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dimanche 22 mai 2022

Maria Renata Singer von Mossau, féminicidée

 Dernière victime d'une horrifique chasse aux sorcières dans la commune allemande de Würzburg en Franconie, Maria Renata (Marie-Renée) Singer von Mossau, née en 1679 et morte en 1749, était sous-prieure d'une abbaye de l'ordre des chanoines de Prémontré, un ordre canonial catholique créé au début du XIIe siècle qui s'évertua assez rapidement d'en évacuer les femmes parce qu'il s'agissait de femmes chantant dans des chorales où se trouvaient également des hommes et les choeurs sans distinction de sexe avaient été interdits par le 2e concile de Latran en avril 1139.

                                                                        


Néanmoins un certain nombre de cloîtres de femmes prémontréennes subsistèrent en Allemagne jusqu'à la Réforme (protestante) puis après celle-ci mais en moindre quantité.  

Maria Renata fut placée, à vingt ans, par sa mère, dans le cloître d'Unterzell qui se trouve à Zell sur le Main près de Würzburg. Remarquée pour sa conduite exemplaire, elle fut élevée d'abord au rang de sacristaine (féminin de "sacristain") puis de sous-prieure.

Mais en 1738, l'ambiance changea dans le prieuré et elle fut soudain l'objet de jalousie de la part d'autres nonnes. On lui retira ses chats et on se mit à la rendre responsable d'événements malheureux survenus dans la commune de Zell. Lorqu'en 1744, il fut question de 6 cas de personnes possédées par le démon, on chercha la responsabilité de son côté. Elle aurait rendu ces personnes malades au moyen de potions magiques à base de plantes et de racines (ah les plantes, ces ennemies des psychopathes !) et aurait aussi envoyé à certaines camarades de couvent des esprits infernaux pour leur faire endurer de grandes souffrances. 

Elle aurait été atteinte de somnambulisme, ce que se dit en allemand: "droguée de la Lune" ou "lunatique", ce qui l'aurait rendue encore plus suspecte, la Lune étant elle-même un astre très suspect pour la religion. D'autant qu'une nuit, lors d'une crise, elle aurait frappée une nonne au visage avec une "discipline" (sorte de fouet). En résumé : potions à base de plantes et violence en état de somnambulisme furent très vite suffisants pour faire de la femme qui dérangeait, l'objet d'un procès en sorcellerie. Ces procès-là ayant pullulé à l'époque.

En 1749, elle avoue devant un tribunal de nonnes être une sorcière. Après quoi, elle est déférée devant un tribunal séculier où elle avoue encore être coupable de :

- participation à des réunions avec le Diable 

- pratique de la Magie Noire

- participation à des sabbats de sorcières

- copulation avec Satan

- profanation de l'hostie

- faire apparaître des souris (oui, c'était soi-disant un pouvoir typique de sorcières)




Après quoi, elle est encore entendue par des ecclésiastiques appuyés par des experts de la Faculté de  Médecine. Comme quoi la médecine officielle est toujours l'alliée du pouvoir.

Elle est enfermée dans la forteresse de Marienberg, sur l'emplacement d'une ancienne abbaye fondée en l'an 700 par un père pour sa fille Immina. Maria Renata est condamnée au bûcher mais le nouveau prince-évêque de Würzburg qui n'approuvait pas ce genre d'exécution extrêmement douloureuse pratiquée par son prédécesseur (voir plus bas) fait commuer sa peine. Elle sera donc décapitée et son corps brûlé. 

Sa tête est plantée sur un piquet sur les remparts de la ville de Würzbug pour effrayer habitants et visiteurs. Comme quoi, la peur a toujours été le meilleur outil du pouvoir.

Le dramaturge contemporain Erich Kunkel (né en 1962) en fit une pièce de théâtre intitulée "Maria Renata" qui fut jouée à Würzburg en 2004. 

Avant l'exécution de Maria Renata Singer von Mossau, la plus furieuse des chasses aux sorcières d'Europe a sévi à Würzburg, conduite par le sanglant contre-réformateur et chasseur de sorcières de triste mémoire, le prince-évêque Philippe-Adolf von Ehrenberg (1583-1631). Rien que dans la ville de Würzburg, il fit brûler pas moins de 200 soi-disant sorcières en 4 ans.


                                               (Le corps de Maria Renata sur le bûcher) 


Le mausolée du féminicidaire P-A von Ehrenberg, érigé dans la cathédrale de Würzburg, ne fait pas moins de 2,6 m de hauteur. Comme quoi les assassins surtout féminicidaires continuent à être honorés dans toute l'Europe en "grands hommes". 

Dans les pages de son procès, on peut lire qu'enfant, Maria Renata accompagna son officier de père, dans ses campagnes militaires contre les Turcs (cf. la guerre austro-turque de 1683-1699) en Autriche et en Serbie. Elle a pour ainsi dire été élevée au milieu des camps de soldats qui ont du se faire un malin plaisir de lui raconter toutes sortes d'histoires effrayantes à base de superstitions. Après quoi, à 13 ans, à la mort de son père, elle fut prise en charge par sa mère, devenue veuve, qui entreprit de la reciviliser et de lui apprendre les bonnes manières. Mais, en grandissant, elle se serait mise à fréquenter clandestinement un jeune homme et, avec lui, aurait rendu régulièrement visite à une vieille tzigane qui vivait à l'orée de la forêt. Elle leur aurait montré toutes sortes de remèdes à base de plantes. Un jour, Maria Renata aurait retrouvé la femme morte dans sa cabane, probablement après s'être elle-même empoisonnée avec l'une de ses potions. Ses visites chez cette femme malfamée avec son amoureux secret furent éventées et sa mère fit alors entrer la jeune Maria Renata au couvent des Prémontré pour, encore et toujours, lui apprendre les bonnes manières, je suppose. Elle qui avait, avant cela, un vécu hors du commun, devait se sentir bien marginale au milieu de toutes ces filles cloîtrées, souvent depuis l'enfance, sans avoir jamais seulement un tout petit peu voyagé ni être entrées si peu que ce soit en contact avec la diversité des cultures. Comme quoi il ne fait pas bon être mêlée à des personnes surprotégées ayant une vision extrêmement étroite du monde. Elles ne vous pardonnent pas le champ élargi de votre conscience.

samedi 5 février 2022

Les sorcières étaient-elles le peuple indigène d'Occident exterminé à la Renaissance par les nouveaux tenants de la "modernité" ?

