vendredi 10 décembre 2010

Marie de Hongrie, stadhouderesse*

Comme son nom de l'indique pas, Marie de Hongrie (1505-1558) gouverna la Flandre(correspondant à peu près au Benelux actuel amputé (en gros) de la Gueldre). De son "nom de jeune fille" Marie de Habsbourg, la soeur de Charles Quint fut mariée à 16 ans au roi de Hongrie Louis II, mort quatre ans après leur mariage, lors de l'invasion de la Hongrie par le Turc Soliman. Veuve à 20 ans, elle conserva le nom de Marie de Hongrie. Désirant préserver sa liberté, elle ne se remaria jamais.

La Flandre sous Marie de Hongrie fut sans contexte le pays sinon le plus "démocratique" du moins le plus libéral et le moins autoritaire d'Europe. L'indépendance des États, la liberté d'opinion, la justice y régnaient plus que partout ailleurs. Si Marie de Hongrie n'avait pas eu sans cesse des problèmes d'argent, ses biens ayant été confisqués par son frère Ferdinand après l'occupation de la Hongrie, elle aurait pu éviter les répressions de sinistre mémoire infligées par Charles Quint sur les sujets de sa soeur en 1540, suite à une levée d'impôts auprès des seigneurs qui se solda par un soulèvement qu'elle ne put réprimer sans le secours de son frère.
Charles Quint ne confia, en effet, ce gouvernement à sa soeur qu'à titre représentatif, même s'il lui laissa les pleins pouvoirs.
Elle protégea remarquablement le pays des guerres étrangères et déjoua plans et alliances de ces voisins : Danemark, Allemagne, France, Angleterre qui, croyant le pays affaibli par la gouvernance d'une femme, ne cessaient leurs attaques. Son influence fut, par contre, maintenu fortement en échec dans le domaine religieux. Le clergé catholique protégés par l'Empereur tentait d'éradiquer l'"hérésie" luthérienne qui se propageait via l'Allemagne voisine et les interventions de Marie ne suffisaient pas à épargner protestants et libres penseurs. Ainsi d'Erasme qui dut s'exiler à Bâle. Néanmoins, son estime pour Marie de Hongrie était si grand qu'il lui manifesta incessamment son soutien moral et financier. Il correspondit jusqu'à la fin de sa vie avec elle et lui envoya tout ce qu'il possédait.




en hommage à Marie de Hongrie qui fit composer ce morceau, voici sa célèbre "Hungarescha" sur une épinette des Vosges.

* stadhouderesse = gouverneuse des Pays-Bas.

8 commentaires:

  1. c'est un plaisir de venir te lire, car c'est découvrir à chaque fois, une femme, une artiste, une oeuvre, parfois les trois à la fois.

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  2. Merci lucia mel, je suis très très contente que tu aimes !

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  3. Je connaissais cette grande dame mais ce que j'ignorais, c'est que ce morceau (familier à mes oreilles pourtant) avait été composé à sa demande !

    Ce fut un plaisir de l'entendre à l'épinette.

    Bon Week End !

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  4. Comme c'est intéressant! J'ignorais tout de son rôle de "protectrice" politique...à croire que ce n'était pas dans mes livres d'histoire belge...ou que j'ai oublié. Merci, en musique!

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  5. Très beau portrait : elle a un visage un peu androgyne (à moins que ce ne soit la coiffure ?) ce qui lui donne un air très contemporain, on dirait une fille
    d'aujourd'hui !

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  6. A Wakajawaka : eh oui elle était d'une part très musicienne et d'autre part avait une grande nostalgie de la Hongrie et de son mari hongrois. Elle porta toute sa vie en pendentif un coeur en or qui lui avait appartenu et disait "Séparés par la mort nous (elle et lui) ne l'avons jamais été d'amour et d'affection".
    Bon week end également !

    A Colo : elle prêchait régulièrement auprès de Charles Quint pour plus de tolérance. Ferdinand, lui, avait peur qu'on la prenne pour une luthérienne. Les livres d'histoire ne soulignent jamais des détails qui pourraient montrer qu'une femme ait pu être plus maligne que des hommes !:-)
    Et donc tu n'as pas pu lire cela dans un livre scolaire...

    A Hypathie : elle a des traits typiquement "habsbourgeois" à mon avis mais c'est vrai qu'elle fait très moderne ! Elle était très jolie étant jeune, ensuite elle s'est enlaidie dans sa manière de se vêtir, sans doute pour qu'on ne l'embête pas sur la question d'un remariage. Et comme elle était très douée pour l'équitation et le maniement des armes, on lui donnait des qualificatifs genre "la mâle chasseresse" (son père lui a appris à monter à cheval et à chasser). Son expression est moderne peut-être parce qu'elle est une femme "émancipée" par rapport à celles de son temps.

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  7. Je la trouve belle dans ce portrait, et un personnage hors du commun par le portrait que tu nous en retrace .

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  8. Merci Floréal. J'ai envie de dire tellement de choses sur elle que le blog pourrait ne pas suffire !

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