samedi 2 avril 2011

Pulisena Nelli, peintresse (cette fois vraiment!)


Fille du peintre Luca Nelli, Pulisena est née en 1523 à Florence. Elle fut cloîtrée à 14 ans (âge avancé puisque l'on cloîtrait souvent les filles à partir de 5/6 ans ; sans doute pour des raisons économiques et parce qu'elles n'étaient pas le garcon attendu). Elle passa là le reste de ses jours puisque l'on sortait rarement d'un couvent avant sa mort.
Mais il n'est pas impossible non plus que son père ait voulu lui permettre de développer dans des conditions plus favorables un talent déjà apparant. En effet, on pratiquait assez librement à cette époque les arts dans les couvents et beaucoup de poétesses, de compositrices, entre autres, furent nonnes.

Elle prit le nom de soeur Plautilla et l'abbesse du couvent Sainte-Catherine de Florence confia son éducation à la peinture à un peintre florentin renommé. Après quoi elle enlumina les livres de la bibliothèque du couvent. Puis elle fut autorisée à peindre d'après esquisses de peintres renommés qui, on le voit, ne peignaient pas toujours eux-même les sujets qu'ils avaient projetés sur papier. Combien de Tintoret et de Titien ont été mis en peinture par d'obscures nonnes ? Après avoir fait ses preuves dans ce domaine également, elle eut enfin le droit de peindre ses propres toiles.
On s'arracha bientôt les oeuvres de soeur Plautilla. Il va de soi que les sujets furent exclusivement religieux et ornèrent d'abord les églises, ensuite les palais des nobles.
Ses peintures sont empreintes d'une très grande spiritualité.
Elle devint à son tour abbesse et forma quantité de nonnes à la peinture. Bientôt le couvent Sainte-Catherine de Florence devint une école de peinture réputée dans tout le nord de l'Italie.
C'est en 1588 que soeur Plautilla, la plus célèbre des nonnes peintresses mourut dans son cloître florentin.


Ajout de 19.04 h. : remarquons que d'un siècle à l'autre, chaque fois d'une manière différente, la société est organisée de telle sorte que, dans la grande majorité des cas, pour avoir accès à leur développement personnel les femmes sont contraintes au célibat.

8 commentaires:

  1. tu finirais par me donner envie de vivre à cette époque-là... (dans un couvent). En tout cas, tout ce que tu "découvres" à nos yeux me passionne. Continue ;))

    RépondreSupprimer
  2. "...dans la grande majorité des cas, pour avoir accès à leur développement personnel les femmes sont contraintes au célibat" : je ne verrais pas cela comme une contrainte, mais plutôt comme une chance. Elles ne sont pas au service des hommes d'une maisonnée, pas harassées par les maternités, elles sont éduquées et peuvent se vouer à la lecture, l'écriture, la peinture dans ce cas-ci, elle sont enfermées, mais le mariage aussi est un enfermement. Et il impose un travail que dans un couvent, elle évitent. Enfin, il me semble, parce que je crois que le mariage ne profite qu'aux hommes et n'est pas une situation enviable pour une femme.

    RépondreSupprimer
  3. Merci lucia ! Mais n'oublie pas que l'on ne sortait jamais des couvents = pas le plus petit voyage même à 500 m de distance. Alors il faut avoir envie de ne découvrir que le monde intérieur;)

    A Hypathie : mais c'est ce que je voulais dire :pour pouvoir s'épanouir personnellement, on était contraint au célibat (=sans quoi tu étais la domestique d'un homme, alors adieu le développement personnel!). Or l'idéal serait que l'homme qui te choisit et que tu choisis ait à coeur ton développement personnel au lieu d'exiger que tu t'occupes des corvéeś pendant qu'il s'éclate !