 Dans cette vidéo, la vie en harmonie avec la nature d'un paysan de Haute-Garonne, ses stages de vannerie sauvage, sa maison d'édition de livres sur l'herboristerie et la vannerie, son art de travailler le bois, sa permaculture et ce qu'il dit sur les abeilles libres, la cuisine à base de plantes sauvages, donnent envie de se joindre à lui et de devenir son élève jusqu'à la fin de ses jours. Il témoigne de la ferveur de transmettre ce qu'est une vie hors du fatras industriel et en harmonie avec l'environnement naturel. 

  Sans même tuer de limaces pour préserver ses salades, ce qui m'a remplie de joie, ayant vu l'ami d'un ami tuer, sous mes yeux agrandis d'horreur, ces pauvres animaux qui n'avaient que le tort d'exister et je ne dirai pas comment il s'y est pris mais plus jamais je n'ai voulu revoir cette personne de ma vie. 

Au cours de ce récit filmique que j'ai trouvé dans la timeline de Zoé (et son arbre délicieusement à palabres), un disciple devenu associé pose une très intéressante question. Il se demande où sont nos "Indiens", à savoir les peuples premiers d'Occident, chaque continent ayant conservé peu ou prou ses prédécesseureuses culturel.le.s qui cultivaient une intimité avec le territoire que l'on ne retrouve pas chez nous. En effet, en France, Italie, Espagne, Allemagne, Angleterre, Belgique, Suisse etc, pas la plus petite peuplade retirée dans Alpes, Appenins, volcans d'Auvergne ou Pyrénées ayant conservé des savoirs ancestraux à transmettre aux nostalgiques d'un monde sans high tech ni  nanotechnologies. Rien. Nada. Niente. Nothing.


  On se souvient qu'avant la grande extermination des XVe, XVIe et XVIIe siècle, herboristes et guérisseuses, issues de la période pré-chrétienne, étaient précisement ces femmes (sourcières ?) que l'on a jeté au feu comme de vulgaires détritus après les avoir torturées jusqu'à plus soif afin qu'elles n'aient pas la force de fanfaronner sur le bûcher.  Qu'elles ne lancent pas d'anathème ou prononcent des prophéties comme firent Jacques de Molay le 18 mars 1314 ("Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste chatîment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races !"), Giardano Bruno (euh non, on lui a cloué la langue sur un mors de bois pour le réduire au silence),  Jan Hus, Jeanne d'Arc le 30 mai 1431 (euh non, on lui a masqué le visage), peut-être Marguerite Porète ? Quelques sorciers subirent aussi ce sort mais comme chaque fois qu'une période sombre s'abat sur l'humanité et qu'elle requiert un courage hors du commun, les femmes se montrent plus nombreuses à tenir tête à la persécution. 

 Donc quand il s'agit d'imposer une nouvelle forme de société, on détruit jusqu'à la dernière, les âmes de la résistance et brise les autres par exemple en les obligeant pendant des années précédant l'extermination à se rabaisser en portant un masque qui les asphyxie, à supporter des pénétrations nasales à répétition de préférence en public (en Allemagne, les gens se font farfouiller les narines dans la rue devant une fenêtre ouverte où un cosmonaute à visière monte la garde l'écouvillon prêt à l'emploi), au nom de l'hygiène.

Je cite le passage de ce post sur les barbaries colonisatrices, la colonisation pouvant être pratiquée à l'intérieur d'un même pays : 

Il existe des fondamentaux, des règles à valeur universelle, en matière de droits humains. L'amour des parents pour leurs enfants, leur désir de voir leur famille heureuse, le refus de la douleur physique et de la souffrance psychique, le refus d'être humilié, tout cela concerne les hommes et les femmes de toute l'Humanité. Cela reste vrai même quand on a tout fait pour leur faire croire que nulle autre vie ne puisse exister, ou quand la liberté de s'exprimer est bâillonnée. Etre traité comme un bétail exploitable, c'est à dire déshumanisé, nul humain ne le veut vraiment à l'exception très rare de quelques cas marginaux, de malades ou de peuples trompés, pour un temps, par une habile propagande.

J'aurais personnellement souhaité voir les "sorcières" du nouveau millénaire, tenir tête aux nouveaux inquisiteurs à seringue. Mais les gens debout, ici et maintenant, ne sont pas des défenderesses des droits des femmes, seulement de simples femmes sans culture féministe, le plus souvent physiothérapeutes ou rebouteuses modernes, artistes, infirmières et, intéressant à souligner, un nombre non négligeable de musiciennes. Les hommes sont minoritaires. J'ai entendu l'un d'entre eux se plaindre de la lâcheté masculine qui ferait qu'il se retrouve à être le seul de son sexe dans nos réunions. Si c'est lui qui le dit... 

En réalité, certains regroupements en rassemblent un quart, d'autres un tiers et d'autres encore, surtout quand ce sont des manifestations publiques avec membres de partis politiques, la moitié. 




Ah... au fait : "mon corps, mon choix" n'a plus cours. Tout celles et ceux qui brandissaient ce slogan soutiennent maintenant l'industrie pharmaceutique qui l'a enterré. 

Comme disait Göring à Nüremberg : la seule chose dont un gouvernement a besoin pour transformer les gens en esclaves est la peur. Si vous pouvez trouver quelque chose pour les effrayer vous pouvez leur faire faire tout ce que vous voulez." 


Et j'ajouterais : vous pouvez faire tout ce que vous voulez de leurs slogans, de leurs combats, de leur culture. Vous pouvez faire ce que vous voulez d'absolument n'importe qui s'étant mis en état d'accepter de prendre la peur comme guide.


Mais tout paraît à la foule normal puisque :

« (...) le totalitarisme de la

Nouvelle normalité
— et toute forme de totalitarisme capitaliste mondial — ne peut pas s'afficher comme un totalitarisme en tant que tel, ni même comme un autoritarisme. Il ne peut pas faire état de sa nature politique. Pour exister, il ne faut pas qu'il existe.

Par-dessus tout, il doit gommer les traces de sa violence — la violence à laquelle en fin de compte toute politique se résume — et il doit nous apparaître comme une réponse essentiellement bienveillante face à une [soi-disant - NdT] légitime « crise sanitaire mondiale ». (Source)


                                               Oursins, Delphine Grandvaux

Conclusion: nous nous dirigeons à grands pas vers une nouvelle société plus technicisée qui, pour s'installer, va nécessiter une nouvelles éradication d'"indigènes" (l'humain 1.0). À moins que nous souhaitions l'empêcher, mais alors il va enfin falloir sortir de l'Ignorance et comprendre l'Histoire.

samedi 29 janvier 2022

REBRÛLER L'ÂME DES SORCIÈRES

Hier j'étais auprès d'un feu de bois en plein air que nous avons pris l'habitude d'organiser, nous autres bêtes noires du camp du Bien. Le BIEN étant maintenant de suivre les desiderata de gouvernements corrompus mais assimilés à des saints à la faveur d'une pandémie totalement fortuite, cela va de soi et Honni soit qui mal y pense. Certain.e.s qui furent autrefois nos ami.e.s nous exècrent. Leur haine est dictée par la peur de mourir véhiculée par les médias.

