mercredi 5 janvier 2011

Thérèse d'Avila et le calendrier grégorien




Les Epiphanes sont, dans la culture grecque, les douze divinités qui apparaissent aux humains : Zeus, Athéna, Hermès, Héra, Poséidon, Déméter, Héphaïstos, Aphrodite, Arès, Artémis, Hestia,Apollon (6 dieux et 6 déesses) à la fin du cycle de la nouvelle Lumière (Noël), fête qui dure 12 jours et 12 nuits. Les Épiphanes, soit les 12 dieux Olympiens, étaient fêtés le 6 janvier. La galette déjà consommée à cette occasion dans la Rome antique, symbolisait alors le Soleil.

Le culte solaire et le culte chrétien sont restés longtemps étroitement liés dans un temps où l'on avait encore conscience que notre vie était inséparable du cycle de la nature.
Ainsi la cathédrale Santa Maria del Fiore de Florence a servi au XVIe siècle à mesurer le déplacement du Soleil dans le ciel.

L'astronome Paolo Toscanelli fit pratiquer une ouverture circulaire sur le dôme de la cathédrale qui, donnant une image grande et nette du Soleil sur la ligne méridienne tracée par une bande de marbre du pavé, lui servit à déterminer les points solsticiaux, les variations de l'écliptique, et à corriger les tables astronomiques qui indiquent les situations et les mouvements des astres.

Un instrument de ce type existait dans le baptistère de San Giovanni dés les années 1000 (l'ouverture a été depuis rebouchée) mais en 1474, l'astronome Toscanelli profita de travaux complémentaires sur la coupole pour installer ce globe de bronze comportant une ouverture circulaire de 4 centimètres de diamètre environ qui donnait une image parfaite du Soleil. En étudiant le rapport entre la hauteur et le diamètre du trou, il obtint une authentique image solaire en réduction, permettant de visualiser les tâches solaires, l'avancée des éclipses et même les rares passages de Vénus entre le Soleil et la Terre.

L'utilisation la plus importante de ce cadran solaire fut de stabiliser le solstice, c'est à dire la hauteur annuelle maximale atteinte par le soleil à midi et, de ce fait, la durée de l'année elle même. Ces observations, et d'autres analogues - telles celles effectuées en 1510 et retracées par un disque en marbre situé dans le pavement de la chapelle della Croce dans l'abside droite de la cathédrale permirent de convaincre le pape Grégoire XIII de la nécessaire réforme du calendrier en alignant la date solaire avec la date officielle et donna lieu à la création du calendrier grégorien en 1582. Ce calendrier fixait un nouvel ordre aux années bisextiles pour faire en sorte que l'équinoxe de printemps tombe à nouveau le 21 mars (car au fil du temps et de l'imprécision du calcul des années, il avait glissé le 11 mars). Pour ce faire, on supprima dix jours du calendrier en 1582 (soit entre le 4 et le 15 octobre).

Prenant immédiatement effet en Italie, en Espagne et au Portugal, puis en France et Pologne, ce nouveau calendrier ne fut pas adopté sans difficulté dans le reste de l’Europe, en raison de son caractère catholique. Dans les pays protestants, la résistance fut longue: l’Allemagne, où les deux calendriers coexistèrent pendant plus d’un siècle, et la Suisse s’inclinèrent en 1700, l’Angleterre et la Suède en 1752. Dans l’orthodoxie, un intérêt pour le comput grégorien s’était manifesté durant le patriarcat de Jérémie II Tranos (1572-1595), mais on renonça à cette «innovation» par crainte des schismes. Dans les années 1920, les patriarcats de Constantinople, Alexandrie et Antioche, de Roumanie et de Bulgarie, opérèrent seuls le passage au calendrier grégorien, ce qui donna lieu à la sécession de partis «paléocalendaristes». Les patriarcats de Jérusalem, Moscou, Georgie et Serbie, ainsi que le Mont Athos, maintiennent encore le calendrier julien. Pour ces Eglises par ailleurs en communion, il s’agit là d’un décalage gênant, dont la solution reste à trouver. Afin que Pâques et les fêtes mobiles soient célébrées simultanément, un calendrier mixte est suivi dans les églises «néocalendaristes». Ainsi, le décalage, actuellement de 13 jours, ne concerne que les fêtes fixes.
Actuellement le calendrier grégorien est utilisée partout dans le monde, pour certains pays associé à un autre calendrier.
Seuls l'Arabie saoudite, l'Iran, l'Afghanistan, le Pakistan et l'Éthiopie et l'Érythrée n'utilisent pas ce calendrier.

