lundi 7 février 2011

Un peu de brutalité dans ce monde de douceur !

La brutalité n'est pas l'apanage des hommes et les femmes sont tout à fait capable de se battre arme à la main pour la bonne cause, à commencer par l'excellente cause de la préservation de sa propre personne.

Lady defending castle from Smithfield Decretals England about 1340

Depuis les temps les plus reculés jusqu'à aujourd'hui, les femmes, peu reconnues comme des guerrières pourtant, ont pris les armes quand il le fallait absolument, et parfois même telle l'homme de leur époque, pour vider une simple querelle personnelle.

Duel entre Isabella de Carazzi et Diambra de Pettinella (1552) par Ribera Jusepe dit Spagnoletto (1591-1652)


La plupart des capitaines qui prirent la plume rapportent des exemples d'exploits féminins au combat. Brantôme raconte qu'au siège de La Rochelle (1573), les armées royales virent apparaître sur les fortifications de la ville une centaine de femmes en habits blancs (faciles à mettre à la lessive, explique le mémorialiste sexiste - mais la volonté de choc psychologique voulue par ces femmes paraît plus évident) occupées « fût à porter la hotte ou à remuer la terre » tandis que « les plus viriles et robustes [portaient] les armes ". Le fait est confirmé par l'Histoire des deux derniers sièges de la Rochelle, qui souligne « l'enragée hardiesse des femmes et chambrières rochelaises, lesquelles, armées et embastonnées, firent acte de soldats ou de nouvelles Amazones. Aussi appelle-t-on encore cet endroit le boulevard des Dames. » Brantôme ajoute qu'il a entendu dire que l'une d'elles conservait l'arme avec laquelle elle avait repoussé les assaillants « si soigneusement comme une sacrée relique, qu'elle ne la donnerait ni ne voudrait pour beaucoup d'argent la [céder], tant elle la tient chère chez soi. »

Aubigné rapporte quant à lui plusieurs cas individualisés. Entre autres, celui de Marie de Barbançon, veuve de Jean des Barres, seigneur de Neuvy, qui en octobre 1569, assiégée en sa maison par «Montaré, lieutenant de roi en Bourbonnais [...] prit sa place sur la brèche la plus dangereuse, une demi-pique en la main ; et les soldats, faisant de honte courage se défendirent à sa vue si opiniâtrement que la force ne leur fit rien, [mais] bien la nécessité, par laquelle ils se rendirent à la mi-novembre. » Ou encore celui de Madeleine de Miraumont, dame de Senneterre (ou de Saint-Nectaire), qui en 1575 fit échec à Montal, lieutenant de Basse-Auvergne qui voulait assaillir son château avec ses troupes : elle «chargea à sa coutume, vingt pas devant les siens, connue par amis et ennemis à ses cheveux, qui dessous [le casque] lui couvraient l'échine.» Certaines femmes se taillèrent même une solide réputation de grand capitaine en s'illustrant dans plusieurs sièges, telle Claude de la Tour, dame de Tournon, dont les exploits furent consignés par un biographe dès 1569. Ce ne sont là que quelques-uns des exemples qu'évoquent les textes du temps.

Aujourd'hui les femmes sont aussi de la lutte. Elles combattent héroiquement la fatale gentrification et tiennent tête aux troupes du gouvernement qui font impitoyablement le siège des si nécessaires lieux alternatifs :


La veille de la Nouvelle Lune, le 2.2.2011, les copines attendaient aux créneaux l'assaut des reîtres armés et casqués :


Le combat fut tout à fait inégal et le bélier, la masse, la hache et la scie électrique ont eu raison de la forteresse ! (Cinq heures quand même pour démanteler les défenses du bastion). Les assiégées n'ont pas dit leur dernier mot et l'armée de robocops ne perd rien pour attendre...
(Mes lecteurs/trices d'Allemagne auront compris qu'il s'agit de l'évacuation du Liebig 14 qui provoque encore des remous dans la presse aujourd'hui. Photos extraites du Tagesspiegel online).

10 commentaires:

  1. dis, c'est normal ? j'ai posté un commentaire et on dirait qu'il a disparu... bon, je te disais en substance que "La-Rochelle-Berlin : même combat" (et j'avais mis un lien sur un article du Figaro ). J'ai dû faire "aperçu" et oublié de confirmer pour publier le commentaire... Je voudrais aussi ajouter que je viens de tweeter ton billet, et mis une référence sur mon FB.