Le lien entre semblables est rompu grâce à une ingénieurie sociale tellement au point que des gens autrefois censés n'y voient que du feu, justement. 

Le phallus a contre-attaqué avec talent et menace plus que jamais la vie sur Terre, en particulier celles des femmes, grâce à des méthodes vertigineuses de perversion. Malheureusement les féministes contemporaines poursuivent sans sourciller leurs combats habituels avec leurs méthodes habituelles COMME SI DE RIEN N'ETAIT et malheur à celles qui voient des bitocrates gigantaux (mais non homologués) se cacher derrière les petits bitocrates bien connus et estampillés. 

Tout en s'émerveillant de la danse changeante des flammes au gré du vent, nous, bêtes très très noires, donc, et telles le Cadichon de la fable de La Fontaine, responsables de tous les maux, y sommes allé.e.s de nos souvenirs d'enfance de feux de bois et c'est ainsi que j'ai appris qu'au Maroc, à la fin du ramadan, on fait de grands feux pour REBRÛLER L'ÂME DES SORCIÈRES. Des fois que l'âme des sorcières n'auraient pas vraiment brûlé et reviendrait en ce monde. 

Cette info m'est venue d'un citoyen allemand d'origine marocaine qui s'est dépêché d'ajouter qu'en ce qui le concernait, il savait bien que les sorcières n'étaient que des herboristes et des guérisseuses mais qu'enfant, il n'avait pas été en mesure de se pencher sur la question. 

Je me suis alors livrée à des recherches sur internet mais, mis-à-part que dans le monde musulman et autre, on trouve encore des femmes accusées de sorcellerie, je n'ai trouvé aucune signification à ces feux de fin de ramadan. Il faut dire que la moindre recherche mène tout le temps au co*o*a. Les recherches sur le mot "feu" mènent à l'incontournable "cou*re-feu" mais cela n'a rien à voir avec rien, bien sûr, même si il est déjà impossible de se dépêtrer de cette montée en épingle d'une unique particule devenue le Diable.

 Rien que de très normal.

Comme la particule sphérique à petites pointes (d'après l'image d'Épinal qu'on nous en donne, vue qu'elle est invisible, en fait) est le Diable, Les filles de celles qu'on n'aurait "pas-réussi-à.brûler" comme se proclament féministes vont désormais tenir la torche pour mettre le feu à notre bûcher de supposé.e.s suppôt.e.s du Diable, quand le moment de l'extermination des mauvais.e.s citoyen.ne.s sera venu. Jamais auparavant je ne m'étais sentie si proche des victimes du troisième Reich. Se taire, se cacher, organiser des rencontres clandestines, la peur au ventre, voilà où nous en sommes. En particulier en Allemagne où je vis  

C'est le truc hallucinant que j'ai découvert depuis l'apocalypse en cours : à la faveur d'une manipulation de masse, des personnes d'habitude en lutte contre le système peuvent se révéler d'épouvantables normopathes, pensant nécessaire à leur survie de collaborer activement à la destruction de leurs autrefois semblables.  

"Le tortionnaire ne pourraient faire carrière s'il n'y avait des normopathes pour les justifier" tweetait, il n'y a pas longtemps, @alanloff.

"Les pires dommages proviennent de la majorité silencieuse qui, voulant juste survivre, obéit et collabore à tout". Sophie Scholl en 1929.


*Faut ségréguer pour mieux régner.

 

 Danse de la sorcière par Mary Wigman (1929), une membresse du projet Monte Verità, d'ailleurs.

Mary ne savait pas qu'un jour des "sorcières" masquées, testées, piquées et bientôt marquées du sceau de la Bête tiendraient un jour la torche pour rebrûler l'âme de leurs aïeules.


mardi 24 juillet 2018

Proserpine (actualisée)

Pour revenir à mes anciennes amours : les contes, les mythes et les rites pré-patriarcaux, je publie un extrait de "Pierre Nozière", 1885, d'Anatole France*, tiré d'un chapitre consacré à la ville de Vernon et à sainte Noflette morte au 1er siècle (en 638) :

"[En ce temps-là] ... des tableaux votifs étaient suspendus avec des images aux branches des chênes sacrés. Les humbles dieux des paysans ne s'étaient pas tous enfuis devant le signe de croix et l'eau bénite. (...).
Il fallut beaucoup d'exorcismes pour chasser ces menues divinités. Il subsiste encore aujourd'hui, aux environs de Vernon, quelques vestiges des cérémonies paiennes. La veille du dimanche des brandons, les habitants des campagnes se rendent le soir dans les champs et se promènent sous les arbres avec des falots en chantant quelque vieille invocation. Fidèles sans le savoir à Cérès, leur mère, ces bonnes gens reproduisent ainsi d'antiques mystères et figurent d'une manière encore reconnaissable la déesse qui cherchait sa fille Proserpine à la lueur des feux de l'Etna. Je rapporte les faits sur la foi de M. Adolphe Meyer, le savant historien de la ville de Vernon".

Dans la représentation du Blanche-Neige et les sept nains" de Walt Disney, Cérès est une affreuse belle-mère (la "véritable" mère étant morte... exécutée par la patriarchy ?), femme stérile (il ne faut pas stigmatiser la maternité, quand même !) transformée par elle-même et par magie en la plus hideuse des vieilles et qui cherche sa BELLE-fille Proserpine pour la supprimer (justement parce qu'elle est belle, la valeur humaine des femmes se réduisant désormais à leur beauté donc à leur jeunesse).
                                            (traduction : "prends une bite")

N'est-ce pas l'allégorie de la patriarchy cherchant à supprimer le printemps ?
La patriarchy  sous les traits d'une femme qui empoisonne les pommes et veut mettre fin aux cycles naturels parce qu'ils ne se soumettent pas à sa domination ?
La père-version du mythe de Cérès et Proserpine fait des femmes entre elles, des ennemies mortelles et des hommes, les gardes du corps féminin fécondable. Un chasseur, sept nains, un prince, neuf mecs pour soustraire une jeune fille à une domination féminine. Ok, la fille qui veut échapper au matriarcat doit faire la bonniche pour huit personnes et s'occuper de l'hygiène de mâles pourtant adultes mais n'est-ce pas là son rôle "naturel", poils aux aisselles ?
Et c'est la femme pas jeune que l'on fait passer pour la cannibale de service, mangeuse de coeur humain (alors que dans la mythologie grecque c'est le vieillard Saturne qui dévore son fils). De plus, telle l'industriel Monsanto, elle va jusqu'à empoisonner les pommes.
Le patriarcat invente la mère qui cherche sa fille non parce qu'elle veut la ramener de l'empire des morts où UN HOMME l'a emportée mais parce que c'est elle qui veut sa mort. Ainsi l'homme camoufle le meurtre que lui même a accompli.
Diffamation des femmes.
Le père-vers s'est fabriqué une fausse coupable.
L'enlèvement de Proserpine par Vulcain, divinité souterraine masculine, et représentation du Vieil Hiver, est rayé de la narration. Vulcain est éclaté en sept inoffensifs petits vieux réduits à de gentils hébergeurs d'une adolescente en fuite pour cause de problèmes familiaux générés par la seule mère illégitime "affreusement" dominatrice (une sorcière, quoi).


