dimanche 10 avril 2011

Antoinette van Roesmals, enterrée vive

Dans l'histoire de la Réformation aux Pays-Bas, on trouve des persécutions "genrées" qui glacent le sang.

En 1520 paraissent les deux premiers édits de Charles Quint, contre l'hérésie de Luther. Ces édits portent le nom de placards, Le premier est du 20 mars ; le second, signé à Worms, le jour même où l'empereur mettait Luther au ban de l'empire, est du 8 mai de la même année. Les menaces du pouvoir deviennent toujours plus sévères : défense de posséder les écrits réformés, défense de se rendre aux prêches. En 1529, un nouvel édit, plus violent encore, interdit la lecture des écrits de Luther, l'assistance aux réunions hérétiques, même la possession d'un Nouveau Testament non autorisé ; le coupable sera condamné à mort : « à savoir les hommes par l'épée, les femmes par la fosse, les relaps par le feu. »

Condamné à mort "par la fosse" signifiait : être enterrée vive. C'était le châtiment que les romains infligeaient aux vestales qui n'étaient pas restées chastes (alors qu'elles n'avaient pas choisi d'être vestales puisqu'elles étaient désignées comme telle vers l'âge de 6 ans).

C'est ainsi que mourut, par exemple, Antoinette van Roesmals, enterrée vivante à Louvain.
Sympathisante des idées de Zwingli, elle réunissait chez elle des réformateurs comme Albert Hardenberg, Paul de Rovere, Goris Stockx, Joos von Honsbergen, Johannes a Lasco (premier prêtre polonais à rompre son voeu de chasteté en épousant la flamande Barbara Lasco), et d'autres encore.
J'aimerais beaucoup en raconter plus sur cette martyre, puis-je dire, mais je ne trouve pas de biographie en francais sur elle.
Ici quelques précisions en flamand où il semble être question des livres interdits qu'elle aurait possédés dont les Postilles de Luther, le Nouveau Testament, un livre de médecine (?) mais je ne tiens pas à faire de traduction erronée.
Il est question d'elle dans deux ou trois paragraphes : l'un s'appelle "Possession de livres", je crois, et l'autre "La "force" (?) souffrante du noyau protestant" et on reparle d'elle dans le "Le procès". Il me semble qu'elle a été exécutée en 1543.
Si quelque flamophone charitable (par exemple Colo Tania ou JEA dont je recommande à tous et à toutes les blogs d'une grande qualité littéraire) passait par là et voulait bien jeter un oeil sur le document, ce serait très sympa !

(Illustration : "Vestale punie" par Gamelin)

19 commentaires:

  1. Quelle horreur ... Noyées, brûlées, lapidées ou enterrées vivantes, même dans la mort, les femmes ne sont pas épargnées de l'inhumanité masculine. Toujours pire pour elles, jusqu'au bout ...

    Je profite, comme avec Hypathie, de ce commentaire pour te demander si tu as un profil Facebook que l'on pourrait partager, histoire de se connaître autrement que par l'intermédiaire de nos blogs. Si ça te dit, envoie-moi ton pseudo ou nom Facebook par mail.

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  2. intéressant, quelle histoire horrible !

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  3. Je passe toujours par ici Euterpe!
    Alors, je vais essayer, promis, mais il y a 35 ans que je vis en español-catalan et le flamand, que je parlais couramment, est un peu lointain.

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  4. « à savoir les hommes par l'épée, les femmes par la fosse, les relaps par le feu. » : l'épée, ça a l'avantage d'être plus rapide tout de même, si on est frappé au coeur ou décapité, mais enterrée vive, c'est une mort abominablement lente ! L'imagination de ces gens pour faire souffrir, c'est sidérant !

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  5. Sauf erreurs et/ou omissions involontaires.

