mardi 7 septembre 2010

Le Magazine littéraire transpire à grosses gouttes

Em m'en revenant de mon périple plus ou moins vacancier, voilà ce que j'ai lu dans le(s) train(s) (car j'en ai pris plusieurs, grève des transports oblige).


c'est le titre du "Magazine littéraire" de ce mois-ci ! Non ? Si !

Avec "LES ECRIVAINS FRANCAIS", comme titre, accompagné de photos de femmes, ou pire :
"LES ECRIVAINS FRANCAISES", le ridicule se serait tout à coup remarqué, alors : Ah ah ah ! Les romancières ! Il y a maintenant les écrivains (des hommes qui écrivent des romans, la plupart du temps) et les romancières (des femmes). Il paraît que Sagan, Duras, Despentes, Groult, Sarraute, Colette, Yourcenar, Mme de Stael dont le "De l'Allemagne" est vachement à ranger dans la catégorie roman, comme on sait, sont des romancières. Il y a aussi femmes de lettres, si l'on veut nommer ces animaux-là afin qu'ils ne partagent pas vraiment le domaine réservé aux seuls êtres humains réels (vous savez qui je veux dire).
Non, je suggérai, juste.
Pourtant ce n'est pas "écrivains" qu'il faut dire pour des femmes ???? Ah mais moi je croyais ! Alors ? Le fameux NEUTRUM, vous savez ! si si ! Toujours et partout, il faut l'appliquer !
LES ECRIVAINS FRANCAIS : Mme de La Fayette, George Sand, Francoise Sagan, Annie Ernaux, Marie N'Diaye... Voilà le titre qui aurait du figuré sous ses photos, messieurs. Je m'étonne. Ce n'est pas très correct !

Bien embarrassés les ceusses qui veulent absolument respecter les règles du "genre" édictés par ces hautement distinguished et ô combien respectible couillusaurissimes (merci Emelire pour l'expression) messieurs de l'AAAA(je bâille bien fort)cadémie francoise.

Je relève page 80 dans le texte de Delphine Naudier : "si elle reste la plus célèbre des écrivains de la généalogie féministe qui ont émergé dans les années 1950, c'est sans doute parce qu'elle (Mais bientôt "écrivain" paraît tellement débile dans le texte que, phrase suivante : ) Dans sa lignée nombre d'"écrivaines" (guillemets quand même), puis au paragraphe suivant les guillemets disparaissent à leur tour (mais que fait la police ?) : Après la période d'Occupation, les écrivaines sont clairement affiliées aux principaux courants (...).
Je vous rassure : c'était un article sur Simone de Beauvoir, on pardonne à la journaliste. Les autres articles évitent le mot écrivain de toutes leurs forces et n'emploient pas du tout écrivaine, bien entendu. Restons poli, enfin.

Voilà pour ma rentrée blogoniste, avant de vous faire retourner au XVIe siècle.

Cela dit et mise à part cette mesquinerie-là "Le Magazine littéraire" est truffé d'excellents articles. Et je vous recommande absolument la lecture de ce numéro.

10 commentaires:

  1. Déjà qu'on n'est vraiment pas aidées avec le masculin neutre / universel, si en plus les journalistes n'arrivent pas à imposer le féminin et virevoltent ainsi entre féminin illégitime et masculin "noble" dans la même phrase, on est maudites ! Dingue. Bonne rentrée quand même ! :-)))

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  2. Entièrement d'accord avec toi, la grammaire a un sexe, nous pouvons en être certaines... nous sommes parfois drôlement embarrassées,au détour d'une phrase, comme les gauchers avec une guitare dans les mains... autant dire des parias... des créatures du diable...
    Mais finalement, c'est assez excitant d'être assez seules sur ce terrain.
    Il y a un certain dandysme à être femme et écrivain... surtout engagée... elles sont tellement peu nombreuses à l'être haut et fort, à se le permettre...
    Bonne rentrée!

    Un écrivain inconnu...

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  3. On s'empêtre dans le féminin, on voudrait le tenir à distance, on emploie des circonlocutions farfelues mais il est là, il existe et c'est la cata.

    Ecrivaine, c'est si difficile à écrire ?

