vendredi 16 novembre 2012

La justice et les femmes, historiquement parlant 4

Sous la Révolution, on a non seulement guillotinée Olympe de Gouges, fessé publiquement Théroigne de Méricourt mais des charrettes entières de femmes innocentes ont été menées à l'échafaud sous les prétextes les plus fallacieux.
On aurait cru que pour éviter de subir l'une de ces chasses aux sorcières qui faisaient rage dans l'Ancien Régime, pour éviter la prostitution, le mariage forcé, les violences conjugales et autre inconvénient d'ếtre née selon la formule de Madame de Grignan (1648-1705) (cette formule ne pouvait être que d'une femme) il aurait suffit aux femmes de s'enterrer vivante dans un couvent jusqu'à la fin de leurs jours pour être épargnées par ces messieurs les politiques/juges/bourreaux assoiffées de sang féminin. Erreur. 

photographie du dialogue des carmélites

Les carmélites de Compiègne sont expulsées le 14 septembre 1792 de leur couvent par les autorités civiles.
Retranchées dans différentes maisons de la ville, où elles poursuivent leur vocation religieuse, priant pour obtenir la fin de la Terreur, les seize religieuses sont ensuite arrêtées les 22-23 juin 1794 et incarcérées.
Condamnées à mort en juillet 1794 par le tribunal révolutionnaire pour motif de fanatisme et de sédition, elles vont être guillotinées l'une après l'autre le 29 messidor an II (17 juillet 1794), sur l'actuelle place de la Nation.

On peut lire les noms de chacune d'elles ici.


 Comme pour beaucoup de cas de massacres injustes émaillant l'histoire, ce fait a inspiré plusieurs œuvres (nouvelle, pièce, film, opéra) appelées pour la plupart Dialogues des carmélites.


Heureusement, la très courageuse Charlotte Corday (dont je recommande la biographie chez Les Femmes dans l'Histoire), à l'instar de Judith tuant le tyran Holopherne, Yaël tuant le capitaine Sisra, Tomyris tuant le tyran Cyrus, Ildico tuant le tyran Attila, et d'autres femmes héroïques tuant des monstres sanglants, se sacrifiera pour tuer le tyran Marat sauvant ainsi de nombreuses vies humaines. Mais l'his story ne la présente pas ainsi, bien sûr.

Les carmélites de Compiègne ne faisaient rien d'autre que de vivre comme elles l'entendaient à l'écart du monde et de sa folie. Qui dérangeaient-elles ? Voilà un massacre gratuit qui signifiait : femmes, vous vivrez désormais sous notre contrôle ou vous mourrez.

Cela n'a pas empêché ces messieurs les révolutionnaires de graver le mot "LIBERTÉ" sur le fronton de la République.


Attention, cela ne veut pas dire que je cautionne le fanatisme religieux et que je suis d'accord avec cette affiche contre l'"islamophobie" (visible au bas de cet article) représentant le serment du Jeu de Paume détourné avec des membres de toutes les communautés religieuses mêlés à des laïques. Affiche qui voudrait nous faire tolérer les femmes voilées dans l'espace publique comme étant un signe de liberté.

(On enferme toujours les femmes au nom de la liberté surtout quand ce mot est prononcé par des hommes de pouvoir).

Non, moi je parle de femmes qui étaient déjà enfermées et à vie même. Je parle de femmes qui ne se reproduisaient pas. Je parle de femmes dont la mort n'aura servi qu'à les transformer en martyres et n'aura pas le moins du monde fait disparaître ni le catholicisme, ni les couvents. Je parle de femmes qui, là aussi, n'ont fait que d'obéir à la loi des mâles pour ensuite se le faire reprocher effroyablement.

Comme avec cette couverture de l'Express qui stigmatise les victimes féminines des prêches de ces immams djihadistes prêts à imposer la charia au monde entier plutôt que de stigmatiser les immams eux-mêmes.

Pourquoi s'en prend-on toujours aux victimes du fanatisme plutôt qu'à ses actants ?

Cette question : pourquoi s'en prend-on toujours aux victimes, c'est toujours la même. Celle que l'on continue à se poser pour le verdict de Créteil.

14 commentaires:

  1. Aucune femme, quelles que soient l'époque et le lieu ou elle vit, n'est a l'abri de la violence et de la barbarie des hommes.

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    1. Je suis d'accord. Il n'y a pas de lieu sûr pour elle.

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  2. Sur le site du Carmel, on peut lire :

    Elles ont fait l'acte d'offrande d'elles-mêmes pour que la paix soit rendue à l'Eglise et à l'Etat.
    Elles ont été béatifiées par le pape Saint Pie X le 27 mai 1906.
    Qu'elles intercèdent pour nous.

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    1. Oui l'Église se montre moins ingrate que la République avec ses servitrices. On peut toujours attendre de voir un monument élevée en l'honneur d'Olympe de Gouges et de Théroigne de Méricourt qui ont été pourtant des plus engagées dans la Révolution.
      Par contre il n'y a pas de place parmi les cardinaux pour les femmes et encore moins les papes. Cela dit la République en bombarde quelques unes ministres mais plus pour le décorum ou comme alibi que par souci d'égalité. D'ailleurs quand elles ne le sont plus, ministres, on voit ce qu'elle en fait.