Mais l'empire industriel Disney est récent. On apprend par Anatole France, qu'avant les deux guerres mondiales qui ont décimé à 90% et intentionnellement la paysannerie pour consolider l'installation de la première industrialisation, il subsistait un culte à Cérès ! Le massacre de la paysannerie l'aura plus efficacement éradiqué que l'Église.
D'ailleurs d'Anatole France nous tenons cette citation : "on croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels" dont l'industriel Disney qui assurait la propagande guerrière.
Pendant toute la durée de la 2e GM, la fabrique Disney a produit plus de 68 heures de films.
Le père-vers qui domina le siècle des guerres mondiales adorait, tiens donc, le "Blanche-Neige" de Disney. Mais Blanche-Neige, , elle commence à en avoir vraiment par-dessus le ruban à noeud-noeud.
Actualisation du 25.7.18 : j'ai appris hier la mort d'Oksana Chatchko, co-fondatrice de Femen et pour moi la meilleure de ce mouvement hétéroclite.
Cela me rendait heureuse de savoir qu'elle existait et sa mort m'émeut terriblement. Cette disparition plus que soudaine représente une perte énorme pour le féminisme.


Oksana était comme le retour du printemps. La divine, divinité, déesse Oksana Chatchko a été comme Proserpine enlevée par le machisme et conduite dans le royaume des mortes d'où elle ne reviendra jamais, comme disparaît le printemps tué par l'industrie et les industriels.

Rest in Power.

*À propos d'Anatole France, je précise que je ne le considère pas du tout comme un auteur pro-féministe, bien au contraire. Il est misogyne, infatué et bigot. Mais les plus grands phallocrates peuvent laisser entrevoir sans le faire exprès dans leurs écrits ce monde qu'ils ont détruit, la manière dont ils l'ont détruit et à quoi il ressemblait AVANT. 
Comme par nostalgie.
 


dimanche 16 août 2015

Tôt ou tard, toute femme indépendante se fait traiter de sorcière

   En guise de petit interlude à la série des artistes allemandes des années 80 : mes aventures dans le Harz.

   J'ai passé quelques jours de vacances dans le Harz (qui n'a rien à voir avec les réformes dites Hartz), ce qui m'a donné envie de faire une note de blog sur cet intéressant endroit.
Le Harz est un massif hercynien (c'est-à-dire très très très ancien) assez étendu qui se situe dans le centre-nord de l'Allemagne (en même temps c'est seulement la petite tache à droite marquée HM de la Rhenohercynian Zone).


   Dès le 10e siècle, des mines d'argent y ont "fleuri" et pour satisfaire aux besoins en énergie (hydraulique) de cette activité extractrice très rentable (minerai d'argent vendu jusqu'au Proche-Orient), y ont été aménagées, autour du 16e siècle, des chaînes d'étangs séparées par des digues et entourées de fossés, le tout en terrasses plus ou moins régulières communiquant entre elles.


 
Le paysage produit par ces modifications humaines est aujourd'hui inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO et décrété réserve naturelle.
   Les plantes des marais, les oiseaux aquatiques, batraciens, etc... y abondent, cotoyant la végétation de moyenne montagne : épilobes, myrtilles, digitales et, bien entendu, épicéas. 
 



  Le Harz est une forêt d'origine préhistorique qui a certainement été le théâtre de cultes païens avant sa proto-industrialisation. Cet exploitation de l'argent coïncide, nullement par hasard, avec l'extension du christianisme, ce culte peu respectueux de la nature et plutôt fâcheusement (hyper)matérialiste. Après l'épuisement du minerai (au 19e siècle) et deux guerres mondiales, cette forêt hercynienne s'est vue soudain coupée en deux par le rideau de fer. Pendant quarante-cinq ans, le Brocken, qui en est le point culminant, a été interdit d'accès et confisqué par l'armée au moyen d'une affreuse station est-allemande de surveillance plantée en plein dessus. Celle-ci est aujourd'hui reconvertie en... hôtel. À côté, un émetteur de radio et de télévision également très moche est installé là depuis les années 30.

Pourquoi le Harz et en particulier le Brocken sont-ils si intéressants ?

D'accord il y a le fameux spectre du Brocken qui mérite d'être signalé, un phénomène qui, paraît-il, a été également observé par Goethe mais, surtout, ce sommet est le fameux lieu dit du rendez-vous des sorcières lors de la nuit de Walpurgis.

Il est inutile de dire que tous les villages au pied de ce mont sont ornés de sorcières, soient en relief sur les façades des maisons, soient en sculptures dans les jardins, en autocollants sur les voitures, survolant (attaché par un fil) les réceptions des hôtels ou campings, etc... Tout est à la sauce sorcière, exemple : les petits pains sorciers de la boulangerie, le chemin de randonnée "la montée des sorcières" avec sa silhouette de sorcière sur un balai, la mode, etc.


     
   On a nommé au 16e siècle sorcières des femmes probablement soucieuses de se retrouver en cachette pour échanger des savoirs devenues interdits ou confisqués par l'Église pour éradiquer toute forme d'opposition à son pouvoir. Des savoirs (et non des dogmes) liés, entre autres, aux plantes.
Aujourd'hui l'Église s'appelle Ultralibéralisme et les sorcières, amoureuses de la nature mais le principe est à peu près le même.
On peut aussi supposer que du point de vue non-chrétien des formations aussi anciennes que le Harz, si l'on se donne la peine de préserver leur authenticité, possèdent un pouvoir régénérant (?) indispensable à la vie que l'on ne saurait trouver ni dans le béton ni dans le bitume.
 