    Heureuse de te retrouver Euterpe ;)

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  4. Comme j'ai commenté chez Emelire, je reproduis ici mon commentaire puisqu'il correspond à ce que je pense encore et tjrs:

    Bonjour Emelire,
    c'est très juste encore une fois, et ça me rappelle avec tristesse l'excellente expo de Sophie Calle qu'on avait eu la chance de voir à Montréal (prenez soin de vous)...
    Sophie avait demandé à des professionnelles de plusieurs métiers d'interpréter la lettre de rupture qu'elle avait reçue. Chacune des femmes qui interprétait sa lettre voyait son titre indiqué à côté de son nom.
    Ça donnait qqch comme ça:
    Murielle Machin, docteur
    Marjorie Bélanger, professeur des écoles
    Madame X, Procureur de police et licencié de justice.
    Madame y, policier
    madame R, écrivain
    et ça continuait....
    Toujours les titres au masculin!!!
    Un peu plus et j'aurais pas été surprise de voir
    Madame H, homme au foyer
    !!!!!!!
    Emma#2

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  5. A Hypathie : j'ai aussi trouvé un article qui donnait dans le "femme écrivain". Alors je me dis qu'à partir de maintenant je vais dire : "femme coiffeur", "femme boulanger", "femme infirmier", "femme ouvrier", "femme hôte de l'air" et "femme hôte de caisse" pour faire bonne mesure.

    A Bettina : tu n'es pas la seule car à la fin du dossier, une journaliste donne une longue liste d'écrivaines méritant d'être connues mais qui ne le sont pas. Et j'ajoute que c'est normal puisqu'il y en a que pour les hypermatérialistes et misogynes nationaux : Houellebecq et ses potes dépravés, cyniques et opportunistes. Ils traînent tous à qui mieux mieux les femmes dans la boue à leur manière et comme on ne le sait que trop, le sexisme fait vendre autant que l'antisémitisme le ferait si le second n'était pas puni par la loi.
    A Héloise :
    Oui, parce que : donnez-leur le petit doigt, etc...:-)
    Et puis, on les a regroupées en une fois. Après on peut recommencer à consacrer un numéro entier à un seul "homme écrivain", comme d'habitude.
    A Emma#2 :
    Ah bien tiens ! Sauf quand les titres correspondent à des emplois subalternes alors là plus de problèmes. Et cela depuis que les femmes exercent véritablement les emplois correspondant aux titres. Au XVIe siècle, ces titres avaient des féminins, par contre. Mais les femmes qui les portaient le faisaient majoritairement à titre d'épouse.

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  6. Merci, Euterpe, de me rappeler ce numéro que je m'étais promis de lire - une rentrée de blogueuse en forme, dis donc !

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  7. Bonne rentrée! J'espère que tu as passé de bonnes vacances durant cet août péniblissime (du moins ici à cause du monde et de la chaleur).

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  8. A Tania : mentalement en forme, physiquement un peu moins (j'ai trop marché, je crois). Oui, celui-ci est vraiment un numéro à ne pas rater ! D'ailleurs, mis à part que les hommes y sont pléthoriques, ce magazine est excellent.

    A Floréal : Merci Floréal. En fait, j'ai du renoncer aux vacances prévues initialement alors j'ai un peu improvisé comme j'ai pu. Mais au moins je suis sortie de chez moi !

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  9. Ouiiin!!!!! apparemement mon commentaire s'est perdu dans les limbes mystérieuses de blogger.

    Je te souhaitais donc une bonne rentrée et suis ravie de te retrouver.
    La langue française me paraît de plus en plus être une langue morte tant elle reste figée à ses règles misogynes depuis le 17eme siècle et ce cher Vaugelas qui ne nous considère pas assez nobles, nous les femmes, pour mériter d'exister orthographiquement.
    En danois, pas de problème avec le neutre sur les noms de métiers.
    En espagnol, toutes les professions ont leur version masculine et féminine. Non seulement ça n'"embête" personne mais tout le monde trouce ça normal.

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  10. A Alice : merci beaucoup Alice ! Je regrette pour le commentaire mais, en effet, il est perdu corps et biens et je ne l'ai même pas vu passer !
    Pour ce qui est du féminin dans la langue, c'est pareil en l'allemand. Il n'existe pas de profession qui n'ait son féminin. Les francais font un cirque invraisemblable sur la question. "Il faut leur envoyer des ethnologues" comme disait je ne sais plus quel journaliste anglais confronté au folklore gaulois en matière de communication.

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