Claudia von Alemann (à gauche), qui étudia le cinéma à Ulm puis participa en 1968 à Paris (comme seule femme avec Agnès Varda) aux états généraux du cinéma créés pour bloquer le festival de Cannes malheureusement pas pour des motifs féministes mais pour la défense de la classe ouvrière. Le discours qui est servi aux féministes à l'époque : "une fois qu'on aura fait la révolution on s'occupera du cas des femmes". Claudia von Alemann le croit d'abord et réalise en 68 le documentaire :
Ce n'est qu'un début continuons le combat (Das ist nur der Anfang - Der Kampf geht weiter)
Puis elle n'a plus envie d'attendre.
Parenthèse sur les femmes et le cinéma dans les années 60 : il n'y a qu'une petite douzaine de réalisatrices Citons : Věra Chytilová, Agnès Varda, Mai Zetterling,
Cristina Perincioli, Edna Politi, entre autres.
De la rencontre de Claudia von Alemann et Helke Sander naît en 73 le premier festival du film de femmes d'abord appelé "séminaire", seule appelation qui permettait d'obtenir des subventions.
Au cinéma ARSENAL de Berlin-Ouest a donc lieu du 15 au 18 novembre le 1er Séminaire International du film de femmes organisé par Helke Sander et Claudia von Alemann. Titre : „Documentaires et films ciblés sur la condition des femmes“. Lors du séminaire de 4 jours il est question des „Femmes dans la la lutte ouvrière“, „La représentation des femmes dans les médias“, „ le §218 (sur l'avortement), la sexualité, la répartition des rôles“ et „le mouvement des femmes en Europe et aux USA“. Claudia von Alemann résume : „Ce fut une énorme réussite, en 4 jours nous avons présenté une quarantaine de films environ, presque uniquement des premières en RFA. 300 femmes et 5 hommes se sont déplacés.“
Un mois plus tard le forum international du cinéma d'avant-garde de Munich organisa un nouveau séminaire du cinéma de femmes sur le thème de La condition des femmes, où furent invitées Alemann, Sander et Erika Runge.
en 1974
paraît le premier magazine féministe du cinéma Frauen und Film dont l'éditrice n'est autre que la cinéaste Helke Sander. Sujet du journal : „Interroger l'influence de la culture patriarcale sur le médium cinématographique, reconnaître et définir les approches d'une culture féministe, en retenir et en développer les interrogations“Claudia von Alemann a tourné plusieurs films documentaires sur des femmes comme Germaine Greer, Ariane Mnouchkine, la photographe Abisag Tüllmann, et en 78/80 sur Flora Tristan, un docu intitulé "Le voyage à Lyon" qui obtint le prix de la critique allemande.
Les initiatives des réalisatrices pour exister malgré le cinéma masculin qui ne veut pas entendre parler d'elles se poursuivent jusqu'à aujourd'hui. Le festival de Cannes est un bastion machiste qui devrait être bloqué par les femmes comme il l'a été en 68 au nom de la défense de la classe ouvrière. Les femmes ne sont-elles pas les ouvrières des ouvriers?
En 78
Cristina Perincioli sort un film sur les violences conjugales intitulé "LE POUVOIR MASCULIN SE FAÇONNE DANS LA PATIENCE FÉMININE" (die Macht der Männer ist die Geduld der Frauen) autrement dit : si les femmes cessaient de se montrer patientes, le pouvoir masculin s'effondrerait.
Cette note est en partie traduite de ce lien
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