mardi 7 décembre 2010

Regards de couples


Voilà longtemps que je n'ai pas réabordé le thème des regards féminins et masculins dans le portrait du XVIe siècle.
Ainsi ces deux tableaux flamands qui représentent les couples Hans Burgkmair et Anna Allerlai (XVIe siècle), de Lukas Furtnagel, ainsi que Jan de Wael et Gertrude de Jode (XVIIe siècle), d'Antoine van Dyck, sont représentatifs de ce jeu de regards.

La femme ne regarde pas le peintre (cliquer pour agrandir et vérifier).

Pour celles et ceux qui n'ont pas suivi mon blog depuis le début, ces portraits me servent à prouver que les moeurs de ce temps interdisant aux femmes de regarder une personne de l'autre sexe en train de la peindre, on peut légitimement en déduire que les tableaux qui font exception à cette règle, peuvent avoir été réalisés par ces femmes si difficiles à identifier aujourd'hui et qui ont travaillé pour un maître (la plupart du temps, leur père) apposant leur signature sur les tableaux de leurs élèves féminines. Pour plus d'informations lire ici, ou encore , entre autres.

Le tableau de Furtnagel a ceci d'intéressant qu'il contient une "Vanité", soit une composition où sont présents des objets relatifs à la mort. Ici la femme tient un miroir où les visages des deux époux apparaissent sous forme de têtes de mort.

C'est un rappel de notre destin : "Memento mori" (souviens-toi que tu mourras) car la vie humaine est transitoire.
Ce tableau en est rendu plus éternel, plus présent, plus moderne que le simple portrait de couple de van Dyck. C'est le paradoxe de la "Vanité" (dans le sens de "chose éphémère").

4 commentaires:

  1. Je vais jouer les iconoclastes, mais sur le Van Dyck, la dame a le regard totalement perdu dans le vide à telle enseigne qu'on a l'impression qu'elle n'est pas du tout à ce qu'elle fait, et qu'elle est préoccupée par sa liste de courses ou en train de se demander ce qu'elle va bien pouvoir faire à manger à midi !
    ;-)))

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  2. A Hypathie : je me suis dit la même chose en examinant ce tableau ! Comme quoi être tenue de regarder ailleurs ne favorise pas la présence mentale !

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  3. Je me suis fait avoir au premier coup d'oeil: j'étais persuadée que sur le tableau de Furtnagel, la femme regardait le peintre. Mais c'est vrai qu'à bien y regarder, le regard est légèrement mais assurément ailleurs. N'était-ce pas là aussi une manière de dire que les femmes étaient exclues de tout ce qui se jouait là, au moment présent, dans la vigueur de la vie ?

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  4. A Héloise : "exclues du présent", ah oui ! Je n'y avais pas pensé de manière aussi précise mais, en effet, la voilà la preuve tangible de cette exclusion du présent, donc du passé donc de l'avenir ! C'est décidement quelque chose d'assez subtil que l'assassinat psychique !

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