    - "Antoinette van Roesmals possédait aussi différents livres. Il lui fut demandé quels ouvrages elle avait lus ces dernières vingt années, et combien elle en gardait dans sa demeure. Elle répondit qu'elle avait le Nouveau Testament, la Bible et un exemplaire de (la vie de...) ainsi que du (P.) de Luther, un recueil de documents lithurgiques suivis d'une courte exégèse. Alors que différentes personnes l'avertissaient de ce que le P. était un ouvrage interdit, elle jeta au feu son exemplaire. Par contre, elle n'avait jamais possédé d'ouvrage de botanique, sinon premièrement un livre sur les harbes médicinales et deuxièmement une Médecine des souffrances de l'âme. Alors qu'elle dialoguait face-à-face avec le psateur se St-Jacoob, elle s'entendit dire que ce n'était pas une lecture convenable pour elle et qu'il était préférable de l'abandonner."

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  6. mille et une excuses
    la faute de frappe dans toute son horreur :
    ces dernières 5 années
    et non... 20 +

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  7. Je viens toujours lire avec plaisir tes portraits de femmes, Euterpe... il y a vraiment d'horribles fins, il ne faisait pas bon lire en dehors du droit chemin !

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  8. A Héloise : oui le pire est plus souvent pour elle que le meilleur...Facebook ? Non mais j'y réfléchis. Mais j'ai un peu des problèmes avec mon ordi, en ce moment.

    A mazel : on parle peu des cruautés de ceux qui, comme Charles Quint, ont été désignés pour passer aux yeux du public pour de grandes figures historiques.

    A Emelire : la haine d'être nés de notre ventre, probablement.

    A Colo : si lointain ? N'empêche que c'est une chance de grandir bilingue. Moi je mélange les langues parce que j'ai grandi unilingue et je le regrette.

    A Hypathie : l'épée voulait dire "décapité" et vraiment : mille fois plutôt cette mort ! Mais Charles Quint se prenait pour César et a été cherché ce supplice chez les romains pour montrer aux flamands, d'esprit trop indépendant à son goût, à qui ils avaient à faire.

    A JEA : merci, merci, merci ! C'est très très gentil à vous ! Ainsi votre traduction permet de voir qu'A. van R. a cherché vainement à sauver sa peau. C'est tout à fait horrible. Oserais-je vous demamder de jeter un oeil sur les paragraphes suivants juste pour me dire si elle lisait Zwingli et si elle a été exécutée en 1543 ? Si vous voulez, bien sûr !
    Zwingli était pour Charles Quint ce qu'un anarcho-communiste serait pour G.W.Bush aujourd'hui, vous voyez, c'est pour cela que j'aimerais beaucoup savoir si cela a été plus spécialement fatale pour elle.

    A Solveig : lire est incroyablement subversif, on ne s'en rendra jamais assez compte!

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  9. A tous et toutes : merci pour votre intérêt et votre participation...et votre patience ! J'ai quelques problèmes avec mon ordinateur, en ce moment d'où le temps mis à répondre.

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  10. - "Au préalable, AvA et sa famille furent sévèrement privées de liberté mais tous ses huits parents n'avaient pas été inculpés et donc seuls quelques-uns d'entre eux furent punis.
    L'accusation principale portée contre AvA était d'avoir laissé se dérouler chez elle des assemblées religieuses. Il était évident que c'était une faute impardonnable que d'avoir ouvert sa maison à des dissidents.
    Antonia ne fut pas seulement enfouie vivante, ses biens furent déclarés bons pour la confiscation, si bien que sa fille Goedele fut elle aussi punie.
    Il fut autorisé que le corps soit enseveli dans une église alors que la dépouille d'une condamnée à mort de devrait pas reposer dans une terre consacrée."

    (NB : pour éviter toute équivoque, je suis loin d'être flamophone; je ne connais de cette langue que ma traduction forcée de documents portant sur la Shoah, donc un Flamand souvent administratif et limité aux quelques années de la 2e Guerre mondiale).

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  11. Merci encore JEA. Plus ou moins flamophone est mieux que pas du tout flamophone et je suis contente que vous m'ayez fait profiter de votre savoir. "Traduction forcée", je connais. Je suis justement en train de me coltiner Pétain personnage auquel je n'ai pas mais alors pas du tout envie de m'intéresser !

