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dimanche 20 février 2022

Marie de Maupeou, naturopathe

  Née vers 1590, décédé vers 1681, Marie de Maupeou, dite Mme Fouquet, connaissait la médecine des simples et obtint, en la pratiquant, des cures merveilleuses. Les gens de cour aussi bien que les pauvres la réclamaient à leur chevet. La reine Marie-Thérèse elle-même lui dut la vie, en , lorsque, après des couches difficiles, elle avait été prise de convulsions infectieuses dont les médecins avaient désespéré de la sauver.

Durant sa vie, Mme Fouquet se refusa toujours à publier ses recettes mais, après sa mort, son fils Louis Fouquet, évêque d'Agde, les réunit dans un petit volume qui connut une grande vogue : Les remèdes charitables de Madame Fouquet, pour guérir à peu de frais toute forme de maux tant internes qu'externes, invétérez, et qui ont passé jusques à présent pour incurables, expérimentez par la même Dame… (Lyon, Jean Certe, 1685).

C'est le livre de naturopathie le plus célèbre de l'époque. Il est réédité seize fois jusqu'en 1740.



Le cratère vénusien Fouquet a été nommé en son honneur.


Dom Alexandre Nicolas défend les remèdes que les livres de médecine naturelle dont celui de Marie de Maupeou préconisent : 

"On s'attend bien qu'étant composés d'ingrédients communs, et même dégoûtants, ils seront méprisés et rejetés par les riches et par les personnes qui affectant en tout des airs de grandeurs, même jusque dans l'usage des remèdes, n'estiment que ceux dans lesquels il n'entre que des drogues rares, venues de Indes et à grands frais, et dont cependant très souvent l'effet le plus sensible est de vider leur bourse sans leur rendre la santé, pendant que les gens du commun se guérissent promptement et parfaitement des mêmes maladies par des remèdes simples et familiers, que leurs médecins n'osent souvent pas leur proposer, ou par crainte de blesser leur vanité et leur délicatesse, ou de passer eux-mêmes pour des médecins à remèdes de bonnes femmes, car c'est ainsi qu'on les appelle pour les rendre méprisables, quoiqu'il arrive tous les jours que des malades, après avoir usé très longtemps et inutilement des compositions les plus pompeuses de la médecine, sont guéris promptement par un remède indiqué par un paysan ou une femmelette".


On ne s'étonne pas dans ces conditions que de tels ouvrages aient encouru la condamnation condescendante d'un Tissot : "Je n'ignore pas que l'on a déjà quelques ouvrages destinés pour les malades de la campagne qui sont privés de secours ; mais les uns, quoique fait dans un bon but, produisent un mauvais effet ; de cette espèce sont tous les recueils de remèdes sans description de maladie, et par là même sans aucune règle sûre pour l'application, tel par exemple que le fameux recueil de Mme Fouquet, et quelques autres dans le même goût".  


Lu dans Se soigner autrefois, médecins, saints et sorciers aux XVIIe et au XVIIIe siècle, par Francois Lebrun.


Rien n'a changé depuis. Le soin par les plantes, n'apportant aucun profit,  est sans arrêt critiqué et réprimé. En 2019 dans toute l'Allemagne, les nombreuses herboristeries des villes et des campagnes ont été fermées de force. Nous ne le savions pas encore mais il s'agissait de promouvoir la médecine de Pfizer et autres marchands de nouvelles technologies destinées à modifier les gènes "dans le but de guérir des maladies". Dernière thérapie à la mode, coûteuse et douteuse. Hors de question que les herboristeries tenues essentiellement par des "bonnes femmes", d'ailleurs, leur fassent de l'ombre. 

vendredi 5 avril 2013

Mariam Al-Ijliya, mathématicienne

Piqué sur un blog (à la suite d'une info d'Hypathie) :

Astrolabe

Salam alaikoum,
Je me suis intéressée cette fois-ci à une femme qui a vécu au 10ème siècle et qui a marqué son époque par sa contribution dans le domaine de l’astronomie: Mariam “Al-Astrolabiya” Al-’Ijliya.
Mariam fabriquait des astrolabes. L’astrolabe est un instrument qui permet de représenter le mouvement des astres sur la voûte céleste mais aussi de calculer l’heure.
LivresD’après ce que j’ai pu lire, elle n’est mentionnée qu’une seule fois dans les archives historiques de la civilisation musulmane. Cette mention, on la doit à un érudit et un bibliographe, Ibn Al- Nadim qui est l’auteur du Kitab al-Fihrist, le premier index complet qui recense l’ensemble des livres écrits en langue arabe jusqu'au 10e siècle.
Mariam “Al-Astrolabiya” est citée dans la section VII.2 du livre qui présente des informations concernant les mathématiciens, ingénieurs, fabricants d’instruments…etc. Al-Nadim y répertorie alors une liste de 16 noms de personnes dont “Al-’Ijli al Astrulabi” et sa fille Al-Astrolabiya.

