"[En ce temps-là] ... des tableaux votifs étaient suspendus avec des images aux branches des chênes sacrés. Les humbles dieux des paysans ne s'étaient pas tous enfuis devant le signe de croix et l'eau bénite. (...).
Il fallut beaucoup d'exorcismes pour chasser ces menues divinités. Il subsiste encore aujourd'hui, aux environs de Vernon, quelques vestiges des cérémonies paiennes. La veille du dimanche des brandons, les habitants des campagnes se rendent le soir dans les champs et se promènent sous les arbres avec des falots en chantant quelque vieille invocation. Fidèles sans le savoir à Cérès, leur mère, ces bonnes gens reproduisent ainsi d'antiques mystères et figurent d'une manière encore reconnaissable la déesse qui cherchait sa fille Proserpine à la lueur des feux de l'Etna. Je rapporte les faits sur la foi de M. Adolphe Meyer, le savant historien de la ville de Vernon".
Dans la représentation du Blanche-Neige et les sept nains" de Walt Disney, Cérès est une affreuse belle-mère (la "véritable" mère étant morte... exécutée par la patriarchy ?), femme stérile (il ne faut pas stigmatiser la maternité, quand même !) transformée par elle-même et par magie en la plus hideuse des vieilles et qui cherche sa BELLE-fille Proserpine pour la supprimer (justement parce qu'elle est belle, la valeur humaine des femmes se réduisant désormais à leur beauté donc à leur jeunesse).
(traduction : "prends une bite")
N'est-ce pas l'allégorie de la patriarchy cherchant à supprimer le printemps ?
La patriarchy sous les traits d'une femme qui empoisonne les pommes et veut mettre fin aux cycles naturels parce qu'ils ne se soumettent pas à sa domination ?
La père-version du mythe de Cérès et Proserpine fait des femmes entre elles, des ennemies mortelles et des hommes, les gardes du corps féminin fécondable. Un chasseur, sept nains, un prince, neuf mecs pour soustraire une jeune fille à une domination féminine. Ok, la fille qui veut échapper au matriarcat doit faire la bonniche pour huit personnes et s'occuper de l'hygiène de mâles pourtant adultes mais n'est-ce pas là son rôle "naturel", poils aux aisselles ?
Et c'est la femme pas jeune que l'on fait passer pour la cannibale de service, mangeuse de coeur humain (alors que dans la mythologie grecque c'est le vieillard Saturne qui dévore son fils). De plus, telle l'industriel Monsanto, elle va jusqu'à empoisonner les pommes.
Le patriarcat invente la mère qui cherche sa fille non parce qu'elle veut la ramener de l'empire des morts où UN HOMME l'a emportée mais parce que c'est elle qui veut sa mort. Ainsi l'homme camoufle le meurtre que lui même a accompli.
Diffamation des femmes.
Le père-vers s'est fabriqué une fausse coupable.
L'enlèvement de Proserpine par Vulcain, divinité souterraine masculine, et représentation du Vieil Hiver, est rayé de la narration. Vulcain est éclaté en sept inoffensifs petits vieux réduits à de gentils hébergeurs d'une adolescente en fuite pour cause de problèmes familiaux générés par la seule mère illégitime "affreusement" dominatrice (une sorcière, quoi).
Mais l'empire industriel Disney est récent. On apprend par Anatole France, qu'avant les deux guerres mondiales qui ont décimé à 90% et intentionnellement la paysannerie pour consolider l'installation de la première industrialisation, il subsistait un culte à Cérès ! Le massacre de la paysannerie l'aura plus efficacement éradiqué que l'Église.
D'ailleurs d'Anatole France nous tenons cette citation : "on croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels" dont l'industriel Disney qui assurait la propagande guerrière.
Pendant toute la durée de la 2e GM, la fabrique Disney a produit plus de 68 heures de films.
Le père-vers qui domina le siècle des guerres mondiales adorait, tiens donc, le "Blanche-Neige" de Disney. Mais Blanche-Neige, là, elle commence à en avoir vraiment par-dessus le ruban à noeud-noeud.
Actualisation du 25.7.18 : j'ai appris hier la mort d'Oksana Chatchko, co-fondatrice de Femen et pour moi la meilleure de ce mouvement hétéroclite.
Cela me rendait heureuse de savoir qu'elle existait et sa mort m'émeut terriblement. Cette disparition plus que soudaine représente une perte énorme pour le féminisme.
Oksana était comme le retour du printemps. La divine, divinité, déesse Oksana Chatchko a été comme Proserpine enlevée par le machisme et conduite dans le royaume des mortes d'où elle ne reviendra jamais, comme disparaît le printemps tué par l'industrie et les industriels.
Rest in Power.
*À propos d'Anatole France, je précise que je ne le considère pas du tout comme un auteur pro-féministe, bien au contraire. Il est misogyne, infatué et bigot. Mais les plus grands phallocrates peuvent laisser entrevoir sans le faire exprès dans leurs écrits ce monde qu'ils ont détruit, la manière dont ils l'ont détruit et à quoi il ressemblait AVANT.
Comme par nostalgie.
Oh, passionnant à lire, je poursuis avec le billet suivant!
RépondreSupprimermerci Colo !
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