à la recherche des femmes perdues dans l'espace-temps et autres aventures...
jeudi 5 août 2010
Pernette du Guillet, pimpante poétesse
Lyon est donc au début du XVIe siècle, un important centre intellectuel. L’école poétique lyonnaise, regroupant notamment Maurice Scève et Louise Labé, constitue un moment essentiel de l'histoire littéraire entre Marot et la Pléiade.
Née à Lyon en 1520, Pernette du Guillet reçoit une éducation soignée, parlant l’italien et l’espagnol. A seize ans, elle est l’élève de Maurice Scève et l’inspiratrice de son recueil "Délie", objet de plus haute vertu. Mais l’amour entre eux se révèle impossible, Pernette étant promise à M. du Guillet qu’elle épouse en 1538.
Elle meurt à 25 ans, le 7 juillet 1545, emportée par une épidémie de peste. A la demande de son mari, l’érudit Antoine du Moulin examine les feuillets où elle consignait ses poésies et les fait éditer dans leur confusion originelle, sous le titre de :
Rymes de gentille et vertueuse dame Pernette du Guillet, lyonnaise, Lyon, Jean de Tournes, 1545.
Comme je ne sais laquelle choisir de ses rimes car elles sont toutes pimpantes et sautillantes comme dut l'être Pernette, j'ai copié la plus rigolote, bourrée de jeux de mots, que voici :
A un sot rimeur, qui trop l'importunait d'aimer
Tu te plains que plus ne rimasse,
Bien qu'un temps fut que plus aimasse
À étendre vers rimassés,
Que d'avoir biens sans rime assez :
Mais je vois que qui trop rimoye
Sus ses vieux jours enfin larmoye.
Car qui s'amuse à rimacher
À la fin n'a rien à mâcher.
Et pource, donc, rime, rimache,
Rimone tant et rime hache,
Qu'avecques toute ta rimaille
N'aies, dont tu sois marri, maille :
Et tu verras qu'à ta rimasse
Comme moi feras la grimace,
Maudissant et blâmant la rime,
Et le rimasseur qui la rime,
Et le premier qui rimona
Pour le grand bien qu'en rime on a.
Et tu veux qu'à rimaillerie
Celui qui n'aura maille rie ?
Je te quitte, maître rimeur,
Et qui plus a en sa rime heur,
En rime lauds, en rime honneurs,
Ensemble tous tels rimoneurs.
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Excellente cette Pernette! Son poème m'a fait penser, dans la forme et l'esprit, au poème de Prévert "L'amiral" (que j'adore car il s'y moque de la pédanterie des militaires):
RépondreSupprimerL'amiral Larima
Larima quoi
la rime à rien
l'amiral Larima
l'amiral Rien
J'ai pensé à toi hier, en écoutant "Ca peut pas faire de mal", l'émission de Guillaume Gallienne sur France Inter. Celle-ci était consacrée à la lecture de poèmes de femmes: Christine de Pisan, Anne de Marquets et Louise Labé entre autres. On peut réécouter les émissions pendant une semaine en podcast si ça t'intéresse. De plus, on a pu entendre une chanson de Juliette, "Rimes féminines", qui constitue une espèce de Panthéon personnel des femmes de talent. Je ne copie pas les paroles ici sous peine de monopoliser l'espace mais je te mets un lien vers la vidéo.
http://www.dailymotion.com/video/x8lnll_rimes-feminines_music
A Héloise : Super ! Je viens d'écouter les deux : la chanson et l'émission. J'ai adoré. Les lai et poèmes sont lus avec énormément de talent ! Quelque chose m'a frappé dans le lai de Christine de Pizan, c'est l'histoire de l'élixir de Salerne. On ne le sait pas mais Christine (XIVe/XVe siècle) rend là hommage aux célèbres (en leur temps) doctoresses de Salerne du XIe ! On dirait qu'elle a eu elle aussi le souci de perpétuer la mémoire de femmes célèbres plus anciennes ! Merci beaucoup Héloise.
RépondreSupprimerPour Prévert : qui sait, peut-être connaissait-il le poème de Pernette ? Il ne serait pas le premier homme à s'inspirer d'une femme. J'y reviendrai...
Oui, j'aime bien cette émission qui propose des lectures, certes un peu estampillées "littérature officielle" (Proust, Balzac, Céline ...) mais qui ne peuvent pas faire de mal !
RépondreSupprimerPas comme certaines émissions de la même radio contre laquelle je suis en rogne depuis.
PS: Je me rends compte qu'on écrit "de PiZan", désolée ...
A Héloise : ne t'excuse pas pour "Pisan", moi je l'ai toujours écrit ainsi, autrefois. Les allemands l'écrivent avec un "z" et maintenant Wikipédia. Du coup, je suis la nouvelle tendance. Mais je n'avais pas remarqué que je l'avais écrit autrement que toi.
RépondreSupprimerDans l'émission Pernette du Guillet a seulement été citée, malheureusement, J'aimerais bien savoir quelle poème ils auraient choisi. Mais les autres (d'Anna de Noailles, par exemple), les chansons, Yourcenar, Chédid,...tout...Super.
Et puis mon poème d'Anne de Marquets y était ! Normalement je pioche mes femmes de lettres dans un livre allemand dont il n'existe pas de traduction (alors qu'il ne parle que de francaises) : "Salon der Autorinnen" de Margarete Zimmermann. Avant de le lire, je n'avais jamais entendu parler d'Anne de Marquets.
Joli portrait et beau poème ; morte à 25 ans, on imagine ce qu'elle aurait pu donner si elle avait eu 20 ans de plus pour rimer !
RépondreSupprimerGentille et vertueuse, sans doute, rimailleuse, indubitablement !
RépondreSupprimerA Hypathie : oui, c'est vrai. Malheureusement une effroyable épidémie de peste a sévi en 1545 avec des morts en masse, de Genève à Boulogne-sur-mer, de la Lorraine à Aoste, ce fut l'enfer à ce que j'en sais. Le dernier fils de Francois Ier y a succombé également. Vraiment dommage qu'elle ait été dans le lot !
RépondreSupprimerA Tania : rimailleuse et guillerette !