vendredi 30 novembre 2012

Ecce virgo in utero*

J'ai bien des femmes historiques à présenter, des textes anciens à retranscrire et je ne suis pas à court d'idées de billets mais il faut que le sujet soit en accord avec mes pensées du moment. Or j'ai lu avant-hier en Une du Tageszeitung qu'une certaine Mitu Khurana lutte en Inde pour empêcher le génocide de filles qui y fait rage.
D'après l'article, on assassine plus de filles en Inde qu'Hitler et Staline n'ont fait à eux deux tuer de gens au cours de leur passage sur cette terre !
En fait, il ne s'agit pas que d'avortement, ce que j'avais cru tout d'abord. Les bébés sont étouffés à la naissance ou plus tard (trois mois, six mois ou plus) au vu de leur sexe. Sur cette vidéo une femme se vante d'avoir assassiner huit filles à elle seule. Elle l'a fait pour conserver son mari, apparemment.
Mitu Khurana pour sa part, enceinte de deux jumelles, a été menacée et maltraitée, poussée dans les escaliers par le père de ses filles qui tentait de provoquer une fausse couche chez sa femme parce que cette dernière refusait d'avorter. Elle se cache, elle a peur pour elle et pour ses filles qui ont pourtant 8 ans aujourd'hui !
Lorsqu'elle a été poussée dans les escaliers, elle s'est plainte à la police qui n'a pas vu le problème et rétorqué qu'elle n'avait qu'à faire un garcon à son mari. Point barre.

Il s'agit pourtant d'homicide volontaire. Il y a aujourd'hui dans le monde un pays où l'homicide est non seulement autorisé et considéré comme normal mais OBLIGATOIRE ! (Comme Patrick Bruel et sa prostitution obligatoire, voir ici).
Il s'agit donc d'homicide obligatoire comme sous Hitler et Staline, les étalons de la barbarie universelle.
Hypathie en avait parlé ici mais je ne pouvais pas le lire, c'était trop insupportable.
J'ai besoin de repères. Et ce massacre odieux me paraissait trop dur à intégrer dans mon réel.
Mais il s'est produit un déclic à la lecture de la réponse qu'a faite Emelire à un commentaire où je citais Mitu Khurana et les avortements de filles (omettant de parler des meurtres) : "C'est effectivement fou de voir que l'avortement peut être à la fois interdit même si la mère a été violée, ou imposé si la mère attend des filles... toujours l'utérus des femmes exploité par les machos de la planète".

Oui, c'est cela même. L'utérus est un organe que les machos colonisent de toutes les manières  qui leur passent par l'esprit et ils ne manquent aucunement d'imagination dans ce domaine. Et si les utérus sur pattes que nous sommes  engendrent des filles, le fruit de leurs entrailles n'est pas béni.
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Prenons d'ailleurs ce concept de Vierge tel qu'il nous est enseigné par la religion chrétienne : autrement dit Marie dite l'Immaculée Conception. Cette Isis revisitée par le machisme des deux derniers millénaires :

en quoi ce concept peut-il bien être utile à la société ?

Dans l'histoire de la Vierge Marie, nous avons celle d'une femme lambda qui se voit déposséder du jour au lendemain de la liberté élémentaire de se faire engrosser par qui elle veut. À peine adolescente, un ange lui apparaît soudain pour lui annoncer qu'elle va être enceinte. Il n'est absolument pas question qu'elle dise non. Elle a été élue par le Tout-Puissant, un homme devant lequel tout le monde plie, les femmes les premières. Cette élection est donc un honneur. Elle est censée ressentir de la joie.
En fait, il aurait pu s'agir d'une esclave dans un harem qui s'est fait chercher par l'eunuque de service (l'ange) parce que le pacha tout-puissant l'a remarqué entre toutes et que c'est sur elle qu'il a jeté son dévolu pour engrosser quelqu'une. "Tu es bénie entre toutes les femmes" dit l'ange Gabriel.

Et cerise sur le gâteau, si elle ne peut choisir le père, elle ne peut pas NON PLUS avoir le plaisir d'une grossesse à suspens sur le sexe de l'enfant surtout si elle se promet une fille. Après tout parmi les femmes qui se reproduisent, ne sont pas rares celles qui souhaitent se retrouver elles-mêmes dans leur enfant et se réjouissent d'engendrer une fille plutôt qu'un garcon. Là, Marie n'a pas droit à la surprise. Qu'elle le veuille ou non l'enfant sera mâle.

À la suite de quoi, Marie reste vierge tout en engendrant. Mais de quoi donc reste t-elle vierge ?
Elle reste vierge de tout désir personnel, vierge de choix propre, vierge de l'attente d'un enfant au sexe originellement indéterminé, vierge de toute auto-détermination, vierge du non-viol. Ce n'est pas qu'elle reste vierge avec un hymen qui n'aurait pas bougé de place, non ! Elle reste vierge parce que réduite à un néant humain, une poche à petits mâles, un utérus.

Voilà le sens "théosophique" du mystère de la virginité de Marie tel que les théologues ne l'enseignent pas.

