dimanche 12 décembre 2010

Le chapelain de Marie de Hongrie




Pierre Alexandre, fils de Jean, naquit à Arras au début du 16e siècle. Il se fit carme (moine carmélite) dans sa ville natale. En 1534, il fut promu docteur en théologie par la Sorbonne. Excellent prédicateur, il fut appeler par Marie de Hongrie pour lui servir de "concionateur" (chapelain). Son nom figure parmi les théologiens qui se sont occupés de la correction de la traduction des "Psaumes de David" par Clément Marot.
Le 10 novembre 1539, Charles Quint quittait Madrid pour les Pays-Bas, afin de châtier le ville de Gand en révolte. Il traversa la France et séjourna à Paris du 1er au 7 janvier. Arrivé à Bruxelles le 29 du même mois, il profita de son séjour dans cette ville pour promulguer le jour même un nouveau placard contre l'hérésie. In Belgico editum est edictum atrocissimum (en Belgique a été édité le plus atroce des édits) écriront les théologiens protestants réunis au colloque de Worms. Car il déclencha une vague de persécutions qui se prolongea jusqu'en 1549.

C'est au cours de cette période que le confesseur de l'empereur, le dominicain Pierre de Soto s'en prit au prédicateur de la reine, en présence du chancelier Nicolas Perrenot de Granvelle et de son fils l'évêque d'Arras. Ils l'accusèrent de tenir des propos hérétiques dans ses sermons et l'attaquait dans des discussions privées mais Pierre Alexandre se défendait par la parole de Dieu. Comme l'un et l'autre restaient sur leurs positions, des commissaires inquisiteurs furent désignés.

Ils commencèrent le 21 février 1544 à instruire le procès du prédicateur de la reine en effectuant des enquêtes sur les faits et gestes de celui-ci à Bruxelles, Arras et Gand. Ensuite ils firent appel à des témoins, mais "pour le pécheur déposèrent presque tous les principaux de la cour de Bourgogne". On piétinait lorsque l'empereur revint à Bruxelles le 1er octobre et, influencé par son confesseur, ordonna l'emprisonnement de Pierre Alexandre. Prévenu par un fidèle ami, peut-être envoyé par la reine, il put s'enfuir (…)

(Extrait de „Histoire, humanisme et hymnologie (…)“ par Edith Weber)

Il s'enfuit en Angleterre et ses écrits sont condamnés au feu.

Wikipédia : Elle [Marie de Hongrie] est tout de même suspectée à plusieurs reprises de protéger les réformistes. En effet son chapelain, étant accusé, réussit à s’enfuir avant son arrestation et se réfugier auprès de la nièce de Marie.


Le moine dominicain Pierre de Soto, confesseur de Charles Quint fut par la suite lui-même mis en jugement par les inquisiteurs de Valladolid en 1560 durant le Concile de Trente.

Autre chose : le jeune Guillaume d'Orange-Nassau, le fondateur de l'indépendance des Pays-Bas, instruit dans les langues étrangères par Marie de Hongrie, réclamera plus de modération dans l'application des lois religieuses et refusera lui-même toute inquisition lorsqu'il sera nommé stadhouder en 1559, peu après la mort de sa prédécesseuse.

(L'illustration représente un autre portrait de Marie de Hongrie avec la coiffe blanche peu seyante qu'elle se mit à porter un jour et qu'elle quitta de moins en moins avec l'âge).

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