   Il est d'ailleurs intéressant de constater que ce massif provient de la même formation géologique que les Appalaches, le massif Central et le massif Armoricain, entre autres. Une faille traversant le Finistère se prolonge jusqu'à l'extrême sud du Harz. Or ces régions sont réputées pour leurs légendes de fées et de sorcières, en particulier, la Bretagne et le Harz.
Mais que trouve t-on au sommet du Brocken à part un entassement rocheux avec plaque indiquant l'altitude du mont ? Un mémorial à l'effigie du poète allemand Heinrich Heine. Faudrait pas rater l'occasion de parler mâle et il faut vraiment maintenir leur souvenir partout et tout le temps tandis qu'il est important d'oublier les femmes.

  Sinon l'écrivaine Ricarda Huch a écrit un joli texte sur le Harz que l'on trouve dans le livre de Florence Hervé sur les écrivaines et la montagne. Des extraits tirées d'oeuvres féminines, entre autres de George Sand, y sont rassemblées. Mais bien que l'autrice soit française le livre n'existe qu'en allemand. Ben oui, on n'y parle pas mâle alors ça vaut pas.

   D'ailleurs, il n'y a même pas de Wikipédia en français sur Florence Hervé, apparemment féministe, qui a aussi écrit sur Flora Tristan, Marie de Gournay, etc.. et est lauréate du prix des femmes Klara-Zetkin 2011.

   Sinon encore, mais qui donc l'eut cru ? le fléau du Harz est masculin.
Des abrutis n'ont rien trouvé de plus intelligent que de rendre l'étang le plus proche invivable aux mamans grèbes huppées à la recherche de nourriture pour leurs petits, ainsi qu'aux familles de foulques et à quelques paisibles poissons... avant que nous nous en mêlions, ma collègue aventurière et moi. L'occupation vacancière préférée de ces cerveaux plats consistant à faire du slalom assis sur une chaise au moyen d'une télécommande et d'un hors-bord miniature épouvantablement sonore, de temps en temps, l'un d'eux, un peu moins sac à patates que les autres, se déplace en kayak pour disposer des bouées-obstacles à contourner à distance par le télécommandeur affalé dont c'est le tour.
   Après que nous autres, vilaines païennes/sorcières, ayons réussi à faire décamper ce gang monosexué avec un peu l'aide (malheureusement) d'une autorité également masculine (ah lala, j'vous jure), un autre fléau est venu immédiatement combler ce que cette engeance considère, j'en suis sûre, comme du vide. Un pêcheur, ce grand sportif assis, lui aussi, avec ces nombreuses cannes à pêche électroniques qui bipent le moindre pet de poisson a aussitôt pris la place. Presque plus la moindre rive idyllique sans l'un de ces insupportables parasites guettant le moment de prouver sa capacité de prédation. Et ce ne sont même pas des retraités priés par bobonne de cultiver leur flemme au dehors, non, ce sont de très jeunes trou.ucs !
Une activité mascudestrutrice qui se pratique dès le plus jeune âge. Et, pour cela, ils n'ont pas besoin de bave de crapaud. D'ailleurs les mines d'argent du Harz ont également très pollué le lieu avant sa réhabilitation. On ferait donc mieux de jeter l'anathème sur les exploitateurs de minerais et les amateurs de vacarme à coup de joujoux électroniques stupides dont les pêcheurs ne sont qu'un élément parmi d'autres, plutôt que sur les prétendues sorcières. Sorcières dont on ne sait que dire sauf qu'elles se reconnaîtraient soit disant à leur nez crochu, leur bosse, leurs verrues et leur balai volant. Ces détails ne polluent pas et ne font pas de bruit pourtant !
L'activité des mâles à oeil éteint est réellement nuisible mais bien entendu motivée par ce besoin maladif et lamentable de déterminer une bonne fois pour toute qui a la plus grosse...
prise.
 
Et rares sont les sorcières (comme, entre autres : moi) pour les faire déguerpir. À l'heure qu'il est, ils sont encore en train de confisquer les plus jolies plages paludéennes et nous ont déjà oubliées. De plus, il y aurait une plante dans le coin qui éloignerait les sorcières, dit-on, mais, bizarrement, pas les couillosaures. Il s'agit de l'achillée sternutatoire (= qui fait éternuer). Ce qui prouve que la sorcière est une créature sensible, elle, au moins !


   Et, ça alors, tiens, tiens, tiens, cette fleur des marais serait aussi l'une de celles que l'on bénit  le jour de l'Assomption de Marie ! Dans ce lien, il y a la prière en latin qui va avec. Ici, le rite est mentionné au 5e paragraphe. Il y est dit que la tradition est plus répandue en Allemagne et en Belgique qu'en France (où l'on préfère bénir un objet fabriqué par le zôme (-> le bateau)).

Mais n'est-ce pas un peu un rituel de sorcière que de rendre un tel hommage aux plantes ? 

Cela dit, on rencontre également l'herbe aux sorcières dans le même coin où nuisent les tourmenteurs de poissons.  Elle porte encore le joli nom de Circée de Paris. Nous l'avons rencontrée à plusieurs reprises au cours de nos excursions car c'est encore une plante qui aime les zones humides. Les zones humides sont les lieux de prédilection des sorcières qui, comme on sait, aiment les serpents, les crapauds et les salamandres. Et si ce nom était une déformation de sourcières, découvreuses de sources ? Toujours est-il que le Harz leur est clairement dédié.






  À part ça, j'ai trouvé cette citation de l'écrivain gallois Ken Follett "Tôt ou tard, toute femme indépendante se fait traiter de sorcière"...  

 et c'est un homme qui le dit.


                                         (Emmanuelle Béart dans "Manon des Sources")



lundi 15 avril 2013

Une femme à la tête d'un état européen c'est toujours une "dame de fer"

Petit interlude consécutif au décès de Margaret Thatcher et le délire misogyne qu'il a suscité un peu partout. J'ai eu envie d'écrire quelque chose à ce propos et c'est pourquoi j'ai partiellement traduit un article du "Tagespiegel" n°21659 du 14.04.2013 n'ayant pas eu le temps sur un coin de table de le traduire dans son intégralité mais l'essentiel est là.