Thérèse d'Avila meurt dans la nuit du 4 octobre au 15 octobre 1582. La date de la fête des saints étant fixée de préférence au jour de leur mort (leur "naissance au ciel"), et le 4 octobre étant déjà occupé par la fête de saint François d'Assise, la fête de cette sainte tombe tout naturellement le 15 octobre. Comme je l'explique plus haut : les journées du 5 au 14 octobre 1582 n'existent pas dans les pays qui ont adopté le calendrier grégorien immédiatement (Vatican, Italie, Espagne, Brésil, Portugal), ainsi d'autres dates n'existent pas dans d'autres pays ou régions suivant leur date d'adoption du calendrier grégorien.

10 commentaires:

  1. Euterpe, j'ai besoin de tes lumières: est-ce pour les raisons de calendrier que tu évoques que le Ramadan n'a jamais lieu à date fixe ?

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  2. à Héloise : non pas du tout parce que le calendrier grégorien est un calendrier solaire et le calendrier musulman un calendrier lunaire. Ce dernier n'est pas basé sur les solstices et les équinoxes mais sur les cycles de la Lune. Du coup il se décale de 10 jours environ chaque année, les mois démarrant strictement avec la nouvelle Lune (visible à l'oeil nu et pas d'après un calcul astronomique comme dans le cas de notre calendrier). Ainsi les années "musulmanes" étant plus courtes, le ramandan démarre chaque année plus tôt.

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  3. Réflexion de fond très intéressante.
    Je partage l'avis d'Euterpe sur ce sujet.

    Paul

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  4. Thérèse est donc morte dans un trou de l'Histoire calendaire ! Coup de chance qu'elle soit considérée grande sainte catholique, autrement elle aurait pu disparaître du calendrier des fêtes à souhaiter, si j'ai bien compris. En tous cas, très sympa le contraste iconographique entre le Bernin et Claire Bretecher.

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  5. en passant : tu es bien s^ùr invitée là : http://polluxe.wordpress.com/2011/01/04/montmartre-des-blogueuses-j-7/

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  6. A Hypathie : oui et pour le coup c'est comme si elle, elle avait voulu tout spécialement disparaître dans l'espace-temps mais sans y parvenir!;))

    A polluxe : merci beaucoup, je suis enchantée de l'invitation et je suis bien triste de devoir la décliner car la date est magnifique mais c'est tout juste si on peut mettre un pied devant l'autre ici tellement la glace rend dangereux tout déplacement, alors pour venir jusqu'à Montmartre, ce n'est pas la période de l'année la plus pratique !
    (Triple Sniff)
    Je penserai à vous !

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  7. merci pour cette somme de précisions : la galette déjà mangée à Rome et symbolisant le Soleil, ça m'en bouche un coin ;)) et, en ce moment, on en mange de la galette (un "étouffe chrétien" en fait !).

    Pour le MDB : il y aura beaucoup de reines ;))) tiens, c'est une idée, "une galette des reines !", faut que j'en parle à Polluxe ;)

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  8. A lucia mel : super idée ! Et puis d'ailleurs les "mages", au départ, ce sont trois étoiles alignées dans la ceinture d'Orion. Donc : étoile = nom fém., par conséquent : "reines mages" et non pas "rois mages" !;))) En tout cas , n'oubliez pas la "part de l'absente" !

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  9. nous n'oublierons pas la part de l'absente, sois-en assurée ;)))

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  10. Merci lucia !

    A "Calendrier 2011/Paul" : j'ai oublié de répondre parce que je me demande un peu d'où vient ce com' surtout que je ne donne pas mon "opinion" dans ce billet, je relate des faits avérés, il n'y a donc pas de quoi approuver ou désapprouver !

    A Héloise : je ne suis pas sûre d'avoir répondu à ta question alors j'ajoute que le décalage de 10 jours du calendrier julien n'a pas la même origine que celui du calendrier musulman car julien ou grégorien, les deux calendriers sont axés sur les mouvements du soleil.

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