(Source).
J'aurais bien aimé parler encore un petit peu du vêtement féminin mais j'y reviendrai une autre fois car je viens de lire un passage édifiant du livre de Brantôme Les dames galantes.
Brantôme a le mérite de nous permettre de jeter un regard plongeant dans l'âme masculine et d'y contempler son irrespect chronique à l'endroit de la liberté féminine, la femme semblant avoir de tout temps du servir à ses petits plans à lui et à rien d'autre. Ce qui est, bien évidemment encore le cas aujourd'hui, n'en doutons pas.
Voici que nous raconte l'auteur :
(...) à l'île de Chio, la plus belle île et gentille et plaisante du Levant, jadis possédé par les Genevois, et depuis trente-cinq ans usurpée par les Turcs, dont c'est un très grand dommage et perte pour la chrétienté. En cette île, comme je tiens d'aucun [d'un] marchand genevois, la coutume est que, si une femme veut demeurer en viduité, sans aucun propos de soi remarier, la Seigneurie la contraint de payer un certain prix d'argent, qu'ils appellent argomoniatiquo, qui vaut autant à dire (sauf d'honneur des dames) c.. reposé et inutile. (Comme jadis à Sparte, ce dit Plutarque, en la vie de Lysandre, était peine établie contre ceux qui ne se mariaient point, ou qui se mariaient trop tard ou se mariaient mal). Je leur ai demandé à aucuns de cette île de Chio sur quoi cette coutume pouvait être fondée : ils me répondirent que pour toujours mieux repeupler l'île. Je vous assure que notre France ne demeurera donc indéserte ni infertile par faute de nos veuves qui ne se remarient que d'autres, et par ce ne payeront de tribut du c. inutile et reposé. Que si ce n'est pour mariage, pour le moins autrement qu'ils le font travailler et fructifier comme j'espère dire.
(Brantôme (qui revient au livre de Plutarque* sur les moeurs spartiates) parlent ensuite des jeunes grecques obligées de se prostituer pour se payer un mari, puis de Lycurgue (législateur de Sparte) qui met fin à ces pratiques et ordonne que l'on cesse de faire payer aux femmes leur mariage + autorise qu'elles aient des amants. Pour revenir à la France de son époque, notre auteur qui parlait du remariage des veuves avant cette digression sur le cas de l'île de Chios et des moeurs de Sparte, revient à ses moutons pour prouver que veuvage ne veut pas automatiquement dire "con reposé et inutile").
Une autre espèce de veuve dont il y a qui ne se remarient point, mais fuient le mariage comme peste ; ainsi que me dit une, et de grande maison, et bien spirituelle à laquelle lui ayant demandé si elle offrirait encore son voeu au dieu Hyménée, elle me répondit : "Par votre foi, serait-il pas fade et malhabile le forçat ou l'esclave, après avoir tiré longuement la rame, attaché à la cadène [pièce de voilier], s'il venait à recouvrer la liberté, s'il ne s'en allait de son bon gré sans encore s'assujetir sous les lois d'un outrageux corsaire ? Pareillement moi, après avoir été sous l'esclavitude d'un mari, et en reprendre un autre, que mériterais je, puisque d'ailleurs, sans aucun hasard, je me puis donner du bon temps ?" A une autre dame grande et ma parente (...), lui ayant demandé si elle n'avait point d'envie de convoler : "Nenny (me répondit-elle), mon cousin, mais bien de conjouir" ; faisant une allusion sur ce mot de jouir, comme voulant dire qu'elle voulait bien faire à son c.. jouir d'autre chose qu'à un second mari, suivant le proverbe ancien qui dit qu'il vaut mieux voler en amours qu'en mariage (...).
On voit par là que nos arrière-arrière-arrière-arrière-etc... grands-mères ne se laissaient pas plus faire que nous.
Aujourd'hui les femmes qui laissent leur c.. (comme dit Brantôme) reposé et inutile passent à la poubelle (pas seulement virtuellement). Ou bien elles sont considérées comme dérangées ou rebelles à leur vraie fonction. Mais heureusement les médecins sont là pour les prévenir des dangers qu'elles encourent si jamais elles persistent ! (Sainte science a parlé).
* Brantôme qui a eu un accident est contraint à l'immobilité. Il passe tout son temps à écrire ses mémoires et à témoigner de son temps tout en lisant des classiques grecs comme Plutarque et sa célèbre "Vie des hommes illustres". Raison pour laquelle il parle par ci par là des gens comme Lysandre ou Lycurgue et compare son époque à l'époque antique.
Edit 01.08 : à Bruxelles la taxe du con qui n'est pas "maqué" (ou qui prétend sortir sans son mari ou assimilé) ce sont les insultes.