Titre de l'article : "Encore une sorcière"La haine exprimée contre Margaret Thatcher est aussi de la misogynie (par Moritz Schuller)

"Ding Dong the witch is dead" la BBC a déclaré que la chanson de la comédie musicale "Le magicien d'Oz" ne serait plus joué sur ses ondes parce qu'elle a fait dernièrement assez fureur comme "Thatcher-Hate-Song" (chanson de haine contre Margaret Thatcher).
Dans le même temps le policier anglais Jeremy Scott a été licencié sans préavis parce qu'il a lancé un twitt sur internet comme quoi il espérait que la mort de Thatcher avait été "douloureuse et humiliante". Et le comédien Eddie Izzard a fait ce commentaire au moment des obsèques : "Je pisse sur sa tombe".
Magaret Thatcher a toujours eu beaucoup d'opposants. Du fait de sa politique, ce n'est guère étonnant (...) mais est-ce qu'on jugerait encore Helmuth Schmidt aujourd'hui sur la dureté dont il a témoigné au temps du terrorisme de la RAF ? 
Les opposants de Margaret Thatcher furent avant tout des hommes, cela non plus n'est pas étonnant puisqu'elle était la 1re femme à la tête de l'état. Elle fut (...) une femme qui dut s'imposer sans concession dans un environnement d'hommes.
C'est pourquoi il serait un peu léger de dire que sa politique est seule responsable de cette extraordinaire agressivité exprimée envers elle. La sorcière est la femme dangereuse en soi et ceci est le sous-titre misogyne de la haine dont la première ministresse Margaret Thatcher fait encore l'objet.
À l'époque une politicienne au sommet était une exception à laquelle certain.e.s ont du d'abord s'habituer. Aujourd'hui le contexte est différent, c'est pourquoi une Angela Merkel peut se présenter autrement qu'une Margaret Thatcher. Mais penser que le Teflon de Merkel est plus doux que le fer de M.T. est naif. C'est juste un autre matériel dont la femme politique Margaret Thatcher ne disposait pas encore.   
 
(mol personnel sur cet article : il y a quand même pas mal de journalistes allemands qui désignent Angela Merkel par l'appelation "la chancelière de fer". 
Et à la longue, elle pourrait se mettre à être traitée comme Thatcher que je n'en serais pas autrement étonnée.
Une femme à la tête d'un état européen c'est toujours une "dame de fer", "une sorcière", etc... c'est toujours une menace pour la virilité universelle. Elle est en dehors de "l'ordre naturelle des choses" car elle commande à des hommes, au lieu d'être commandée par eux d'où la misogynie caractérisée qu'elle déclenche. Sur les personnages de femmes fortes dans l'univers de Disney révélateur de cette perception occidentale négative de la domination féminine en général, lire l'article de Paul Rigouste dans "Le cinéma est politique". On comprend mieux le débordement de haine à l'égard d'une femme de pouvoir qui n'a pourtant pas été pire qu'un homme de pouvoir ou alors que l'on me cite lequel a été meilleur qu'elle : Blair ? Chirac ? Aznar ? Berlusconi ? Sarkozy ?).

Ajout du 16.4.13:
 Et puis comme je suis à parler de caricature, je rajouterais celle de "Stern" du caricaturiste autrichien Haderer qui nous montre combien nos hommes politiques ont une valeur morale bien supérieur à toutes ces sorcières, hein :
(Légende : "Hé Capitaine vous allez aussi aux îles Caiman ? Non à Lampedusa".)



:
   
Si la politique de Thatcher était si immonde, pourquoi certains (Nixon) l'ont-ils amorcée et les autres (Blair, Cameron) l'ont-ils poursuivie et la poursuivent encore ? Parce qu'à la tête des états européens aujourd'hui, vagin ou phallus même combat, et illes font la MÊME politique. Alors arrêtez, messieurs, de prendre les femmes pour des réverbères (et de vous considérer vous-mêmes comme des clébards promenés en laisse).

mercredi 27 février 2013

Caliban and the witch - Caliban et la sorcière

Silvia Federici n'est pas connue en France et je n'ai malheureusement pas la possibilité de traduire cette vidéo ni le wiki parlant d'elle. Je les publie tout de même pour la faire connaître et avec l'espoir que quelqu'un.e aura le temps (qui me manque terriblement en ce moment) de faire quelque chose de cette information.


Le livre (Caliban et la sorcière : Femmes, corps et accumulation primitive : édition anglaise, 2004, édition espagnole, 2010, édition allemande, 2012, à paraître aux éditions Senonevero en France en 2013) de Silvia Federici vient donc d'être traduit en allemand.

Ajout du soir avec présentation du livre par Europe Solidaire sans frontière :

La leçon politique à tirer de « Caliban et la sorcière » consiste en ce que le capitalisme, en tant que système économique et social, est nécessairement liée au racisme et au sexisme.
Le capitalisme doit justifier et mystifier les contradictions intégrées dans leurs relations sociales qui le sous-tendent :
  • la promesse de liberté, face à la réalité de la contrainte généralisée,
  • la promesse de prospérité, face à la réalité de la privation massive…
    … tout en dénigrant la « nature » de celles et ceux qu’il a exploité : femmes, sujets coloniaux, descendants d’esclaves africains, immigrants, personnes déplacées par la mondialisation.
Ainsi, au cœur du capitalisme, il n’y a pas seulement une relation symbiotique entre salariat et esclavage, mais nous nous pouvons aussi déceler une dialectique entre accumulation et destruction de formes de vie ; un anéantissement dont les femmes ont payé le prix fort, à travers leur corps, leur travail, leur existence.

Ce livre montre que ce ne fut pas une entreprise facile que de transformer les humains en salariés ou en esclaves, ni d’enfermer les femmes à la maison, soumises à l’autorité des hommes. Federici explique comment et pourquoi s’est produite la soumission de la vie aux lois du marché capitaliste. Son étude fournit les clés pour comprendre la formation du système. Ce travail permet, par la même occasion, de relire l’histoire sous une optique matérialiste, depuis le Moyen Age jusqu’à la modernité : l’émancipation des paysans qui ont survécu à la peste noire, la politique délibérée d’expropriation des terres, le véritable génocide contre les femmes qu’a été la chasse aux sorcières, puis l’imposition de la vision mécaniste du corps humain – autant d’éléments qui nous ont conduit vers une discipline stratégique, où les forces de la nature ont été domestiquées au profit de l’accumulation capitaliste…

De l’émancipation de l’esclavage jusqu’à l’hérésie subversive, un fil rouge traverse l’histoire de la transition du féodalisme au capitalisme. Le triomphe des pouvoirs étatiques et l’émergence de la formation sociale qui finira par prendre le nom du capitalisme, n’ont pas eu lieu sans recourir à une violence extrême. L’accumulation capitaliste primitive a exigé l’écrasement des mouvements plébéiens, urbains et paysans, qui avaient mis en œuvre diverses expériences de vie communale et de répartition des richesses, généralement sous la bannière d’hérésies religieuses. Leur anéantissement a ouvert la voie à l’expropriation, à la formation de l’Etat moderne et à la privatisation des terres communales, à la conquête et le pillage de l’Amérique, à l’ouverture du commerce des esclaves… dans une guerre de grande envergure contre toutes les formes de vie et de culture populaire qui ciblait les femmes, leur autonomie et leur corps, comme un objectif de toute première importance. Leur asservissement devenait un socle indispensable à l’architecture du nouveau système.

