Dans "De l'incertitude, abus et vanité des sciences", Corneille Agrippa de Nettesheim dont j'ai déjà parlé ici remet en question toutes les sciences connus de l'époque, les trouvant dangereuses aux mains d'une humanité qui a d'après lui une forte propension à la sottise, un manque total d'humilité et une violente inclinaison à la cupidité.
Ce livre est un long plaidoyer contre la rage de progresser dans la connaissance des choses extérieures en laissant l'introspection et la connaissance de soi en chemin au lieu de les faire passer prioritairement à la recherche scientifique.
Dans le chapitre sur les métaux Corneille Agrippa fait l'inventaire des outils incroyables développés pour piller la nature, sans conscience ni mesure et dénonce ce qu'il en est fait. Extrait :
De cet art [la recherche des métaux] proviennent toutes les richesses de ce monde, la convoitise desquels a incité les hommes si étrangement, qu'ils ne craignent d'entrer tous vifs sous terre et pénétrer jusqu'aux enfers, où par un remuement ruineux des oeuvres de nature cherchent les trésors jusqu'aux manoirs des esprits immondes. dont Ovide chante ces vers :
Mais jusqu’au fond des entrailles allèrent
De Terre basse, où prirent et fouillèrent
Les grands trésors et richesse vaines
Qu’elle cachait en ses profondes veines :
Comme Métaux et pierres de valeur,
Incitements à tous maux et malheurs.
Jà hors de terre était le fer nuisant
Avec l'or trop plus que fer cuisant
Honnête honte et vérité certaine
Avec foi prirent fuite lointaine:
Au lieu desquels entrèrent flatterie,
déception, trahison, menterie
Et folle amour, désir de violence
D'acquérir gloire et mondaine opulence
Celuy doncques pourvurent la vie humaine de grandes occasions de crimes et méchancetés, qui premier trouva les mines d'or et des autres métaux et enseigna la manière de les fouiller, en quoi les hommes ont rendu la terre très périlleuse (...)
Ce n'est qu'un infime extrait mais on ne peut s'empêcher de penser à l'uranium, à l'uranium enrichi, au gaz de schiste, à Fukushima et à ses conséquences ...et dire que Corneille Agrippa répète en partie ce que Pline l'ancien, né en 23 ap. J.-C., disait déjà avant lui !
Comme quoi, les personnes lucides ont toujours existé et ont toujours été plus ou moins ignorées. Même aujourd'hui, alors qu'elle est face aux conséquences, l'humanité a du mal à donner le coup de rein pour le changement (cf. le positionnement de Sarko au sujet du nucléaire :( ...)
RépondreSupprimerLa cupidité des hommes a traversé et traversera les âges . Le problème c'est que les technologies devenant toujours plus complexes et plus dangereuses , les victimes seront de plus en plus nombreuses .
RépondreSupprimerJe plains les archéologues de l'an 3000 (s(il existe encore une vie humaine sur terre) lorsqu'il découvriront ce qu'en l'an 2000 les hommes ont fait à la nature , la réduisant à une immonde poubelle où les sacs plastiques bourrés d'autres sacs plastiques et d'objets du même matériau côtoieront les déchets radioactifs , les seringues infestées et les charniers d'hommes de femmes et d'enfants victimes des sauvageries d'autres hommes !
"Belle" civilisation de la décadence diront-ils (s'ils leur reste encore un peu de cerveau que 500 ans de clonage leur aura transformé en un simple neurone , celui de la cupidité) .
La cupidité ou cette dévorante envie d'être toujours premier ?
RépondreSupprimerLa troisième économie mondiale va peut-être payer chère cette conquête acharnée qui consiste à s'élever (s'élever , selon leurs définitions économico-financières) au meilleur rang mondial.
Je ne peux m'empêcher de penser à tous ces employés qui pataugent dans la centrale. Ces dégats humains durables ne seront malheureusement pas réparables. Quelle tristesse infinie. Prier le Rosaire pour eux semble tellement dérisoire ... et pourtant ... si on commençait par là, cela nous permettrait sans doute de prendre le temps d'imaginer les conséquences ....et donc de réorienter les objectifs.
fa#
Pierre Desproges :
RépondreSupprimer- "L'homme de science le sait bien, lui, que seule la science, a pu, au fil des siècles, lui apporter l'horloge pointeuse et le parcmètre automatique sans lesquels il n'est pas de bonheur terrestre possible."
La différence notable entre le 16ème siècle et le 21ème, ce n'est pas nous : on est toujours des Cro-Magnon, ce sont nos techniques qui ont multiplié par 1000 notre pouvoir de destruction ; nous n'évoluons pas, mais nos techniques elles, oui. Nous sommes la seule espèce à pouvoir se détruire elle-même, sans doute en presque totalité.
RépondreSupprimerA Héloise : sans compter que Corneille Agrippa a également toujours combattu la phallocratie, ce qui prouve que l'avidité (qui est un manque de respect conduisant à la destruction) et la phallocratie se confondent. Et parmi les hommes du passé, comme tu le dis, ce n'est sûrement pas d'un homme comme Corneille Agrippa que l'on nous rebat les oreilles...
RépondreSupprimerA coup de grisou : aux dernières nouvelles la radioactivité a déjà changé le génome humain dans le cas des petits-enfants des liquidateurs de Tchernobyl. Bientôt ce sera le cas de tous nos descendants qui auront vaguement survécu. Espérons que ces mutants artificiels (car issus de la fission de l'atome qui n'est pas un phénomène naturel, comme on sait) seront moins abrutis que leurs ancêtres !
A fa# : il est vrai que certains feraient bien de développer une vraie spiritualité plutôt que de prier les cours de la bourse et de faire des sacrifices humains pour apaiser la colère des dieux CAC 40, nasdaq et Dow Jones. Car, il ne faut pas se leurrer, la finance est bien la nouvelle religion dominante!
A JEA : c'est tout à fait cela. Sans tous ces objets qui nécessitent l'usage de l'électricité, nous ne sommes plus rien, aujourd'hui !
A Hypathie : et j'ai encore entendu à la radio ce matin un prêcheur de la technoscience comme il y en a tout le temps dans les médias professer que notre technologie DOIT ABSOLUMENT évoluer (elle ne l'est pas assez, hein), pour l'AVENIR, c'est IMPORTANT !