mardi 25 janvier 2011

Jeanne III d'Albret, reine des huguenots


Sur le billet précédent, Kalista (d'abord et luciamel ensuite) l'ont dit : il s'agissait bien de Jeanne d'Albret.
Pourquoi la nommé-je la "Marie Stuart de Catherine de Médicis" ? Parce que si Jeanne d'Albret n'était pas opportunément morte tout juste après avoir signé le contrat de mariage de son fils Henri de Navarre avec Marguerite de Valois, la France serait peut-être protestante à l'heure qu'il est.
Peut-être a t-elle été empoisonnée par Catherine de Médicis. Nous n'en savons rien. Mais probablement que si elle n'était pas morte, il n'y aurait pas non plus eu de Saint-Barthélémy.

Sans elle, le parti déjà amputé du prince de Condé était presque tout à fait décapité. Il ne restait que Coligny dont on connaît la fin spectaculaire.
Car Jeanne d'Albret était un chef protestant de premier plan étant donné qu'elle avait tout un royaume à son actif.
Seule, et également dernière, héritière de ce royaume avant qu'il ne passe à la France, elle régnait sur la Navarre (où ne s'appliquait pas la loi salique) sous le nom de Jeanne III. S'étant convertie au calvinisme et après avoir simplement autorisée la pratique de ce culte dans son royaume, elle finit par l'imposer comme religion officielle en raison de la farouche opposition des catholiques pour la tolérance de ce culte. Elle était donc bien plus qu'un chef (parmi d'autres) du parti protestant lors des guerres de religions, elle contribuait à coincer le territoire francais catholique entre la Genève et la Navarre calvinistes. Ainsi la France voyait l'étau se resserrer. Elle morte, Coligny assassiné, son fils prisonnier au Louvre, la Navarre devenait innofensive.

Pourquoi cette reine guerrière qui soutint La Rochelle pendant deux ans contre les catholiques, cette femme ferme et décidée sans laquelle Henri IV, son fils, n'aurait jamais été ce qu'il fut, ne figure t-elle pas dans les manuels scolaires ? Lorsqu'il s'agit des guerres de religion à l'époque de la régence, on ne mentionne pas d'autres noms que ceux de Condé et Coligny. Est-ce trop d'honneur que de rendre hommage à cette parente pauvre ? Car Jeanne d'Albret a beau être la mère de toute la lignée des Bourbon jusqu'à Louis XVIII, elle n'aura jamais la considération accordée aux Montmorency (dont fait partie Coligny) qui n'étaient pourtant pas des tendres et ont beaucoup de sang innocents sur les mains. Mais la France reste toujours aussi et d'abord attachée au rang nobiliaire lié à l'argent, tandem qui n'a rien perdu de son importance. Les Montmorency sont gratifiés de monuments dont la pompe est aussi recherchée que leurs mérites sont discutables.
On n'en a pas fini avec le culte des Montmorency qui se sont surtout appliqués à s'enrichir personnellement tels des Bettencourt de la première heure, tandis que les d'Albret se contentaient d'essayer d'être des princes bénéfiques pour leur royaume et envers leurs sujets. Quels loosers !



12 commentaires:

  1. Je me souviens d'une émission passionnante sur Jeanne d'Albret (du temps où, sur France Culture, existaient des émissions hors format, qui pouvaient durer la moitié de l'après midi sans interruption musicale ni de pub, un peu comme une longue parenthèse dans le temps court des médias). Je regrette que les archives de cette époque ne soient pas accessibles. Il y a des trésors dans les coffres de Radio France.

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  2. Effectivement, si son nom "rings a bell", nous dit très vaguement quelque chose, elle ne fait pas les gros titres des livres d'histoire ! Merci de nous rappeler son existence de souveraine.

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  3. je m'interroge sur ton intérêt pour la noblesse, tu n'aurais pas des ancêtres protestant(e)s et nobles ?

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  4. A Wakajawaka : oui, c'est bien dommage pour l'accès aux archives radiophoniques...parce qu'aujourd'hui, on fait surtout dans le court et le pressé. Moi j'ai trouvé un livre sur Jeanne d'Albret au chiffonnier d'Emmaüs ! Un de ces livres à tirage très limité imprimé il y a cent ans et dont j'ai du découper les pages au coupe-papier parce qu'il n'avait jamais été lu !

    A Hypathie : oui c'est un nom qu'étonnement on retient et cela malgré qu'il soit si peu question d'elle.