À travers son étude de la chasse aux sorcières, Federici, non seulement décrypte l’un des événements les plus indicibles de l’histoire moderne, mais met en lumière un épisode qui est au cœur d’une dynamique puissante de condamnation sociale dirigée sur le corps, la connaissance et la reproduction des femmes. Ce travail suppose également la prise en compte de voix inattendues (celles des subordonnés, Caliban et la sorcière), qui résonnent encore fortement aujourd’hui dans les luttes permanentes contre la violence originelle.

***
Rappelons ce que veulent les femmes : une société sans violences, fondée sur l’égalité. Une société dont le but serait le bonheur de l’ensemble de la population et non l’accumulation de richesses aux mains d’une poignée de privilégiés. Les racines de la violence contre les femmes nous montrent la voie à suivre pour déconstruire ce que le système a installé dans nos sociétés pour soumettre notre corps - et dominer la nature dans son ensemble. Comprendre ses mécanismes nous donne les moyens de restaurer le sens commun, le respect de la vie, la justice, et de fixer de nouvelles formes collectives d’organisation sociale. Voici donc un travail fournissant, enfin, les moyens de comprendre et d’entamer la lutte pour récupérer ce qui a nous été volé...

Silvia Federici est professeur à l’Université Hofstra à New York. Militante féministe depuis 1960, a participé à des discussions internationales sur le statut et la rémunération du travail domestique. Durant les années 1980, elle a travaillé également comme enseignante au Nigeria, où elle a été témoin d’une nouvelle vague d’attaques contre les biens communs, en Afrique.

Sylviane DAHAN
Banyoles, 27/8/2011

Sur des nouvelles du front, une interview de Silvia Federici.

Ajout du 2 mars : pour rendre à Galla Placidia ce qui est Galla Placidia, c'est à Adèle que je dois cette info de première main. Merci à elle ! 
A ce propos, j'ai entré quelques petites modifications dans les dates des représentations publiées sur le billet "Copines" que je viens à l'instant d'actualiser.

mercredi 16 janvier 2013

Les "sorcières" sont recyclables ou comment agrémenter ses loisirs avec d'anciennes martyres


 Ce que nous dit Wikipédia (fr.) de la "sorcière" Anne de Chantraine :

1.Anne de Chantraine (1605 - 17 octobre 1622) est l'une des nombreuses femmes à avoir été accusée de sorcellerie et brûlée pendant la grande chasse aux sorcières du XVIIe siècle. À l'âge de 17 ans, elle est brûlée soit à Waret-la-Chaussée, à Liège, ou en France.

2.Anne de Chantraine est un personnage "jouable" dans Atmosfear, une série de jeux de société interactifs. Elle apparaît comme une sorcière dans presque toutes les versions du jeu, sauf deux, et préside la troisième version du jeu.

Wikipédia (en.) nous donne quelques précisions :

Son père, semi-vagabond, buvait, voulait la mettre au couvent à l'adolescence, elle s'est battue...

Quant au jeu, dans lequel Anne de Chantraine est "playable", il s'appelle cette fois Nightmare/Atmosfear


Voilà le jeu (on peut aussi voir le film du jeu sur youtube) :





Anne de Chatraine apparaît au début dans toute sa beauté d'adolescente de 17 ans puis devient de plus en plus laide et inquiétante puis finit par grogner comme un cochon. À la fin, elle ressemble à la sorcière de Blanche-Neige version Disney mais plus adulte et en relief avec la peau verte.
L'intitulé du jeu est "La Sorcière".
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Sur ce blog on en apprend vaguement plus sur la jeune fille recyclée si sinistrement, il paraît que son seul crime fut d'être rousse.

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On la trouve encore sur le web dans un Quizz intitulé "20 questions de culture générale" (sic)

Question :

Q9. Qui était la 'Comtesse sanglante', qui prenait des bains de sang pour rester éternellement jeune ?
 
   
   
   












LE MARTYRE D'INNOCENTES FEMMES PAR SON GROUPE SOCIAL À UNE ÉPOQUE DONNÉE PROFITE À LA DISTRACTION DES DÉSOEUVRÉS D'AUJOURD'HUI.

Abject....non ?

lundi 14 janvier 2013

Ding Dong The Witch is Dead

Tandis que Miss B., 4 ans et 3/4 est en train de transformer avec des feutres et des crayons de couleurs des garçons en filles sur une page d'exercices des cahiers de la collection "chouette entraînement, maternelle, moyenne section" (ce sont des cahiers d'exercices édités par Hatier dans lequel il y a plus de garçons que de filles, surtout dans des situations actives, et comme j'ai modifié certains de ces dessins trop phallocentrés à mon goût, il a pris à mademoiselle renardelle un grand désir de m'imiter), tout en se livrant, donc, à cette activité hautement féministe (et aussi mathématique parce qu'elle compte les filles et les garçons pour voir s'ils sont en nombre égal avant de redessiner leurs attributs et du coup elle apprend à la fois à compter et à dessiner ! Si c'est pas de la pédagogie, ça !), elle chante joyeusement : "Ding dong the witch is dead, the witch is dead, the witch is dead, ding dong, the witch is dead (etc)". Je me dis dans un premier temps que cette petite futée qui parle déjà deux langues est en train de s'en approprier, en douce, une troisième, avant de prêter attention aux paroles de la chanson : "la sorcière est morte, la sorcière est morte, la sorcière est morte..." (pfff c'est dur le boulot de féministe :( ) Je lui demande, alors, où elle a entendu cela et elle me répond que c'est une chanson du Magicien d'Oz.
Ah oui, en effet. Je ne m'en souvenais pas du tout.

Je sais que les sorcières la travaillent, lui font peur, elle ne sait pas si elles existent vraiment, qui elles sont et quel rôle elles vont jouer dans sa vie. Elle sait seulement que tous les livres, les films, les spectacles en parlent, que l'on se déguise en sorcières à l'époque d'Halloween, qu'elles sont partout dans son monde et qu'une chanson qui se réjouit de la mort de l'une d'entre elles apaise ses angoisses vis-à-vis de cette figure anxiogène.

Les sorcières sont omniprésentes.

Dans toute la culture POUR ENFANTS.
Wicked Witch Wizard of Oz Bookmark
Pourquoi continuons-nous d'apprendre à nos enfants des quantités d'histoires où interviennent des sorcières, alors que nous savons très bien ce qu'il en est de ce mythe et de qui en a fait les frais par le passé ?
En Allemagne, rares sont les gens qui continuent encore à jouer à ce jeu raciste : "Qui a peur de l'homme noir ?" (un ancien jeu d'attrape allemand), mis à part les simples d'esprit que ne voient pas ce que cette phrase a de raciste envers les gens dits "de couleur".