* ecce virgo in utero habebit et pariet filium (voici que la vierge concevra et enfantera un fils).

mardi 27 novembre 2012

Réfléxions personnelles sur NDDL et la mégalomanie des puissants


Le pouvoir = la force semble toujours mener un jour ceux qui le/la possède à détruire ce qui n'est pas à leurs yeux de force égale, soit à perpétrer des infanticides, des féminicides, des animalicides et des naturicides. Tant que les moyens technologiques de ces fous étaient limités, ils cantonnaient leur destruction au niveau du matériel humain et animal : bébés, jeunes vierges, animaux (en quantité astronomique) et accessoirement hommes qui ne correspondaient pas à leurs critères de masculinité. Ils appelaient cela sacrifier aux dieux.
Et la nature, ils la sacrifiaient allègrement aussi mais elle restait la plus forte.
Les plus grandes défigurations de paysage connues d'époques anciennes sont les pyramides. On peut aimer les pyramides mais reconnaître tout de même qu'empêcher toute vie sur des surfaces gigantesques qui sont faites pour la recueillir à seul fin de conserver des morts, dépasse l'entendement.
Mais pas plus hier qu'aujourd'hui nos "pharaons" ne voient le problème.
Parmi ces pyramides notons celles de ce grand chef, un remarquable assassin de jeunes vierges d'ailleurs, qui nous a prédit la fin du monde le 21.12.2012, soit  500 cycles solaires après sa propre exécution qui eut lieu le jour du solstice d'hiver, bien sûr puisque cet humain comme vous et moi passait pour être le représentant du Soleil sur la Terre, la mégalomanie de cet homme de l'espèce primate fut telle qu'il a estimé qu'au Jugement Dernier calculé 500 ans après sa mort, toute vie devait disparaître sur notre planète parce que ce monsieur-là lui même en personne avait été tué et que l'on ne porte pas la main sur un dieu vivant.



Bref, nous  voyons là que la destruction de toute vie obsède ce genre d'esprit à qui a été délégué une puissance bien trop importante.
Ainsi les grandes hégémonies s'accompagnent toujours de réalisations mégalomaniaques : colosses,  colonnes, arcs etc....avec les sacrifiés qui en découlent, et plus un tyran se considère comme puissant plus il y va des réalisations les plus folles au prix du plus grand nombre de vies possibles.
Il est très intéressant de se pencher sur les plans d'Albert Speer pour voir à quoi le Berlin de Hitler aurait du ressembler si l'Allemagne nazie n'avait pas perdu la guerre. Axes gigantissimes, arcs de triomphe partout, constructions monumentales et largissimes qui auraient englouti des hectares et des hectares  de petits jardins ouvriers séculaires encore existants aujourd'hui, déesse soit louée, grâce à la défaite du nazisme. Sauf que ces petits jardins sont menacés aujourd'hui par les spéculateurs, les sbires de ces nouveaux puissants trop puissants. Des hectares de terres arables ont aujourd'hui été massacrés pour la réalisation d'un immense aéroport devant en remplacer deux déjà existants et cela en pure perte car la construction s'avère trop défectueuse pour que la structure soit mise en service.
Il s'agit de l'aéroport de Schönefeld. Il est à noter que "Schönefeld" signifie "beau champ". Cela ne vous rappelle rien ?
Beaucoup d'argent, beaucoup de pollution, beaucoup de tracasseries pour rien car le grand aéroport de Berlin n'est plus qu'un gouffre à fric et il faudra des années et des années de trafic aérien pour rentabiliser les dépenses abyssales qui ont été investies dans un projet actuellement toujours non viable.

L'aéroport est à l'époque moderne ce que la pyramide a été à l'époque antique.
Un symbole.
Un symbole de puissance.
Et qu'est ce que la "puissance" sinon celle de donner la mort ?
Que signifie sinon le mot "puissance" ?
La "culture" serait elle alors synonyme d'expression de l'admiration d'une société toute entière pour le pouvoir de donner la mort ?
Ne devrait-elle pas être tournée vers la capacité humaine à aider ce qui vit à le faire dans les meilleures conditions ?Au lieu de prétexter de ces conditions pour détruire ?
Car la perversité du pouvoir actuel est de détruire en prétendant aider à l'amélioration des conditions de vie de la population. Nous devons croire nous citoyen(ne)s qu'ils massacrent notre Terre pour notre bien. Nous devons avaler cet argument grossier.


Sur ce lien, l'incroyable violence subit par les opposants au projet d'aéroport à NDDL. Mais les opposants aux aéroports inutiles et nuisibles ne sont pas qu'à Nantes....et le/la paysan.ne exproprié.e pour de grands projets mortifères a une longue longue longue longue tradition....jusqu'à la mort finale ?


En 1963, l'aéroport de Nantes-Atlantique qui a reçu en 2011 le trophée ERA Award 2011-2012 du meilleur aéroport européen, prend l'appelation "international", mais dès 1974, on veut déjà construire un autre aéroport pour Nantes. L'ancien ne paraît plus assez confortable à atteindre (confortable à ceux qui l'empruntent quelque fois (une fois par an) soit une certaine classe d'individus), il faut donc saccager le lieu-dit Notre-Dame des Landes.  

Lire l'article de Pierre Deruelle.

Dans l'image de cette Une je crois voir un ensemble phallus-testicules inscrits dans une pyramide.  Mais c'est  à cause de mon esprit mal tourné.

vendredi 23 novembre 2012

Notre dame des Landes, épine dans l'oeil de l'ultralibéralisme

Au XVIe siècle les puissants ayant toujours plus besoin d'argent pour leurs interminables guerres se mettent subitement à en emprunter aux banques.
Leurs banquiers qui sont, en fait, de simples marchands enrichis par la vente de toutes sortes de produits à travers le monde finissent par avoir tellement de pouvoir sur eux qu'ils parviennent à l'aide du peuple à les renverser.
Cette oligarchie de guerriers qui trouvait déshonorant de pratiquer le commerce, est alors remplacé par une oligarchie qui trouve au contraire cette activité extrêmement glorieuse.
Ce changement de pouvoir s'effectuera au moment de la Révolution Francaise.



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La caste des guerriers exploitaient, certes, éhontément le peuple pour satisfaire aux fastes qu'ils pensaient devoir déployer pour témoigner de leur supériorité. Cependant lors de conquêtes pour s'approprier de nouveaux territoires ils exposaient leur vie et restaient souvent morts sur le champ de bataille.
Les marchands qui ne nourrissent aucune valeur guerrière de style courage, honneur et chevalerie ne risquent jamais leur propre vie dans des batailles.
Ils préfèrent créer des lois qui forcent d'autres gens à se faire tuer pour eux.