    A lucia mel : il est difficile d'étudier le XVIe siècle en contournant la noblesse et le protestantisme mais cela ne veut pas dire que j'aie une attirance particulière pour ces thèmes ou qu'ils aient quelque chose de commun avec moi.
    C'est Jeanne d'Albret et l'influence volontaire et involontaire qu'elle a eu sur le cours de l'histoire qui me frappe. Et qui en a frappé beaucoup d'autres étant donné tout ce qui a déjà été écrit à son sujet (en dehors des manuels scolaires s'entend) !

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  5. Je n'avais pas répondu sous le post précédent, connaissant la réponse... j'ai habité Pau qqes années, enfant et jeune ado, et là-bas, on connaît bien Jeanne d'Albret, fatalement (mon collège portait son nom et son concurrent, celui de Marguerite de Navarre.. non pas Margot, l'autre :-)) et son histoire.

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  6. A mebahel : ah alors tu sais certainement que Marguerite de Navarre et Jeanne d'Albret étaient mère et fille,en fait. La plupart du temps, on sait seulement de qui Jeanne d'Albret était la mère, mais pas de qui elle était la fille. il faut dire que tout tourne toujours autour de Henri IV dans ce pays !:-)

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  7. oh... c'était juste que je me demandais pourquoi quand on regardait le passé, c'étaient souvent les puissants qui nous fascinaient... (c'est le propre de beaucoup d'historiens, ou de gens passionnés d'histoire) seulement parce qu'eux nous ont laissé des traces ? ou des images plus séduisantes de ce que nous aurions aimé être ? Tu sais c'est la blague de tous ces gens qui se souviennent de leurs vies passées... toujours ils ont été Napoléon, ou Cléopatre, ou un noble... un roi... pas souvent le gueu, ou la pauvre hère... qui n'a fait qu'essayer d'illuminer son chemin de vie... Souviens-toi toujours de la pauvre marchande qui vend ses fruits sur le marché, celle qui porte en elle (plus que tout autre) le souvenir des Reine Claude...

    La vie des rois, des reines, m'intéresse énormément, moi aussi ;))) moi, la paysanne.

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  8. A lucia mel : en fait, les vies des paysan.ne.s me sont plus chers mais ils/elles ont laissé si peu de traces. Ils/elles naissent, vivent et meurent sans rien laisser derrière elleux sous forme écrite.
    Comme tu le dis.
    Et puis je parle des femmes puissantes (bonjour à Marie N'Diaye) parce que l'on ne parle que des hommes puissants, le reste du temps. N'empêche que la vie de ces femmes est quand même très intéressante et sans le moindre rapport avec la nôtre. En réalité pour moi tout est science-fiction. L'histoire est un univers, la botanique est un univers, l'art, l'entomologie... Ce sont des planètes où je me pose et dont je repars. Si je m'identifie à un personnage, c'est à une voyageuse qui visite des mondes et quand on voyage dans l'espace, on voyage en même temps dans le temps d'où le titre de mon blog : "le voyage dans l'espace-temps" ;)

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  9. "il faut dire que tout tourne toujours autour de Henri IV dans ce pays !"
    Vouip, mais c'est passkil était un 'vert galant' haha (rire jaune.

    "La vie des rois, des reines, m'intéresse énormément" justement du côté des femmes de pouvoir:
    La France, les femmes et le pouvoir. d'E.Viennot, tomes 1 et 2 passionnants...

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  10. Pardon oublié le lien:
    http://elianeviennot.fr/

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  11. Bonjour Euterpe,
    Je ne connaissais que de loin l'existence de Jeanne III d'Albret . Me voilà un peu moins idiot .
    Je vis dans une région où on connais un peu mieux une autre femme de pouvoir et célèbre : Anne de Bretagne qui dans notre pays a marqué l'histoire ( elle a d'ailleurs été reine de France de 1491 à 1498 et de 1499 à 1514 ! )
    Elle avait fait écrire par Antoine Dufour son confesseur -évêque :« Les vies des femmes célèbres » .
    Je ne l'ai jamais lu . Peut-être connaissez-vous ?

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  12. Ah ! Très intéressant. Merci mebahel pour le lien ! Bien vu le "mystérieux «retard français»" sur la question des femmes au pouvoir et le "tabou historique" sur ces raisons. Je suis ravie de voir que de plus en plus d'histoiriennes s'attaquent à ce bastion-là !

    A coup de grisou : contente de vous avoir appris quelque chose sur cette reine.
    Anne de Bretagne, oui, elle avait au moins autant de caractère que Jeanne d'Albret et une meilleure santé d'après ce que j'en sais.
    Je ne connais pas le livre de Dufour mais je suppose qu'il s'est inspiré de Boccace, qui était la référence sur le sujet. Merci de cette information. Je vais faire des recherches.

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