mercredi 4 mai 2011

Le film dans lequel Shakespeare n'est toujours pas une femme


Même Zemmour a trouvé "Charly 9" bourré de clichés et d'une bouffonnerie grotesque !

Néanmoins vous n'éviterez aucunement le film bourré de clichés et grotesquement bouffon qui ira avec, comme les deux pièces d'un costume de bouffon coordonné ne sauraient aller autrement que de pair. Alors attendez-vous à l'adaptation (la duplication) prochaine de ce navet car sang + folie (c'est le thème du livre) = recette assurée.

En attendant voilà un autre événement ciné, celui dont je vous parle depuis un moment : "Anonymous", le nouveau film sur Shakespeare dans lequel il n'est toujours pas une femme.
En assistant au tournage de l'intérieur, il aurait été bien difficile de dire à quoi ressemblerait le résultat final mis à part que l'aspect "bourré de clichés" des quelques scènes dont on fut témoin, a même sauté aux yeux des moins renseigné.e.s sur le XVIe siècle parmi les membres de la figuration.
Quant à la bande-annonce, elle a un drôle d'air de famille avec celle d'"Inglorious Bastards", je trouve.

Pour la défense d'Anonymous, je dirais que les acteurs engagés pour les extraits des pièces de Shakespeare montrés dans le film sont de fabuleux comédiens de théâtre entièrement britishs et dirigés par une merveilleuse metteuse-en-scène de théâtre, Anna Foester, que je l'aime bien, personnellement parce qu'elle m'a félicité pour mes joulis dessins.... :)


Donc, dans ce film, Shakespeare n'est ni Amelia Bassano Lanier ni Marie Pembroke. Néanmoins quand je vois l'affiche où il est écrit "WAS SHAKESPEARE A FRAUD ?" je souris en douce car en latin le nom Fraus qui désigne la déesse de la fraude a donné naissance au terme allemand (misogyne, certes) de FRAU qui veut dire femme. Du coup, on lirait presque "WAR SHAKESPEARE EINE FRAU ?" ("Shakespeare était-il une femme ?"). Et oui ! On a beau se donner du mal pour enterrer la femme, il y a toujours une oreille qui dépasse !
Rectificatif : Frau ne vient pas de Fraus mais du vieil allemand frouwe (seigneuresse), néanmoins la fraude qui consiste pour une femme à se faire passer pour un homme, ce qui pourrait bien avoir été le cas de l'énigmatique Shakespeare, est l'exemple même d'un dégât collatérale de la misogynie. De ce fait, les mots "fraude" et "femme" ne sont pas tout à fait étrangers l'un à l'autre.

La bande-annonce est ici (je l'avais d'abord mise dans le billet mais l'image d'une tête sur un billot tirée d'une scène du milieu du film a été placée en bannière pour appâter le chaland de base...alors je l'ai retirée).

14 commentaires:

  1. bonjour Euterpe : je suis donc allé visionner la bande annonce en question.
    ben effectivement ça craint un maximum. c'est sexe obscurité et massacre à toutes les images. là encore on rejoint les multiples observations que nous faisons d'une civilisation s'effondrant dans la médiocrité et la déstructuration psychologique en ne s'inspirant plus que de ce que son "ça" emmagasine et que toute économie de désir tant à réguler de sorte que chacun tente ou puisse vivre en équilibre avec autrui.
    ça rejoint la conclusion d'agnes maillard à propos de la chirurgie génitale.
    pendant ce temps
    des milions de gens se voient appauvrir par des activités dont ils ne perçoivent que des miètes et qui ne rétribuent plus l'économie globale par l'intermédiaire d'un état régulateur, social, humaniste.
    le parallèle que je vois dans tout ça, c'est le retour en force de l'égoïsme et de la tentation de la puissance individualiste sur le monde comme inspiration de toute activité dans le monde.
    et ça
    y'a pas que dans les évangiles que l'expérience humaine l'a stigmatisé comme origine de la destruction du monde.
    quelque part, on retrouve ce thème dans les thèmes des pièces de Shakespeare...

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  2. Bin dis donc, on en apprend des choses : Frau vient de fraude ! Moi qui pensait que la langue française est sexiste à un point inégalé !