Ainsi les représentants de cette nouvelle oligarchie ne meurent jamais, bien au contraire, ils s'enrichissent sur la mort des autres et étendent toujours plus leur business, un business sans limite où tout, absolument tout finit par être "marchandiser".

Les guerriers se battaient pour une hégémonie territoriale et leur héros s'appelait Bayard, les marchands se battent pour l'accumulation des richesses et leur héros s'appelle Picsou.

Et les femmes dans tout cela ? Les femmes sont là pour admirer ces divers héros.
Cependant les guerriers vénérait une représentation christianisée de la déesse Isis : Notre-Dame. C'était leur manière de respecter le sol qu'ils avaient conquis car la terre était pour eux aussi importante que la force physique. Notre-Dame c'était la mère nourricière, cette divinité bien antérieure au christianisme que l'on a toujours représentée avec un enfant dans les bras. C'est à dire le symbole de la vie qui donne la vie.

Les marchands n'aiment pas la terre vivante mais la terre morte transformée en pièces d'or et ils veulent éradiquer tout ce qui pourrait encore rappeler l'époque révolue des guerriers. Ils n'ont de religion que le commerce et n'adorent que l'or.

 C'est pourquoi Notre-Dame des Landes leur est une épine dans l'oeil*. C'est pourquoi un lieu qui s'appelle NOTRE DAME DES LANDES, qui unit le nom de la nouvelle Déméter au nom du pays, de la terre, de la "lande"  (en allemand "Land" et en anglais "Land") doit disparaître.

 Mais pour justifier la destruction du site de Notre Dame des Landes en Loire-Atlantique, ils disent "cela créera des emplois". Détruire créé des quantités d'emplois, on le savait déjà en ce qui concernait les guerres. Les emplois c'est facile à créer. Mélenchon disait d'ailleurs un jour à un de ces journalistes domestique de marchands qui l'interviewait "je vais payer quelqu'un pour vous donner des baffes, j'aurais créé un emploi".
La réalité c'est que Notre Dame des Landes doit être transformer en or. Car Ayrault comme le roi Midas veut que tout ce qu'il touche se transforme en or.
Et comme le roi Midas il a des oreilles d'âne.


Mais n'en déplaise à Midas-Ayrault aujoud'hui les Notre Dame se mobilisent et une opération de solidarité entre la Vierge de Biarritz et Notre-Dame des Landes a eu lieu aujourd'hui. (Information et photo empruntées à Hypathie).

Cette photo est très belle. On dirait la statue de la liberté. Protégeons Déméter, Notre Dame de la terre, Notre Dame de la liberté, Notre Dame de l'éternité. Protégeons là de toutes nos forces des marchands et de leur insatiable cupidité.

(En allemand on ne dit pas "épine dans le pied" mais "dans l'oeil" ; ill. n°1 : l'horloge astronomique de la basilique de Gdansk).

Ajout du 24.11.12 :

François Béranger
LE MONDE BOUGE


Mais partout le monde bouge
Mais partout le monde éclate
Là où régnait le silence
Certains font porter leurs voix
Jusqu'aux remparts du royaume
Où l'on n'adore que l'or

REFRAIN:
Vous tout là-haut dans vos bastions
A gouverner cités et nations
Ne voyez-vous pas qu'il est trop tard
Que le monde se fera sans vous ou contre vous

Ils nous disent les censeurs
Que les grèves ne sont que rêves
Les grévistes des rêveurs
Vivant quelques heures brèves
Que les vieilles réalités
Sauront bientôt les briser

REFRAIN

En d'autres temps en d'autres lieux
Des rêveurs de temps meilleurs
Se sont battus souvent sont morts
Contre vos forces innombrables
On sait bien qu'il faudra encore
Mille réveils de larmes et de sang
Dernier refrain:
Vous tout là-haut dans vos bastions
A opprimer cités et nations
Vous connaîtrez un jour l'heure
Où les rêveurs
Viendront pour vous demander raison
De l'oppression 
 

mercredi 21 novembre 2012

Le patient français

Dès 1790, des femmes demandent à s’enrôler dans la garde républicaine. Après la déclaration de guerre (1792), des citoyennes cherchent à faire admettre l’idée que des femmes peuvent être combattantes et plusieurs démarches dans ce sens sont tentées, en vain, auprès de la Convention. Ainsi, en mars 1792, Pauline Léon qui fondera avec Claire Lacombe la société des femmes révolutionnaires républicaines demande l’autorisation pour les femmes de s’armer et de s’entraîner les dimanches au champ de la Fédération sous la direction de gardes françaises ; sa demande essuie un refus ainsi motivé : « Gardons-nous d’intervertir l’ordre de la nature. Elle n’a point destiné les femmes à donner la mort ; leurs mains délicates ne furent point faites pour manier le fer, ni pour agiter des piques homicides. » Si la présence de quelques dizaines de femmes soldats est attestée dans les armées révolutionnaires, une décision de la Convention du 30 avril 1793 les en exclut définitivement comme combattantes.
Comme pour la médecine, les femmes ont été obligées de s'y prendre officieusement. (On n'allait pas armer des femmes des fois qu'elles allaient pouvoir se défendre !).

Aujourd'hui les Femen qui ont décidé de se battre à leur manière qui est de montrer leur corps évitant peut-être grâce à cela le genre de propos machiste auquel a eu droit Claire Lacombe : « Mlle Lacombe n’avait d’autre mérite qu’un assez beau physique. Elle représentait dans nos fêtes publiques la déesse de la liberté. Elle avait, comme Mlle Théroigne, une grande influence dans les groupes. Elle n’avait aucune qualité brillante, mais ses manières convenaient à la masse du peuple. » Oui, car on ne dit pas de quelqu'un qui vous met ses seins sous le nez "elle n'avait d'autre mérite qu'un assez beau physique" ! C'est donc une stratégie qui se défend.
Les Femens se battent contre le sexisme qui se niche tout particulièrement au sein de l'extrême-droite et des catholiques intégristes. Elles se sont exposées, ont pris des coups et sont maintenant blâmées sous prétexte d'imprudence par ceux-là même qui se disent opposés à l'extrême-droite. Les autres font comme si de rien n'était, parlant d'autres choses. Je crois que je préfère encore ceux qui en parlent même si c'est pour les blâmer sauf que du coup ils donnent raison à l'extrême droite.

