jeudi 8 mars 2012

Pour le 8 mars, une femme tenace bien que bancale : la duchesse de Montpensier

Je ne la considère pas comme un modèle féminin et elle ne s'est pas battue pour la cause féminine mais elle mérite d'être connue pour avoir été une femme que son sexe n'a en rien empêché de mener une véritable politique d'intrigues et de coups fourrés comme en mène habituellement soit les hommes de pouvoir, soit les femmes riches qui savent s'entourer de communiquants et d'ami.e.s dévoué.e.s eux-même riches et influents dévoué.e.s à leur cause (suivez mon regard).

Voilà donc qui est Catherine de Guise, duchesse de Montpensier, dite pour la moquer "La Boiteuse" :
Catherine-Marie de Lorraine (1552 - 1596), princesse de la maison de Guise est surtout connue sous le nom de duchesse de Montpensier.
Elle est la fille du duc François de Guise et d'une autre femme politique : Anne d'Este, elle-même fille de Renée d'Este et donc l'arrière-petite-fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne. Elle grandit dans un contexte de guerre civile et n'a que 10 ans quand son père est assassiné par un protestant.

Elle est mariée à l'âge de 18 ans à un prince de sang de quarante ans son aîné Louis de Bourbon, duc de Montpensier dont elle n'aura pas de descendance, son mari ayant déjà plusieurs enfants d'un précédent mariage. Veuve dès l'âge de 30 ans, elle ne se remaria jamais.

Affligée d'un boitement du à une malformation congénitale, elle est en butte aux railleries des favoris du roi Henri III.
Sur le plan des rivalités nobiliaires, les Lorraine étant de plus ancien lignage que les Bourbons pourtant prince du sang, elle marque son opposition aux Bourbons.
Sans l'inéquité de la loi salique les Valois seraient restés sur le trône par les femmes et si l'on remonte à plus longtemps les Valois n'auraient pas régné mais les capétiens directs seraient restés sur le trône par les ducs ou duchesses de Lorraine. Ce qui fait du sang de Catherine de Montpensier un sang plus royal que celui des Bourbons.
Sans doute son action politique vouée au renversement des Valois et des Bourbons était-elle motivée par cette conscience de légitimité par la généalogie, très importante à l'époque.

Après la signature du traité de Nemours (1585), le roi envisage pour réconcilier son parti avec celui des Guise de la marier à son favori le duc d'Épernon, mais les différentes tentatives du roi échouent face au refus catégorique de Catherine.

Elle anime dès lors la propagande de la Ligue contre Henri III qu'elle a en détestation et qu'elle diffame dans toute la capitale via les prédications des prêcheurs parisiens avec qui elle est en étroite relation. Elle soutient les ambitions de son frère le duc de Guise et contribue à sa victoire lors de la journée des barricades au cours desquelles la capitale se soulève contre le roi (12 et 13 mai 1588). Elle se dit et est désormais considéré par la Ligue comme la reine de Paris. Elle porte à sa ceinture la paire de ciseaux avec laquelle elle est impatiente de tonsurer le roi (surnommé le roi-moine pour sa bigoterie) qu'elle veut enfermer dans un couvent.

L'assassinat du duc de Guise, huit mois plus tard, attise encore la haine des Guise dont celle de la duchesse à l'encontre du roi. Catherine joue alors un rôle de premier plan dans la révolte en poussant à l'action les membres de sa famille. Elle persuade son frère le duc de Mayenne de venir à Paris prendre la tête de la Ligue.

Quand Henri III est assassiné, le 1er août 1589, Catherine dira en être à l'origine, ce qui n'est pas impossible. Débarrassée "du Valois", elle veut ensuite empêcher l'accession de Henri de Navarre au trône de France. Durant les terribles guerres et sièges de ce dernier contre la ville de Paris de 1589 à 1594, c'est avec les deux autres princesses de Lorraine, sa mère la duchesse de Nemours et sa belle-sœur la duchesse de Guise, que Catherine de Montpensier poursuit la lutte. Toutes trois occupent l'hôtel de la reine. Pendant les états généraux de 1593, elle soutient la candidature de son frère au trône de France.