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  3. Oui on a droit à toute la panoplie habituelle : massacre, coucherie, décapitation, intrigue, folie...rien d'original. Les fabricants d'images cherchent tous à se surpasser quant à la violence des scènes mais il n'y a aucun contenu ou enseignement humain. Ou bien toujours le même : vive la violence !
    Les producteurs en veulent, car la violence fait vendre et toujours plus parce qu'il y a accoutumance et insensibilité de la part des consommateurs donc il faut augmenter les doses qualitativement et quantitativement.
    Il ne s'agit pas ici de donner aux foules l'envie d'un monde plus humain. Business is business.

    A Hypathie : j'émets quand même des réserves parce que le mot pourrait venir aussi (ou même plus sûrement) de l'ancien allemand "frô" qui voulait dire "seigneur" dont la forme féminine était "frouwe", "seigneuresse". Mais bizarrement la forme actuelle du mot "femme" ressemble à s'y méprendre au latin "Fraus", la déesse de la tromperie...mais peut-être que je vois de la misogynie partout à force ! Ce qui n'est pas étonnnant étant donnée qu'elle se niche dans les endroits les plus inattendues !

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  4. De l'eau au moulin du débat :
    http://www.lemonde.fr/livres/article/2011/05/05/de-quel-sexe-sont-les-ecrivain-e-s_1517166_3260.html

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  5. A JEA : très intéressant article. Merci. Tout y est. Comme si les hommes écrivaient de facon neutre et sans la moindre parcelle de pensée masculine !
    Quant à la réflexion de Houellebecq, elle est digne du pape de la littérature francaise d'aujourd'hui (celle que l'on célèbre, je veux dire) c-à-d de la littérature de fond de bouteille + fond de de cendrier.

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  6. Les hommes portent l'universel : ils nous en ont spoliées parce que nous donnons (ou pouvons donner) la vie et qu'ils en sont (sans doute) jaloux ! Cette obsession se retrouve dans la justification "Mais les femmes, elles ont autre chose !" qu'on nous renvoie quand nous revendiquons les mêmes droits qu'eux. Houellebecq est à la fois misanthrope et misogyne, ce qui est rassurant. Il n'aime personne dans l'humanité.

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  7. A Hypathie : oui c'est pour cela qu'ils veulent absolument recréer l'univers de A à Z, reproduire le Bing Bang originel, fabriquer des atomes qui n'existaient pas, cloner les vaches, faire naître des souris fluos, croiser les plantes avec des poulets, etc, etc...pas moyen de les faire se tenir tranquille cinq minutes et ils n'arrêteront que lorsque la planète aura sauté. Leur jalousie c'est de la psychopathie à ce niveau-là !
    Houellebecq n'aime personne mais il a un tas d'adeptes et d'imitateurs. Les allemands ont fait un film de ses "particules élémentaires", montent "l'extension du domaine de la lutte" au théâtre, bref, un paquet de bonshommes même pas francais l'adorent ! C'est lamentable !

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  8. @ Euterpe : je ne crois pas que la soif de connaissance soit réservée aux hommes, car j'en suis victime aussi. Je ne crois pas être de ces femmes qui font tout pour ressembler au mâle lambda. Peut-être que, mon éducation aidant, je fais plus gaffe à la sécurité que certains hommes. Mais reproduire le Big Bang, si c'est fait en sécurité, ça m'excite, je ne saurais pas te dire pourquoi, mais c'est une vraie envie de savoir. Les souris fluo, si elles ne souffrent pas et qu'il y a quelque chose à gagner pour l'humanité, pourquoi pas.

    S'il y a une différence à trouver entre le scientifique mâle et la scientifique femelle, pour ce que j'en ai vu, il ne vient pas à l'idée du mâle qu'il puisse y avoir un risque dans ce qu'il fait (sinon on le lui aurait dit), tandis que la femelle a toujours peur de faire une connerie (peur qu'elle conjure en se mettant en retrait, en accordant du temps à la formation des jeunes et en faisant des gâteaux).

    Quant à Houelleberk, je me garderais bien d'intervenir sur ce sujet, je me suis endormie sur "Extension du domaine de la lutte". ;-)

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  9. A Kalista : oui mais moi pareil. Je m'intéresse énormément à la conquête spatiale en particulier, à la mécanique quantique et à d'autres sciences, d'autres techniques mais le respect de la vie reste prioritaire. Faire des découvertes c'est un chose, couvrir la planète de centrales nucléaires et de plantes génétiquement modifiées en est une autre.
    Ce que je trouve fou c'est la présomption masculine. Tous ces apprentis sorciers qui sont tellement sûrs de posséder les clés de l'univers !