Mais personne ne fera de rapprochement avec le machisme le plus violent qui sévit en France et le mauvais fonctionnement de son système socio-économique.
Pourtant, à force de se priver toujours et encore des qualités féminines, nous en voyons le résultat.


 
 Cette image orne aujourd'hui même la 2e page du Berliner Zeitung commentant la dégradation de la note française par Moody's, avec ce titre :

"Le patient français"

J'y vois des femmes essayant désespérement de se faire entendre derrière un drapeau national qui les étouffe.

lundi 19 novembre 2012

Digression à propos de catholicisme intégriste

Il paraît que c'est rétrograde d'être choquée par le meurtre de religieuses. Il faut trouver cela gai et joyeux. Il paraît que la mort des un.e.s doit réjouir les autres (voir le 13e com' de mon précédent billet où je me fais traiter de réac). A propos de "gai" ou plutôt gay, le suis très choquée par ce qui s'est passé pour les Femen et Caroline Fourest en marge de la manifestion d'extrême droite contre le mariage gay.


Je suis non seulement choquée mais sidérée. Ceci est la preuve que nous avons bien nos salafistes en France, ils s'appellent "membres de l'Institut Civitas".  

Sur cette vidéo Caroline Fourest se fait frapper au sol à coups de pied par des opposants au mariage homosexuel ! C'est cela le message d'amour et de paix de l'Église catholique ?
Le blog Droite(s) extrême(s) du Monde mentionne la composition du cortège qui a défilé dimanche: «Le défilé de Civitas "contre l'homofolie" s'est ainsi résumé à une grande réunion des familles de l'extrême droite. De l'Action Française au Mouvement national républicain (MNR, ex-formation de Bruno Mégret) en passant parle Parti de la France de Carl Lang, le Renouveau Français, de la Renaissance catholique, l'Alliance Royaliste ou encore de quelques militants du GUD. L'on remarquait aussi le chanteur du groupe de rock Hotel Stella, membre du Bloc identitaire. Il y avait aussi un petit cortège d'une vingtaine de personnes des Jeunesses nationalistes qui détonaient fortement, avec leur look skinhead, du reste des manifestants.»
L'Institut Civitas, qui bénéficie du "conseil doctrinal" de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X (catholiques intégristes, fidèles à l'enseignement de Mgr Marcel Lefebvre), revendique 1.200 adhérents et un réseau de sympathisants d'environ 100.000 personnes.
Il faut savoir que la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X n'est pas loin d'être une sorte d'église réformée schismatique qui va jusqu'à nommer des évêques et des prêtres en son sein sans l'aval du Vatican.
Cela ne fait pas autant de bruit que l'église de Luther en a fait au XVIe siècle mais nous avons là une sorte de nouvelle religion en germination qui à l'inverse du "libéral" luthéranisme favorable au mariage des prêtres, entre autres, souhaite un retour à un catholicisme bien dur et bien obscurantiste qui doit sans doute puiser ses idées chez l'ancienne inquisition espagnole.

Soyons vigilant.e.s.

Les salafistes prônent un retour aux sources fondamentales que sont le Coran et le prophète, en éliminant tout le travail historique des théologiens et des spécialistes de la jurisprudence islamique dans l’histoire, mais également les codifications modernes, l’institut CIVITAS est une œuvre de reconquête politique et sociale visant à rechristianiser la France. Des néo-missionnaires en quelque sorte.  Ou des colons. Il faut dire que le nouveau directeur fut à bonne école. De son nom Alain Escada, il résume son parcours ainsi : "Né à Bruxelles, c'est là que j'ai commencé à militer. J'ai eu le privilège, très jeune, d'être formé par le lieutenant-général Emile Janssens, dernier commandant en chef de l'armée coloniale belge, (...).

Et même sans leurs extrêmes pour l'exprimer par les coups et si possible par le sang, les musulmans, les catholiques (et les juifs certainement aussi) sont tous trois solidaires pour s'opposer au mariage gay. Voir ici ce qu'il en est des musulmans.

Pour sourire quand même un tout petit peu de toute cette affaire, je recommande la vidéo de mauvaise herbe avec Sophie Aram parlant du mariage pour tous.

vendredi 16 novembre 2012

La justice et les femmes, historiquement parlant 4

Sous la Révolution, on a non seulement guillotinée Olympe de Gouges, fessé publiquement Théroigne de Méricourt mais des charrettes entières de femmes innocentes ont été menées à l'échafaud sous les prétextes les plus fallacieux.
On aurait cru que pour éviter de subir l'une de ces chasses aux sorcières qui faisaient rage dans l'Ancien Régime, pour éviter la prostitution, le mariage forcé, les violences conjugales et autre inconvénient d'ếtre née selon la formule de Madame de Grignan (1648-1705) (cette formule ne pouvait être que d'une femme) il aurait suffit aux femmes de s'enterrer vivante dans un couvent jusqu'à la fin de leurs jours pour être épargnées par ces messieurs les politiques/juges/bourreaux assoiffées de sang féminin. Erreur. 

photographie du dialogue des carmélites

Les carmélites de Compiègne sont expulsées le 14 septembre 1792 de leur couvent par les autorités civiles.
Retranchées dans différentes maisons de la ville, où elles poursuivent leur vocation religieuse, priant pour obtenir la fin de la Terreur, les seize religieuses sont ensuite arrêtées les 22-23 juin 1794 et incarcérées.
Condamnées à mort en juillet 1794 par le tribunal révolutionnaire pour motif de fanatisme et de sédition, elles vont être guillotinées l'une après l'autre le 29 messidor an II (17 juillet 1794), sur l'actuelle place de la Nation.