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  3. C'est tellement juste ce que vous dites!
    Les hommes veulent diriger le monde mais ils sont lâches car ils s'attaquent toujours aux plus faibles . C'est vrai dans tous les domaines, en politique, dans les affaires, dans les relations internationales. Ce sont toujours les plus pauvres qui paient pour les erreurs des puissants ( les banques et les financiers en l'occurrence) .
    C'est une "règle" quasi internationale où la soumission des faibles et notamment des femmes s'apprend jusque dans les écoles , dans les familles et dans les religions.
    Nos sociétés sont basées sur l'inégalité et l'hypocrisie quoi qu'on en dise et quels que soient les slogans inscrits dans les constitutions. Quant à la fraternité n'en parlons pas (surtout pas de sororité d'ailleurs , terme que j'ai entendu pour la première fois dans la bouche de Ségolène Royal en 2007 et qui a déclenché les quolibets de nombre de ces messieurs).
    Seule prédomine la liberté d'exploiter son voisin et encore plus sa voisine .

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    1. Oui, n'est-ce pas ? j'espère que l'on ne va pas un jour guillotiner les femmes voilées qui ne le sont (quoi qu'elles disent) que parce qu'elles pensent être ainsi respectées des hommes et à l'abri des humiliations (ou pire) !
      Quand j'étais très jeune je voulais être nonne à peu près pour la même raison. Il me semblait que pour être estimée et respectée en tant que femme, il fallait être nonne. Beaucoup de religieuses sont devenues des saintes, des exemples pour l'humanité, etc...Parce que l'Église comme je le dis plus haut à Fa# est moins ingrate avec celles qui prennent son parti. Si j'étais née un peu avant la Révolution et que j'avais choisi d'entrer au Carmel, alors voilà comment j'aurais terminé. On n'est donc à l'abri nulle part car celleux que l'on a désigné une fois pour toute comme faibles ne doivent jamais ni nulle part se sentir en sécurité.

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  4. Oh, là, là....tous ces constats si vrais, les tiens et les mots de Coup de Grisou.
    Je ne sais si tu avais entendu qu'ici le pape avait béatifié il y a peu quelques religieuses cruellement violées, torturées et tuées au cours de la Guerra Civil.
    Voici un site entièrement dédié à elles:
    http://religiosasmartiresenlaguerra.blogspot.com.es/


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    1. Oh mais il y en a vraiment beaucoup ! Quatre sont également des carmélites, à ce que j'ai vu.
      Bien sûr, on ne sait rien de cela !
      Mais par qui ont-elles été martyrisées ? Par les fascistes ?

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    2. Par les milices composées principalement d'anarchistes.

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    3. Oh non ! Ceci me glace d'autant que je suis sympathisante anarchiste.

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  5. Le pouvoir masculin n'a pas besoin de prétextes sophistiqués pour envoyer des femmes à la mort, faire régner la terreur lui suffit. Femmes voilées (les carmélites et toutes les religieuses sont voilées*, et Paul préconisait fermement le voile pour les femmes -Epître aux Corinthiens je crois) et enfermées d'abord, et ensuite condamnées pour superstition ou contre-révolution par de soit-disant progressistes aussi sanguinaires que les maîtres précédents. Normal, ce sont toujours des hommes au pouvoir. Ce qui étonne, c'est la passivité des femmes devant de telles injustices. Ou autrement dit, leur syndrome de Stockholm. Quand à la remarque de #Fa, l'église ne glorifie que des femmes martyres, oblates, jamais les femmes libres qui mènent leur vie comme elles l'entendent.
    * Je ne vais pas me faire de copines, mais les femmes qui passent à la mairie avec une robe blanche de Princesse et un bout de tulle blanc sur la tête pour célébrer "le plus beau jour de leur vie" sont aussi des femmes voilées :(( A bas tous les voiles.

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    1. Oui, tant que les hommes sont au pouvoir, on n'a rien à attendre d'autre, je suis d'accord.
      J'ai bien aimé ce passage dans le dernier billet du blog "Je putréfie le patriarcat" :
      "(...) l'avancement vers une société "laïque" n'est pas à analyser comme un progrès mais comme l'avancement de l'obscurantisme patriarcal, dans la mesure où ce qui se cachait derrière cette revendication est la volonté des hommes, par la science et leurs machines phalliques de la mort, de remplacer Dieu pour devenir Dieu le père eux-mêmes. Basta, y'en a marre du vieux barbu imaginaire qui nous terrorise! disent-ils. C'est nous les dieux sur terre!" Ceci résume bien la Révolution française.
      Par contre l'Église ne glorifie pas que des femmes martyres puisque Hildegarde de Bingen vient d'être élevée (comme première femme) au titre de docteur de l'Église et que mère Teresa a aussi été béatifiée. Mais par contre elles ne reçoivent de titre qu'une fois mortes et si possible mortes depuis longtemps (au cas où elles reviendraient ?).
      Pour ce qui est du voile de mariée : mais tu as absolument raison !

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  6. @ Euterpe,

    Mais c'est vachement marrant ici!

    Vous êtes des réacs meufs?

    Géééénial!


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    1. Pourquoi ? Les bonnes soeurs ne sont pas des êtres humains ? Les décapiter c'est normal, peut-être ? C'est ne pas applaudir qui est réac ?

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