Mariam Al-’Ijliya est issue de la tribu des Banu ‘Ijl qui elle même fait partie de la tribu des Banu Bakr qui a donné son nom à la région de Diyarbakir, une ville du sud-est de la Turquie.Alep
Mariam Al-Ijliya vient d’une famille d’ingénieurs et de fabricants d’instruments qui a prospéré entre le 9ème et 10 ème siècle. Comme son père et de nombreux ingénieurs, elle a été l’élève d’un certains Bitolus, qui était un fabricant d’astrolabes très connu. Elle a exercé son métier à la cour du Khalif Abbaside Sayf al-Dawla qui a régné de 944 à 967 à Alep.

Malheureusement, il n’y a pas assez d’écrits sur la vie de Mariam Al-’Ijlya. J’aurais tellement voulu connaître les obstacles qui ont parcouru sa route, comment est-ce qu’elle est arrivée à exercer son métier à la cour? Et surtout, comment est-ce qu’elle a géré le défi d’être la seule femme ingénieure de son époque. De ce que j’ai pu trouver, je peux simplement m’imaginer qu’elle devait avoir une forte volonté. Je reste donc sur ma faim. J’ai voulu écrire sur elle malgré le peu d’informations parce que son métier et son domaine de compétence sont jusqu’à aujourd’hui dominés par les hommes. J’ai donc trouvé très intéressant de savoir que dans l’histoire de la civilisation musulmane, une femme (et une seule d’après les archives) a réussi cet exploit de marquer son époque par ses compétences d’ingénieurs.





(Sur un autre blog l'astrolabe est comparé à un GPS :)

Mariam « Al-Astrolabiya » Al-Ijliya vécu au Xe siècle à Alep, en Syrie et était une célèbre scientifique qui a conçu et construit des astrolabes. Le père de Mariam était apprenti chez un célèbre fabricant d’astrolabes à Bagdad et elle devint à son tour son élève. Ses dessins faits à la main était si complexes et innovants qu’elle fut employée par le gouverneur de la ville, Sayf Al Dawla, à partir de 944   jusqu’à 967 après JC. Elle marqua l’histoire pour ses créations de génie (bien qu’il existe peu d’écrits sur sa vie ou ses travaux)  et son surnom A-Astrolabiya lui a été attribué car elle fut la seule femme à servir cette profession.
astrolabe4
Les astrolabes étaient des instruments permettant de représenter le mouvement des astres sur la voûte céleste et donc de déterminer les positions du soleil et des planètes, de sorte qu’ils ont été utilisés dans les domaines de l’astronomie et de l’astrologie. Ils ont également été utilisés pour indiquer l’heure mais également dans la navigation pour trouver la latitude et la longitude.
Très utile également pour trouver la qibla, et pour déterminer les heures de prière ou le nombre de jours des mois lunaires, un astrolabe était fondamentalement un GPS-smartphone médiéval ! Très esthétique, cet objet était un véritable bijoux de technologie en son temps.

samedi 16 mars 2013

Bon anniversaire Caroline Herschel !

Caroline Herschel 

Caroline Herschel est une grande astronome germano-britannique. Elle est née un 16 mars
en 1750 à Hanovre.
Caroline Herschel est la première femme connue à avoir découvert une comète et représenté la Voie Lactée.

Un cratère lunaire porte son nom.

Je n'ai malheureusement pas le temps d'en écrire plus aujourd'hui.
Néanmoins, bon anniversaire à Caroline Herschel !

vendredi 21 décembre 2012

Sophia Brahe, astronome, médecienne, chimiste, horticultrice, alchimiste, astrologue, généalogiste