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  12. Je vois que JEA a fait tout le travail avant moi... bravo! Je ne peux qu'ajouter un petit détail qui t'intéressera peut-être (mais tu le sais sans doute) Il y est dit qu'à l'époque seules les femmes de classe sociale élevée, comme AvR, savaient lire et écrire...ce qui sans doute l'a rendue plus suspecte.
    Les noms des rues de Louvain où elle a habité, et la place du Grote Mark me sont très familiers car j'ai fait mes études dans cette ville, petite et si belle.

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  13. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  14. 2e essai :

    - "AvA fit son apprentissage en lisant et en écrivant tout au long de sa jeunesse. C'est un fait qu'elle appartenait à une famille où la culture jouait un grand rôle.
    Le hasard rendant la lecture agréable peut conduire à sortir de son statut social.
    Sur base du dossier, nous apprenons que l'on peut déplorer toutes ces lectures.
    A l'exception d'une femme, tous ont rédigé en ce sens et de leur propre main, une déclaration signée."

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  15. A Colo : merci pour ton aide. Oui, il faut absolument que je visite Louvain, Anvers, Gand, Bruges. J'ai très envie. Peut-être cet été.
    Ce que je me demande aussi c'est quel est le titre du document et de quoi il traite exactement. Est-ce que tu pourrais me le préciser ?
    Merci d'avance !

    A JEA : merci pour la traduction.
    En fait, sous l'impulsion de Luther, on a vulgarisé les Écritures et comme personne ne comprenait le latin, les versions en langue vernaculaire se sont vendus comme des petits pains dans toute l'Europe. Mais soudain, monarques et empereur ont trouvé que l'influence de ces écrits était pernicieuse et alors que tout le monde possédait au mions un exemplaire de la Bible en langue vulgaire, on dut s'en débarrasser vite fait et le donner à brûler. Mais beaucoup ont gardé les livres parfois sans savoir qu'ils avaient été interdits.
    Du coup je pense pour ma part que la vulgarisation de la Bible a incité ceux qui ne lisaient pas à s'alphabétiser et à le faire. Mais c'est mon point de vue.

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  16. Bonjour Euterpe, une panne et sans connexion Internet pendant plusieurs jours je n'ai pas vu ta requête, je m'en occupe dès que possible.
    Quelques jours de congé, il pleut et vente ici. A vous le soleil!?
    Bon weekend à toi.

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  17. A Colo : ici il fait un temps splendide ! Le week-end sera chaud et ensoleillé. Pour une fois que le nord est un peu gâté !
    Bon weekend à toi aussi et bonnes fêtes de Pâques !

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  18. Voilà, le document traite de femmes dont la notoriété ou réputation ont donné lieu à des noms de rues(sujet dont tu avais parlé un jour, je me souviens bien).
    Alors sur cet autre document,
    http://www.erfgoedcelleuven.be/images/filelib/ERFG_BROCHURE_DEF_606.pdf
    j'ai trouvé ceci:
    Je komt Leuven binnen via de Catharina Daneelspoort
    en volgt de Marguerite Lefèvrelaan tot op
    het Antonia van Roesmaleplein in het centrum.
    "Vous arrivez à Louvain par la porte Catharina Daneel, vous suivez l'avenue Marguerite Lefèvre jusqu'à la place Antonia van Roesmale"

    Voilà chère Euterpe, j'espère que ça t'éclaire un peu.
    Merci d'apprécier mes billets poétiques.
    Amicalement.

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  19. A Colo : ah ! Un grand merci ! Le commentaire était en attente de modération et je ne l'avais pas vu. Je suis enchantée. En fait, je n'en parle pas mais en dehors du blog, je fais un autre travail sur le XVIe siècle et ce genre de renseignement m'est extrêmement précieux !
    De plus je suis ravie comme tu le penses d'apprendre que ces femmes ont été honorées d'un nom de rue, surtout après ce qu'elles ont enduré !

    Oui, tes billets poétiques sont un véritable enchantement pour moi. Je les adore, tout simplement. Et de plus en plus !

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