On peut lire les noms de chacune d'elles ici.


 Comme pour beaucoup de cas de massacres injustes émaillant l'histoire, ce fait a inspiré plusieurs œuvres (nouvelle, pièce, film, opéra) appelées pour la plupart Dialogues des carmélites.


Heureusement, la très courageuse Charlotte Corday (dont je recommande la biographie chez Les Femmes dans l'Histoire), à l'instar de Judith tuant le tyran Holopherne, Yaël tuant le capitaine Sisra, Tomyris tuant le tyran Cyrus, Ildico tuant le tyran Attila, et d'autres femmes héroïques tuant des monstres sanglants, se sacrifiera pour tuer le tyran Marat sauvant ainsi de nombreuses vies humaines. Mais l'his story ne la présente pas ainsi, bien sûr.

Les carmélites de Compiègne ne faisaient rien d'autre que de vivre comme elles l'entendaient à l'écart du monde et de sa folie. Qui dérangeaient-elles ? Voilà un massacre gratuit qui signifiait : femmes, vous vivrez désormais sous notre contrôle ou vous mourrez.

Cela n'a pas empêché ces messieurs les révolutionnaires de graver le mot "LIBERTÉ" sur le fronton de la République.


Attention, cela ne veut pas dire que je cautionne le fanatisme religieux et que je suis d'accord avec cette affiche contre l'"islamophobie" (visible au bas de cet article) représentant le serment du Jeu de Paume détourné avec des membres de toutes les communautés religieuses mêlés à des laïques. Affiche qui voudrait nous faire tolérer les femmes voilées dans l'espace publique comme étant un signe de liberté.

(On enferme toujours les femmes au nom de la liberté surtout quand ce mot est prononcé par des hommes de pouvoir).

Non, moi je parle de femmes qui étaient déjà enfermées et à vie même. Je parle de femmes qui ne se reproduisaient pas. Je parle de femmes dont la mort n'aura servi qu'à les transformer en martyres et n'aura pas le moins du monde fait disparaître ni le catholicisme, ni les couvents. Je parle de femmes qui, là aussi, n'ont fait que d'obéir à la loi des mâles pour ensuite se le faire reprocher effroyablement.

Comme avec cette couverture de l'Express qui stigmatise les victimes féminines des prêches de ces immams djihadistes prêts à imposer la charia au monde entier plutôt que de stigmatiser les immams eux-mêmes.

Pourquoi s'en prend-on toujours aux victimes du fanatisme plutôt qu'à ses actants ?

Cette question : pourquoi s'en prend-on toujours aux victimes, c'est toujours la même. Celle que l'on continue à se poser pour le verdict de Créteil.

mercredi 14 novembre 2012

La justice et les femmes, historiquement parlant 3

Je n'ai pas trop le temps de bloguer en ce moment c'est pourquoi ce billet sera un peu bâclé mais je voulais absolument parler du masque de la honte car en ce moment, c'est bien ce que l'on essaie d'appliquer à l'ancienne garde des Sceaux du précédent gouvernement comme je le mentionne ici. Je n'aurais jamais cru défendre un jour cette femme politique-là qui est très loin de correspondre à ce que j'attends d'une femme politique mais le sort qui lui est réservé actuellement par les médias machistes de France et de Navarre me concernant à travers elle, concernant ma liberté de femme et la liberté de toutes les femmes ainsi que notre droit à la protection de notre vie privée, je pense devoir le mentionner.
Aujourd'hui le masque de la honte s'applique avec des mots. Autrefois, il s'appliquait avec du fer.

Ce masque dit "de la honte" était destinée aux femmes ayant commis un adultère.

 Ротенбург об дер Таубер. Музей криминальной истории. Позорная маска - «Шандмаске» - Schandmaske Celui-ci à celle qui avait insulté quelqu'un ou qui parlait trop.
celui-là avec les grandes oreilles à celleux qui avait écouté quelque chose qui ne le/la regardait pas.

KrimMus 6 Pranger




Ici plein d'autres masques.
Les hommes les portaient aussi mais, comme toujours, la parité n'était pas non plus de rigueur dans ce domaine. Car pour les choses hideuses et dégradantes les femmes sont toujours surreprésentées, pour celles qui leur seraient gratifiantes et leur donneraient du pouvoir, c'est toujours l'inverse.

Sur ce blog encore quelques reproductions de masques.

Ici un site qui répertorie les tortures appliquées aux femmes pendant l'inquisition.

Âmes sensibles s'abstenir.

