est-ce une "nouveauté" créée par ces gnostiques ?
La question n'est pas fermée. Les textes originaux sont trop rares, les écrits scolastiques pas toujours identifiés.
J'ai surtout mentionné les aspects en rapport avec la figure de l'androgyne primordial et/ou du rapport à la féminité, mais ces gnoses vont parfois très loin dans l'interprétation -trop loin pour les deux grandes églises : jusqu'à assimiler le Christ à un "principe masculin igné" (influence du mithraisme), ou admettre un dieu unifié qui non content d'être "neutre" sexuellement, l'est aussi moralement (ni bon, ni mauvais, ce sont les "principes" en se dupliquant qui vont faire apparaître les notions de "bien et de "mal"... quand ne subsiste d'ambivalence).
Il faut croire que c'est toujours quand je manque de sommeil que je me décide à écrire ;)
Bonjour ! Echange passionnant. J'ai voulu suivre la piste de la représentation visuelle de l'homme universel inscrit dans un cercle, Voici ce que j'ai trouvé : http://enseignement-latin.hypotheses.org/6488
SupprimerVitruve l'a écrit et dessiné mais si ses textes sont restés - qui mentionnent l'inscription dans un cercle, avec le nombril comme centre (sexe chez LdV) - les dessins n'ont pas été recopiés.
et l'Anonyme ci-dessus s'appelle Annie.
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