    RépondreSupprimer
  2. A lucia mel : non ce n'est pas normal mais il y a des ratés dans la technique. Parfois c'est une de mes réponses qui ne s'affiche pas.
    La Rochelle-Berlin, oui, tout à fait, parce que les protestant.es (rochelais.es) (les vaudois.es aussi) furent les alternatifs d'autrefois ! On se battait pour préserver une autre manière de penser. Maintenant que religion et pouvoir sont dissociés, on peut pratiquer la religion que l'on veut et c'est prétendre vivre selon un autre principe économique qui est interdit ! C'est comme si le capitalisme était devenu la religion dominante à la place du catholicisme.
    Merci pour l'article du Figaro : ouah ! Il a un ton drôlement gauchiste !
    Merci pour le tweet et le FB c'est super sympa (mais c'est quoi un FB?).

    RépondreSupprimer
  3. c'est FaceBook ;))) où, d'ailleurs, ton article a plu à mes ami(e)s, tu y es toi sur FB ?

    RépondreSupprimer
  4. A lucia mel : non bien sûr ! Je ne voulais déjà pas faire de blog, alors Facebook !:D
    Une participante à la résistance à l'évacuation à qui j'ai montré l'article du Figaro a laissé un com' mais il a été censuré. Elle y apportait des rectificatifs. Par exemple, ce n'était plus un squatt depuis les années 90, en fait. Il est possible que dans un mois le tribunal déclare cette évacuation illégale. Ce ne serait pas la 1re fois !

    RépondreSupprimer
  5. J'ai posté hier deux fois le même commentaire et blogger ne l'a pas publié ! Peut être parce que j'ai voulu inclure une balise HTML ?

    RépondreSupprimer
  6. A hypathia : possible...je n'ai pas la moindre idée de ce qui cloche mais apparemment cela arrive sans arrêt ! Je peux éventuellement signaler le problème mais je n'ai aucun moyen de retrouver des commentaires qui n'ont pas été publiés. Dommage ! J'aurais bien aimer lire ce que tu écrivais !

    RépondreSupprimer
  7. si tu n'es pas sur FB, tu devrais aller sur twitter pour publier les infos en direct (même au moment de l'évacuation): c'est aussi comme ça qu'aujourd'hui on fait les révolutions ;))) Avant, je trouvais ça nul (twitter) maintenant, je comprends que ça peut faire trembler les puissants, et faire tomber des murs.

    RépondreSupprimer
  8. Ce dernier commentaire va peut être me faire ouvrir un compte Twitter : depuis le temps que je vais voir et que je me demande à quoi ça sert ! :)))

    RépondreSupprimer
  9. Les hommes doivent faire peur, pas les femmes. Il ne faut pas de culture de la violence chez les femmes, je crois que c'est pour ça que ces actes sont mis sous silence.
    Pour les "lutteuses" berlinoises ... merci pour le lien vers le Figaro, tu vois ici on n'en a pas entendu parler... J'aime bien la phrase "Ces gens-là n'acceptent pas qu'on puisse vouloir vivre avec peu d'argent." oui c'est bien ça, le logement est devenu inabordable mais c'est voulu, en France les prix ont tellement augmenté (je lis que les prix ont monté de 20% à Paris en 2010 ! en tous cas ils ont vraiment doublé en 10 ans). Il faut que les gens soient pris à la gorge pour le logement. C'est vrai que se loger, pour les jeunes, est le pb n°1 et il y en a qui spéculent allègrement. Pas étonnant qu'il y ait de + en + de très très riches, ils possèdent des appartements dont ils ont hérité, et l'argent appelle l'argent. Sans frein...

    RépondreSupprimer
  10. A lucia mel : je veux bien mais je ne sais même pas comment ca marche !

    A Hypathie : si tu t'y mets tu m'expliqueras ?

    A Emelire : tout à fait, les femmes c'est synonyme de soie rose et dentelles blanches et elles ont pas intérêt à apprendre à se défendre.
    Il faut remercier lucia mel pour le Figaro. Je ne savais pas non plus que l'info avait été relayée par la presse francaise.
    Je crains qu'à Berlin nos jours soient aussi comptés question loyer bas. Et pour les squatts on voit les gens s'installer dans des maisons inhabitées qui tombent en ruine, retaper peu à peu le tout, et, une fois les logements revalorisés, se faire virer comme des malpropres par les spéculateurs au service desquels sont les sbires du gouvernement.
    C'est encore une autre facon d'exploiter les gens à laquelle on n'avait pas pensé !

    RépondreSupprimer