Mais par contre pour les sorcières, pas de problème. Il faudrait beau voir que l'on se passe de contes où elles interviennent !

Je n'ai rien dit à miss B. Je ne peux pas prendre tous les livres de contes du monde et transformer les méchantes sorcières en méchants sorciers (apprentis-sorciers (scientifiques), sorciers qui veulent assassiner des jeunes vierges parce qu'elles sont trop belles (violeurs, prostitueurs), sorciers qui veulent manger des enfants (prêtres pédophiles), sorciers hystériques, jaloux et avides de pouvoir (boursicoteurs), sorciers qui se transforment en dragon (présidents va-t-en-guerre), sorciers empoisonneurs (technocrates des firmes Monsanto, Areva, ...). Je ne peux pas TOUS les redessiner.

Quoique.....

Ceci se passait donc le dimanche. Le lundi, je suis retournée travailler, et là, à propos d'Irlande et d'un certain "Rock of Cashel" dont je ne savais rien, mais sur lequel il fallait que j'écrive quelque chose, je sursautai en lisant ceci sur Wikipédia car cela faisait étonnement écho à mon billet précédent :

"Au Rock de Cashel, lors d'un sermon demeuré célèbre, Maewyn Succat, dit saint Patrick, montra une feuille de trèfle : "Voila la figure de la Trinité sainte». Les figures de triades étaient familières à la religion celtique : le trèfle deviendra ainsi le symbole de l'Irlande. La légende raconte que c'est à ce moment-là que furent chassés tous les serpents du pays, action qui symbolise la conversion du peuple irlandais".


Apparemment ces histoires de serpents que l'on retrouve d'un bout à l'autre du monde occidental et même oriental se rapportent toutes au même culte antérieur au christianisme et qui pourrait bien être celui d'Isis puisque le serpent est l'attribut de la déesse Isis. D'après Hypathie qui a lu le livre de Florence Quentin "Isis l'Éternelle", le culte de cette déesse originaire d'Egypte, a voyagé en suivant les voies commerciales et maritimes, a conquis Alexandrie, Rome, puis l'Europe et l'Afrique du Nord.
L'Europe, donc l'Irlande.

Voilà pour mes aventures passionnantes de ces deux derniers jours.

Ah non, j'ai oublié l'épisode "Hannah Arendt" de ce soir, où le film a été interrompu au bout d'1/4 d'heure et où les gens ont été priés de quitter la salle parce  que le son était dédoublé et qu'apparemment le/la technicien.ne n'a pas pu réparer la panne.
L'Allemagne n'est plus ce qu'elle était, question technique !
Bref, je n'ai toujours pas vu le film !!!!
 

samedi 12 janvier 2013

Maleventum

Benevento est une ville de Campanie en Italie connue comme la "ville des sorcières". Une renommée qui remonte à la domination lombarde et qui se poursuit aujourd'hui grâce au célèbre ouvrage rédigé par l'apothicaire de bénévent Pietro Piperno, "De nuce maga beneventana" (le noyer magique de Bénévent), qui est une très importante source historique.
Les premiers rapports entre les envahisseurs Lombards et les beneventains furent froids. Mais les plus graves difficultés concernèrent les croyances religieuses : les nouveaux venus pratiquaient en effet des cérémonies rituelles qui étaient plus qu'étranges aux autochtones.
Un rituel se déroulait près de la rivière Sabato : quelques femmes hurlaient et sautaient autour d'un noyer auquel pendaient des serpents. Cependant, les Lombards comprirent qu'il était beaucoup plus avantageux d'accepter la religion des béneventains (le christianisme) et abandonnèrent cette pratique.
Les nouveaux maîtres se convertirent en 664 de notre ère.
 Si d'une part cela a garanti une longue et stable prospérité à la ville et (Benevento devint en effet un point de passage pour les pèlerins italiens vers la Terre Sainte), d'autre part cela conduisit à l'abattage du célèbre "noyer magique" par San Barbato. Les "sorcières" disparurent physiquement de la capitale de la Lombardie mineure, mais leur légende devint éternelle.

 (Source)

Je ne sais pas si la personne qui a écrit cet article s'est trompée ou pas et n'a pas interverti les cultes. Car les béneventains étaient d'origine grecque par le premier colonisateur de l'endroit, Diomède, venu d'Argos, un haut lieu du culte de la déesse Héra.
Mais passons.

On voit surtout là encore que le christianisme est directement lié à la destruction des arbres et ne nourrit aucun respect pour ces êtres indispensables non seulement à notre survie mais simplement à notre qualité de vie !*

Bénévent vient de Beneventum (« Bon événement ») mais était nommé à l'origine Maleventum, qui signifie l'emplacement du « Mauvais événement ».  Le Maleventum pourrait bien avoir été la destruction du noyer magique, tiens !

J'aborde ce sujet en écho au billet d'Hypathie qui présente un livre fort intéressant sur le renforcement à travers les âges du si destructeur patriarcat.

*Ajout de 13.h 25. : on a remplacé le culte de l'arbre qui nous apporte, nourriture, boisson et jusqu'à l'air que nous respirons, par le culte de l'"homme" (masculin, essentiellement) comme s'il était au-dessus du vivant, qu'il était l'essence de toute chose et qu'il n'y avait point de "salut" hors de lui. Or le primate est une créature inférieure à l'arbre sur tous les plans de la vie en elle-même.
Aujourd'hui, même ceux qui prétendrent ne "croire" à aucune des religions monothéistes, cultivent des idéologies liées à la supériorité de l'"homme" et parmi ces gens : énormément de femmes.
À celle qui va me sortir qu'avec les croyances new age, il y a des femmes aujourd'hui qui dansent nues à la Lune en Italie, je dirais : est-ce que c'est vraiment moins ridicule que de se pavaner avec une mitre sur la tête et un goupillon en main dans une housse de sofa à décor baroque en invoquant un simili-cadavre sur deux planches croisées ?
Cela dit je ne fais partie d'aucun mouvement new age. Mon "culte" des arbres à moi consistent à les connaître et à les reconnaître. Ce que plus personne ne fait.

Remarquons également que les serpents suspendus à un arbre nous ramène de nouveau à Eve, la femme qui parle à un serpent suspendu à un arbre. Ce qui prouve que ladite Genèse n'est pas la "vraie" Genèse et qu'il y avait quelque chose avant que nous ne savons plus.