Scientifique du 16/17e s. très connue en Scandinavie, Sophia Brahe (ou en fr. Sophie Brahé) naquit en 1556 à Knudsturp au Danemark, la dernière de 10 enfants. Elle eut pour père Otte Brahe rigsråd (conseiller) du roi du Danemark ; et pour mère Beate Bille Brahe, gouvernante de la chambre de la reine Sophie. Le célèbre astronome Tycho Brahe, de 10 ans son aîné fut son frère. Sophie l'assista dans ses observations astronomiques, en particulier en 1573 lors de l'éclipse lunaire qu'il y eut cette année, et l'aida dans le travail qui a posé les bases du calcul contemporain de l'orbite des planètes. Ceci se passait dans  l'observatoire d'Uranienborg, sur l'île danoise de Hveen. Tycho écrit qu'il initia sa soeur à l'horticulture et à la chimie mais qu'il ne lui enseigna pas l'astronomie. Il est fier de mentionner qu'elle apprit l'astronomie par elle-même, étudiant des livres en allemand, et en faisant traduire d'autres du latin avec son propre argent afin de pouvoir les comprendre. Le frère et la soeur n'était pas seulement unis par la science, mais par le fait que leur famille n'approuvait pas cette activité qu'elle considérait comme inappropriée à leur condition. Tycho parle avec admiration de l''animus invictus' (âme invaincue) de sa soeur. C'est elle qui le poussa à résister à la pression familiale.
Elle épousa Otto Thott en 1576, à l'âge de 19 ou 20 ans, il en avait 33, et eut un enfant avec lui avant qu'il ne meurt le 23 mars 1588. Son fils,  Tage Thott, naquit en 1580. Après la mort de son mari, Sophia géra leur propriété de Ericksholm, jusqu'à la majorité de leur fils. Durant cette période, elle se consacra à l'horticulture, en plus de ses études de chimie et de médecine. Les jardins qu'elle créa à Ericksholm furent d'une beauté exceptionnelle et unique dans cette partie du monde. Concernant la chimie et la médecine, Sophia s'intéressait plus particulièrement à l'enseignement de Paracelse, pour lequel de petites doses de poisons servent à la fabrication de puissants remèdes.
Elle effectua ce genre de préparations pour ses ami.e.s, les gens de sa classe mais aussi les pauvres sans contrepartie financière.
                                             

Elle aida parallèlement son frère (de 1588 à 1597) à établir des horoscopes.

Le 21 juillet 1587, le roi Frédérick II du Danemark signa un document octroyant à Sophia Brahe les titres de la ferme de Årup qui est actuellement en Suède (les Danois ont occupé longtemps le sud de la Suède), sans doute en récompense de ses nombreux talents.
Elle rencontra un certain Erik Lange, avec qui elle étudia l'alchimie. En 1590, elle se lia avec Lange. Malheureusement, il avait usé une grande partie de sa fortune pour ses expériences d'alchimie, si bien que leur mariage fut repoussé et pour éviter les créanciers, Lange partit pour l'Allemagne où il essaya de trouver des "sponsors". Tycho Brahe écrivit lors de cette séparation le poème Urania Titani, comme si c'était une lettre de Sophia à son fiancé. En 1599, Sophia rejoignit Lange à Hambourg, mais ils ne se marièrent pas avant 1602. Le mariage eut lieu à Eckenförde (une petite ville d'Allemagne du nord que je connais bien). Ils y vécurent longtemps dans une extrême pauvreté. Sophia écrira à sa soeur Margrethe Brahe qu'elle a été obligée de porter un justaucorps troué pour son mariage et Lange un costume de location. La lettre de Sophie exprime sa colère contre sa famille qui n'accepte pas ses études scientifiques, et la laisse intentionnellement sans argent. Vers 1608, Erik Lange s'installe à Prague, où il mourra en 1613.
Vers 1616, Sophia rentre au Danemark et s'installe à Helsingør. Elle passe les dernières années de sa vie à rédiger les généalogies des familles nobles danoises, publiant la première version en 1626. Son oeuvre est encore considérée aujourd'hui comme la plus importante source historique sur la noblesse danoise. Elle meurt à Helsingør en 1643 et est enterrée à Kristianstad.