    RépondreSupprimer
  4. Au risque de choquer ou pire de blesser involontairement mais pas d'être agressé pour autant, ce questionnement freiné longtemps.
    Quand mes pénates se posèrent en Ardennes de France, j'ai salué celle qui est l'élue de ma commune : "Bonjour, Madame la Maire".
    Ah, non, en France, répond-elle, il convient de dire : "Madame le Maire"... (et elle est féministe).
    Bon. Les us et coutumes, à l'étranger de s'y glisser.
    Sinon, j'eusse volontiers évoqué jusqu'ici "une peintre". L'article précisant le masculin ou le féminin me semblant éviter les équivoques.
    Ah, non, ici vous retenez "peintresse". Ce me semble peu euphonique, mais de quoi je me mêle ? "Femme peintre", là par contre, on comprend pourquoi l'éviter. C'est comme si la qualité de peintre était dissociée de la féminité, voire même inattendue de la part d'une femme.
    Pour l'anecdote, à une réunion publique, un industriel arrivé avec deux heures de retard, attribua comme de la glaire le mot "Mairesse" à notre élue (je puis voter aux communales). Et c'est moi qui me suis dressé en la voyant pâlir pour lui demander de l'appeler "Madame le Maire" comme tous administrés.
    Mais nous voilà trop loin du XVIe (siècle)...

    RépondreSupprimer
  5. A JEA : votre mairesse ignore le vrai problème et elle n'est pas la seule mais si vous vous consacriiez comme moi à un blog sur les femmes disparues dans l'espace-temps vous comprendriez très vite que l'absence de mots féminins pour les professions de prestige constitue un énorme handicap dans la recherche de ces femmes et un excellent instrument pour les faire disparaître. Les langues anglo-saxonnes moins rapaces avec leur vocabulaire regorgent de "paintress" et de "malerin" et comme par hasard ce sont également des pays moins machos ! si je trouve des peintresses c'est parce que je les cherche en allemand grâce à "malerin". En francais, le double mot-clé "femme peintre" donnent des "femmes" + des "peintres". Songez à cela. Quant à l'euphonie, cet argument fait trop penser à ceux qui trouvaient les footballeuses affreuses quand les femmes se sont mêlées de vouloir à leur tour exercer ce sport. Il n'y a rien d'objectif là-dedans, soyons honnête.

    RépondreSupprimer
  6. Merci à vous.
    Seul bémol : je n'argumentais absolument pas, (et de quel droit et pourquoi ?) mais j'interrogeais en toute courtoisie. L'euphonie, le chant de mots, relèvent d'une esthétique après tout personnelle et loin de moi l'idée de l'instrumentaliser en argument d'autorité.

    RépondreSupprimer
  7. A quand une publication (avec une belle analyse synthétique à la clé) ? Parce que tu as accumulé une belle somme de matériaux. :)

    D'un autre côté, le Net est un bon espace d'exposition pour ce type de travail.
    A ramener au support papier, je suis peut-être un peu "vieux jeu".
    Je ne sais quelle part des ouvrages de recherche et des sommes sera encore publiée dans les années à venir. je ne suis pas certain qu'on y gagne à la virtualisation massive des supports de connaissance.

    En tout cas : continue !
    C'est toujours intéressant/passionnant/émoustillant (rayer la mention inutile -ou non ! ), de découvrir ces peintresses, aventuresses de la culture, usw !

    RépondreSupprimer
  8. A JEA : excusez-moi si j'ai pu sembler un peu trop sèche : je regrette. Comme circonstances atténuantes il y a peut-être le fait que les questions que vous vous posiez coincident pile poil avec les arguments des opposants à la forme féminine des professions de prestige, les autres professions n'étant jamais concernées. Personne ne discute jamais les termes de "balayeuse", "conductrice de grue" ou "travailleuse de chantier" en demandant d'employer plutôt "femme balayeur", "femme conducteur de grue" ou "femme travailleur de chantier" parce que c'est plus joli ! ;))

    A Wakajawaka : merci des compliments ! Oui moi aussi j'aime le papier et j'ai d'ailleurs copié mon blog sur un document susceptible d'être imprimé parce que moi non plus je ne suis pas emballée par le "tout virtuel". Un blog permet juste de rendre visible au fur et à mesure de la production "en temps (presque) réel". Après, en effet, on peut tenter la publication comme font les dessinateurs/trices (c'est le milieu dont je viens). Les dessins de leurs blogs sortent en albums. Petit détail : il faut encore trouver la boîte d'édition...;)

    RépondreSupprimer