Edit 01.08 : à Bruxelles la taxe du con qui n'est pas "maqué" (ou qui prétend sortir sans son mari ou assimilé) ce sont les insultes.
Sofie Peeters - Femme de la rue (Bruxelles) von Spi0n
Merci pour cette étymologie du mot mariage et son évolution historique que je ne connaissais pas ! Je vais en faire mes choux gras ! Super.
RépondreSupprimerContente d'avoir pu apporter de l'eau à ton moulin !:)
SupprimerA noter que si l'église a rendu le mariage insoluble en 1215 c'était plutôt à l'époque pour protéger les femmes et leurs enfants à une époque où plusieurs droits se sont entrechoqués (romain, judéo-chrétien d'origine méditerranéenne, celtes, différents droits "barbares") et où les problèmes liés à des répudiations massives non régulées commençaient à trop impacter la stabilité de la société. Ainsi les hommes ne pouvaient plus répudier et jeter dehors les femmes sans ressources. Ils avaient donc théoriquement une obligation de ressources envers leurs femmes auquel ils ne pouvaient se soustraire.
RépondreSupprimerCe qui a de "drôle" c'est que l'Eglise soutient cette tradition comme datant de 2000 ans et indissociable alors que le mariage juif a toujours permis le divorce. C'est comme actuellement la volonté de rejeter les mélanges de traditions entre la religion catholique et les anciennes traditions religieuses des autres continents au nom de l'essence du catholicisme alors que le catholicisme actuel est quasiment greffé sur les traditions païennes anciennes européennes, bien loin de la religion pratiquée aux premiers siècles sur le pourtour méditerranéen.
Pourtant il semble qu'au XVIe siècle il n'était pas si facile pour les veuves d'hériter de leur mari et d'avoir de quoi vivre. Si le mari avait décidé de donner tous ses biens aux pauvres, la femme restait sans ressource.
SupprimerPar contre, tu as raison pour les mélanges de traditions. Au XVIe siècle le catholicisme cohabitait très bien avec un certain paganisme. La seule chose que les religieux ne supportaient pas du tout c'est la remise en question de leur système d'enrichissement et que l'on puisse réclamer un retour à la pauvreté et à la simpplicité (exactement comme aujourd'hui avec les ultralibéraux qui ne supportent pas les décroissancistes).
Dingue ce film ! Je ne pensais pas que c'était à ce point.
RépondreSupprimerPour ce qui est du mariage, le code civil stipule clairement :
"Les époux se doivent mutuelle assistance" ; on devrait intégrer cela dès l'école primaire.
Oui, le retour de l'oppression féminine a l'air d'être sérieusement en marche !
SupprimerEn ce qui concerne les hommes, maris, petit ami, copains, frères, pères, cousins ou peu importe quel lien ils ont avec nous, ils doivent apprendre à nous laisser autant de liberté qu'ils en souhaitent pour eux-mêmes.
Le précepte "ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse" a ici toute sa place.
Pour ce qui est de la "mutuelle" assistance, en effet, aujourd'hui elle est surtout unilatérale et les femmes secourent plus souvent les hommes que le contraire.
ce "con reposé et inutile"... n'est malheureusement pas seulement considéré (si j'ose dire...) ainsi par les hommes, mais par la société tout entière (femmes y compris): il n'est qu'à voir comment celles qui ont procréé considèrent celles qui ne l'ont pas fait... A nous femmes, aussi, de relativiser le "pouvoir con-génital" de notre sexe, ou genre.
RépondreSupprimeroui, les femmes qui calquent leur pensée sur la pensée mâle dominante ont des réactions de mâles dominants, c'est certain, mais n'oublie pas que les hommes sans enfant existent aussi et qu'ils doivent aussi répondre à la question de savoir pourquoi ils n'ont pas d'enfant.
SupprimerEn ce qui me concerne, j'ai pas mal de copines sans enfant et ce qu'il y a de bien avec elles c'est que l'on ne parle pas d'enfants, justement. Les mères qui suivent la pensée mâle dominante (il y en a beaucoup) n'ont presque pas d'autre sujet de conversation que tout ce qui concerne leur sainte progéniture et ca me tympanise (comme on disait au XVIe siècle :)).
Par contre, certaines femmes sans enfant ont la fâcheuse tendance à te donner des cours de pédagogie alors qu'elles n'ont que des théories en tête et n'ont jamais été confrontées à la pratique. À croire que ce sont elles les meilleures mères !!!!
Mais tu as raison, une certaine discrimination envers les "FortpflanzungsverweigererInnen" (abstentionnistes de la procréation) sévit encore aujourd'hui.