vendredi 9 novembre 2012

Digression à propos de Jean bodin

La diatribe de Jean Bodin contre le médecin allemand Jean Wier m'a inspiré de nouvelles réflexions sur la médecine et sa corrélation avec la chasse aux sorcières.
On observe qu'entre Galien (131-201 ap. J.-C.) et Vésale (1514-1564), il n'y eut aucun grand médecin en Europe (les femmes ne comptant pour rien) et la référence en matière de médecine resta pendant des siècles le "grand Galien" (comme ils disaient). Puis Vésale apparut remettant en cause toutes les théories de Galien y compris ses fameuses histoires de chaleur et de sécheresse qui auraient caractérisé les hommes et de froid et d'humidité qui auraient caractérisé les femmes.
Or, pendant tout ce temps de friche médicale masculine, se perpétua une forte activité médicale féminine, les hommes ayant abandonné ce domaine qui ne leur paraissait pas assez glorieux au profit de la guerre qui le leur paraissait plus.
La médecine s'occupant de la santé du corps, un peu comme la mère soigne le nourrisson, pendant longtemps,  on a trouvé normal de laisser le soin aux femmes de guérir les maladies. On sait qu'à Salerne, l'activité médicale féminine a été remarquable. Cette école a été ouverte par des hommes à partir de la découverte des travaux d'Avicenne (dont je parle plus loin) mais la pratique médicale étant entre temps plutôt devenue une affaire de femmes et surtout de religieuses des couvents (comme Hildegarde de Bingen et son Causae et curae), il n'est pas étonnant d'y avoir vu briller de grandes médeciennes comme Trotula.
L'Europe découvrit donc qu'un certain Abu 'Ali al-Husayn Ibn Abd Allah Ibn Sina que l'on ne tardera pas à appeler par commodité Avicenne, né en 980 en Ouzbékistan et mort en 1037, avait travaillé sur Galien et publié un Canon de la Médecine qui prouvait qu'en Orient on n'avait peu négligé ce domaine au profit des femmes comme Hildegarde de Bingen et Trotula et qu'il pouvait être un fascinant terrain de recherche pour les hommes. Les croisés avaient rapporté le livre d'Avicenne en Europe, où il avait été traduit mais ne bénéficia d'un grand retentissement qu'à partir de l'essor de l'imprimerie ce qui nous amène à la Renaissance.
Avant l'imprimerie, les femmes s'étaient donc appropriées la médecine dans la mesure de leur moyen (j'en parle ici) sachant que le titre de médecin ne leur serait jamais attribué officiellement ce qui n'empêchait pas chacun de recourir à leurs soins si besoin était. Elles allaient bientôt connaître là leur douleur. Comme elles n'avaient pas été censées étudier, leurs pratiques étaient encore fortement teintées de superstitions + imprégnées de rites antérieures au christianisme, ce qui les rendait suspectes aux religieux, bonne aubaine pour s'en débarrasser.
Elles n'avaient eu aucunement accès aux nouvelles connaissances, ce qui a permis plus tard aux inquisiteurs de leur reprocher d'avoir eu parfois recours à des incantations ou autres pratiques désignées désormais comme sataniques que, faute d'avoir été alphabétisées et reconnues comme praticiennes comme cela se serait fait pour des hommes, elles avaient sans doute mêlées à leurs soins.
Après quoi, ces femmes qui, pendant des siècles, avaient servi de médecins sans en obtenir le statut furent du jour au lendemain poursuivies comme sorcières lorsque ces messieurs voulurent se réapproprier un domaine qu'ils avaient depuis si longtemps délaissé !
On voit par là que l'abnégation féminine lui est fatale. Or une femme ne peut pas laisser mourir son prochain pour faire pression sur le pouvoir afin d'obtenir un statut officiel qui la mettrait à l'abri des poursuites. Mais cette abnégation, ce manque de dureté vis-à-vis du patriarcat et des conditions imposées par lui, finit toujours par occasionner d'infinies souffrances aux femmes.     

mercredi 7 novembre 2012

La justice et les femmes, historiquement parlant 2 (actualisé)

On sait que le médecin allemand Jean Wier fut un opposant farouche aux chasses aux sorcières. Le juriste francais Jean Bodin en était un partisan acharné et après avoir lu le livre de Wier écrivit ceci :

