Femme de La Renaissance: PERNETTE DU GUILLET
22 août 2011 — AlienorCouvent des Annonciades/ Bordeaux
***
Taguée par Lali, tout simplement, je joue le jeu de La Femme de La Renaissance.
Et là…me voilà bien embarrassée car je la voudrais un peu rebelle, éprise d’art et bien de son temps.
Non, je ne peux choisir Aliénor d’Aquitaine puisqu’elle est née bien avant. Je me languis de cette infidélité historique: que ne sont-ils nés quelques années plus tard elle deux fois reine et ses troubadours.Je suis plus familiarisée avec le Moyen-Âge pour tout vous dire.
Non je ne peux choisir la reine Margot et son château de Cazeneuve en Gironde, lieu où elle cachait ses amours au roi Henri IV dans les souterrains et au bord du ruisseau:née trop tard! Pourtant je vous assure que ce personnage aurait été digne de la Renaissance.
Mais j’irai donc du côté de Lyon et je choisirai…une poétesse, jeune qui s’est consumée d’amour et dont la chandelle des ans s’est bien vite éteinte. Je veux citer PERNETTE DU GUILLET(1520 ?-1545) .
Dames, s’il est permis
***
Dames, s’il est permis
Que l’amour appetisse
Entre deux coeurs promis,
Faisons pareil office :
Lors la légèreté
Prendra sa fermeté.
***
S’ils nous disent volages
Pour nous en divertir :
Assurons nos courages
De ne nous repentir,
Puis que leur amitié
Est moins, que de moitié.
***
Se voulant excuser,
Que leur moitié perdue
Peut ainsi abuser
Tant qu’elle soit rendue :
La loi pour nous fut faite
Empruntant leur défaite.
***
Si j’eusse été apprise
Comme il fallait aimer,
je n’eusse été reprise
Du feu trop allumer
Qu’éteindre j’ai bien su,
Quand je l’ai aperçu.
***
Ne nous ébahissons
Si le vouloir nous change :
Car d’eux nous connaissons
La vie tant étrange,
Qu’elle nous a permis
Infinité d’amis.
***
Mais puis qu’occasion
Nous a été donnée,
Que notre passion
Soit à eux adonnée :
Amour nous vengera,
Quand foi les rangera.
(Chanson V)
***
Elle rencontre MAURICE SCEVE au printemps 1536 ; il a trente-cinq ans et elle seize. Elle devient son élève. Leur amour impossible devient la source d’inspiration de ses poèmes, publiés post-mortem par son mari en1545 sous le titre Rymes de gentille et vertueuse dame, Pernette du Guillet. La plupart de ses vers ont été écrits pour être mis en musique et chantés. Quant à MAURICE SCEVE il publie Délie, un recueil de poèmes qu’il lui dédie sans la nommer.
PERNETTE DU GUILLET est morte à 25 ans, de la peste; hélas.
***
MAURICE SCEVE a écrit ceci: quel sublime aveu qui me va droit au coeur:
Plutôt serons Rhône et Saône déjoints
Que d’avec toi mon cœur se désassemble;
Plutôt seront l’un et l’autre Monts joints,
Qu’avecques nous aucun discord s’assemble;
Plutôt verrons et toi et moi ensemble
Le Rhône aller contremont lentement,
Saône monter très violentement,
Que ce mien feu, tant soit peu, diminue,
Ni que ma foi décroisse aucunement.
car ferme amour sans eux est plus que nue.
********
Romantique moi? Peut-être…Peut-être…
Mais contente de trouver une belle romance, une poétesse dans ces ans où elles ne fleurissaient guère en nombre et puis
Je passe le flambeau du tag de la Femme de la Renaissance à Lautreje et à Maria-D ainsi qu’à Cerise-Marithé.
Publié par Aliénor copié/collé par Euterpe
Ah ! Quelle joie de retrouver des vers de Pernette du Guillet (et puis aussi de l'excellent Maurice Scève) ! Merci beaucoup Aliénor !
Et j'aime aussi l'illustration avec la figure sculptée du couvent de l'Annonciade, ordre créé par la malheureuse Jeanne de France qui fut, elle aussi, une femme, une reine même, tout à fait hors du commun.
Ici mon propre billet sur Pernette du Guillet, l'année dernière.
Merci Euterpe d'avoir initié cette démarche et d'avoir ici donné un écho de ma participation.
RépondreSupprimerC'est avec plaisir que je parcours les différents choix et que je découvre chez vous à la fois une représentation de la belle Pernette et ses mots empreints d'humour.
Merci.