    Je crois que la femelle n'a pas peur de faire des conneries (enfin elle ne devrait pas) elle a un meilleur sens de l'humilité par rapport à ce qui, malgré toutes nos découvertes, nous dépassera toujours. L'homme est persuadé de pouvoir tout décrypter par la science. Il est sûr qu'on y parviendra un jour. Je ne trouve pas que ce soit réaliste du tout. C'est de la pure mégalomanie.

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  10. @ Kalista : à peu près d'accord sur tout, mais je bloque sur la souris fluo ! "Les animaux existent pour de raisons qui leur sont propres ; ils n'appartiennent pas plus aux humains que les noirs n'appartiennent aux blancs ni que les femmes n'appartiennent aux hommes". Alice Walker.

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  11. @ Euterpe : Tu es sûre que cette présomption n'est que masculine ? Après tout, on n'a jamais donné les clés du pouvoir aux femmes, rien ne dit qu'elles ne feraient pas la même chose. Du moins si elles ont une éducation qui ne les confine pas à des rôles de gentilles mamans...
    Pour le comportement des hommes et des femmes en sciences, je ne peux que te raconter ce que j'ai vu, avec 6 mois dans l'ingénierie (j'me suis barrée vite !) et 6 ans dans la recherche en physique appliquée. Il y a trop peu de femmes dans mon panel pour faire des statistiques, mais c'est tout ce que j'ai. Je suppose qu'en chimie et en biologie où il y a plus de femmes, c'est un peu différent. En tout cas, quel que soit la position de la femme (de la petite stagiaire à la cheffe de département), la différence de discours et d'attitude est frappante : elles n'affirment pas, elles ne s'imposent pas, elles se mettent en retrait. Ca a du bon quand l'humilité est requise, ça permet aux autres de s'exprimer, mais quand il s'agit d'avancer une preuve ça ne marche pas. Les mecs ne montrent pas autant leurs doutes.
    Quant à la mégalomanie, je ne suis pas d'accord. Les mégalomanes existent, et c'est eux qu'on voit le plus. Mais la plupart des scientifiques que j'ai vus (en grande majorité des hommes) savent qu'ils ne savent pas tout et qu'ils ne pourront jamais tout expliquer. Plus on en apprend, plus on voit la quantité de choses qu'on ignore. Pour chaque découverte, dix nouvelles questions se posent. Mais ce ne sont pas ces personnes qui prennent les décisions, hélas, c'est plutôt les mégalos, les inconscients, les égocentriques...

    @ Hypathie : tu as raison, il faut que j'arrive à me dépêtrer de mes délires de geek. ;-)

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  12. A Kalista: oui tu as raison ce sont les mégalos qui se mettent en avant et prennent le pouvoir mais tout le monde est un peu coupable de ne pas les en empêcher finalement.
    Et c'est vrai que les femmes se mettent exagérément en retrait. Je les soupconne de le faire pour complaire aux hommes, pour ne pas leur donner l'impression de leur faire concurrence, ce n'est pas séduisant. Ou alors elles sont convaincues de leur infériorité naturelle. Je ne sais pas ce qui est pire !

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  13. A Euterpe : Oui, nous (je me mets dans le tas, chuis en CDD, j'ose pas ouvrir ma gueule) sommes tous un peu lâches.
    En recherche c'est particulièrement visible : faut faire de la lèche pour avoir un poste, des financements, des bourses de thèses pour payer des gamins talentueux et méritants... Alors on la ferme, on laisse faire, on laisse passer des choses dangereuses, on laisse les gens travailler dans des conditions pas possibles, on laisse des anciens harceler des jeunes... Je rêve de devenir ministre pour faire le ménage là-dedans ! Faudrait déjà que j'aie un poste permanent...
    Quant au comportement des femmes, je pense qu'il y a un peu de tout ce que tu cites. Ca doit être un peu pareil dans tous les métiers où il y a peu de femmes, d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas réjouissant.

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  14. A Kalista : oui, tu n'as pas tort !!! J'ai lu hier cette sidérante info dans le Canard : Ardisson a fait cumuler à l'une de ses plus anciennes collaboratrices, Marion de Blaÿ, 173 CDD en 8 ans !! Qui dit mieux ! Après quoi il l'a virée sans un centime d'indemnité. Voilà comment on traite les gens et spécialement les femmes pour qu'elles se la bouclent. C'est honteux. Dans ces conditions, comment changer le monde, en effet...

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