Wier calomiant cet article de la loi de Dieu (que la Sorcière meure soudain, Exode 22) n'a pas pris garde pourquoi la loi n'a pas dit le sorcier : car ce n'est pas épargner les sorciers ni les médecins et apothicaires, s'ils empoisonnent, et qui s'entendent beaucoup mieux aux poisons, que non pas les femmes : mais la loi de Dieu a voulu montrer que les hommes sont moins infectés de cette maladie et que pour un homme, il y a cinquante femmes, comme il est dit au proverbe hébreu : plus de femmes, plus de sorciers, c'est à dire merob naschim : merod Ih eschapim. C'est pourquoi Pline dit que les femmes sont excellentes en sorcelleries, c'est à dire, Feminarum scientam in veneficio praevalere : ce qu'il n'entend pas par poison, car il met pour exemple Circé, qui changeait les hommes en bête, ce que tous les poisons du monde ne sauraient faire. Aussi Quintilien (in Declamatio) dit, que la présomption est plus grande que la femme soit sorcière que l'homme, plutôt voleur que la femme : Latrocinium in viro facilius, veneficium in foemina credam. Qu'on lise les livres de tous ceux qui ont écrit des sorciers, il se trouvera cinquante femmes sorcières, ou bien démoniaques, pour un homme, comme j'ai remarqué ci-devant. Ce qui advient, non pas pour pour la fragilité du sexe à mon avis : car nous voyons une opiniâtreté indoutable en la plus part, et qu'elles sont bien souvent plus constantes à souffir la question que les hommes, comme il fut éprouvé en la conjuration de Néron (Tacitus, lib. 14), et après la mort d'Hippias tyran d'Athènes, que les femmes se tranchaient la langue pour ôter toute espérance de tirer la vérité. Et de plusieurs femmes martyres, il y aurait plus d'apparence de dire, que c'est la force de la cupidité bestiale, qui a réduit la femme à l'extrémité pour jouir de ses appétits, ou pour se venger. Et semble que pour cette cause Platon met la femme entre l'homme et la bête brute. Car on voit les parties viscérales plus grandes aux femmes qu'aux hommes, qui n'ont pas les cupidités si violentes : et au contraire les têtes des hommes sont plus grosses de beaucoup, et par conséquent ils ont plus de cerveau et de prudence que les femmes. Ce que les poètes ont figuré, quand ils ont dit que Pallas déesse de sagesse était née du cerveau de Jupiter, et qu'elle n'avait point de mère : pour montrer que la sagesse ne vint jamais des femmes, qui approchent plus de la nature des bêtes brutes. Joint aussi que Satan s'adresse premièrement à la femme, par laquelle l'homme fut séduit. D'avantage je tiens que Dieu a voulu ranger et affaiblir Satan, lui donnant puissance ordinairement et premièrement sur les créatures moins dignes, comme sur les serpents, sur les mouches, et autres bêtes brutes plutôt que sur le genre humain : et sur les femmes plutôt que sur les hommes, et sur les hommes qui vivent en bête plutôt que sur les autres. Joint aussi que Satan par le moyen des femmes attire les maris et les enfants à sa cordelle. Et par ainsi la résolution de la loi de Dieu demeurera, que la sorcière soudain doit être mise à mort, et la calomnie de Wier contre la loi de Dieu et des Magistrats exécutant son mandement sera rejetée. Car Wier est d'accord (lib.2, c.4 et lib.4, c.14 et lib.5, c..9 De praestigiis et saepe alibi) que les sorcières ont communication et paction avec les diables, et qu'elles font beaucoup de méchancetés à l'aide du diable, et néanmoins au livre De Lamiis, il dit tantôt qu'il n'y faut pas croire la confession des sorcières, et qu'elles s'abusent de penser faire ce qu'elles disent, et que c'est la maladie mélancolique qui les tient. Voilà la couverture que les ignorants ou les Sorciers ont prise, por faire évader leurs semblables, et accroître le règne de Satan. Par ci devant ceux qui ont dit que c'était la mélancolie, ne pensaient pas qu'il y eut des Démons, ni peut être qu'il y  eut des Anges, ni Dieu quelconque. Mais tremblent sous sa puissance, ainsi que nous lisons en l'Écriture, (Epistolae Jacobi 2) il confesse aussi par tous ses écrits qu'il y a de bons et malins esprits, qui ont intelligence et paction avec les hommes. Il ne fallait donc pas attribuer les transports des sorciers, leurs maléfices, et actions étranges à la mélancolie et beaucoup moins faire les femmes mélancoliques vu que l'antiquité a remarqué pour chose étrange que jamais femme ne mourut de mélancolie, ni l'homme de joie, ainsi au contraire plusieurs femmes meurent de joie extrême (Pline, Lib.7, Valere Max., Solin.) et puis Wier est médecin, il ne peut ignorer que l'humeur de la femme ne soit directement contraire à la mélancolie aduste(?), dont la fureur procède, soit qu'elle vienne à bile flava adusta, aut a succo melancholico, comme les médecins demeurent d'accord. Car l'un et l'autre procède d'une chaleur et sécheresse excessive, comme dit Galien au livre De atra bile. Or les femmes naturellement sont froides et humides, comme dit le même auteur, et tous les Grecs, Latins et Arabes s'accordent sur ce point ici. Et pour cette cause Galien (In libro de atra bile) dit aussi que l'homme étant d'un tempérament chaud et sec, en région chaude et sèche, et en été tombe en la maladie mélancolique, et néanmoins Olaus le grand, Gaspar Peucerus, Saxo grammaticus, et Wier même est d'accord avec tous les inquisiteurs d'Allemagne, que sous la région arctique, où la mer glace, et en Allemagne, Alpes et de Savoie tout est plein de sorcières. Or, il est certain que les peuples de septentrion, tiennent aussi peu de la mélancolie que les peuples d'Afrique de la pituite (...) 

On remarquera qu'il s'agit là d'une véritable caricature de tout ce que l'on peut lire aujourd'hui comme stupidités appuyés d'arguments scientifiques et de citations de grands hommes.
Ici il s'agit d'argumenter en faveur du meurtre de femmes. D'ailleurs il ne distingue à aucun moment les femmes des sorcières.
De plus on voit que Bodin insinue perfidement que Wier serait lui-même un sorcier pour défendre ainsi les sorcières !
 

Il y en a des pages de cet acabit.

Jean Bodin fait partie des "grands hommes" cités dans l'histoire du droit français et qui ont participé activement à son élaboration. Cela ne dérange point ces messieurs les juristes d'aujourd'hui d'honorer la mémoire d'un tel partisan de la persécution d'on ne sait combien de femmes dans son siècle ainsi que dans les siècles suivants. Que l'on ne s'étonne donc guère d'avoir une justice peu zélée sur la question de poursuivre ou non des crimes de type féminicide comme celui des viols en réunion de Fontenay-sous-Bois.

mardi 6 novembre 2012

La justice et les femmes, historiquement parlant

Tandis que la polémique se poursuit à propos du verdict de Cŕeteil (voir ici), je me permets de rappeler que la justice ne s'est jamais montrée particulièrement amie avec les femmes comme on a pu le constater avec les lois iniques édictées contre elles (voir celle de la nouvelle de Boccace racontée ici), et que par le passé, elle a condamné sans état d'âme quantité d'innocentes à la torture et à la mort. On ne s'étonne donc guère qu'elle ait tant de mal à rendre justice aux femmes aujourd'hui.






En cette période où l'on se déguise, entre autres, en sorcières pour fêter (du moins à l'origine) la fin des récoltes dans les champs, il me faut présenter cet intéressant ouvrage daté de 1655 sur la persécution des sorcières en relation avec le commerce du charbon en Angleterre.
Je n'ai pas bien compris pourquoi il fallait massacrer des femmes pour favoriser le trafic du charbon sur la rivière Tine à Newcastle mais toujours est-il que parallèlement à l'essor


