Nous serons toujours là ! Toujours !

Renée d'Este fut un exemple de courage et de tempérament peu commun au XVIe siècle non plus que de nos jours. Une femme qui lutta pour son émancipation dans la limite de ce qui était possible en son temps.



Ouverte aux idées nouvelles, elle réunit autour d'elle à Ferrare une foule d'hommes doctes, dont de nombreux protestants, venus d'Italie, d'Allemagne, de France, de Genève; elle protégea de nombreux coreligionnaires poursuivis pour leurs idées religieuses. Elle rassembla autour d'elle des réfugiés venus de l'Europe entière, sans manifester pour autant le désir de structurer le mouvement réformé à la manière des calvinistes de Genève.

L'année-charnière de son séjour italien, celle où se déploie son engagement politique et religieux est 1536 : elle reçut Jean Calvin, elle défendit avec succès un chantre arrêté pour ses propos blasphématoires au sortir de la messe, le jeudi de la Cène ; enfin elle fit libérer son secrétaire, Jean Cornillau, emprisonné pour n'avoir pas répondu à une convocation ducale. François Ier intervint en sa faveur et Marguerite de Navarre relaya le bruit, que propageait Michelle de Saubonne, sa dame de compagnie, selon lequel Hercule II (le mari de Renée) cherchait à faire mourir de désespoir et de honte sa femme. Dès 1537, semble-t-il, elle commença à correspondre avec Jean Calvin, qui signait "Charles d'Espeville". Ses livres de comptes, conservés à Turin, témoignent de l'achat de nombreux ouvrages réformés.

En 1554 admonestée par le grand inquisiteur de France envoyé par Henri II, emprisonnée et interrogée (torturée ?) par le jésuite Jean Pelletier en présence de l'inquisiteur local de Ferrare, isolée au Castello, elle renia en apparence sa foi. Mais dès qu'elle fut libérée, elle poursuivit son œuvre plus discrètement, à la déception de Calvin qui aurait voulu faire d'elle "l'héroïne" du parti. La correspondance de Calvin témoigne de sa déception à l'égard de celle qui refusait ainsi de devenir la "vitrine" du parti réformé, à l'époque où sont publiés les premiers martyrologes calvinistes.

Elle ne fut pas la seule femme à avoir été inquiétée, emprisonnée, menacée d'être instrumenlasée pour ses idées mais elle est la plus connue de l'époque étant la fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne. L'adhésion à la religion réformée servit énormément à ses débuts à l'émancipation des femmes, comme cela avait été, 16 siècles plus tôt, le cas avec le christianisme.
Aujourd'hui l'émancipation des femmes n'a plus besoin de tutelle. c'est un mouvement indépendant et qui s'occupe de ses seuls intérêts...ou presque*.


Lu sur le blog d'Emelire : à Bruxelles, un débat sur l'extrême-droite anti-musulmane a été saboté par l'extrême-droite pro-islamiste ! Cherchez l'erreur. On y perdrait certainement son latin mais en apprenant que la personne invitée à prendre la parole à la tribune était Caroline Fourest qui lutte ordinairement pour l'émancipation des femmes et contre ceux qui rêvent de les voiler, on comprend mieux.


Sabotage à l'ULB : des extrémistes contre... von

(Ill. : Renée de France, enfant - par Jean Clouet - musée Condé à Chantilly)

* L'émancipation féminine ou "féminisme" est considéré comme appartenant aujourd'hui à la religion...euh à une mouvance générale plus ou moins floue qui fut appelée à son origine "gauchisme" (avant qu'il en soit un jour éjecté).