jeudi 15 mars 2012

La mère de la médecine féminine

Parler de la médecine du XVIe siècle aujourd'hui peut paraître ridicule si l'on ne met pas de côté l'idée reçue qu'elle serait essentiellement lacunaire et rien d'autre. Or il est nécessaire d'avoir constamment à l'esprit que certaines connaissances ont belle et bien été perdues du fait de la persécution des herboristes et "sorcières" et d'autre part même si l'on ne possédait pas l'attirail technique d'aujourd'hui on se doutait bien qu'il y avait des microbes qui transmettaient les maladies même si l'on n'était pas en mesure de les voir. On ne sait pas exactement qui a inventé le microscope mais sa capacité d'observation des "animalcules" comme on appelait à l'époque les microbes ne se développa que dans la seconde moitié du XVIIe siècle et cependant même les Grecs les avaient pressentis.
D'ailleurs la connaissance du phénomène de la contagion est tout à fait perceptible dans cette lettre de Marguerite de Navarre à Anne de Montmorency en automne 31, période où la peste ravage l'Ile-de-France :
"elle [Louise de Savoie, sa mère ainsi que celle de François Ier n.d.l.r.] a eu assez bonne nuit et dit que si elle se trouve demain ainsi, elle partira, ce de quoi sont d'opinion tous nos médecins et ceux de Paris, car le danger est ici si grand, que je n'ose écrire au Roi ni à la Reine, ni à vous, de peur que ma lettre se sente de l'air".

Fichier:Trotula of Salerno.jpg

La médecine est donc bien antérieure aux technologies contemporaines et soigner les gens a été possible sans elles. Pour ce qui est de la médecine au féminin, la mère de la médecine généraliste féminine et de la gynécologie féminine est sans conteste Trotula de Salerne qui la pratiqua de la fin du XIe s. au début du XIIe.

Le terme de "Trotula" désigne aujourd'hui les trois textes écrits par elle : Les Maladies des femmes, Traitements pour les femmes, et Soins cosmétiques pour les femmes.

Dans Les Maladies des femmes, elle prôna entre autres l'accouchement sans douleur grâce à l'opium (cf. Trotulae curandarum aegritudinum mulierorium ante et post partum (traitement des femmes malades avant et après l'accouchement)).
Au Moyen-âge, puis à la Renaissance, les scientifiques tentèrent de la faire passer pour un homme, refusant l'existence d'une femme médecin et l'église catholique refusa ses techniques dites « maudites » puisque la volonté de Dieu était celle de l'enfantement dans la douleur (« dans la peine tu enfanteras des fils », Genèse, 3.6).
Elle pratiquait la césarienne et fut la première personne à recoudre le périnée en cas de déchirure. Elle développa même un moyen pour prévenir ces déchirures.

Dans le Traitements pour les femmes, elle jeta les bases de la médecine féminine (De passionibus mulierum curandarum, Trotula Major, son ouvrage fondamental). Elle y dressa la liste des traitements pour les différentes affections dont pouvaient souffrir les femmes (ainsi d'ailleurs que quelques problèmes de santé masculins). On y trouve peu d'explications sur les causes du problème de santé et ce sont les soins à donner qui sont d'abord et avant tout décrits. Les problèmes abordés sont variés, allant du coup de soleil à la stérilité. Les remèdes font souvent appel à des mélanges d'herbes et d'épices. Les traitements recensés trouvent leur source dans la tradition orale des régions méditerranéennes.

Dans Soins cosmétiques pour les femmes (De Ornatu Mulierum, L'Ornement des dames), elle décrit des techniques pour blanchir les dents, purifier la peau, s'épiler, et colorer les lèvres. Ce texte est plus court que les deux autres. Beaucoup des soins qui y sont décrits sont d'origine musulmane.

Trotula de Salerne fut l'une des premières à considérer l'hygiène, une alimentation équilibrée, l'activité physique comme des éléments importants pour la santé et à prévenir les gens contre le stress.

Par contre on ne sait pas quelles sont ses apports directs à la médecine généraliste parce que ce que l'on ne se serait jamais permis avec un Galien ou un Avicenne, on se l'est permis avec Trotula : modifier et compléter son encyclopédie au fil des ans. Ben oui, c'était rien qu'une femme, hein !

lundi 8 novembre 2010

Louise Bourgeois, obstétricienne




Louyse Bourgeois naît à Paris en 1563, de parents aisés. Elle épouse un chirurgien des armées du roi, ancien élève d'Ambroise Paré, Martin Boursier, le 30 décembre 1584. De cette union naîtra cinq enfants.
Les guerres civiles (guerre de religion) viennent troubler le bonheur des Boursier et les précipitent dans la gêne. Louise décide d'apprendre le métier de sage-femme. Son mari lui ayant donné les premières notions d'anatomie, elle se met à étudier Ambroise Paré. Elle écrira :

"Une honneste femme qui m'avoit accouchée de mes enfans, qui m'aymoit, me persuada d'apprendre à estre sage-femme*, et que si elle eust sceu lire et écrire comme moy, qu'elle eust fait des merveilles, que le cœur luy disoit que si je l'entreprenois, je serois en peu de temps la première de mon estat (...). "

