jeudi 22 mars 2012

Le sexe féminin selon Ambroise Paré, le père de la chirurgie moderne

Ambroise Paré (v. 1510 - 1590) a écrit de nombreux volumes encyclopédiques sur l'anatomie humaine et fait avancer d'un grand bond l'humanité dans le domaine de la chirurgie. Malheureusement ce "grand homme" n'éprouva qu'horreur pour l'autre sexe de son espèce, celui dont il n'était pas pourvu lui-même. Ce qui le révulsait le plus c'est que ce sexe puisse entrer en érection d'une manière ou d'une autre. L'érection lui paraissant réserver à sa personne et autres mâles. Cette érection lui semblait à ce point insupportable chez la femelle qu'il préconisait l'ablation de ses parties qui prétendent s'ériger au lieu de rester absolument passive comme il se devrait à son avis tellement scientifique. Et il ne s'agit même pas du clitoris....

Bon chirurgien peut-être, mais pour une seule moitié de l'humanité seulement et à condition de ne pas descendre en dessous de la ceinture.

Voici donc la description que l'on trouve dans son oeuvre de ce sexe si abominable, le même que Courbet appela "L'origine du monde" :

"Sa complexion est moyenne entre chaud et humide, froid et sec. Son visage est tel que celui du prépuce de l'homme, c'est à savoir de garder avec les nymphes, que l'air ambiant n'entre en la matrice, de peur qu'elle ne fut réfrigérée. On notera que les labies de ladite partie sont appelées en grec Pterygomata, en notre langues Ailes, et la région ornée de poil. D'avantage faut entendre, que de la partie supérieure descendent deux petits apophyses, & excroissances de cuir musculeux, qu'on appelle nymphes, lesquelles descendent une de chaque côté de l'os pubis en bas jusqu'à l'orifice du col de la vessie, lequel elles reçoivent au milieu de soi, et s'érigent mêmement à aucunes femmes, comme nous lisons, en telle grosseur et grandeur, qu'elles se lèvent pour tenir au coït la partie de l'homme : & pour cela ai ordonné de les leur couper en jeunesse avec grande discrétion, de peur que si on les coupe trop avant, il s'ensuive telle hémorrhagie qu'elle apporte danger de mort ou stérilitié à la matrice par la réfrigération en icelle, à raison de telle amputation. Les récents anatomistes, comme Columbus & Fallopius, outre les parties susdites, ont fait mention d'une autre particule qui est tout au haut des parties honteuses, mêmes sus le conduit de l'urine & conjoint les ailes desquelles nous auront parlé. Columbus l'appelle Tentiginem, Fallopius lui accomode le nom grec Cleitoris, duquel est dérivé le verbe infâme Cleitorizem*. Et pour ce que ladite partie est fort obscène, je renvoie le lecteur à Columbus & Fallopius".

Ambroise Paré (Second livre traitant de l'anatomie de tout le corps humain....)

La partie est trop obscène, donc Ambroise Paré préfère éviter de la décrire et renvoie le lecteur et la lectrice à ce qu'en dit entre autre Fallopius qui, moins dégoûté que son confrère par le sexe féminin, a du moins laissé son nom aux trompes de Fallope.

(Un verbe très "infâme" en effet quand on sait qu'il veut dire "chatouiller" ("kleitoriazein") !)

5 commentaires:

  1. C'est fou, il ne reconnaît à aucun moment que cette partie soit dangereuse pour la santé mais en préconise l'ablation malgré ses conséquences parfois fatales ! Ca, c'est du docteur ...

    Par "primum non nocere", certains comprennent "ne pas nuire aux hommes" puisque c'est bien de ça qu'il est question dans sa phobie.

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  2. A Héloïse : en effet, sauf que l'érection des "labies" ne nuit absolument pas aux hommes, au contraire. Cet idée de nuisance est directement liée à une représentation complètement faussée par des opinions phallo-imaginaires. D'où l'idée de couper.
    Ceci est également la preuve que l'excision est bien un acte dicté par la peur. Une peur d'un ridicule qui serait à mourir de rire (quoi ? De minuscules bouts de chair qui font à ce point peur ?) si tant de femmes n'en avaient pas fait les frais de très horribles manières.

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  3. C'est officiel : même les réputés plus intelligents sont en réalité des gros nazes pleins de préjugés quand il s'agit des femmes. Ils sont tous atteints de misogynie, le doute n'est plus permis. Ils sont dangereux !

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  4. A Hypathie : oui c'est difficile à croire mais il faut avoué qu'ils en tiennent une couche.

    Vraiment grave.

    La testostérone rend-elle fou ?

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  5. il faut avouer pas "avoué". Je ne sais pas ce que j'ai avec les participes passés !

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