vendredi 16 septembre 2011

Poème d'Anne de Rohan (1584-1646)

Je ne sais pas si d'autres personnes ont participé au tag et je crains d'avoir oublié quelqu'un. En attendant de reprendre les recherches (si des participants et des participantes n'ont pas vu leur billet publié ici, qu'elles/ils me fassent signe), je vous livre, un sonnet un peu triste qui convient à mon humeur temporairement morose :


SONNET SUR LA MORT DE SA SOEUR.

Tout m'attriste, chétive, et rien ne me peut plaire.
Ni la beauté des jours, ni la beauté des lieux,
Ni le temps, médecin des maux plus ennuyeux,
Ne saurait soulager ni finir ma misère.

Rien ne sert à mon mal, le parler ni le taire,
Le mal est dans le coeur, qui se lit dans les yeux
Et changeant de séjour, mon ennui soucieux
Ne saurait se changer, quoique je puisse faire.

Je suis comme le cerf, qui, en fuyant, blessé,
Porte partout le trait du chasseur élancé,
Qui cherche le dictame, et en vain se voit suivre,

Lui, plus heureux que moi, peut son mal secourir
Moi je ne puis, hélas ! ni guérir ni mourir,
Mais je vis pour pleurer, et pleure pour trop vivre.


Wikipédia sur Anne de Rohan

Je suis loin d'être aussi triste que l'autrice de ce sonnet mais j'aime les images qu'elle utilise pour parler de la douleur.

8 commentaires:

  1. oh, tu sais combien je suis sensible à cette thématique, je suis en pensée près de toi pour te porter quelques fleurs de bitume, celles qui sont les seules à nous consoler dans ces moments là.

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  2. Ce poème est très beau mais je n'aime pas la fin ...trop résignée , trop passive.
    Je connais hélas cette douleur lancinante et indéfinissable qui ne guérira jamais car après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps , la mort de mes soeurs , de ma mère puis celle de ma fille maintenant m'ont donné encore plus de force pour continuer à vivre .
    J'ai l'impression d'avoir hérité d'une partie de leur âme et mes sensations sont ainsi décuplées . Les choses paraissent plus belles , les sentiments plus profonds .
    Je ressens beaucoup plus la "profondeur" des gens , leurs bassesses leur hypocrisie bien sûr mais pour beaucoup heureusement leur sincérité leur amour et leur amitié aussi .
    Mes priorités ont changé , la carrière , l'argent ,les honneurs ,les jeux je m'en fous , je préfère mille fois contempler la nature , me confronter aux éléments , parler , lire , rire ...en un mot retourner à "l'homo-sapiens" d'origine ,la chasse en moins bien sûr!
    C'est tout le contraire du désespoir . Je vis autant par procuration que pour moi ! C'est une "mission" qui rend plus humble et plus sage aussi !

    Voila ce que j'écrivais il y a encore peu de temps juste après la mort de ma fille . Ca n'a pas changé depuis .
    Si ça pouvait guérir un peu votre morosité Euterpe j'en serais ravi .

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  3. A lucia mel : merci à toi pour les fleurs de bitume. J'ai aussi perdu ma soeur, en fait, sauf qu'elle n'est pas morte, mais je ne sais pas du tout si cela fait plus ou moins mal.

    A coup de grisou : merci à vous. Oui vos mots me parlent et je sais que vous avez raison. Mais le problème c'est la peur de perdre quelqu'un (d'autre) qui s'est installée en vous et revient périodiquement vous tourmenter à propos de celles ou ceux que vous n'avez pas perdu.e.s et que vous espérez ne jamais perdre.
    C'est le sentiment de perte qui est toxique, en fait.

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  4. Comme toi Euterpe j'aime les images de ce poème et le rythme aussi, quand on le lit à voix haute, c'est très mélodique.
    Je sais que tu aimes beaucoup la nature, coup de grisou le dit bien, elle ressource.
    Pour toi spécialement aujourd'hui, un beso fuerte.

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  5. oui, c'est vrai que les choses immuables du monde non-humain sont une source de joie quand on perd l'énergie de vie.
    moi aussi je suis souvent dans cet état dépressif parfois inquiétant voire effrayant : et la simple rencontre d'un moineau fouillant dans les feuilles ou piaillant sur le bord d'une fenêtre me fait retrouver le sourire.

    et puis il y a aussi ce conseil dernièrement indiqué par une personne de bon coeur de ce créer un personnage intérieur qui vous rassure, se soutenir soi-même avec toute la douceur qu'on a pour soi en soi.

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  6. A colo : merci, je suis très touchée #

    A paul : :)

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