Louise pratique cinq ans dans les milieux humbles avant d'être reçue jurée au Châtelet le 1er novembre 1598. Le mérite porte toujours ombrage, et ce ne fut pas sans difficultés qu'elle obtint ses grades. Le jury de réception se composait d'un médecin, de deux chirurgiens et de deux sages-femmes. Louise Bourgeois : « Les deux sages-femmes étoient la dame Dupuis et la dame Peronne ; elles me donnèrent jour pour aller les trouver ensemble, elles m'interrogèrent de quelle vocation étoit mon mary ce que sachant, elles ne vouloient pas me recevoir, au moins madame Dupuis, qui disoit à l'autre : Par Dieu, ma compagne, le cœur ne me dit rien de bon pour nous ! Puisqu'elle est femme d'un surgean (chirurgien), elle s'entend avec ces médecins comme coupeurs de bourses en foire ; il ne nous faut recevoir que des femmes d'artisans qui n'entendent rien à nos affaires. Elle me disoit (la dame Dupuis) que mon mary me devoit nourrir sans rien faire ».
Elle obtient néamoins le diplôme et les trois années qui suivirent, Louise exerce dans tous les milieux de la capitale.
En 1601, la reine Marie de Médicis est enceinte. Le roi avait désigné la Dupuis comme sage-femme mais il déplaisait fort à la reine d'être assistée par celle qui avait accouchée la maîtresse du roi. De recommandation en recommandation, Louyse devient l'accoucheuse de Marie de Médicis. Elle est si appréciée qu'elle sera la première à se voir octroyer le droit de porter un chaperon de velours (1606), insigne de sa charge, alors que les deux sages-femmes de Catherine de Médicis n'avaient eu droit qu'au collet et à une chaîne d'or. A la naissance de son sixième enfant, Henri IV lui fait une pension de trois cents écus.
Le 29 mai 1627, Marie de Bourbon-Montpensier, épouse de Gaston d’Orléans, frère du roi, meurt en donnant naissance, après un accouchement laborieux, à la Grande Mademoiselle, Anne-Marie d’Orléans. Une autopsie est pratiquée par les chirurgiens en présence des médecins du Roi ; selon leur rapport, des morceaux de placenta sont restés dans l’utérus ; ils accusent la sage-femme de négligence. Louise Bourgeois riposte par un petit livre " Apologie de Louise Bourgeois, dite Bourcier, sage femme de la reine mère du Roi, et de feu madame", Paris, Mondière, 1627, où elle défend ses connaissances et son savoir-faire.
Louise Bourgeois est la première sage-femme qui ait écrit des livres sur sa pratique, en donnant des conseils d’hygiène obstétricale et en montrant la nécessité d’une déontologie professionnelle.
"Observations diverses sur la stérilité, perte de fruict, fécondité, accouchements et maladies des femmes et enfants nouveaux naiz" (publié à Paris chez A. Saugrain en 1609 (dédié à Marie de Médicis puis chez Melchior Mondière en 1626 et 1642).
- "Instruction à ma troisième fille, qui a choisi et élu l’art d’être sage-femme, et qui peut servir à toutes autres, où se peut voir plusieurs choses remarquables sur divers sujets, même pour les accidents qui arrivent par quelques sages-femmes, et par le choix indiscret des nourrices, et par l’indiscrétion de plusieurs jeunes femmes grosses. Et l’erreur qui peut arriver sur le jugement de la grossesse d’une femme", Paris, 1609.
"Récit véritable de la naissance de Messeigneurs et Dames les enfants de France" Paris, M. Mondière, 1626, dans lequel se trouvent des anecdotes sur la naissance de Louis XIII et des autres enfants d'Henri IV.
- Puis en 1635 elle fait paraître "Recueil des secrets de Louise Bourgeois". Enfin du même auteur parut en 1689 "Le chemin frayé infaillible aux accouchements, qui servira de flambeau aux sages-femmes le tout enrichi de diverses figures".
Louise Bourgeois meurt à Paris en 1636.
Le souvenir de la mort malheureuse de la Duchesse d'Orléans, survenue en mettant au monde celle qui allait être la Grande Mademoiselle, devait pourtant plus tard inciter Louis XIV à appeler auprès de Madame de Montespan et de Madame la Dauphine le chirurgien Clément. Le règne des accoucheurs, jusque là écartés pour des raisons de décence, commence.

(*Dès 1560, les sages-femmes sont rattachées au Collège de Chirurgie, qui leur décerne un diplôme après un examen passé devant les maîtres de cette corporation).