Witches being hanged, from Ralph Gardiner, 'England's Grievance Discovered in Relation to the Coal Trade', 1655


de Newcastle-sur-Tine en matière de négoce du charbon, le magistrat de la ville engagea un chasseur de sorcières écossais nommé Hobson qui dénonça comme étant à coup sûr des sorcières 30 femmes parmi lesquelles furent exécutées les personnes suivantes (dont les noms originaux sont sur cette page-ci) : Matthew Bulmer, Elizabeth Anderson, Jane Hutter, Mary Pots, Alice Hume, Elianor Rogerson, Margaret Muffet, Margaret Maddison, Elizabeth Brown, Margaret Brown, Jane Copeland, Ann Watson, Elianor Henderson, Elizabeth Dobson et Katherine Coultor. Elles n'ont rien confessé et ont toujours clamé leur innocence mais ces pauvres femmes qui n'avaient rien fait, ont été pendues après des épreuves épouvantables censées les confondre comme sorcières, juste sur la dénonciation de ce criminel qui fut ensuite exécuté en Écosse pour avoir touché de l'argent dans toute l'Angleterre et envoyé ainsi 220 femmes en tout à la potence. Mais les vrais coupables, ce sont d'une part ces fonctionnaires publiques qui ont embauché ce genre de personne pour faire un commerce de la persécution des femmes et la justice masculine qui n'a de juste que le nom. Aujourd'hui comme hier.

Le chasseur de sorcières a touché 20 shillings par femme à Newcastle et 3 livres dans le Northumberland. 

Pour celleux qui veulent en savoir plus, tout le texte en anglais est ici.

Ajout : je viens de lire le dernier commentaire de coup de grisou sur mon billet concernant le verdict de Créteil et je trouve que ce post-ci illustre bien l'idée que l'actualité (la justice aussi d'après moi) obéit à la fantasmagorie du moment.

vendredi 2 novembre 2012

Il n'y a pas pires sourds que le serpent enroulé ne puisse frapper

Intéressant de lire dans la presse francaise que le cyclone Sandy n'était pas un géant ! et ne faisait environ que 1000 kilomètres de diamètre ! Dans la presse allemande, au contraire, on peut lire partout que la colère Sandy a été la plus énorme jamais observée au monde avec 3000 kilomètres de diamètre, soit près de 4 fois la colère Irène (l'ouragan tropical du mois d'août 2011) qui n'aurait fait que 850 kilomètres de diamètre.
LES ERINYES
(Les Erinyes pourchassant Oreste après le meurtre de sa mère)


 Les Erinyes, esprits femelles de la justice et de la vengeance, personnifient le châtiment et par delà même le remord.
Elles passent pour être nées des gouttes de sang qui tombèrent sur Gaia (la Terre), lorsque Cronos (le Temps) mutila Ouranos (le Ciel). Leur nombre reste généralement indéterminé, mais le poète Virgile en dénombre trois : Alecto, Mégère et Tisiphoné respectivement «l'implacable», « l'expression de la haine» et « l'expression de la vengeance ».
Appelées "Furies" par les romains, elles veillaient à ce que la vengeance fût en définitive accomplie.
Elles habitaient dans le Tartare,
n'étaient pas soumises à Zeus et se reposaient jusqu'à ce qu'elles fussent de nouveau appelées sur Terre. Les humains les craignaient et les fuyaient.

Elles étaient chargées de punir les crimes pendant la vie de leur auteur. Elles étaient justes mais sans merci, aucune prière ni sacrifice ne pouvait les émouvoir, ni les empêcher d'accomplir leur tâche. À l'origine, les êtres humains ne pouvaient, ni ne devaient punir les crimes horribles. C'est à elle que revenait de poursuivre les meurtriers et d'en tirer vengeance.
Eschyle évoque à maintes reprises les déesses de la vengeance dans son œuvre et va jusqu'à les mettre en scène dans une tragédie portant un de leur nom, Les Euménides.
Pour Eschyle, les déesses de la vengeance sont comme les Moires : elles n'oublient rien et sont aussi inséparables que déterminées. Destructrices des dynasties, elles peuvent rendre les fautes héréditaires et faire expier les générations futures. Aussi le poète les place près de la Justice, s'appliquant à faire cesser tout bonheur illégitime et hurlant sur les demeures des fautifs.


Le terme cyclone, appliqué aux cyclones tropicaux, a été forgé par le capitaine de marine anglais Henry Piddington (1797 – 1858) à la suite de ses études sur la terrible tempête tropicale de 1789 qui avait tué plus de 20 000 personnes dans la ville côtière indienne de Coringa. ce pionnier de la météorologie compara le phénomène météorologique à un serpent s'enroulant en cercle, kyklos en grec, d'où cyclone. photo
(Photo trouvée sur cet intéressant blog. Apparemment, les adeptes d'Eve existent ! Je cherchais à remplacer l'image d'overblog qui n'arrête pas de buguer, c'est comme cela que je suis tombée dessus !*)

Un serpent enroulé ? Cela ne vous rappelle rien ? Le copain d'Eve ? Cette femme qui, à la différence de son mâle, ÉCOUTE les serpents enroulés ?



Sandy n'est-elle pas venue rappeler à l'Amérique qu'elle n'a pas voulu ratifier le protocole de Kyoto ? L'Amérique va t-elle écouter Sandy, la femme-serpent, l'Erinye, le cyclone, cette représentation très antérieure aux religions phallocentrées de l'énergie psychique non manifeste qui sous-tend toute vie ? Le serpent Kundalini, puissante énergie lovée dans le cakra, dont le déploiement conduirait à l'éveil et à la plus haute conscience de soi ?

Comment peuvent arriver à l'éveil et à la plus haute conscience de soi ceux qui n'entendent ni ne veulent entendre ? Ne voient ni ne veulent voir ? N'écoutent ni ne veulent écouter ? Et ne s'occupent que de chiffrer le monde comme si à travers tous leurs actes ils ne savaient que hurler fanatiquement "le capitalisme ou la mort" ?



* Extrait : She, not Adam, was given the assignment to go with the Ancient teacher to learn to "taste the fruit" and develop the ability to tell the difference between: "Good"~ that which would expand life for those on the planet and "Evil" ~ that which would constrict and poison life. Both were on this planet in the beginning.