Mais Henri IV abjure la foi réformée et entre triomphalement à Paris en 1594. Malgré les supplications de la veuve d'Henri III, Louise de Lorraine, sa cousine, le roi n'exerça pas de représailles à l'encontre de la duchesse de Montpensier qui mourut deux ans plus tard à l'âge de 44 ans.

Le personnage de la duchesse de Montpensier a inspiré des œuvres comme :

Les Quarante-Cinq, d'Alexandre Dumas où elle est représentée de façon plutôt sympathique et les tomes IV et V de la série Fortune de France de Robert Merle où elle est représentée de façon plutôt odieuse.

Le mieux est sans doute de lire ce qu'en dit Eliane Viennot dans : « Des « femmes d’État » au XVIe siècle : les princesses de la Ligue et l’écriture de l’Histoire », in D. Haase-Dubosc & É. Viennot (dir.), Femmes et Pouvoirs sous l’Ancien Régime, Actes du colloque de Paris, déc. 1989, Paris, Rivages, 1991, p. 77-97.

7 commentaires:

  1. Bonjour Euterpe, je ne suis ni très inspirée en ce moment pour les coms, ni calée en histoire, mais s'entourer de gens d'influence n'était-ce pas la seule façon d'avoir un certain pouvoir, surtout étant femme?

    Sinon, pour ce jour d'aujourd'hui qu'on aimerait ne plus devoir célébrer mais qui est encore bien nécessaire, j'ai lu ce matin cette phrase de l’écrivaine Maruja Torres:
    "On peut tout changer, en commençant par la base. Avec le mots adéquats, ceux qui n'offensent pas mais qui définissent"
    Belle fin de journée.

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  2. Je tiens la ténacité pour une qualité. Et puis, vu les horreurs qu'on lui a fait subir à cette pauvre duchesse, comme de la marier à ce qu'on considérerait aujourd'hui comme un pédophile, je crois que je n'aurais pas été plus aimable qu'elle et je la comprends. Bravo pour l'érudition et la leçon d'histoire.
    PS Elles boitaient toutes à cause de maladresses lors de l'accouchement ? Ou alors aujourd'hui on a les moyens de rectifier chirurgicalement tous les pieds bots ?

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  3. Oui tu as raison Colo. Mais des fois il est difficile de trouver une définition qui n'offense pas sans la ressentir comme une euphémisme tant on est en colère. Cependant c'est la voie juste à laquelle il faudrait se tenir toujours...oui...hum...belle fin de journée à toi aussi ! :)

    A Hypathie : elle avait du tempérament en tout cas. J'aime bien l'image qu'en donne Dumas et je trouve moche l'image qu'en donne Merle (dans l'ensemble il est assez moche avec toutes les femmes célèbres de l'époque et forge par contre des inconnues superbes, sympas et intéressantes, cequi fait que l'on ne perçoit pas sa misogynie tout de suite).

    Oui elle boitait comme son arrière-grande-tante Claude de France...était-ce congénital ? Il ne s'agit pas dans leur cas d'un pied bot mais plutôt d'une dissymétrie de la hanche. Aujourd'hui on fait faire aux filles des examens des hanches dès la naissance et s'il y a problème on met immédiatement les nourrissons dans le plâtre.

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    1. Je crois que c'est une maladie bretonne ! Dissymétrie de la hanche chez les bébés (je ne sais pas comment j'y ai échappé, il y en avait dans la famille chez des cousins) et chez les vieux, prothèses totales de hanches because usure du cartilage ! On a les meilleurs spécialistes à Vannes dans une clinique, sans rire en plus.

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  4. A Hypathie : et voilà ! Bon sang ne saurait mentir !:)
    En dehors de cette disgrâce, la duchesse de Montpensier était très belle, paraît-il, et avait même de belles jambes. Comme quoi!

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  5. De qui est la tableau ? Parce que franchement, bonjour l'air niais qu'on lui a collé ...

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  6. A Héloïse : il est apparemment d'un certain Léonard Limosin, portraitiste très médiocre, tu as raison, mais bon émailleur, semble t-il.On dirait qu'à la mort de Francois Clouet on ait eu du mal à trouver la relève en matière de portraitiste. Hans Holbein, Francois Clouet, Sofonisba Anguissola et Levinia Teerlinc (je les énumère chronologiquement) furent un peu des exceptions.

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