lundi 31 mai 2010

Neuf preux et neuf preuses

Au XVIe siècle, on comptait au nombre des merveilles du monde la chapelle des Marquis du Castello della Manta à Saluces sur les murs de laquelle s'étale l'immense fresque du XIVe siècle dite des neuf Preux et des neuf Preuses. Les preuses ainsi représentées sont les reines : Sémiramis (de Babylone), Thomyris (des Massagètes), Teuca et Déiphylle , les Amazones : Penthésilée (reine des Amazones),Ménalippe, Lampétho, Hyppolitè et Cinopé. Les preuses sont d'habitude représentées en guerrières casquées portant l'armure et brandissant armes et écus armoriés. Cette imagerie des femmes fortes avaient beaucoup de succès en ce temps et on en trouve d'autres représentations un peu partout dans le monde chrétien. Dans cette fresque, on a attribué aux marquis et aux marquises de Saluces un preux ou une preuse censé être leur pendant moral. A propos du terme "preuse" : Au XVIe siècle, il ne serait venu à l'idée de personne de laisser les mots célibataires et tous les noms quels qu'ils soient et quelle que soit la fonction qui s'y associait, avaient leur féminin : l'abbé, l'abbesse, le bailli, la baillive, le maire, la mairesse, le connétable, la connétable, le peintre, la peintresse, le poète, la poétesse, l'empereur, l'emperesse (l'impérator, l'impératrice), etc... même si la femme ainsi nommée ne l'était souvent qu'en tant qu'épouse. Depuis qu'il est prouvé scientifiquement qu'Eve ne saurait avoir été créée à partir d'une côte d'Adam, le sexisme a quitté le domaine de la science pour s'en prendre à la langue et éradiquer ses formes féminines là où certaines fonctions alors simplement représentatives sont devenues bien réelles. A ce propos "La Papesse" de Sönke Wortmann (2009) est un excellent film sur le génie féminin et sa difficulté à en faire profiter le monde.

mercredi 26 mai 2010

Catharina van Hemessen

En dehors de Levina Teerlinc, on pouvait trouver aux Pays-Bas, de nombreuses femmes peintres au XVIe siècle. Surtout à Anvers. Albrecht Dürer raconte dans son "Journal de voyage aux Pays-Bas" comment il achète une enluminure à une certaine Susanna Gerhard, fille de l'enlumineur Gerhard, tant il est frappé (lui, le grand maître!) par le talent de cette jeune fille. Il ne nous reste rien de cette Susanna Gerhard, pas même l'enluminure achetée par Albrecht Dürer. On ne sait pas non plus ce que sont devenues les oeuvres de toutes ces flamandes qui ne signaient souvent pas leurs peintures. On suppose que bon nombre d'oeuvres signées par les pères ayant eu des filles pour leur succéder proviendraient d'elles. En tant que disciples, elles cédaient au maître cet honneur, sauf Catharina van Hemessen qui non seulement signait en toutes lettres mais écrivait "Caterina de Hemessen pingebat (peignit en) 1548", en surtitre de ses toiles plus un commentaire en latin. Ici : son autoportrait avec sa signature en toutes lettres et l'inscription "Beatis sua es?".

Metteuse en scène

A.R. est une metteuse en scène internationale d'opéra, polyglotte, qui a même sévi en France, il fut un temps. J'ai eu le bonheur de voir un spectacle mis en scène par ses soins et j'y ai pris beaucoup de plaisir. Cela se passait dans un théâtre anglophone de Berlin où sont intégrés des comédien.ne.s atteint de trisomie 21. On remarque d'ailleurs que "metteuse en scène" ne se prononce guère... alors : jouons donc à le caser dans les conversations le plus souvent possible, ainsi, on s'habituera à l'entendre. Pour le moment, on trébuche sur la dénomination comme s'il s'agissait d'un barbarisme. Où est le barbarisme, exactement ? Que les "puristes" ne me l'expliquent pas, merci. D'ailleurs, on dit bien "entremetteuse"...et là, il n'y a personne pour protester.

lundi 24 mai 2010

Levina Teerlinc


A propos du XVIe siècle : Levina Teerlinc qui a peint ce portrait d'Elisabeth Ire (âgée de treize ans), était LA peintre officielle de la cour d'Angleterre, succédant ainsi à Hans Holbein le Jeune. Je me demande pourquoi son nom nous est à ce point inconnu. Une peintre officielle de cour à l'époque de la Renaissance devrait laisser une empreinte indélébile aussi bien dans l'Histoire que dans l'histoire de l'art. Or, des oeuvres d'Holbein, il ne doit à peu près rien nous manquer, tandis que des oeuvres de Teerlinc, ne nous est pas parvenu grand chose : quelques miniatures et ce portrait, et encore, certains jurent qu'il est d'UN autre. Trop beau, sans doute. Comment on appelle cette démarche qui consiste à effacer les oeuvres féminines de l'histoire ? Le gynéhistoricide ?

samedi 22 mai 2010

Non loin du festival de Cannes 2


Ci-contre, le décor : une rue de Londres dans la seconde moitié du XVIe siècle.
Comme on s'en doute, il n'y a rien derrière.
Croquée sur place, coloriée chez moi.
Juste une critique : la gadoue est un poil trop travaillée (impossible de circuler là-dedans).

Pas si loin du festival de Cannes

En même temps que le festival de Cannes bat son plein, ailleurs, se fabriquent fébrilement des films à venir. Ci contre un de mes croquis effectués sur le tournage d'"Anonymous" de Roland Emmerich aux studios Babelsberg. Interdit de photographier, OK, mais pas de faire des croquis. Ici : Melle H. en costume d'époque. "J'espère que personne ne s'imagine que j'ai des hanches pareilles !" s'inquiète t-elle à cause du jupon extrêmement capitonné de plis énormes à droite et à gauche de son bassin (et aussi derrière). Habillée de cette facon, on a l'impression d'être en permanence assis sur un coussin. Mais pour bouger, il faut empoigner et tenir à bout de bras ces tonnes de tissus dans lesquelles on se prend les pieds à chaque pas. Aber nein, meine Liebe, on a tous compris que c'est ta jupe ! Ouf, la voilà soulagée. Comme quoi, au XVIe siècle, on faisait déjà suer les femmes avec la mode.